A Mayotte, les derniers jours du bidonville «Talus 2»

Des policiers municipaux placardent un arrêté préfectoral au bidonville "Talus 2" du versant Majicavo, près de Koungou, dans le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 21 avril 2023. (Photo, AFP)
Des policiers municipaux placardent un arrêté préfectoral au bidonville "Talus 2" du versant Majicavo, près de Koungou, dans le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 21 avril 2023. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 22 avril 2023

A Mayotte, les derniers jours du bidonville «Talus 2»

  • Dans le 101e département français, s'amorce une vaste opération parfois baptisée «Wuambushu» («reprise» en mahorais) contre la délinquance et contre l'immigration illégale
  • Plus de 2 000 forces de l'ordre et agents de l'administration sont mobilisés

KOUNGOU: A l'entrée du bidonville de Majicavo, au nord de l'île française de Mayotte dans l'océan Indien, l'un de ceux que les autorités veulent voir rapidement évacués puis démolis, un groupe se forme autour d'une affichette au drapeau de la France, placardée à l'instant par des agents municipaux.

"Chaque jour, c'est ci, c'est ça, on nous appelle, la mairie, la gendarmerie", maugrée devant l'affiche qu'elle ne peut pas lire Fatima Youssouf, 55 ans, originaire des Comores, l'archipel africain voisin, d'où viennent la majorité des migrants installés sur l'île.

"C'est pour détruire nos biens, nos maisons et pourtant il y a des gens qui sont là depuis 35 ans !", s'emporte Mme Youssouf.

Le texte de la feuille A4 annonce une interdiction de circulation mardi "de 5H30 à 17H30", laissant planer un possible arrêté préfectoral de destruction pour ce jour-là: un "décasage", comme on dit à Mayotte pour parler de l'évacuation et de la destruction des "bangas", ces "favelas" locales.

Ici, on l'a rebaptisé "Talus 2". Un enchevêtrement de tôle bleue et grise. Une langue métallique accrochée à la colline verte et luxuriante. On y monte, au milieu de la terre battue, des eaux usées, des poules et du linge multicolore qui sèche.

Chaque porte en métal porte un numéro d'identification, peint à la peinture rose par les services sociaux il y a un mois.

Case 126

Derrière celle marquée "126", la vie de la famille Soufou tient en une dizaine de valises à roulettes et cabas pleins à craquer.

"On prépare les bagages pour partir, les vêtements, les draps, toutes les affaires mais on n'a pas fini", explique à l'AFP Zenabou Soufou, 48 ans et sept enfants, tous français grâce à leur père mahorais né sur l'île.

Sur le lit, les peluches licornes des trois filles n'ont pas encore été empaquetées. La famille n'a aucune idée d'où elle ira, assurant ne s'être vue proposer aucune solution de relogement.

"On n'a pas refusé de quitter là (le bidonville, ndlr), mais on veut une maison digne pour que des enfants restent tranquilles à la maison. Mais si on nous détruit les maisons, on va aller où avec les enfants ?", s'interroge la mère de famille.

L'absence de relogement est souvent invoquée dans le quartier. "C'est faux, il y a une proposition faite a chacune de ces familles, qui l'acceptent ou non. C'est de la pure mauvaise foi", fait valoir auprès de l'AFP un fonctionnaire proche du dossier, sur l'île.

Les Soufou sont inexpulsables du territoire donc, mais pas de leur maison. Ils sont aussi l'illustration du casse-tête social et administratif que représente, au cas pas cas, cette opération d'envergure décidée à Paris.

«Invivable»

Dans le 101e département français, s'amorce une vaste opération parfois baptisée "Wuambushu" ("reprise" en mahorais) contre la délinquance et contre l'immigration illégale. Les autorités entendent procéder à des expulsions d'étrangers en situation irrégulière et au "décasage" de quartiers insalubres, souvent squattés. Plus de 2 000 forces de l'ordre et agents de l'administration sont mobilisés.

