Partout en Asie, les musulmans célèbrent la fin du Ramadan avec des recettes familiales et des plats locaux originaux

La population musulmane de l'Inde célèbre l'Aïd avec du seviyan, un pudding sucré à base de vermicelles ; en haut, en bas à droite : l'Indonésie, où vivent 13 % des musulmans du monde, célèbre l'événement avec du rendang et du ketupat, un gâteau de riz traditionnel (Photo, AFP).
La population musulmane de l'Inde célèbre l'Aïd avec du seviyan, un pudding sucré à base de vermicelles ; en haut, en bas à droite : l'Indonésie, où vivent 13 % des musulmans du monde, célèbre l'événement avec du rendang et du ketupat, un gâteau de riz traditionnel (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 23 avril 2023

Partout en Asie, les musulmans célèbrent la fin du Ramadan avec des recettes familiales et des plats locaux originaux

  • Avec trois des plus grands pays à majorité islamique, l'Asie abrite 65 % des musulmans du monde
  • Pendant l'Aïd, la nourriture renforce les liens que les ménages partagent avec leur foi, leur nation et leurs ancêtres

 

JAKARTA/NEW DELHI/COLOMBO/MANILA: Les musulmans de toute l'Asie du Sud et du Sud-Est célèbrent Aïd Al-Fitr par des festins au cours desquels des plats locaux typiques et traditionnels marquent non seulement la fin d'un mois de jeûne pendant le Ramadan, mais contribuent également à renforcer, par le biais de la nourriture, les liens que les familles entretiennent avec leurs proches et leurs ancêtres.

L'Asie abrite environ 65% des musulmans du monde et c'est là que se trouvent les trois plus grands pays à majorité musulmane, en termes de population: l'Indonésie, le Pakistan et le Bangladesh.

En Indonésie, plus de 230 millions de personnes adoptent l'islam, ce qui représente 86% de la population du pays et environ 13% de l'ensemble des musulmans dans le monde.

L'archipel, qui s'étend sur plus de 5 000 kilomètres d'est en ouest et sur 1 700 kilomètres du nord au sud, abrite plus de 1 000 groupes ethniques distincts qui ont tous leurs propres traditions.

Pendant Aïd Al-Fitr, cependant, de nombreuses coutumes et traditions couvrent les clivages habituels entre les groupes dans un pays aussi diversifié. Il s'agit notamment de donner généreusement aux organisations caritatives, de rendre visite à la famille, d'acheter de nouvelles tenues pour prier et de s'asseoir pour des festins comprenant des plats populaires locaux et nationaux.

L'un des plats de base de l'Aïd en Indonésie est le rendang, un plat de viande cuite lentement dans du lait de coco, du galanga, de la citronnelle et d'autres épices aromatiques jusqu'à ce qu'elle devienne caramélisée. Ce plat copieux est originaire de Sumatra, mais il existe aujourd'hui de nombreuses variantes dans tout le pays.

Sur les tables de l'Aïd, le rendang est souvent associé à l'opor ayam, un ragoût de poulet javanais préparé en faisant mijoter la viande dans du lait de coco, de la pâte de curry et de la citronnelle.

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Des enfants se saluent après avoir fait une prière matinale spéciale pour commencer la fête de l'Aïd Al-Fitr à la mosquée Jama Masjid dans les vieux quartiers de New Delhi (Photo, AFP).

 

Il y a aussi le ketupat, qui consiste en des galettes de riz emballées dans de jeunes feuilles de cocotier tressées en forme de diamant. Beaucoup pensent que ce plat a été introduit par Sunan Kalijaga, un théologien du XVe siècle et l'un des neuf missionnaires légendaires à qui l'on attribue la propagation de l'islam à Java.

«Pendant l'Aïd, nous mangerons toujours du ketupat, du rendang, de l'opor ayam, des feuilles de papaye et des haricots longs cuits dans du lait de coco, ainsi que du foie de poulet et des pommes de terre dans du chili frit», a déclaré Diella Yasmine, 31 ans, originaire de Jakarta, à Arab News.

Elle a ajouté qu'elle inclut également au menu des telur petis, des œufs durs frits dans une sauce aux crevettes, un plat qu'elle associe à son enfance et aux racines de sa famille.

