Entre faste et crise familiale, le Royaume-Uni prépare le couronnement de Charles III

Sur cette photo prise le 3 juin 2022, le prince Charles, prince de Galles, arrive au service national d'action de grâce pour le règne de la reine à la cathédrale Saint-Paul de Londres, dans le cadre des célébrations du jubilé de platine de la reine Élisabeth II. (AFP).
Sur cette photo prise le 3 juin 2022, le prince Charles, prince de Galles, arrive au service national d'action de grâce pour le règne de la reine à la cathédrale Saint-Paul de Londres, dans le cadre des célébrations du jubilé de platine de la reine Élisabeth II. (AFP).
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Publié le Dimanche 23 avril 2023

Entre faste et crise familiale, le Royaume-Uni prépare le couronnement de Charles III

  • Huit mois après avoir accédé au trône à la mort de sa mère Elizabeth II à 96 ans, c'est l'heure de la consécration publique pour Charles, chef d'Etat du Royaume-Uni
  • Il deviendra le 40e monarque britannique à être couronné à l'abbaye de Westminster depuis Guillaume le Conquérant en 1066

LONDRES : Le roi Charles III sera couronné le 6 mai à Londres lors d'une cérémonie religieuse organisée avec toute la pompe dont la monarchie britannique a le secret et marquée par le retour de son enfant terrible, le prince Harry.

A l'approche de l'événement, premier de la sorte en 70 ans, les premières répétitions des parades à cheval ont eu lieu, les tasses en porcelaine souvenirs - d'un bleu "masculin" - sont en vente et un plat officiel a été désigné : une quiche aux épinards, fèves et estragon.

Ne manque que l'enthousiasme du public, plus préoccupé par l'inflation que par ce nouveau mais déjà vieux roi de 74 ans, qui voudrait adapter l'institution multiséculaire à son époque, de l'environnent à la diversité, mais peine à incarner le renouveau et reste moins populaire que son héritier William.

Huit mois après avoir accédé au trône à la mort de sa mère Elizabeth II à 96 ans, c'est pourtant l'heure de la consécration publique pour Charles, chef d'Etat du Royaume-Uni mais aussi de 14 autres royaumes du Canada à l'Australie en passant par les Bahamas.

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Sur cette photo prise le 2 juin 2022, la reine Elizabeth II (à droite) et le prince Charles, prince de Galles, assistent à un défilé aérien spécial depuis le balcon du palais de Buckingham, à la suite du défilé de l'anniversaire de la reine, le Trooping the Colour, dans le cadre des célébrations du jubilé de platine de la reine Elizabeth II, à Londres. (AFP).

Il deviendra le 40e monarque britannique à être couronné à l'abbaye de Westminster depuis Guillaume le Conquérant en 1066. A son côté sera également couronnée la reine Camilla, 75 ans, maîtresse dans l'ombre de la princesse Diana.

L'abbaye de Westminster: un millénaire d'une histoire étroitement liée à la royauté

L'abbaye de Westminster, qui va accueillir le 6 mai le couronnement du roi Charles III, se trouve au coeur de la monarchie britannique depuis près d'un millénaire.

Dans les années 1040, le roi Edouard le Confesseur bâtit une église en pierres sur le site d'un monastère bénédictin fondé autour de 960.

La construction de l'imposante abbaye gothique que l'on connaît aujourd'hui commence sous le roi Henry III en 1245.

L'abbaye située dans le centre de Londres a été construite comme un lieu pour les couronnements et les funérailles des monarques.

Couronnements

Charles III sera le 40e monarque à être couronné dans l'abbaye.

Charles sera couronné sur la "chaise du couronnement", comme sa mère Elizabeth II en 1953. Ce trône a été fabriqué en 1300-1301. Il comprenait autrefois la pierre du destin, utilisée pendant des siècles pour couronner les rois d'Ecosse.

Ce bloc de grès a été brièvement volé par des étudiants écossais lors d'une audacieuse entreprise en 1950, et accidentellement cassé en deux.

En 1996, en pleine montée du sentiment indépendantiste, la pierre est symboliquement rendue à l'Ecosse. Mais il est convenu qu'elle reviendra du château d'Edimbourg à Westminster pour les couronnements.

Mariages

L'édifice a également été le théâtre de mariages royaux, la plupart depuis la Première Guerre mondiale.

Le premier a été celui du mariage du roi Henry Ier avec la princesse Matilda d'Ecosse le 11 novembre 1100.

Les grands-parents de Charles, le prince Albert - qui deviendra le roi George VI - et Elizabeth Bowes-Lyon s'y marient en 1923.

La mère de Charles s'y marie également alors qu'elle n'est encore que la princesse Elizabeth. La future reine épouse Philip Mountbatten à Westminster en 1947, apportant un peu de couleur dans l'après-guerre.

Le dernier mariage royal qui s'y est tenu est celui du fils aîné de Charles, William, qui a épousé Kate Middleton in 2011.

Quatorze ans plus tôt, en 1997, William assistait à l'abbaye aux obsèques de sa mère Diana, morte dans un accident de voiture à Paris.

Funérailles

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Sur cette photo prise le 31 août 2007, le prince Charles (à gauche) et ses deux fils, le prince Harry (à droite) et le prince William (à gauche), arrivent pour le service d'action de grâce pour la vie de Diana, princesse de Galles, à la chapelle des gardes, à Londres. (AFP). 

Au total, 30 rois et reines sont enterrés à l'abbaye. Le roi George II était le dernier, en 1760.

Les obsèques de 3 300 personnes y ont été célébrées, parmi lesquelles celles de personnages illustres de l'histoire britannique: Charles Dickens, Rudyard Kipling, Henry Purcell, ainsi que huit Premiers ministres.

C'est là qu'ont été célébrées les obsèques de la reine Elizabeth II le 19 septembre 2022, devant 2 000 invités.

Les cendres de l'astrophysicien Stephen Hawking y ont été disposées en 2018 entre les tombes d'Isaac Newton et de Charles Darwin.

«Particularité royale»

L'abbaye, qui porte le nom complet de Collegiate Church of St Peter, Westminster (église collégiale de Saint-Pierre), a le statut de "royal peculiar", ce qui signifie qu'elle est exempte de toute juridiction ecclésiastique autre que celle du monarque.

Le roi est le chef de l'Eglise d'Angleterre.

En dehors des périodes de célébrations royales, l'abbaye opère régulièrement des services religieux ouverts au public.

Traditions

Cette journée historique débutera par la "Procession du roi" qui rejoindra en carrosse l'Abbaye de Westminster depuis le palais de Buckingham sur un parcours d'environ 2 kilomètres.

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La voiture d'apparat porte le cercueil de la reine Élisabeth II, drapé de l'étendard royal avec la couronne impériale d'État et le globe et le sceptre de la souveraine, lors de la procession cérémonielle qui suit ses funérailles nationales à l'abbaye de Westminster, à Londres, le 19 septembre 2022. (AFP). 

La cérémonie elle-même doit débuter à 11H00 locales (10H00 GMT) et durer environ une heure sous la direction de l'archevêque de Canterbury Justin Welby, chef spirituel de l'église anglicane.