Mais à "Talus 2", les clandestins sont déjà partis depuis des jours se mettre "au vert", loin des descentes annoncées depuis des semaines.

Ouali Nedja Hamadi, 32 ans, qui y est né et y a grandi, sent sa colère monter.

"Je ne veux pas être là, qu'on me mette du gaz (lacrymogène), qu'on me pousse, car moi aussi je vais avoir envie de pousser", dit le jeune employé du BTP qui affirme que dans le quartier, "les cocktails Molotov" accueilleront les forces de l'ordre.

Comme les autres jeunes du quartier, il l'assure: après le "décasage", il y aura vengeance et violence. "C'est la guerre civile des Mahorais contre nous", justifie l'habitant de "Talus 2", derrière ses lunettes de soleil.

En bas du bidonville, l'arrivée de l’affichette a en effet réjoui certains: les habitants "légaux" du quartier, des Mahorais soulagés de voir bientôt détruit le bidonville où sont majoritaires les habitants originaires des Comores.

"On est obligés de s'enfermer sans arrêt. On ne peut pas se promener avec des objets de valeur, comme une montre. Si on sort la voiture de la cour, on ne sait jamais dans quel état on va la ramener", assure à l'AFP Ismaïla Faïza, puéricultrice pour qui le quartier est devenu "invivable".

"J'ai hâte que ça (l'opération) commence, qu'on retrouve notre île... notre île aux parfums", poétise Mme Faïza, avant de se mettre à l'abri des regards derrière son portail sécurisé.


Attaque contre des prisons: Bayrou mercredi dans l'Isère avec Darmanin et Retailleau

François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
Short Url
  • Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France
  • Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram

PARIS: François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France.

Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram.

Le Pnat a notamment annoncé lundi se saisir de l'enquête sur des tirs par arme à feu et des jets de cocktails Molotov ayant visé dans la nuit un lotissement en Isère où résident des agents pénitentiaires.

Dans la nuit de dimanche à lundi, "plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement en Isère, où résident plusieurs agents pénitentiaires" et "des graffitis +DDPF+ (droits des prisonniers français, NDLR) ont été découverts sur place", a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat), qui "s'est saisi de ces faits".

À Villefontaine, commune iséroise située non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d'une maison a été incendiée et des impacts de tirs ont été découverts sur la façade, selon la gendarmerie et des sources syndicales. Une inscription "DDPF" a été retrouvé taguée sur le domicile.

M. Darmanin a indiqué mardi que "plusieurs attaques" contre des prisons "ont été dissuadées" dans la nuit de lundi à mardi.


Un jeune homme, poignardé près d'un point de deal, entre la vie et la mort

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
Short Url
  • La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès
  • L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise

LYON: Un jeune homme est entre la vie et la mort après avoir été poignardé à proximité d'un point de deal à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, a indiqué mardi à l'AFP une source policière.

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise.

La victime, un "jeune homme", est "défavorablement connue de la justice", mais le lien avec le trafic de drogues "n'a pas encore été établi" à ce stade de l'enquête, selon cette source policière.

Fin novembre, un homme d'une trentaine d'années avait été tué par balle dans ce même quartier à Villeurbanne où plusieurs fusillades ont éclaté en 2024.


Fusillade à Rennes: les quatre suspects mis en examen et écroués

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Short Url
  • La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé
  • Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits

RENNES: Les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes le 17 avril pour "reconquérir" un point de deal, ont été mis en examen et écroués, a annoncé mardi le parquet de Rennes.

Trois ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans d'emprisonnement.

La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé, a indiqué M. Teillet mardi matin.

Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits.

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d’assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu’il estimait être le sien", explique le magistrat.

C'est dans ce contexte "de règlement de compte lié au narcotrafic que des tirs d'arme à feu ont fait trois victimes et qu'une quatrième a été pourchassée en voiture, renversée violemment et laissée à terre, le 17 avril", poursuit M. Teillet.

Deux des mis en cause sont originaires de Tours, l'un de Marseille et le quatrième de la région parisienne.

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dit M. Teillet.