«Mon père est originaire de l'est de Java et ce plat fait partie de ceux qui doivent être servis à table dans cette région», a expliqué Yasmine.

«Ce plat me rappelle toujours la maison de ma grand-mère. Lorsque nous retournions dans notre ville natale, ce plat était toujours servi. Ma grand-mère et mon grand-père sont déjà décédés, c'est pourquoi ce telur petis est particulièrement mémorable.»

Elle a révélé que sa famille est très stricte quant à la préparation de ce plat.

«Notre recette est transmise depuis des générations par mes arrière-grands-parents. Toutes les mesures doivent être conformes à la recette », a indiqué Yasmine.

Outre les recettes traditionnelles authentiques, il existe un autre élément essentiel à la réussite d'un plat.

 

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Une famille indonésienne prend des photos après la prière de Aïd Al-Fitr à la grande mosquée de Baiturrahman à Banda Aceh (Photo, AFP).

«Le secret de la cuisine de l'Aïd dans notre famille est l'utilisation d'un four traditionnel», a affirmé Yasmine. «Cela la rend unique par rapport à notre cuisine habituelle. Ma famille utilisera toujours un fourneau traditionnel et de la fibre de coco qui donne un goût fumé lorsque nous cuisinons des plats à base de lait de coco.»

Le Pakistan compte 212 millions de musulmans et le Bangladesh 154 millions. L'Inde, à majorité hindoue, compte également plus de 200 millions de musulmans. Ces trois pays représentent près d'un tiers de l'ensemble des musulmans dans le monde.

Chacune de ces nations a sa propre identité, mais leurs peuples partagent de nombreux traits culturels, notamment l'envie de consommer des douceurs lorsque le Ramadan touche à sa fin.

Certaines de ces envies sont satisfaites pendant l'Aïd par un dessert traditionnel connu sous le nom de seviyan ou sawai au Pakistan et en Inde, ou encore shemali au Bangladesh, à base de pudding aux vermicelles.

«Le plat le plus important de l'Aïd est le sawai, ou vermicelle — c'est un incontournable», a déclaré à Arab News Rafat Chahab, chef cuisinier et traiteur à Delhi.

«Il existe deux types de sawai. L'un est le muzaffar, qui ne contient pas de lait et qui est doux et savoureux. L'autre est le sheer khorma, qui contient du lait. Il faut le faire cuire lentement pour en faire ressortir le goût. L'Aïd n'est pas complet sans le plat de sawai.»

«Outre les plats sucrés, le menu comprend généralement du biryani (riz au mouton ou au poulet), du poulet au curry et quelques plats végétariens.»

Ces plats à base de viande et de plantes présentent des variantes locales dans les parties septentrionales du sous-continent. Toutefois, le Cachemire, territoire himalayen revendiqué à la fois par l'Inde et le Pakistan, possède ses propres traditions et sa propre cuisine. Au Cachemire, l'Aïd est synonyme de wazwan, un repas à plusieurs plats dont la majorité est à base de viande.

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Des musulmans font la prière de l’Aïd Al-Fitr dans une rue devant une mosquée à Manille (Photo, AFP).

«Tout le monde prépare du wazwan», a déclaré à Arab News Farooq Ahmed, chef cuisinier à Srinagar, la plus grande ville de la région. «À la maison, les gens préparent cinq ou six types de plats de wazwan, comme la gushtaba, la rista, le kabab et tout le reste.»

La gushtaba est un plat de boulettes de viande à la texture veloutée cuites dans du yaourt épicé, tandis que la rista est un plat de boulettes de viande dans une sauce rouge au paprika, au safran et au fenouil.

«Au Cachemire, l'accent n'est pas mis sur les douceurs», a précisé Ahmed. «Les gens ne préparent pas de plats sucrés à la maison. Ils achètent des plats sucrés lorsqu'ils ont une visite pendant l'Aïd.»

Dans le sud du sous-continent, cependant, les douceurs dominent les tables de fête. Ummi Abdulla, 85 ans, originaire de Calicut au Kerala, a écrit plusieurs livres de cuisine à partir de ses recettes et elle est connue localement comme la «matriarche» de la cuisine musulmane Malabar. Dans sa cuisine, deux plats sont toujours au menu pendant l'Aïd: le chakkara choru, également connu sous le nom de riz au jaggery, et le curry de bananes, a-t-elle affirmé.