Agrémentée d'oeuvres musicales issues du répertoire classique mais aussi de compositions plus modernes, elle est censée "refléter le rôle du monarque aujourd'hui et se tourner vers l'avenir, tout en étant enracinée dans les traditions et l'apparat historiques", selon le palais.

Même si Charles III, 74 ans, a voulu un service plus simple et court que celui de la reine Elizabeth II, devant un parterre d'invités limités à 2 000 personnes (dirigeants étrangers, têtes couronnées, élus, société civile), certaines étapes sont intangibles.

Une fois entré dans l'Abbaye, le roi sera présenté et acclamé par l'assistance avant qu'il ne prête serment.

Ce serment du couronnement, rédigé en 1688, a connu des variantes au fil des siècles. Elizabeth II avait par exemple juré de gouverner "selon leurs lois" les peuples du Royaume-Uni et des 14 autres pays sur lesquels règne la Couronne et de défendre la religion anglicane dont le monarque est le chef suprême.

Charles pourrait avoir un propos plus œcuménique, en direction de toutes les fois.

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Sur cette photo prise le 25 mars 2010, le Prince Charles, Prince de Galles, regarde par le hublot d'un hélicoptère militaire britannique en route pour Lashkar Gah. (AFP).

Ensuite, le roi, assis sur la chaise du roi Edouard, recevra l'onction d'huile de l'archevêque, puis les attributs royaux : la robe royale, l'orbe (un globe en or surmonté d'une croix), le sceptre et la couronne de Saint-Edouard qui sera déposé sur la tête du souverain.

Les membres de la famille royale lui rendront hommage.

Huile végan, parures de tête, le couronnement «moderne» de Charles III

Le couronnement du roi Charles reprendra maintes traditions qui remontent au Xe siècle. Si certains éléments sont immuables, le nouveau souverain n'a pas caché son souhait de modernité.

Voici ce que l'on sait de ses projets avec une comparaison avec le couronnement de sa mère Elizabeth II en 1953.

Moins d'invités

Environ 2 000 personnes assisteront au couronnement dans l'abbaye de Westminster contre 8 000 il y a 70 ans, nécessitant un aménagement spécial de gradins.

Cette diminution s'inscrit dans la volonté affichée de Charles de "rationaliser" la monarchie, réduisant à sept le nombre de membres actifs de la famille royale.

La durée de la cérémonie doit également être réduite à un peu plus d'une heure contre près de trois heures en 1953.

Parures ou diadèmes ?

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Le cercueil de la reine Élisabeth II, orné d'un étendard royal et de la couronne d'État impériale, est tiré par un affût de canon de la King's Troop Royal Horse Artillery, lors d'une procession entre le palais de Buckingham et le palais de Westminster, à Londres, le 14 septembre 2022. (AFP). 

Au couronnement d'Elizabeth II, presque toutes les femmes de la famille royale ou de l'aristocratie portaient un diadème.

Le code vestimentaire pour le couronnement de Charles n'a pas encore été confirmé mais il semblerait que les femmes portent des chapeaux ou des parures de tête, à l'exception des femmes de rang le plus élevé de la famille royale.

Des Lords moins habillés

Des places en nombre limité pour les députés et les Lords, membres de la chambre haute du Parlement, sont allouées par vote.

En 1953, plus de 800 députés et Lords - incluant ducs, marquis, comtes, vicomtes et barons qui ont hérité de leur siège et de leur titre - étaient présents, vêtus de longs manteaux de velours pourpre.

L'hérédité des titres à la chambre des Lords a été réformée en 1999 et cette fois il a été demandé à ses membres de ne pas porter cette tenue spéciale.

Ils peuvent à la place opter pour celle qu'ils utilisent pour le discours du souverain au Parlement ou une tenue habituelle.

Couronne recyclée

Camilla sera couronnée avec une couronne faite pour la reine Mary, l'arrière grand-mère de Charles, en 1911.

Elle sera la première reine consort depuis trois siècles à faire modifier une couronne plutôt que d'en faire faire une nouvelle.

Huile végan

L'huile utilisée pour l'onction sera sans produit animal et comprendra huile d'olive parfumée de sésame jasmin, cannelle, néroli, benjoin, ambre et de fleur d'oranger.

Traditionnellement, elle comprenait de l'ambre gris issue d'intestin de baleine.

Hommage grec

Des Grecs orthodoxes chanteront pour la première fois lors d'un couronnement en hommage au père de Charles, le prince Philip, mort en avril 2021 à 99 ans. Né à Corfou, il était membre de la famille royale grecque.

Le "Byzantine Chant Ensemble", mené par Alexander Lingas, un professeur de musique orthodoxe, a été spécialement créé pour l'occasion.

"The Ascension Choir" sera également le premier choeur gospel à chanter pour un couronnement et un signe de la volonté de modernité du nouveau roi.

Girl power

Pour la première fois, des filles figureront parmi les élèves boursiers, les "King's scholars", de la très select Westminster School, participant à la cérémonie. En 1953, l'établissement n'accueillait que des garçons.

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La reine Élisabeth II (à gauche) rencontre des élèves au centre sportif qu'elle a officiellement inauguré à la Westminster School à Londres, le 12 juin 2014. (AFP). 

Un groupe d'élèves acclamera le monarque en latin : "Vivat Rex Carolus !" ("Longue vie au roi Charles !")

Moins de carrosse

Elizabeth a fait le trajet aller et retour à bord de l'ouvragé mais inconfortable carrosse Gold State Coach, vieux de 260 ans. Charles et Camilla ne l'utiliseront que pour leur retour.

Pour l'aller, ils ont opté pour le moderne Diamond Jubilee State Coach équipé d'amortisseurs et de l'air conditionné.

Ils feront aussi un trajet retour bien plus court (deux kilomètres) que celui d'Elizabeth, qui avait duré deux heures pour parcourir plus de sept kilomètres.

L'armée allégée

Comparé aux 29 000 membres des forces armées présentes en 1953, la procession du retour au palais de Buckingham sera moins imposante.

Près de 4 000 militaires, y compris des musiciens, accompagneront le couple royal.

Le roi et la reine Camilla, également couronnée lors de la cérémonie, repartiront en carrosse pour la "procession du Couronnement" vers Buckingham, accompagnés cette fois d'un cortège de près de 4 000 militaires en habits d'apparat.

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Sur cette photo prise le 26 janvier 2011, le prince Charles (à droite) et Camilla, la duchesse de Cornouailles (à gauche) assistent aux célébrations de l'Australia Day à Australia House, à Londres. (AFP). 

La famille royale apparaîtra enfin au balcon du palais pour saluer la foule et assister au survol d'avions de la Royal Air Force.

Deux couronnes pour Charles

En point d'orgue de la cérémonie, Charles se verra poser sur la tête la couronne de Saint-Edouard, pièce maîtresse des joyaux de la Couronne.

