Concilier pêche et écologie, un défi atteignable et «indispensable»

Des membres de l'équipage de l'organisation de conservation marine Sea Shepherd Conservation Society (SSCS) soulèvent, à l'aide d'une grue, une vedette, à bord du navire Sam Simon après une opération nocturne lors d'une campagne visant à filmer et photographier les pêcheurs qui participent à un chalut-bœuf en pleine mer pour voir s'ils pêchent des dauphins, le 7 janvier 2020, dans le golfe de Gascogne, au large des côtes de la France. (Photo, AFP)
Des membres de l'équipage de l'organisation de conservation marine Sea Shepherd Conservation Society (SSCS) soulèvent, à l'aide d'une grue, une vedette, à bord du navire Sam Simon après une opération nocturne lors d'une campagne visant à filmer et photographier les pêcheurs qui participent à un chalut-bœuf en pleine mer pour voir s'ils pêchent des dauphins, le 7 janvier 2020, dans le golfe de Gascogne, au large des côtes de la France. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 22 avril 2023

Concilier pêche et écologie, un défi atteignable et «indispensable»

  • Le dernier mouvement des pêcheurs a donné l'impression de positions irréconciliables entre pêcheurs et défenseurs de l'environnement, qu'ils soient militants ou agents de l’État
  • «Un kilo de poissons pêché au chalut consomme un à deux litres de gazole et émet jusqu'à 6 ou 8 kilos d'équivalent CO2, soit quatre à dix fois plus que les pêches au filet et au casier», développe Didier Gascuel

BREST: La pêche est-elle compatible avec les impératifs écologiques? La récente crise, qui a vu pêcheurs et associations environnementales s'opposer frontalement, peut permettre d'en douter... Pourtant, une pêche durable et moins dépendante du gazole est possible et même indispensable, selon des acteurs du secteur.

Manifestations devant le domicile de la présidente de Sea Shepherd, tirs de fusée sur l'Office français de la Biodiversité (OFB) à Brest, incendié le lendemain... Le dernier mouvement des pêcheurs a donné l'impression de positions irréconciliables entre pêcheurs et défenseurs de l'environnement, qu'ils soient militants ou agents de l’État.

"Au quotidien, ça se passe généralement bien", souligne cependant Sylvain Michel, représentant du personnel CGT au pôle marin de l'OFB à Brest.

Selon lui, "il n'y a aucun doute sur le fait qu'on peut concilier la préservation des écosystèmes et la pêche: c'est même indispensable". "C'est pas toujours des discussions faciles, c'est même parfois des négociations assez tendues mais on arrive à dialoguer et à construire des actions ensemble", développe-t-il.

"Si on veut qu'il y ait des pêcheurs, il faut un écosystème protégé. C'est la protection des océans qui fera qu'il y aura encore de la pêche. Et les pêcheurs y ont toute leur place", approuve Charles Braine, président de Pleine Mer.

Cette association, créée pour tisser des "passerelles" entre pêcheurs et organisations de défense de l'environnement, publie notamment une carte des circuits courts pour promouvoir la pêche locale.

En pleine crise de la pêche, Pleine Mer a critiqué le projet d'interdire, en 2030, le chalut et autres "engins traînants" dans les aires marines protégées (AMP), ce qui serait "un drame pour la pêche artisanale et une aubaine pour les lobbys de la pêche industrielle".

"Il ne faut pas tout fermer d'un coup mais identifier les zones les plus importantes à protéger", souligne M. Braine, regrettant des AMP sans réelle protection, créées "pour faire du chiffre".

«Abandonner massivement le chalut»

A terme, ces critiques n'empêchent pas de questionner l'avenir du chalut, une technique de pêche dévastatrice pour les fonds marins et très gourmande en carburant.

"Un kilo de poissons pêché au chalut consomme un à deux litres de gazole et émet jusqu'à 6 ou 8 kilos d'équivalent CO2, soit quatre à dix fois plus que les pêches au filet et au casier", développe Didier Gascuel, professeur en écologie marine à l'Institut Agro dans "La pêchécologie" (Editions Quae, janvier 2023).

"Il n'y a pas d'autre solution pour décarboner la flotte que d'abandonner le chalut massivement", explique-t-il à l'AFP, car les technologies de substitution au moteur diesel (électricité, hydrogène, etc.) "ne sont pas au point" et ne le seront pas à moyen terme.

Le chercheur suggère d'expérimenter la pêche en plongée pour la coquille Saint-Jacques dans la baie de Saint-Brieuc ou de pêcher la langoustine avec des casiers, "comme en Islande", dans certaines zones de la grande vasière, au sud de la Bretagne.

"La crise énergétique est une très bonne opportunité pour inciter à la transition", appuie M. Braine. D'autant que "les méthodes de pêche douces font des poissons de meilleure qualité. Le poisson est moins abîmé, il est mieux valorisé".

