La couverture médiatique de la crise climatique favoriserait «déni et évitement», selon une étude suisse

Des manifestants participent à une manifestation organisée par le groupe de protestation contre le changement climatique Extinction Rebellion, devant le ministère de l'Intérieur britannique, dans le centre de Londres, le 23 avril 2023, lors de l'événement The Big One organisé par Extinction Rebellion. (Photo, AFP)
Des manifestants participent à une manifestation organisée par le groupe de protestation contre le changement climatique Extinction Rebellion, devant le ministère de l'Intérieur britannique, dans le centre de Londres, le 23 avril 2023, lors de l'événement The Big One organisé par Extinction Rebellion. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 23 avril 2023

La couverture médiatique de la crise climatique favoriserait «déni et évitement», selon une étude suisse

  • Pour mener cette étude, les chercheurs ont analysé quelque 50 000 publications scientifiques sur le changement climatique pour l'année 2020 et examiné celles qui ont été reprises dans les médias grand public
  • L'analyse a révélé que les médias ont tendance à relayer en majorité des recherches issues des sciences naturelles, et se concentrer sur les projections climatiques à grande échelle qui se produiront dans un avenir lointain

GENÈVE: La couverture médiatique de la recherche sur le changement climatique est plus susceptible de provoquer "le déni et l'évitement" chez les lecteurs que les "comportements pro-environnementaux" nécessaires pour résoudre le problème, selon une étude suisse.

Elle se concentre principalement sur les projections à long terme et sur un éventail restreint de menaces comme la fonte des glaciers ou la disparition des ours polaires, selon un groupe de chercheurs de l'université de Lausanne (UNIL) spécialisés en géosciences et psychologie.

Or, "ce type de narration ne permettrait pas d’activer les mécanismes connus en psychologie pour engager des comportements pro-environnementaux chez les lecteurs. Cette sélection pourrait même à l’inverse provoquer le déni et l'évitement", constatent-ils, selon dans un communiqué.

Pour mener cette étude, publiée dans la revue scientifique Global Environmental Change, les chercheurs ont analysé quelque 50 000 publications scientifiques sur le changement climatique pour l'année 2020 et examiné celles qui ont été reprises dans les médias grand public.

L'analyse a révélé que les médias ont tendance à relayer en majorité des recherches issues des sciences naturelles, et se concentrer sur les projections climatiques à grande échelle qui se produiront dans un avenir lointain.

"Les individus exposés à ces faits, ne se sentant pas directement concernés, tendront vers un traitement périphérique, superficiel et distrait de l’information. Or seule une prise en considération centrale, profonde et attentive permet au public de transformer ce qu’il sait en mécanismes d’action et d’engagement", a averti Fabrizio Butera, professeur de psychologie à l'UNIL et co-auteur de cette étude.

"Si le but d’une recherche donnée est d’avoir un impact sociétal, alors il semble que nous appuyions sur tous les boutons qui ne fonctionnent pas", a abondé Marie-Elodie Perga, co-auteure de l'article et professeure à l'Institut des dynamiques de la surface terrestre de l'UNIL, dans ce même communiqué.

Les menaces à grande échelle sont connues pour susciter de la peur, et face à des articles descriptifs, le public aura tendance à ignorer le problème, selon les chercheurs.

"Les recherches sur le comportement humain démontrent que la peur peut entraîner un changement de comportement chez les individus et les groupes, mais à condition que le problème présenté soit accompagné de solutions", a souligné M. Butera.

"Face à des articles purement descriptifs, le public aura ainsi tendance à occulter le problème, rechercher de l’information moins anxiogène et s’entourer de réseaux qui lui présentent une réalité plus sereine", relève le communiqué.

"Le traitement des sujets environnementaux de manière transversale et axée sur les solutions serait utile" pour susciter des réactions du grand public, selon Marie-Elodie Perga. "Il s’agirait de montrer que le changement climatique a des conséquences directes sur nos modes de vie, notre environnement immédiat ou nos finances, par exemple".


