BEYROUTH: Raja Salamé, frère du gouverneur de la Banque du Liban, ne s'est pas présenté devant des juges européens qui souhaitaient l'interroger à Beyrouth sur des soupçons d'enrichissement illicite, a indiqué mercredi à l'AFP une source judiciaire libanaise.
Raja Salamé souffre "de douleurs intestinales et ne peut pas se soumettre à un interrogatoire durant des heures", a affirmé son avocat aux juges européens qui souhaitaient l'auditionner mardi et mercredi, a-t-on précisé de même source.
Les magistrats français --dont la juge française Aude Buresi--, allemands, belges et luxembourgeois, avaient entamé mardi une nouvelle mission à Beyrouth liée à l'enquête sur Riad Salamé, son frère et gouverneur de la Banque du Liban (BDL).
Le gouverneur de la BDL est l'objet d'une série d'enquêtes judiciaires aussi bien dans son pays qu'à l'étranger, portant sur des soupçons de blanchiment d'argent et d'"enrichissement illicite".
Raja Salamé, ainsi que l'ancienne assistante du gouverneur de la BDL, Marianne Hoayek, ont été convoqués cette semaine par les juges européens dans le cadre de l'enquête au Liban portant sur plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds suspects opérés par le gouverneur et son frère.
Les magistrats souhaitent également interroger vendredi l'actuel ministre des Finances, Youssef Khalil, qui a été un haut responsable de la BDL, selon la source judiciaire libanaise.
En mars, les juges européens avaient entendu à Beyrouth Riad Salamé, qui avait réfuté tous les soupçons de blanchiment d'argent ou d'enrichissement illicite selon une source judiciaire.
Arrivé à la tête de la BDL en 1993, M. Salamé est accusé par de nombreux Libanais, comme une grande partie de la classe politique du pays, de corruption et d'être l'un des principaux responsables de la grave crise financière qui frappe le Liban.
Le gouverneur de la BDL, soupçonné de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics libanais, est par ailleurs convoqué à Paris le 16 mai pour une mise en examen.
Une juge libanaise avait levé le 13 avril l'interdiction de quitter le territoire libanais le frappant, pour lui permettre de se rendre à Paris, mais M. Salamé n'a pas encore confirmé qu'il irait dans la capitale française.