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Les joyaux de la couronne britannique / AFP / Gal ROMA AND Sophie RAMIS

Utilisée uniquement pour les couronnements, elle a été portée pour la dernière fois en 1953 par Elizabeth II.

Elle a été réalisée pour celui de Charles II en 1661, pour remplacer la couronne médiévale qui avait été fondue par les parlementaires en 1649 après l'exécution de Charles Ier.

Cette couronne en or massif est sertie de pierres semi-précieuses, notamment rubis, améthystes et saphirs, et garnie d'une toque de velours violet ourlée d'une bande d'hermine.

Sans être une réplique exacte de la couronne médiévale disparue - réputée avoir appartenu au roi Edouard le Confesseur (XIe siècle)- elle reprend ses quatre croix pattées, ses quatre fleurs de lys.

Elle a été récemment redimensionnée pour s'adapter à la tête de Charles. Elle pèse plus de 2 kilos.

En quittant l'abbaye, le roi portera la couronne impériale d'Etat, qui reposait sur le cercueil d'Elizabeth II pour ses funérailles.

Créé en 1937 pour le couronnement du roi George VI, le père d'Elizabeth II, elle est aussi utilisée lors de l'ouverture de l'année parlementaire.

Pesant un peu plus d'un kilo pour 31,5 centimètres de haut, elle est sertie de 2.868 diamants, 17 saphirs, 11 émeraudes, 269 perles et quatre rubis.

Cette couronne comprend le diamant Cullinan II, la deuxième plus grosse pierre taillée dans le diamant Cullinan, qui est, selon le site des palais royaux, le plus gros diamant jamais découvert.

La république du Transvaal a offert ce diamant au roi Edouard VII en 1907, en geste de réconciliation après la deuxième guerre des Boers (1899-1902).

Entre bombes et jonquilles : quand Charles fut couronné prince de Galles

Le 1er juillet 1969, la pompe colorée de la cour d'Angleterre se déploie au château imposant de Caernarfon sur la côte nord-ouest du Pays de Galle pour la première intronisation du roi Charles III, comme prince de Galles, voilà plus de 50 ans.

SOS jonquilles

A la veille du grand jour, un sujet brûlant tourmente les esprits. Y aura-t-il des jonquilles sur les tables du grand bal le soir de l'investiture ?

Une commande de la fleur nationale galloise, introuvable fin juin en Grande-Bretagne, a bien été passée au Kenya. Las, une vague de chaleur dans ce pays a eu raison des éclatantes fleurs jaunes avant même leur cueillette.

Le salut vient in extremis de la BBC dont le SOS lancé dans ses émissions a été entendu par un horticulteur de... Nouvelle-Zélande qui expédie par le premier avion six douzaines de fleurs.

Sur les dents 

La perspective de l'installation d'un Anglais comme prince de Galles - suivant une tradition séculaire - a exacerbé le sentiment nationaliste gallois dans ce pays conquis au XIIIe siècle par le roi Edouard 1er, bâtisseur compulsif de châteaux, dont Caernarfon.

Face aux menaces d'attentats, des services de sécurité sur les dents déploient les grands moyens.

Pas moins de 2 800 policiers et 2 500 soldats à Caernarfon, des hélicoptères de l'armée et de la police, des perquisitions, des écoutes, des contrôles routiers continuels n'empêchent toutefois pas des attentats. Sept bombes éclatent ou sont découvertes juste à temps dans la quinzaine précédant la cérémonie.

Elles font aussi des morts la dernière nuit quand deux nationalistes gallois sont déchiquetés à Abergele, petite ville à 50 km de Caernarfon, par l'explosif qu'ils transportaient pour faire sauter le siège local de l'administration et de la sécurité sociale.

«Nuit de cauchemar»

Au même moment, la découverte sur la voie ferrée reliant Londres à Caernarfon d'un explosif factice (de la pâte à modeler et un réveille-matin) contraint le train transportant Charles, la reine Elizabeth et le prince Philip à être aiguillé sur une voie de garage.

"Après une nuit de cauchemar", écrit l'AFP le 1er juillet, "des policiers harassés vont à chaque seconde se demander si un terroriste ne se dissimule pas parmi les 250 000 personnes attendues à Caernarfon, si une bombe ne va pas être lancée sur le carrosse royal, si un fusil à lunette ne pointe pas d'une fenêtre".

En fin d'après-midi encore, les artificiers interviendront après la découverte d'une valise marquée aux initiales de "l'armée libre galloise", déposée au bord d'une route que la voiture du prince Charles emprunta peu après.

Etait-ce un oeuf ?

Jaillissant de la foule de spectateurs massés aux abords du château pour assister à l'arrivée du cortège royal, un projectile est lancé en direction du carrosse de la reine Elizabeth.

Certains témoins ont affirmé qu'il s'agissait d'un oeuf quand d'autres diront avoir identifié une boulette de papier.

Qu'importe l'objet du délit, une foule furieuse entendant régler son compte à l'auteur - maladroit - du tir, se jette sur un jeune homme en criant "lynchez-le". Les policiers, rapporte l'AFP, ont du "arracher" le fauteur de troubles des mains des spectateurs avant de l'appréhender.

Aux portes du château, deux autres jeunes gens sont arrêtés, accusés d'avoir hué la souveraine.

Offensive de charme

"Moi, Charles, prince de Galles, je me proclame votre homme lige d'âme et de corps..."

C'est dans un gallois fraîchement acquis - il vient de passer un trimestre dans une université du Pays de Galles pour en apprendre la langue -, que Charles prononce d'une voix juvénile les mots de son investiture.

La reine aide son fils à ajuster sa nouvelle couronne. Des diamants y dessinent le signe zodiacal du prince, le scorpion. Des années plus tard, l'artisan-joaillier qui réalisa l'ouvrage a révélé que la sphère d'or placée à son sommet était... une balle de ping-pong plaquée or.

Par sa simplicité, le prince a su gagner l'affection des Gallois, ont affirmé les journaux le lendemain.

La couronne de la reine Mary pour Camilla

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Sur cette photo prise le 16 septembre 2022, Camilla, reine consort de Grande-Bretagne, réagit lors d'une visite au château de Cardiff, à Cardiff, dans le sud du Pays de Galles. (AFP). 

La reine consort Camilla portera la couronne de la reine Mary, la grand-mère d'Elizabeth II, qui est sertie de 2.200 diamants.

C'est la première fois en près de trois siècles qu'une couronne existante est réutilisée pour un couronnement, a indiqué le palais de Buckingham, mettant en avant un souci "de durabilité".

La reine Mary, épouse du roi George V, avait fait faire cette couronne pour son propre couronnement en 1911.

Le palais a évoqué des changements "mineurs" apportés pour "refléter le style individuel" de Camilla et "rendre hommage" à la défunte Elizabeth II. Plusieurs diamants, les Cullinan III, IV et V, issus de la collection personnelle d'Elizabeth II et qu'elle portait souvent en broches, ont été intégrés.

En revanche, le controversé diamant "Koh-i-Noor", saisi en 1849 par la Compagnie des Indes orientales britannique, n'est plus sur la couronne.