Marco Rubio se trouve au Panama pour discuter des revendications de Trump concernant le canal

Cchef de la diplomatie américaine, Marco Rubio (Photo AFP)
Cchef de la diplomatie américaine, Marco Rubio (Photo AFP)
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  • Le nouveau chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, est arrivé samedi au Panama où il compte défendre les intérêts des États-Unis, et en premier lieu les revendications de Donald Trump concernant le canal de Panama.
  • Sa visite a aussi commencé le jour même où le président américain a imposé des droits de douane contre le Mexique, le Canada et la Chine, provoquant une réponse cinglante de la part de Mexico, qu'il a accusé de liens avec le narcotrafic.

PANAMA : Le nouveau chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, est arrivé samedi au Panama où il compte défendre les intérêts des États-Unis, et en premier lieu les revendications de Donald Trump concernant le canal de Panama.

L'immigration, priorité absolue de la Maison Blanche, sera au cœur de la tournée entamée par le secrétaire d'État américain. Après le Panama, il se rendra ensuite au Salvador, au Guatemala, au Costa Rica et en République dominicaine.

Sa visite a aussi commencé le jour même où le président américain a imposé des droits de douane contre le Mexique, le Canada et la Chine, provoquant une réponse cinglante de la part de Mexico, qu'il a accusé de liens avec le narcotrafic.

Mais le sujet principal de sa première étape est le tollé provoqué dès le jour de son investiture, le 20 janvier, par Donald Trump qui a déclaré vouloir « reprendre » le contrôle du canal de Panama, un carrefour maritime stratégique pour le commerce mondial.

Construite par les États-Unis et inaugurée en 1914, cette voie navigable entre l'Atlantique et le Pacifique a été transférée au Panama en 1999.

Il en a remis une couche vendredi. « Ils ont déjà proposé de faire beaucoup de choses, mais nous pensons qu'il est approprié que nous le reprenions », a-t-il déclaré à la presse.

M. Trump, qui se plaint d'une concurrence déloyale en ce qui concerne le transit des navires américains, a souligné que le Panama avait enlevé les panneaux en chinois pour dissimuler le fait qu'il avait « totalement violé l'accord » sur le canal.

- Sujets « communs » -

Pendant sa visite, Marco Rubio se rendra le long de l'axe stratégique et sera reçu dimanche par le président José Raúl Mulino, a indiqué un haut responsable américain.

Les autorités panaméennes ont déjà prévenu qu'il n'y avait rien à négocier.

« En ce qui concerne le canal, c'est impossible, je ne peux pas négocier, et encore moins ouvrir un processus de négociation sur le canal, c'est scellé, le canal appartient au Panama », a déclaré jeudi José Raúl Mulino.

Il a toutefois affirmé qu'il existait des sujets « communs » comme la crise migratoire, la lutte contre le narcotrafic, le crime organisé et le blanchiment d'argent qui peuvent être abordés avec les États-Unis.

« Je pense que le président a été très clair sur sa volonté d'administrer à nouveau le canal. Il est évident que les Panaméens ne sont pas très favorables à cette idée », a déclaré Marco Rubio jeudi sur la radio SiriusXM, évoquant une « menace directe » de la Chine pour les États-Unis.

« Si, lors d'un conflit, le gouvernement chinois leur dit de fermer le canal de Panama, ils n'auront d'autre choix que de s'y soumettre. C'est une menace directe », a-t-il insisté.

- « Nouvelle ère » -

Reste à voir comment Marco Rubio mettra en œuvre la promesse de Donald Trump.

Le choix de l'Amérique centrale pour son premier déplacement ne doit rien au hasard pour ce fils d'immigrés cubains.

« Qu'il s'agisse des migrations, de la sécurité ou du commerce, aucune autre région du monde n'a autant d'impact sur la vie quotidienne des Américains que le continent américain », a-t-il fait valoir vendredi auprès de journalistes. Mauricio Claver-Carone, chargé de l'Amérique latine au département d'État, ajoutait : Mauricio Claver-Carone.

Donald Trump dénonce régulièrement une « invasion » de migrants venant de ces pays.

Maureen Meyer, du Washington Office on Latin America, une organisation américaine qui promeut les droits humains dans la région, souligne que « chacun de ces pays a un intérêt personnel à entretenir de bonnes relations avec l'administration Trump ».