«Le chakkara choru est préparé avec du blé grossier et du jaggery (un édulcorant naturel fabriqué à partir du jus de canne à sucre ou de la sève de palmier)», a-t-elle expliqué à Arab News. «C'est un plat très typique du Kerala, que l'on ne trouve nulle part ailleurs en Inde.»

«Pour le curry de bananes, nous utilisons du lait de coco fin au début et après la cuisson, nous ajoutons du lait de coco épais et du sucre. C'est très savoureux. Au Kerala, on trouve différentes sortes de bananes et aucun festival n'est complet sans bananes.»

Au Sri Lanka voisin, où 2 millions de musulmans représentent près de 10% de la population majoritairement bouddhiste du pays, les plats sucrés sont également les plus attendus pour l'Aïd, le plus populaire d'entre eux étant le watalappan, ou crème pâtissière à la noix de coco épicée à la cardamome.

«L'Aïd est synonyme de wattalapam», a souligné Nafha Musthaq, une femme au foyer de Colombo qui travaillait auparavant comme comptable à Dubaï.

Chez elle, le menu de l'Aïd commence par des vermicelles, du curry de bœuf et de la bouillie de sagou sucrée pour le petit-déjeuner et le déjeuner, traditionnellement suivis d'un biryani pour le dîner. Mais la journée se termine par du watalappan.

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Des musulmans bangladais font la prière de l'Aïd al-Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne du Ramadan, à la mosquée nationale du Bangladesh, Baitul Mukarram, à Dhaka (Photo, AFP).

«C'est un plat sucré à base de jaggery, d'œufs, de lait de coco et de cardamome», a mentionné Musthaq, qui ajoute que le secret pour obtenir la meilleure saveur réside dans le type d'agent sucrant utilisé; elle choisit toujours du jaggery extrait du kithul, un palmier à sucre originaire du Sri Lanka.

«Il est bon d'en utiliser un kilogramme pour 15 œufs», a-t-elle spécifié. «C'est un plat spécial dans chaque foyer.»

À l'est, aux Philippines, où les musulmans sont une minorité représentant environ 5% de la population du pays, qui compte près de 110 millions d'habitants, le dessert préféré de l'Aïd est le panyam, une sorte de crêpe frite. Il est composé de riz glutineux moulu, de sucre brun et de lait de coco.

Toutefois, ce n'est pas le fait marquant du festin pour les musulmans philippins, dont la plupart appartiennent au groupe ethnique Tausug, originaire des régions du sud-ouest de l'archipel de Mindanao. La vedette culinaire de l'Aïd est plutôt le tiyula itum, ou «ragoût noir».

Parfois appelé «ragoût de bœuf royal» et historiquement lié aux salles à manger de l'ancien sultanat de Sulu qui a survécu jusqu'au début du XXe siècle, le tiyula itum n'est aujourd'hui servi que lors des occasions spéciales liées aux traditions Tausug.

La cuisson du ragoût est un processus complexe. Le bœuf mariné est combiné à de la poudre de noix de coco grillée, qui donne au plat sa couleur noire caractéristique. La viande est ensuite mélangée à des oignons, de l'ail et de la citronnelle sautés et portée lentement à ébullition. Vers la fin du processus de cuisson, on ajoute du piment fort pour donner le goût épicé que beaucoup de gens apprécient.

«La plupart d'entre nous fêtent l'Aïd à fond et le ragoût de bœuf et le tiyula itum avec du riz jaune sont courants sur toutes les tables musulmanes philippines pendant la fête», a déclaré à Arab News, Nur-mukin Usman, conférencier invité à l'université d'État de Mindanao. Les ingrédients, en particulier l'écorce de noix de coco brûlée, doivent être préparés un jour à l'avance ou tôt le matin.»

Kiram Irilis, directeur d'école à Sulu, une province du sud qui fait partie de la région autonome Bangsamoro dans le Mindanao musulman, a soutenu que le tiyula itum devait toujours figurer parmi les célébrations de l'Aïd.

«C'est ce que je prépare pour mes compatriotes», a-t-il dévoilé. «Après la prière de l'Aïd Al-Fitr, je donne à manger à tous ceux qui entrent dans la mosquée. C'est ainsi que nous exprimons notre gratitude pour avoir terminé le mois de jeûne et pour avoir persévéré.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 


La méthode Trump: un tournant dans les relations transatlantiques?