Deux carrosses au lieu d'un

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Une photographie prise le 6 mai 2022 montre une vue générale du carrosse d'État en or, au Royal Mews, au palais de Buckingham, à Londres, qui sera utilisé pour les célébrations du jubilé de platine de la Reine. (AFP). 

Charles et Camilla n'utiliseront qu'à leur retour le traditionnel "Gold State Coach", le carrosse doré de 1762 qui transporte les souverains britanniques lors des grands évènements. Il a été utilisé pour chaque couronnement depuis 1831.

Lors de son couronnement, Elizabeth II avait fait l'aller-retour dans ce carrosse et avait qualifié l'expérience d'"horrible" en raison du manque de confort.

Il est si lourd qu'il doit voyager au pas. Il pèse quatre tonnes, est haut de 3,6 mètres et long de 7 mètres. Il faut huit chevaux pour le tirer.

"Quand vous le suivez, vous pouvez l'entendre grincer et vous avez l'impression qu'il s'agit d'un vieux galion qui avance", a raconté Martin Oates, qui s'occupe des carrosses aux Ecuries royales.

A l'aller, Charles et Camilla ont opté pour le "Diamond Jubilee State Coach", plus moderne et confortable.

Construit en Australie et utilisé pour la première fois par la reine Elizabeth II en 2014, c'est le plus récent dans les Ecuries royales.

Il a la climatisation, des vitres électriques. "Il ressemble beaucoup à une voiture", décrit Martin Oates.

Ce carrosse est tout de même long de 5 mètres, pèse 3 tonnes et doit être tiré par six chevaux.

Sceptres, trône et croix: un couronnement chargé de symboles

Outre les trois couronnes portées par Charles III et Camilla, la cérémonie du couronnement donnera à voir des objets symboliques, reliques et impressionnants joyaux incarnant la longévité de la monarchie britannique.

Le sceptre à la colombe

Ce sceptre composé d'un bâton en or, ornée d'un globe, d'une croix et d'une colombe en son sommet, représente le pouvoir spirituel et pastoral du souverain. Il a été utilisé à chaque couronnement depuis celui de Charles II en 1661.

Long de 110 centimètres, il pèse 1 150 grammes.

Le sceptre à la croix

Lui aussi utilisé depuis 1661, le sceptre représente le pouvoir temporel du souverain. Il pèse 1 170 grammes pour 92 centimètres de long.

En 1911 y a été ajouté le diamant Cullinan I de 530,2 carats, si lourd que le sceptre a dû être renforcé pour supporter son poids.

L'orbe royal

Ce globe de 27,5 centimètres surmonté d'une croix symbolise le monde chrétien.

Il est constitué d'une sphère creuse en or sertie de pierres précieuses et de perles. Une croix sertie de diamants, avec d'un côté un saphir au centre et de l'autre une émeraude, surmonte le globe.

Lors de la cérémonie de couronnement, l'orbe est placé dans la main droite du monarque, avant d'être déposé sur l'autel.

La canne à la colombe

Utilisé pour tous les couronnements de reine consort depuis 1685, ce petit sceptre en ivoire surmonté d'une colombe sera tenu par la reine Camilla durant la cérémonie, malgré les appels à ne pas l'utiliser en opposition au commerce de l'ivoire.

Camilla se verra remettre également un sceptre en or surmonté d'une croix.

L'Ampoule

Cet objet en or en forme d'aigle aux ailes déployées contient l'huile utilisée lors de l'onction du souverain, moment considéré comme le plus sacré du couronnement.

L'archevêque de Canterbury verse l'huile depuis la tête de l'aigle dans une cuillère, avant d'oindre le monarque.

La figure de l'aigle vient d'une légende selon laquelle la Vierge Marie est apparue à Saint Thomas Becket, et lui a remis un aigle en or et une fiole d'huile destinée à l'onction des futurs rois d'Angleterre.

Les éperons

Ces éperons en or, symbolisant la chevalerie, sont utilisés depuis le couronnement de Richard Cœur de Lion en 1189. Ils sont attachés aux chevilles des souverains, et dans le cas des reines simplement placés sur l'autel.

La robe d'Etat

Cette grande cape en soie et velours violet est brodée du monogramme du monarque, d'épis de blé et de branches d'olivier.

Faite spécialement pour le couronnement, elle a nécessité 3 500 heures de travail par douze couturières de l'Ecole royale de couture.

Le chaise du roi Edouard

Commandé par le roi Edouard I en 1300, ce trône en chêne, de plus de 2 mètres de haut, est au centre des couronnements royaux depuis plus de 700 ans.

Il encapsulait à l'origine la "pierre du destin", un bloc de grès symbole de la monarchie écossaise et rapporté d'Ecosse comme butin de guerre par Edouard I.

Brièvement volée par des étudiants écossais lors d'une audacieuse entreprise en 1950, la pierre est symboliquement rendue à l'Ecosse en 1996, en pleine montée du sentiment indépendantiste. Mais il est convenu qu'elle revienne du château d'Edimbourg à Westminster pour les couronnements.

La croix de Galles

Autre symbole du pouvoir spirituel du roi, cette croix en argent contient des fragments venant, selon le Vatican, de la croix sur laquelle a été crucifiée Jésus, et offerts par le pape François en cadeau pour marquer le couronnement de Charles.

Ces fragments ont été façonnés dans une petite croix apparaissant derrière un cristal de roche rose.

La croix de Galles sera utilisée en tête de la procession du couronnement, qui ramènera le roi, tout juste couronné, de l'abbaye de Westminster vers le palais de Buckingham.

Les proches

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Sur cette photo prise le 31 août 2007, le prince Charles (à gauche) et ses deux fils, le prince Harry (à droite) et le prince William (à gauche), arrivent pour le service d'action de grâce pour la vie de Diana, princesse de Galles, à la chapelle des gardes, à Londres. (AFP). 

Plusieurs membres de la famille royale auront un rôle à jouer durant la cérémonie tandis que certains, comme le prince Harry, présent sans son épouse Meghan, ou son oncle le prince Andrew, en retrait après un scandale sexuel, ne devraient être que spectateurs.

Charles a ainsi choisi ses quatre pages parmi ses proches, dont son petit-fils le prince George, 9 ans, 2e dans l'ordre de succession au trône, ou le jeune fils d'Edward Tollemache, filleul du roi.

La reine consort Camilla a elle tenu à inclure sa famille issue de son premier mariage avec Andrew Parker Bowles. Trois de ses petits-enfants, Gus, Louis et Freddy, feront partie des pages l'accompagnant, avec son petit neveu Arthur.

Meghan absente

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Meghan, duchesse de Sussex, suit en voiture la procession derrière le cercueil de la reine Élisabeth II, allant de l'abbaye de Westminster à Wellington Arch à Londres, le 19 septembre 2022, après les funérailles d'État de la reine Élisabeth II de Grande-Bretagne. (AFP). 

Depuis son accession au trône, Charles s'est montré pourtant très actif en s'écartant de la réserve inébranlable de sa mère pour s'engager sur des sujets comme l'environnement ou la guerre en Ukraine.