Avec la hausse des prix du gazole, "la déchalutisation est un processus déjà engagé", remarque M. Gascuel. "Il est urgent de l'organiser plutôt que de le subir".

Augmenter les maillages des filets permettrait aussi d'accroître la taille et donc la biomasse de poissons en gardant des niveaux de captures élevées, propose M. Gascuel, qui plaide pour accorder plus de quotas aux pêcheurs qui joueraient le jeu. "Ce n'est pas gagné d'avance", reconnaît-il.

Pourtant, certains professionnels pratiquent déjà cette "petite pêche réellement durable", comme Breandán O'Geallabhain, 35 ans, qui vit "très convenablement" en pêchant à la ligne de traîne, au large de Lanildut (Finistère).

Avec son "tout petit" bateau de 7 mètres, il consomme trois fois moins de gazole par kilo de poissons pêchés. "Ce qui fait que je peux gagner ma vie avec peu de volumes", sourit-il.


Trump va-t-il trouver l'or auprès des Arabes fortunés grâce à son nouveau programme de résidence ?

Le président américain Donald Trump s'adresse à la presse après avoir signé un décret, aux côtés du secrétaire américain à la Santé et aux Services sociaux Robert F. Kennedy Jr. (G) et du candidat au poste de secrétaire au Commerce Howard Lutnick (D), à la Maison Blanche à Washington, DC, le 25 février 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse à la presse après avoir signé un décret, aux côtés du secrétaire américain à la Santé et aux Services sociaux Robert F. Kennedy Jr. (G) et du candidat au poste de secrétaire au Commerce Howard Lutnick (D), à la Maison Blanche à Washington, DC, le 25 février 2025. (AFP)
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  • Le nouveau système de visa "gold card" de 5 millions de dollars fait des États-Unis une destination compétitive pour les personnes fortunées de la région.
  • Le nouveau système de visa "gold card" de 5 millions de dollars fait des États-Unis une destination compétitive pour les personnes fortunées de la région.

RIYADH : Le visa "gold card" de 5 millions de dollars du président américain Donald Trump devrait attirer de riches investisseurs arabes en quête de stabilité économique, d'accès au marché américain et de prestige en matière de résidence, selon les experts.

Les pays du Golfe, dont l'Arabie saoudite, ayant mis en place avec succès leurs propres programmes de visas dorés, l'initiative de M. Trump positionne les États-Unis comme une destination compétitive pour les personnes fortunées de la région, en leur offrant une passerelle vers l'expansion des affaires, l'investissement immobilier et la sécurité financière. 

Photo distribuée par l'USCIS
Photo distribuée par l'USCIS

Salman Al-Ansari, analysPhoto distribuée par l'USCISte géopolitique et ancien investisseur aux États-Unis, a déclaré à Arab News que l'initiative pourrait renforcer les liens économiques entre les États-Unis et le monde arabe, en particulier l'Arabie saoudite, tout en stimulant les investissements dans des secteurs clés.

"Les investisseurs saoudiens ont toujours été désireux de se développer sur le marché américain, en particulier dans des secteurs tels que la technologie, l'immobilier et l'énergie. Une procédure de visa plus accessible pourrait encourager une collaboration et une intégration économique encore plus grandes entre les deux pays", a déclaré M. Al-Ansari.

La nouvelle initiative remplacera l'actuel programme de visas EB-5, créé en 1990, et devrait contribuer à réduire le déficit national. Le programme EB-5 accorde une carte verte aux investisseurs étrangers qui investissent environ un million de dollars dans une entreprise américaine qui crée ou maintient au moins dix emplois à temps plein pour les travailleurs locaux.

M. Trump a déclaré que l'initiative n'apporterait pas seulement des revenus, mais qu'elle conduirait également à la création d'emplois lorsque des personnes fortunées créeront des entreprises et développeront des projets existants sur le sol américain.

"Beaucoup de gens vont vouloir s'installer dans ce pays, et ils pourront travailler, fournir des emplois et créer des entreprises", a déclaré M. Trump lors de l'annonce faite dans le bureau ovale. "Ce seront des gens qui ont de l'argent.

M. Trump a déclaré aux journalistes que les investisseurs pourraient venir aux États-Unis, obtenir une carte verte grâce à l'initiative du président et contribuer financièrement, les fonds générés permettant de réduire le déficit national.

Malgré une concurrence mondiale croissante, les États-Unis restent une destination particulièrement attrayante pour les investisseurs. Julien Hawari, fondateur et PDG de la plateforme de monétisation de contenu Million, basée aux Émirats arabes unis, a expliqué à Arab News ce qui distingue les États-Unis des programmes de visas similaires dans le monde. 