L’affront subi par Zelensky, non seulement de la part de Trump, mais aussi du vice-président américain JD Vance et de certains membres de la presse américaine présents lors de l’entretien, visait également le Vieux Continent. (Combo AFP)
L’affront subi par Zelensky, non seulement de la part de Trump, mais aussi du vice-président américain JD Vance et de certains membres de la presse américaine présents lors de l’entretien, visait également le Vieux Continent. (Combo AFP)
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  • Depuis 75 ans, l’Europe et les États-Unis ont été des alliés stratégiques, mais ce partenariat semble aujourd’hui fragilisé
  • Face à cette nouvelle donne, les Européens se mobilisent: de Londres à Bruxelles, les discussions se multiplient pour anticiper les conséquences de la politique de Trump

La rencontre tendue entre les présidents américain Donald Trump et ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche a semé le trouble en Europe.

L’affront subi par Zelensky, non seulement de la part de Trump, mais aussi du vice-président américain JD Vance et de certains membres de la presse américaine présents lors de l’entretien, visait également le Vieux Continent.

Le président américain, fidèle à son discours, ne cache pas son mépris à l’égard de l’Europe, pour différentes raisons.

D’un point de vue idéologique, l’Europe représente l’antithèse du modèle social et économique prôné par Trump et ses partisans. «Elle incarne un modèle absolument détesté par Trump et ses soutiens», affirme le député européen centriste Bernard Guetta.

Point de friction majeur

Interrogé par Arab News en français, Guetta précise que «les pays de l’Union européenne sont un concentré de protection sociale, de redistribution par l’impôt et d’un État arbitre», soit les trois piliers que Trump «déteste le plus et qu’il s’acharne à déconstruire avec une violence spectaculaire».

Outre cette opposition, un autre point de friction majeur réside dans la dépendance européenne vis-à-vis des États-Unis en matière de défense, un héritage de l’après-guerre que Trump remet fondamentalement en question.

Depuis 75 ans, l’Europe et les États-Unis ont été des alliés stratégiques, mais ce partenariat semble aujourd’hui fragilisé. Face à cette nouvelle donne, les Européens se mobilisent: de Londres à Bruxelles, les discussions se multiplient pour anticiper les conséquences de la politique de Trump et esquisser une réponse collective.

L’Europe désormais seule face à son destin doit assumer seule sa défense et sa sécurité, tout en continuant à soutenir l’Ukraine contre la Russie. Or, si ce constat est largement partagé, la stratégie à adopter divise.

Certains pays européens plaident pour une prise d’indépendance rapide et décisive, tandis que d’autres estiment qu’il est encore possible d’inverser la tendance et de renouer avec les États-Unis.

Cependant, Trump a déjà fait savoir clairement que, selon lui, seules trois puissances comptent sur l’échiquier mondial: les États-Unis, la Chine et la Russie. L’Europe, quant à elle, n’a plus aucun poids stratégique à ses yeux.

«Il est temps que les Européens prennent conscience de cette réalité», alerte Bernard Guetta. Selon lui, «le divorce est consommé et profond». Il considère que «même si on tente de minimiser l’épisode du Bureau ovale, il n’en demeure pas moins que, depuis le début du siècle, les administrations américaines successives affirment clairement que leurs priorités ne sont plus en Europe».

Les intérêts stratégiques des États-Unis se trouvent désormais dans la région indopacifique, notamment face à la montée en puissance de la Chine, qui pourrait bientôt devenir la première puissance mondiale, et c’est cette réalité qui redéfinit les priorités américaines et relègue l’Europe au second plan.

Un tournant historique pour l'Europe 

Ceci marque un tournant historique pour l’Europe, qui doit impérativement se renforcer et se réorganiser. «Ce changement n’est pas encore acté», nuance Bernard Guetta, qui souligne que Trump est «largement isolé» sur la scène internationale, et «à l’exception de Moscou, aucune capitale ne l’a applaudi après sa rencontre désastreuse avec Zelensky», précise-t-il.

Un autre élément à ne pas négliger est l’image qui se dessine actuellement: une Europe soudée, avec à ses côtés le Royaume-Uni et le Canada, qui, selon certaines déclarations de Trump, pourraient être annexés aux États-Unis, ainsi que la Turquie.