Mais il a souvent été accueilli dans ses déplacements par quelques manifestants antimonarchie, inimaginables sous Elizabeth II, et s'est retrouvé plusieurs fois visé par des jets d'oeufs. Le mouvement Republic a appelé les Britanniques à porter des t-shirts "Not my king" (pas mon roi) pour le couronnement.

L'attention médiatique des dernières semaines s'est surtout portée sur le prince Harry et son épouse Meghan, en rupture avec la famille royale depuis leur départ en Californie en 2020.

Mi-avril, le palais a levé le suspense : le fils cadet du roi, malgré des mémoires très virulents contre la monarchie, viendra mais pas l'actrice américaine ni leurs deux enfants, Archie (qui fêtera ses quatre ans le jour du couronnement) et Lilibet, presque deux ans.

Le duc de Sussex va-t-il rencontrer son père ou son aîné William qu'il a décrit comme colérique et limite violent ?

La presse britannique prévoit un passage éclair mais l'attention sera forte. Son dernier séjour à Londres fin mars pour un procès contre un tabloïd a fait davantage sensation que le premier voyage à l'étranger de son père la même semaine en Allemagne.

Une couronne datant de 1661 pour Charles III et un carrosse de plus de 260 ans: le couronnement prévu le 6 mai à l'abbaye de Westminster est ancré dans l'Histoire avec cependant des nouveautés au programme.

Couronnement de Charles III: 2000 invités et quelques absents

Dirigeants étrangers, têtes couronnées, élus... 2 000 invités triés sur le volet assisteront au couronnement du roi Charles III à l'abbaye de Westminster, soit beaucoup moins que les 8 000 personnes présentes lors de celui de la reine Elizabeth II en 1953.

Voici ce que l'on sait à deux semaines de l'évènement.

Les présents

  • Le prince Harry, qui a rompu avec fracas avec la monarchie et a quitté le Royaume-Uni en 2020 pour la Californie, a confirmé sa présence après des mois de négociations avec le palais de Buckingham.
  • De nombreux dirigeants étrangers, comme les présidents français Emmanuel Macron, allemand Frank-Walter Steinmeier, philippin Ferdinand Marcos Jr, ou encore la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le Premier ministre australien Anthony Albanese.
  • Le Premier ministre britannique Rishi Sunak et son épouse Akshata Murty, ainsi que les principaux membres du gouvernement.
  • Des têtes couronnées du monde entier, dont le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince Frederik et la princesse Mary du Danemark, le prince Fuhimito et la princesse Kiko du Japon, le prince Albert II de Monaco, ou encore le roi Abdallah II et la reine Rania de Jordanie.
  • Des centaines de personnes ayant oeuvré pour leur communauté et décorées par le palais de Buckingham, comme l'écolier Max Woosey qui a dormi trois ans dans une tente dans son jardin pour collecter de l'argent pour un hospice, ou Richard Thomas qui a livré plusieurs milliers de médicaments à des personnes malades pendant les confinements durant la pandémie de Covid-19.
  • 400 jeunes membres d'associations soutenues par la famille royale.
  • Un nombre restreint de 80 membres de la Chambre des Lords et de la Chambre des Communes, les deux assemblées du parlement britannique.
  • Les enfants de la reine consort Camilla, le critique culinaire Tom Parker Bowles et sa soeur Laura Lopes, conservatrice d'art.

Les absents

  • Le président américain Joe Biden sera représenté par son épouse Jill Biden. Jamais un président américain n'a assisté au couronnement d'un monarque britannique, ont rappelé des responsables des deux côtés de l'Atlantique.
  • La Maison Blanche a insisté que l'absence de Joe Biden, par ailleurs connu pour être fier de ses racines irlandaises "n'était pas une marque de mépris". Joe Biden a d'ailleurs déjà accepté l'invitation du roi pour effectuer une visite d'Etat au Royaume-Uni.
  • Meghan Markle, épouse du prince Harry, restera en Californie avec leurs deux enfants Lilibet et Archie, qui fêtera ses 4 ans le jour du couronnement.

Ceux qui n'ont pas été invités

  • La plupart des 24 ducs n'appartenant pas de près ou de loin à la famille royale, qui font les frais de la volonté alléguée du roi d'établir une liste d'invité sur une base méritocratique et non aristocratique. Le duc de Rutland a fait part de sa déception au quotidien Daily Mail, notant que ce sont des "familles comme la (sienne) qui soutiennent la famille royale depuis 1 000 ans".
  • Les épouses des parlementaires britanniques.
  • Sarah Ferguson, ex-femme du prince Andrew, frère du roi, et qui vit toujours avec lui dans leur domaine de Windsor. Les frasques passées de la duchesse d'York ont souvent embarrassé la famille royale.
  • Lady Pamela Mountbatten, fille du grand-oncle et mentor de Charles le comte Louis Mountbatten de Birmanie, et l'une des deux demoiselles d'honneur encore en vie de la reine Elizabeth II lors de son mariage avec le prince Philip en 1947.

Week-end prolongé

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Un portrait du roi Charles III de Grande-Bretagne, réalisé en 2016 par la sculptrice britannique Frances Segelman, est présenté lors de l'avant-première de presse de l'exposition "Majesty : Un hommage à la Reine" à la galerie Quantus à Londres le 28 septembre 2022. (AFP). 

Outre la cérémonie, le Royaume-Uni s'apprête à vivre trois jours de fête autour du couronnement, même si l'engouement reste encore peu perceptible dans le pays.

Le dimanche, la population est invitée à partager un "grand déjeuner" à travers des fêtes de voisinage et avec au menu la "quiche du couronnement", dont la recette a été dévoilée mi-avril par le palais.

Le soir, un concert aura lieu au château de Windsor, à l'ouest de Londres, auquel 10 000 Britanniques tirés au sort pourront assister. Katy Perry, Lionel Ritchie et le ténor Andrea Bocelli seront les têtes d'une affiche marquée par l'absence de stars britanniques.

Enfin, la famille royale appelle les Britanniques à faire des actions de bénévolat le lundi 8 mai férié.

L'ambiance s'annonce loin de la liesse du couronnement de la jeune Elizabeth II en 1953 qui marquait un renouveau dans un Royaume-Uni encore meurtri par la Seconde guerre mondiale, et même des festivités au parfum d'adieu des 70 ans de règne de la très populaire souveraine en juin.

Selon des sondages de l'institut YouGov, près des 2/3 des Britanniques (64%) ne sont pas intéressés et une majorité (51%) pense que l'Etat ne devrait pas payer la facture.

Les stars britanniques, d'Elton John à Adele en passant par Ed Sheeran, ont décliné pour le concert : l'affiche sera dominée par les Américains Lionel Ritchie et Katy Perry et le ténor italien Andrea Bocelli.

Les grandes dates de la vie de Charles III

Le couronnement de Charles III consacre une homme dont la vie a été une longue patience, nourrie de crises et de passions. Prince héritier à 3 ans, il est devenu roi à 73 ans à la mort de sa mère Elizabeth II et sera couronné le 6 mai à 74 ans.