La Colombie peut en témoigner. Le président Trump a brandi dimanche dernier l'arme douanière contre Bogota pour avoir refoulé des migrants expulsés par les États-Unis, obtenant finalement gain de cause.

 


Le Mexique ferme face aux droits de douane de Trump menaçant son économie

Des camions conduisent pour traverser vers les États-Unis au port commercial d'Otay à Tijuana, dans l'État de Basse-Californie, au Mexique, le 31 janvier 2025. (Photo by Guillermo Arias / AFP)
Des camions conduisent pour traverser vers les États-Unis au port commercial d'Otay à Tijuana, dans l'État de Basse-Californie, au Mexique, le 31 janvier 2025. (Photo by Guillermo Arias / AFP)
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  • La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a immédiatement annoncé « des mesures tarifaires et non tarifaires en défense des intérêts du Mexique », dont 83 % des exportations sont destinées au voisin américain (automobiles, ordinateurs, produits agricoles)
  • Le Mexique enregistre de forts excédents dans son commerce avec les États-Unis, ce qui a conduit M. Trump à affirmer que son pays « subventionnait le Mexique ».

MEXICO : Le Mexique, à l'instar du Canada, a répondu par la fermeté samedi aux droits de douane de 25 % imposés par le président américain Donald Trump, qui menacent ses exportations, sa croissance et sa monnaie, selon les analystes.

La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a immédiatement annoncé « des mesures tarifaires et non tarifaires en défense des intérêts du Mexique », dont 83 % des exportations sont destinées au voisin américain (automobiles, ordinateurs, produits agricoles).

Le Mexique enregistre de forts excédents dans son commerce avec les États-Unis, ce qui a conduit M. Trump à affirmer que son pays « subventionnait le Mexique ».

La présidente de gauche nationaliste n'a cependant pas détaillé ces « mesures tarifaires » ni donné de calendrier, à la différence du Premier ministre canadien Justin Trudeau avec qui elle s'est entretenue samedi.

Mme Sheinbaum a proposé à son homologue américain « un groupe de travail avec nos meilleures équipes de sécurité et de santé publique » pour traiter des questions relatives au trafic de drogue et à la migration.

Le laxisme présumé du Mexique et du Canada sur ces questions est le prétexte du président américain pour imposer des barrières douanières à ses deux partenaires de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA, ou ACEUM en anglais), traité en vigueur depuis 2020.

M. Trump a même accusé le gouvernement mexicain de faire alliance avec les cartels de la drogue. Une « calomnie », a balayé Claudia Sheinbaum.

La décision de Donald Trump constitue « une flagrante violation de l'ACEUM, que nous avons négocié avec le président Trump lui-même », a réagi le secrétaire à l'Économie Marcelo Ebrard, se déclarant « fier du sang-froid et de la fermeté » de Mme Sheinbaum.

- Menace de récession -

La taxation à 25 % des importations par les États-Unis « représente une menace directe pour la compétitivité de l'Amérique du Nord et la stabilité économique de notre pays », a déclaré le syndicat patronal Coparmex.

« Les exportations d'automobiles, de pièces détachées, d'ordinateurs, d'appareils électroménagers et de produits agricoles seront sérieusement affectées, ce qui pourrait se traduire par un ralentissement économique sévère », alors que l'économie mexicaine montrait déjà « des signes importants de faiblesse », ajoute la Coparmex.

La 12^e économie mondiale, l'économie mexicaine a crû de 1,3 % en 2024, mais a reculé au dernier trimestre.

Selon les prévisions de l'agence de notation Standard & Poor's, les droits de douane imposés par Donald Trump vont entraîner le Mexique vers la récession.

Ces barrières douanières pénaliseront principalement les secteurs de l'automobile et de l'électronique, qui exportent 50 % de leur production vers les États-Unis, d'après le cabinet de conseil britannique Capital Economics.

Emblématique de l'ACEUM, l'industrie automobile a exporté pour 36 milliards de dollars de produits vers les États-Unis en 2023. Elle représente 5 % du PIB mexicain et génère un million d'emplois, ajoute le cabinet.

Le gouvernement mexicain a prévenu dès vendredi que les consommateurs américains seraient aussi touchés, avec « des prix plus élevés, une moindre disponibilité des produits et des perturbations potentielles dans les chaînes d'approvisionnement ».