Pour Guetta, cette image renforce la cohésion des alliés atlantiques… mais sans les États-Unis, Un paradoxe qui pourrait à terme se retourner contre Washington si l’Europe parvient à prendre les mesures concrètes pour assurer son autonomie stratégique.

Pour l’instant, tout reste au stade des déclarations. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affirmé que «l’Europe doit urgemment se réarmer» et de nombreux dirigeants européens ont réitéré leur soutien indéfectible à l’Ukraine. Mais la question centrale demeure: qui paiera le prix de cette indépendance?

Ce coût, qui est parmi l’une des raisons qui freinent depuis des années l’émergence d’une défense européenne intégrée, pourrait bien être le principal obstacle à l’évolution du continent vers une autonomie stratégique, pourtant, face à la politique de Trump, l’heure n’est plus aux hésitations.

 


Un numéro du Journal of Architectural Education sur la Palestine annulé

Journal of Architectural Education. (Photo fournie)
Journal of Architectural Education. (Photo fournie)
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  • Le numéro d'automne 2025 prévoyait de mettre l'accent sur «la campagne génocidaire israélienne en cours contre les Palestiniens de Gaza» 
  • Les rédacteurs du numéro – dont l'universitaire palestinienne Nora Akawi, professeure adjointe à la Cooper Union de New York – ont critiqué l'annulation et le licenciement du rédacteur en chef

LONDRES: L'Association of Collegiate Schools of Architecture a abandonné le projet d'édition d'automne 2025 de son Journal of Architectural Education, qui aurait porté sur la Palestine, et a licencié le rédacteur en chef par intérim de la publication.

Cette décision fait suite à un vote du 21 février du conseil d'administration de l'association, qui a invoqué des «risques substantiels» au niveau personnel et éditorial, a rapporté The Architect's Newspaper au cours du week-end.

«Cette décision fait suite à une longue série de discussions difficiles au sein de l'organisation sur les risques potentiels liés à la publication de ce numéro», a déclaré le conseil d'administration.

«Le conseil d'administration de l'ACSA a décidé que les risques liés à la publication de ce numéro avaient considérablement augmenté en raison des nouvelles mesures prises par l'administration fédérale américaine, ainsi que d'autres mesures prises au niveau des États.»

«Ces risques importants comprennent des menaces personnelles à l'encontre des rédacteurs, des auteurs et des réviseurs de la revue, ainsi qu'à l'encontre des bénévoles et du personnel de l'ACSA. Ils comprennent également des risques juridiques et financiers pour l'ensemble de l'organisation.»

Le même jour, l'association a licencié le rédacteur en chef intérimaire de la revue, McLain Clutter, qui est également professeur associé au Taubman College of Architecture and Urban Planning de l'université du Michigan.

M. Clutter, dont le poste au sein de la revue était censé durer jusqu'en 2026, a déclaré au journal The Architect's Newspaper qu'il avait été licencié parce qu'il refusait de soutenir la décision d'annuler le numéro, et a accusé l'association d'être «du mauvais côté de l'histoire».

Il a ajouté: «Je suis profondément déçu par les actions du conseil d'administration de l'ACSA. Cette décision représente une violation flagrante des principes de liberté académique, d'intégrité intellectuelle et d'érudition éthique que l'organisation prétend défendre.»

Fondée en 1912, l'ACSA est une organisation internationale qui représente les programmes universitaires d'architecture et les enseignants, principalement aux États-Unis et au Canada. Elle publie le Journal of Architectural Education and Technology: Architecture + Design.

Le numéro d'automne 2025 prévoyait de mettre l'accent sur «la campagne génocidaire israélienne en cours contre les Palestiniens de Gaza» et «les réflexions urgentes sur les implications de ce moment historique pour la conception, la recherche et l'enseignement de l'architecture», selon l'appel à contributions lancé à l'automne dernier.

Les rédacteurs du numéro – dont l'universitaire palestinienne Nora Akawi, professeure adjointe à la Cooper Union de New York – ont critiqué l'annulation et le licenciement de M. Clutter, estimant qu'ils s'inscrivaient dans une tendance plus large de censure aux États-Unis et en Europe des sujets liés à la Palestine.