Voici les grandes dates de sa vie :

  • 14 novembre 1948 : naissance de Charles Philip Arthur George à Buckingham Palace, sous le règne de son grand-père le roi George VI. Charles est le premier enfant de la princesse Elizabeth et de son époux Philip, duc d’Edimbourg.
  • 6 février 1952 : décès de George VI. Elizabeth devient automatiquement reine à la mort de son père, Charles prince héritier.
  • 2 juin 1953 : à 4 ans, il assiste au couronnement de sa mère à l’Abbaye de Westminster.
  • 26 juillet 1958 : Elizabeth II lui octroie le titre de prince de Galles, qui revient généralement au premier fils du souverain. Charles a 9 ans.
  • Octobre 1967-1970 : étudiant à l'université de Cambridge où il étudie l'antropologie, l'archéologie et l'histoire.
  • 1er juillet 1969 : investiture télévisée du prince de Galles au château de Caernarfon par sa mère.
  • 19 février 1970 : premier grand discours du prince sur l'environnement, une passion depuis plus de 50 ans.
  • 1970 : brève idylle avec Camilla Shand, avant que Charles ne joigne la Royal Navy. Elle épousera Andrew Parker Bowles en juillet 1973.
  • 1971-76 : Charles sert tour à tour dans l'armée de l’Air et la Marine royale.
  • 1976 : Charles crée le Prince’s Trust, sa première organisation caritative pour aider des jeunes en difficulté.
  • 1977 : première rencontre avec Lady Diana Spencer. Elle a 16 ans, à l’époque Charles fréquente sa sœur aînée Sarah.
  • 24 février 1981 : annonce des fiançailles de Diana, 19 ans, et Charles, 31 ans.
  • 29 juillet 1981 : mariage à la cathédrale Saint-Paul à Londres.
  • 21 juin 1982 : naissance de leur premier fils le prince William.
  • 15 septembre 1984 : naissance de leur deuxième fils, le prince Harry.
  • 1986 : reprise de la liaison entre Charles et Camilla Parker Bowles. Diana admettra aussi des infidélités. La "guerre des Wales" fait rage pendant plusieurs années par livres et tabloïds interposés.
  • 9 décembre 1992 : le Premier ministre John Major annonce au Parlement la séparation du couple.
  • 1993 : début de la construction de Pondbury, village imaginé par le prince Charles notoirement critique de l'architecture moderne.
  • 20 novembre 1995 : interview de Diana à la BBC. "Nous étions trois dans ce mariage, c'était un peu trop", dit-elle.
  • 28 août 1996 : divorce de Charles et Diana.
  • 31 août 1997 : Diana meurt dans un accident de voiture à Paris.
  • 10 février 2005 : annonce des fiançailles de Charles et Camilla.
  • 9 avril 2005 : mariage civil de Charles et Camilla à la mairie de Windsor. La reine n'y vient pas mais organise ensuite une réception au château de Windsor.
  • 2004-2005 : "mémos de l'araignée noire", courriers envoyés par Charles à des membres du gouvernement pour partager son opinion sur différents sujets, au risque d’être accusé d'ingérence politique. Rendus publics en mai 2015, ils seront jugés largement inoffensifs.
  • mars 2020 : après avoir abandonné ses obligations princières, Harry s'installe en Californie avec son épouse Meghan épousée le 19 mai 2018.
  • 9 avril 2021 : décès du prince Philip à 99 ans.
  • 10 mai 2022 : Charles remplace pour la première fois la reine, qui a du mal à se déplacer, pour le discours d’ouverture du Parlement.
  • 8 septembre 2022 : Charles devient roi à la mort d’Elizabeth II.
  • Janvier 2023 : un mois après une docu-série à charge contre la famille royale, Harry publie sa biographie "le Suppléant" également très critique de la famille royale. Le roi ne fait aucun commentaire.
  • 29 mars 2023 : premier voyage à l’étranger pour le roi et Camilla, en Allemagne. La première partie du voyage, en France, est annulée en raison de tensions sociales.
  • 6 mai 2023 : couronnement du roi et de la reine prévus à l’abbaye de Westminster.

Crise ouverte entre Madrid et Buenos Aires après une attaque de Milei contre Sánchez

Le président argentin Javier Milei fait un geste alors qu'il prononce un discours sur scène lors du rassemblement du parti d'extrême droite espagnol Vox "Europa Viva 24" à Madrid le 19 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président argentin Javier Milei fait un geste alors qu'il prononce un discours sur scène lors du rassemblement du parti d'extrême droite espagnol Vox "Europa Viva 24" à Madrid le 19 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avait annoncé quelques heures plus tôt avoir convoqué l'ambassadeur argentin
  • Ces tensions entre les deux pays ont suscité les craintes du monde des affaires en Espagne

MADRID: Pedro Sánchez a accusé lundi Javier Milei de ne pas être "à la hauteur" des "liens" unissant leurs deux pays, au lendemain de propos polémiques du président argentin qui font planer la menace d'une rupture des relations entre Madrid et Buenos Aires.

Javier Milei "n'a malheureusement pas été à la hauteur" des "liens fraternels unissant l'Espagne et l'Argentine", a déclaré le Premier ministre espagnol, dont l'épouse a été ciblée par le président ultralibéral argentin.

"Je suis conscient que celui qui a parlé hier (dimanche) ne l'a pas fait au nom du grand peuple argentin", a ajouté le dirigeant socialiste, lors de sa première prise de parole sur cette crise diplomatique, en exigeant des excuses publiques de M. Milei.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avait annoncé quelques heures plus tôt avoir convoqué l'ambassadeur argentin pour lui "faire part de la gravité de la situation" après avoir déjà rappelé dimanche pour consultations l'ambassadrice espagnole en Argentine.

Interrogé explicitement sur la possibilité d'une rupture des relations diplomatiques en cas d'absence d'excuses de Javier Milei, M. Albares n'a pas écarté cette éventualité. "Nous ne voulons évidemment pas prendre ces mesures, mais s'il n'y a pas d'excuses publiques, nous le ferons", a-t-il prévenu.

Buenos Aires a opposé jusqu'ici une fin de non-recevoir aux demandes de Madrid.

"Il n'y a aucune excuse à faire. Aucune excuse. Je pense, au contraire, que le gouvernement espagnol devrait présenter des excuses pour ce qu'il a dit de Milei", notamment accusé par la numéro trois de l'exécutif espagnol Yolanda Diaz de semer la "haine", a jugé dimanche soir le ministre argentin de l'Intérieur, Guillermo Francos.

"Le lion est de retour et surfe sur la vague des larmes socialistes. Vive la liberté, bordel", a ironisé de son côté sur X lundi le président argentin.

«Femme corrompue»

Cette crise diplomatique d'un niveau inédit entre les deux pays a été provoquée par des propos tenus dimanche à Madrid par Javier Milei, invité d'honneur d'une convention du parti d'extrême droite espagnol Vox.

Dans un discours au ton belliqueux, il a attaqué, comme il en a l'habitude, le socialisme, mais s'en est aussi pris à la femme de Pedro Sánchez, Begoña Sánchez, sans toutefois la nommer.