En taxant leurs principaux fournisseurs, les États-Unis vont inévitablement « faire monter les prix » chez eux, avertit Gregory Daco, chef économiste d'EY, qui pronostique une inflation de 0,6 % au premier trimestre de cette année.

Capital Economics souligne que les pièces automobiles deviendront plus chères, affectant directement le portefeuille des Américains.

Leur renchérissement « serait partiellement contrebalancé par une dépréciation » du peso qui rendrait « les exportations mexicaines plus compétitives », précise Ramsé Gutiérrez, codirecteur des investissements chez Franklin Templeton Mexique.

En même temps, cette dépréciation « rendrait les importations plus coûteuses, entraînant ainsi une hausse des prix des biens de consommation et des matières premières au Mexique », ajoute-t-il.

D'après l'agence américaine de gestion des routes (NHTSA), une voiture assemblée et vendue aux États-Unis possède 25 % de composants mexicains.

Pour Kenneth Smith, ancien fonctionnaire mexicain qui a dirigé la renégociation de l'ACEUM (exigée par Trump) en 2020, les tarifs douaniers sont l'outil du milliardaire pour obtenir des résultats en matière de migration ou de sécurité.

Trump se vante d'avoir obtenu « tout ce qu'il voulait » en matière migratoire avec l'ancien président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador pendant son premier mandat (2017-2021), grâce à la menace tarifaire.


La Chine a promis de répliquer aux droits de douane américains

La Chine a promis dimanche de répliquer aux nouveaux droits de douanes américains sur ses produits officialisés par Donald Trump (Photo iStock)
La Chine a promis dimanche de répliquer aux nouveaux droits de douanes américains sur ses produits officialisés par Donald Trump (Photo iStock)
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  • La Chine a promis de répliquer dimanche aux nouveaux droits de douane américains sur ses produits, officialisés par Donald Trump, en réaffirmant que les guerres commerciales ne faisaient « pas de vainqueurs ».
  • Le commerce sino-américain a représenté environ 500 milliards d'euros sur les 11 premiers mois de 2024, mais la balance est largement en défaveur des États-Unis, avec un déficit de quelque 260 milliards d'euros.

PEKIN : La Chine a promis de répliquer dimanche aux nouveaux droits de douane américains sur ses produits, officialisés par Donald Trump, en réaffirmant que les guerres commerciales ne faisaient « pas de vainqueurs ».

Le président républicain a imposé, la veille, 10 % de taxes supplémentaires sur les biens provenant du deuxième plus important partenaire des États-Unis, derrière le Mexique.

Le commerce sino-américain a représenté environ 500 milliards d'euros sur les 11 premiers mois de 2024, mais la balance est largement en défaveur des États-Unis, avec un déficit de quelque 260 milliards d'euros sur la période, selon les chiffres de Washington.

« La Chine est vivement mécontente et s'oppose fermement » à ce relèvement, a fustigé le ministère du Commerce dans un communiqué, en annonçant des mesures « correspondantes pour protéger résolument » les « droits et intérêts » chinois.

« Il n'y a pas de vainqueurs dans une guerre commerciale ou une guerre de droits de douane », a assuré le ministère des Affaires étrangères dans un autre communiqué.

Pékin a annoncé son intention de porter plainte contre Washington auprès de l'Organisation mondiale du commerce pour ce qu'il a qualifié d'"imposition unilatérale de droits de douane, une violation sérieuse des règles de l'OMC ».

Ces taxes « ne servent pas seulement à résoudre les problèmes des États-Unis ; elles sapent aussi une coopération économique et commerciale normale », a dénoncé le ministère du Commerce.

« La Chine espère que les États-Unis regarderont objectivement et raisonnablement leurs problèmes tels que le fentanyl, au lieu de menacer sans cesse d'autres pays par des droits de douane », a-t-il poursuivi.

Pékin « exhorte les États-Unis à corriger leurs pratiques erronées, à faire face à leurs problèmes, à avoir des discussions franches, à renforcer la coopération et à gérer les différences sur la base de l'égalité, du bénéfice et du respect mutuels », toujours selon le communiqué du ministère.