Ils se sont dits «consternés par la décision» mais «pas surpris», étant donné que l'ACSA avait cherché à bloquer les plans pour le numéro avant même que l'appel à contributions ne soit lancé en septembre 2024. Ils ont accusé l'organisation d'utiliser les «nouvelles actions de l'administration présidentielle américaine» comme prétexte pour ses dernières actions.

L'ACSA a déclaré que le numéro d'automne 2025 de la publication porterait sur un thème différent et qu'elle «évaluait ses options pour la revue dans un cadre plus large».

Le numéro du printemps 2025, intitulé «Architecture Beyond Extraction», qui explore la relation entre l'architecture, l'extractivisme et l'utilisation des ressources, sera publié comme prévu dans les semaines à venir.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Aide américaine suspendue: Trump fait le jeu de Poutine, s'inquiètent des Ukrainiens

Le président américain a ordonné lundi une "pause" dans l'aide militaire des États-Unis à l'Ukraine, après avoir reproché au dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky de s'être montré irrespectueux et de manquer de gratitude envers le gouvernement américain pour ses efforts visant à mettre fin à cette guerre. (AFP)
Le président américain a ordonné lundi une "pause" dans l'aide militaire des États-Unis à l'Ukraine, après avoir reproché au dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky de s'être montré irrespectueux et de manquer de gratitude envers le gouvernement américain pour ses efforts visant à mettre fin à cette guerre. (AFP)
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  • "La Russie a échoué à capturer Kiev, mais elle a rapidement pris Washington", a commenté sur Facebook Bojena Antoniak, rédactrice dans une maison d'édition ukrainienne
  • "Il semble que Donald Trump cherche des moyens pour se lier d'amitié avec le dictateur sanguinaire russe (Vladimir Poutine, ndlr) plutôt que de mettre fin à la guerre", a réagi dans la même veine sur Facebook, Yarema Doukh, un conseiller en communication

KIEV: Indignés et effarés, des Ukrainiens accusaient mardi matin Donald Trump de faire le jeu de la Russie et Vladimir Poutine après l'annonce par Washington de la suspension de son aide militaire à Kiev, qui se bat depuis trois ans contre l'invasion russe.

"La Russie a échoué à capturer Kiev, mais elle a rapidement pris Washington", a commenté sur Facebook Bojena Antoniak, rédactrice dans une maison d'édition ukrainienne.

"Il semble que Donald Trump cherche des moyens pour se lier d'amitié avec le dictateur sanguinaire russe (Vladimir Poutine, ndlr) plutôt que de mettre fin à la guerre", a réagi dans la même veine sur Facebook, Yarema Doukh, un conseiller en communication.

Le président américain a ordonné lundi une "pause" dans l'aide militaire des États-Unis à l'Ukraine, après avoir reproché au dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky de s'être montré irrespectueux et de manquer de gratitude envers le gouvernement américain pour ses efforts visant à mettre fin à cette guerre.

A cause du décalage horaire, la nouvelle est tombée en pleine nuit à Kiev, créant une onde de choc dans la matinée.

"Avant, nous avions peur la nuit à cause des missiles et des avions, et maintenant nous avons aussi peur des nouvelles en provenance des États-Unis", a déploré la journaliste Kristina Berdynskykh, également sur Facebook.

"Il n'y a toujours pas de pression, pas de conditions et pas d'humiliation envers la Russie", a-t-elle regretté.

"Tous ceux qui réclament de nous la paix ignorent que le prix de notre paix sera plus élevé que le prix de notre guerre", a lancé sur le même réseau social Pavlo Kazarine, un journaliste très connu qui a rejoint l'armée après le début de l'invasion russe à grande échelle en février 2022.

Certains s'interrogeaient si l'Ukraine devrait malgré tout signer un accord permettant aux Etats-Unis d'exploiter ses ressources naturelles dans l'espoir d'obtenir le renouvellement de leur aide financière et militaire.

"Celui qui choisit la honte obtiendra à la fois la honte et la défaite", a tranché Olga Doukhnitch, une chercheuse, qui y est opposée.

"OK, quelles sont nos capacités (...) sans missiles de défense aérienne et sans renseignements (américains, ndlr) ? Et est-il possible de gagner un temps crucial pour nous avec cette signature ?" s'interroge pour sa part Serguiï Takhmazov, un militaire posté sur le front Est, où l'armée russe progresse lentement, mais sûrement.