"Les élites mondiales ne réalisent pas à quel point la mise en application des idées du socialisme peut être destructrice. Elles ne savent pas le type de société et de pays que cela peut produire et le type de gens accrochés au pouvoir et le niveau d'abus que cela peut générer", a-t-il déclaré.

"Quand vous avez une femme corrompue, vous vous salissez et vous prenez cinq jours pour y réfléchir", a ajouté le président argentin, qui n'a rencontré ni le roi Felipe VI ni Pedro Sánchez, lors de sa visite de trois jours à Madrid.

Ces propos ont été perçus comme une allusion claire à la récente décision de M. Sánchez de suspendre toutes ses activités durant cinq jours pour réfléchir à une démission, après l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "trafic d'influence" et "corruption" contre sa femme.

Craintes des entreprises

Ces tensions entre les deux pays ont suscité les craintes du monde des affaires en Espagne, pays qui est le deuxième investisseur en Argentine après les États-Unis, avec un montant annuel de près de 15 milliards d'euros, selon l'Institut espagnol du commerce extérieur.

Le président de la confédération patronale CEOE, Antonio Garamendi, a ainsi qualifié les propos de Javier Milei d'"attaque" susceptible de nuire aux échanges. De grandes entreprises comme BBVA, Santander ou Telefonica sont allées dans le même sens.

Tout en condamnant les déclarations de Milei, Esteban González Pons, du Parti Populaire (PP, droite), a rejeté une partie de la faute sur Pedro Sánchez.

Les entreprises espagnoles "ne méritent pas que leur situation soit compromise par le sens de l'honneur de Pedro Sánchez" dont l'épouse ne doit pas être "une question d'Etat", a raillé ce haut responsable de la principale formation d'opposition.

Cette crise survient deux semaines après une première brouille déclenchée par un ministre espagnol, qui avait suggéré que M. Milei se droguait. La présidence argentine avait alors réagi en accusant Pedro Sánchez de n'apporter que "pauvreté et mort" en Espagne avec ses politiques.


Le nouveau président de Taïwan s'engage à défendre la démocratie face à la Chine

Le président élu de Taiwan, Lai Ching-te, prête serment devant un portrait du fondateur de Taiwan, Sun Yat-sen, lors de la cérémonie d'inauguration au bâtiment du bureau présidentiel à Taipei (Photo, AFP).
Le président élu de Taiwan, Lai Ching-te, prête serment devant un portrait du fondateur de Taiwan, Sun Yat-sen, lors de la cérémonie d'inauguration au bâtiment du bureau présidentiel à Taipei (Photo, AFP).
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  • Dans son discours d'investiture au palais présidentiel de Taipei, M. Lai a évoqué de façon directe la menace de guerre après des années de pressions de la part de la Chine
  • M. Lai a tenté à plusieurs reprises de rouvrir le dialogue avec la Chine, que Pékin a rompu en 2016

TAIPEI: Le nouveau président de Taïwan Lai Ching-te a promis de défendre la démocratie de l'île face aux menaces chinoises et appelé la Chine à "cesser ses intimidations politiques et militaires", après avoir prêté serment lundi.

Pékin, qui a précédemment qualifié M. Lai de "dangereux séparatiste", a fustigé son discours, estimant qu'il envoyait "un signal dangereux".

Dans son discours d'investiture au palais présidentiel de Taipei, M. Lai a évoqué de façon directe la menace de guerre après des années de pressions de la part de la Chine pour que Taïwan passe sous son contrôle.

Le nouveau président a remercié les Taïwanais d'avoir résisté à l'influence "des forces extérieures et d'avoir résolument défendu la démocratie", affirmant que "l'ère glorieuse de la démocratie taïwanaise est arrivée".

"Face aux nombreuses menaces et tentatives d'infiltration, nous devons montrer notre détermination à défendre notre nation, nous devons également accroître notre préparation à la défense et renforcer notre cadre juridique en matière de sécurité nationale", a relevé M. Lai après son entrée en fonction.

Issu du Parti démocrate progressiste (PDP), le même mouvement que sa prédécesseure Tsai Ing-wen, M. Lai s'est qualifié dans le passé "d'ouvrier pragmatique" pour l'indépendance de Taïwan.

Mais il a depuis adouci son discours, et a promis lundi que son gouvernement "ne cédera pas, ne provoquera pas et maintiendra le statu quo", c'est-à-dire un équilibre qui préserve la souveraineté de Taïwan sans pour autant déclarer une indépendance formelle.

Responsabilité partagée pour la paix 

Il a aussi appelé la Chine à "cesser ses intimidations politiques et militaires contre Taïwan".

Pékin doit "partager avec Taïwan la responsabilité envers le monde du maintien de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan", a-t-il plaidé.

M. Lai a tenté à plusieurs reprises de rouvrir le dialogue avec la Chine, que Pékin a rompu en 2016.

Le nouveau président a dit lundi espérer que la Chine "choisira le dialogue aux dépens de la confrontation" et appelé Pékin à autoriser à nouveau le tourisme et la venue des étudiants chinois dans l'île.

Quelques heures plus tard, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, a souligné que "l'unification de la Chine est irréversible".

"Le comportement sécessionniste des forces indépendantistes de Taïwan constitue le défi le plus sérieux pour l'ordre international et le changement le plus dangereux pour le statu quo dans le détroit de Taïwan", a-t-il déclaré sans nommer M. Lai.

Le bureau chinois des affaires taïwanaises, qui gère les questions liées au détroit, a aussi fustigé son discours d'investiture, estimant qu'il envoie "un signal dangereux" et le qualifiant de "provocation visant à saper la paix et la stabilité entre les deux rives du détroit".

L'île de 23 millions d'habitants est gouvernée de manière autonome depuis 1949, mais la Chine la considère comme une partie de son territoire et a affirmé vouloir la ramener sous son contrôle, par la force si nécessaire.

Si Washington reconnaît Pékin au détriment de Taipei depuis 1979, il est resté le partenaire le plus important de Taïwan et son principal fournisseur d'armes.

Concomitamment, la Chine a dévoilé lundi de nouvelles sanctions contre trois entreprises américaines vendant des armes à Taïwan.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a félicité M. Lai, dont l'investiture est, selon lui, le signe d'un "système démocratique résilient". Il a dit espérer que Washington et Taipei puissent renforcer leurs relations et maintenir la "paix et la stabilité" dans la région du détroit de Taïwan.

En Chine, le réseau social Weibo, équivalent de la plateforme X, a bloqué les hashtags lundi liés au nouveau président taïwanais.

La cérémonie, durant laquelle a été aussi investie la nouvelle vice-présidente, Hsiao Bi-khim, s'est tenue au palais présidentiel de Taipei, la capitale.

En marque de soutien, huit chefs d'Etat, des rares pays qui reconnaissent Taïwan, y ont participé ainsi que plusieurs dizaines de délégations.

Taïwan souffre d'un manque de reconnaissance diplomatique, ne disposant que de 12 alliés sur la scène internationale.

