Afin de répondre objectivement à la question de savoir s’il faut recruter des vedettes du sport, comme Cristiano Ronaldo, ou même envisager d’accueillir de grands événements internationaux, comme la Coupe du monde, il faudrait commencer par mettre de côté les préférences et les émotions. Il convient alors de savoir si nous cherchons à recruter de tels athlètes et à accueillir de tels événements pour en tirer profit sur le plan local (ce qui est certainement légitime et nécessaire) ou pour atteindre des objectifs de diplomatie générale, qui sont également importants.
Ces objectifs comprennent le renforcement de l’image de la nation ainsi que la promotion du tourisme et des investissements dans le pays. L’importance de cette distinction réside dans le fait que lorsque ces deux voies se chevauchent, les critères d’évaluation des résultats et des répercussions deviennent flous. Cependant, ensemble, elles représentent des objectifs souhaités et requis pour recruter des athlètes et organiser des événements.
Revenons à Ronaldo. Même si j’apprécie énormément la participation d’un joueur aussi exceptionnel dans la ligue saoudienne de Roshan, j’ai clairement affirmé sur Twitter dès qu’il a signé son contrat avec l’équipe Al-Nasr que je n’étais pas optimiste quant à son aptitude à répondre aux attentes extrêmement élevées qui ont été fixées. De plus, j’ai appelé les personnes concernées à revoir à la baisse ces attentes, mais également à attendre de recruter d’autres vedettes jusqu’à ce que la faisabilité de ce contrat soit confirmée.
Mon manque d’optimisme repose sur plusieurs raisons, ce qui a irrité certaines personnes. Tout d’abord, je suis convaincu que le fait de vouloir trop attirer les «plus célèbres» et les «plus grands» n’est pas toujours le meilleur moyen d’atteindre les objectifs de notre diplomatie et de notre soft power. En effet, en plus du coût énorme de tels changements, ils constituent généralement une arme à double tranchant puisque la couverture médiatique internationale qui les accompagne ne met pas uniquement en lumière les points positifs.
Elle recherche également des aspects négatifs et tend parfois à les amplifier, voire à les inventer. Dans le cas de Cristiano Ronaldo, il est faux de supposer que le fait qu’il ait plus de 100 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux constitue un atout en toutes circonstances. Pour vous faire une image plus réaliste à ce sujet, il suffit de faire défiler les commentaires que les fans du joueur laissent sur les comptes internationaux et vous vous rendrez compte qu’ils ont tendance à être plus négatifs que positifs, en particulier au cours de la période qui a suivi l’annonce de la signature.
D’autre part, certains parmi ceux qui sont fascinés par les «plus célèbres» et «les «plus grands» ne cessent de prétendre que ce phénomène favorise la familiarisation d’individus du monde entier avec le pays, puisque son nom est répété à tout bout de champ. C’est sans doute vrai, mais en a-t-on véritablement besoin? Ceux qui en ont besoin sont les petits pays qui sont toujours en phase d’introduction – une période que le Royaume a depuis longtemps dépassée, grâce à Dieu.
Il traverse actuellement une phase avancée; elle consiste à montrer son excellence et ses exploits, qui sont considérables. Je pense qu’il vaudrait mieux attirer des joueurs plus utiles dont la notoriété n’est pas «excessive» et ne constitue pas pour leurs clubs ni pour la ligue dans son ensemble une charge inutile. Il est également important de se concentrer sur des événements, comme les Supercoupes d’Italie et d’Espagne, et de déployer les efforts nécessaires pour parvenir à des résultats significatifs comme la qualification pour la Coupe du monde et la victoire de l’équipe nationale face à l’Argentine.
Ce que j’ai déjà mentionné ne veut certainement pas dire qu’il faudrait abandonner l’idée d’attirer des joueurs très connus et des événements majeurs. Mais cela signifie que le fait d’en faire un objectif à part entière est dangereux. Les objectifs doivent être soigneusement identifiés, les priorités et les différentes solutions de rechange étudiées. Tout cela doit être fait loin des facteurs qui provoquent spontanément un état de fascination et ne garantissent aucun résultat.