Une délégation américaine - comprenant l'ancien directeur du Conseil économique national, Brian Deese, et l'ancien secrétaire d'État adjoint Richard Armitage - a assisté à Taipei à l'inauguration. Lors d'une réunion avec la délégation après son investiture, M. Lai a remercié les États-Unis "pour leur soutien à Taïwan, que ce soit de la part du gouvernement ou du secteur privé".

Défis internes 

L'île jouit de ses propres institutions, d'une armée et bat monnaie: le nouveau dollar de Taïwan.

La majorité des habitants de Taïwan estime également disposer d'une identité propre taïwanaise, distincte de la Chine, selon des enquêtes d'opinion.

"Je pense qu'il est préférable de ne pas être trop proche ou trop éloigné de la Chine, il vaut mieux conserver une attitude de neutralité", a observé Shen Yujen, un Taïwanais de 24 ans, qui est en train de faire son service militaire.

En plus de la menace chinoise, le président Lai Ching-te devra faire face à de nombreux autres défis au cours de son mandat.

Le PDP a perdu sa majorité au parlement, ce qui pourrait compliquer la tâche de M. Lai pour faire adopter ses réformes prévues pour s'attaquer au coût de la vie et des logements.


A l'université de Martin Luther King, Joe Biden promet d'écouter les manifestations pour Gaza

Le président américain Joe Biden reçoit un diplôme honorifique après avoir prononcé son discours d'ouverture lors de la cérémonie de remise des diplômes du Morehouse College à Atlanta, en Géorgie, le 19 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden reçoit un diplôme honorifique après avoir prononcé son discours d'ouverture lors de la cérémonie de remise des diplômes du Morehouse College à Atlanta, en Géorgie, le 19 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Pendant qu'il parlait, une poignée d'étudiants ont tourné le dos à Joe Biden et brandi des drapeaux palestiniens
  • Joe Biden a insisté sur la protection de la démocratie et la lutte contre le racisme, des thèmes sur lesquels il veut incarner l'antithèse de Donald Trump

ATLANTA: Le président américain Joe Biden a promis dimanche d'écouter les "manifestations pacifiques et non violentes" contre la guerre menée par Israël à Gaza, lors d'une visite dans l'université où a étudié Martin Luther King destinée à séduire l'électorat afro-américain et jeune.

"Je soutiens les manifestations pacifiques et non violentes. Vos voix doivent être entendues, et je vous promets que je les entends", a déclaré le président lors de la cérémonie de remise des diplômes au Morehouse College d'Atlanta, dans l'Etat de Géorgie (sud-est).

Pendant qu'il parlait, une poignée d'étudiants ont tourné le dos à Joe Biden et brandi des drapeaux palestiniens, pour symboliser leur opposition à sa politique de soutien, y compris militaire, à Israël, allié historique des Etats-Unis.

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Les étudiants diplômés tournent le dos au président américain Joe Biden alors qu'il prononce un discours d'ouverture lors de la cérémonie de remise des diplômes du Morehouse College à Atlanta (Photo, AFP).

Des étudiants de l'université historiquement afro-américaine avaient demandé à leur direction d'annuler le discours du démocrate.

Lors de sa prise de parole, Joe Biden a aussi appelé à un cessez-le-feu à Gaza et au retour des otages israéliens capturés le 7 octobre par le Hamas, alors que l'armée israélienne y intensifie ses frappes et que les combats y font toujours rage.

Le président démocrate a assuré qu'il travaillait à "une paix durable" dans toute la région, incluant "une solution à deux Etats" avec la création d'un Etat palestinien, "la seule solution".

"C'est l'un des problèmes les plus difficiles et complexes dans le monde. Il n'y a rien de facile dans cette situation", a déclaré le président démocrate, qui avait revêtu une robe marron et noire, les couleurs de Morehouse College.

"Je sais que cela met en colère et frustre beaucoup d'entre vous, y compris dans ma famille, mais surtout je sais que cela vous brise le cœur. Cela brise le mien aussi", a-t-il assuré, dans une apparente allusion à son épouse Jill, qui selon les médias américains lui a fait part de ses inquiétudes face au bilan de victimes de plus en plus élevé dans la population civile à Gaza.

Jeunes et Afro-Américains 

En venant à Morehouse, Joe Biden a voulu rendre hommage au héros du mouvement des droits civiques qui y a fait ses études, mais des étudiants ont souligné que Martin Luther King s'opposait à la guerre et notamment à celle du Vietnam dans les années 1960.

Le président démocrate a d'abord gardé le silence sur les manifestations propalestiniennes, avant de déclarer que "l'ordre doit prévaloir" sur les campus américains où la police est intervenue pour déloger des campements.

Mais le soutien historique des Etats-Unis à Israël fait craindre au camp démocrate de perdre des voix parmi l'électorat jeune et les sympathisants de la cause palestinienne.

De manière plus générale, les sondages montrent des difficultés plus larges du démocrate de 81 ans à obtenir le soutien des électeurs noirs et des jeunes américains, deux groupes qui l'ont aidé à vaincre son rival Donald Trump en 2020 et qui seront à nouveau déterminants cette année pour empêcher un retour du républicain à la Maison Blanche.

Selon un récent sondage New York Times/Siena, Donald Trump pourrait recueillir les voix de 20% des Afro-Américains en novembre, environ le double de 2020. Ce serait un record pour un candidat républicain et un désaveu pour son adversaire démocrate.

Joe Biden a insisté sur la protection de la démocratie et la lutte contre le racisme, des thèmes sur lesquels il veut incarner l'antithèse de Donald Trump.

"C'est ce à quoi nous devons nous confronter: des forces extrémistes qui s'opposent au message et au sens de Morehouse", a lancé Joe Biden.

Cette semaine, il a aussi reçu dans le Bureau ovale des personnalités et des parents de plaignants dans l'affaire nommée "Brown v. Board of Education" (Brown contre le Bureau de l'éducation de Topeka), qui a donné lieu à un arrêt historique de la Cour suprême des Etats-Unis en 1954 interdisant la ségrégation scolaire, un tournant dans le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis.

«Pour la vengeance»

Le président américain a continué son périple de campagne à Détroit (nord-est), où il s'est rendu dans un café détenu par deux anciens joueurs de la NBA, les frères Joe et Jordan Crawford.

"Les gars contre lesquels nous concourons veulent annuler tous les progrès que nous avons apportés", a-t-il dit.

M. Biden a ensuite assisté à un événement organisé par la principale association de défense des droits civiques du pays, la NAACP, au cours duquel il a pris la parole devant des milliers de personnes.

Le fort soutien de la communauté afro-américaine lors de l'élection 2020 est "l'unique raison pour laquelle je me tiens devant vous en tant que président", a estimé le démocrate.

"Et vous êtes la raison pour laquelle Donald Trump sera encore un perdant" en novembre, a-t-il affirmé.

"La menace que pose Trump (pour un éventuel) second mandat est plus grande que pour le premier", a averti Joe Biden, assurant que son adversaire concourait "pour la vengeance".