Julien Hawari, fondateur et PDG de la plateforme de monétisation de contenu Million, basée aux Émirats arabes unis. (Fourni)
Julien Hawari, fondateur et PDG de la plateforme de monétisation de contenu Million, basée aux Émirats arabes unis. (Fourni)

"La rapidité, la profondeur et l'éventail des opportunités sont exceptionnels. Je pense que les États-Unis sous une administration Trump pourraient devenir encore plus attractifs, avec un nombre important de décideurs venant du secteur privé - des gens comme (Elon) Musk, par exemple", a déclaré Hawari.

M. Trump a décrit le programme comme une "carte verte plus" et une voie vers la citoyenneté. Il a exprimé sa confiance dans l'attrait de ce programme, le qualifiant d'opportunité "précieuse" et notant que les ventes devraient commencer dans les deux semaines à venir.

Le secrétaire d'État au commerce, Howard Lutnick, qui se tenait aux côtés de M. Trump lors de l'annonce, a déclaré : "Plutôt que d'avoir le programme EB-5, qui était plein d'absurdités et de fraudes, nous le remplaçons par un programme qui est simple, direct, et qui apporte des bénéfices financiers directs." 

Considéré comme « plein d'absurdités et de fraudes » par l'administration Trump, le régime EB -Visa pourrait bientôt être remplacé.
Considéré comme « plein d'absurdités et de fraudes » par l'administration Trump, le régime EB -Visa pourrait bientôt être remplacé. 

Pour certains, il s'agit d'un changement stratégique dans la politique d'immigration des États-Unis. Al-Ansari y voit une extension de la stratégie "America First" de Trump.

"Le président Trump a été constant dans son approche 'America First', et je vois son initiative de visas dorés comme un cas de qualité plutôt que de quantité", a-t-il déclaré.

"Les États-Unis ont toujours été un pôle d'attraction pour les immigrants, et cette politique garantit que ceux qui entrent contribuent de manière significative à l'économie. Elle est conforme à l'éthique américaine, qui consiste à récompenser l'esprit d'entreprise, le talent et l'investissement.

L'initiative de la carte d'or de l'administration Trump représente un changement majeur dans la politique d'immigration américaine, en se concentrant sur l'investissement financier direct plutôt que sur l'immigration traditionnelle basée sur l'emploi ou parrainée par la famille.

De nombreux pays, dont le Portugal, le Canada et l'Australie, proposent des programmes similaires, mais le prix élevé de la carte d'or américaine en fait une option de choix pour l'élite mondiale. 

Bureau des services de citoyenneté et d'immigration des États-Unis situé à Las Vegas. (Photo distribuée par l'USCIS)
Bureau des services de citoyenneté et d'immigration des États-Unis situé à Las Vegas. (Photo distribuée par l'USCIS)


M. Hawari fait remarquer que le succès des programmes de visas dorés dans d'autres régions, comme le Conseil de coopération du Golfe, peut donner une idée de la manière dont l'initiative américaine pourrait se dérouler. "Regardez le CCG - ils ont fait un travail phénoménal", a-t-il déclaré.

"Au cours de la dernière décennie, le nombre d'entreprises et de personnes très fortunées qui se sont installées dans la région a été incroyable. Cette évolution a eu un impact massif sur leur économie et leur transformation globale, de l'immobilier aux investissements et au-delà."

M. Hawari a expliqué que le programme américain "pourrait avoir un effet similaire". Toutefois, il a noté que le succès du CCG signifie que le programme américain sera confronté à une forte concurrence parmi plusieurs options. "Je pense que les gens finiront par choisir entre les deux, car ce sont maintenant les destinations les plus attrayantes", a-t-il ajouté.

M. Al-Ansari a fait remarquer : L'Arabie saoudite, d'où je suis originaire, a lancé une initiative similaire appelée "Golden Residency". Elle a réussi à attirer des milliers de personnes qui ont contribué à l'économie saoudienne, et elle continue de prospérer."

Salman Al-Ansari, analyste géopolitique. (Photo Fournie)
Salman Al-Ansari, analyste géopolitique. (Photo Fournie)

Il a ajouté que des obstacles bureaucratiques avaient précédemment rendu difficile l'obtention d'un visa d'affaires et a suggéré que le nouveau programme pourrait simplifier le processus, ce qui pourrait attirer davantage d'investissements de grande valeur sur le marché américain.

Il a toutefois exprimé son inquiétude quant au lien entre le visa doré et la carte verte. "Je ne suis pas sûr que les investisseurs, dont je fais partie, souhaitent obtenir la résidence permanente, car elle s'accompagne d'obligations fiscales sur tous les revenus mondiaux en vertu de la loi FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act, loi sur la conformité fiscale des comptes étrangers). Il serait plus intéressant que le visa doré soit une option indépendante, plutôt que d'être associé à une carte verte", a-t-il déclaré.

Si elle est structurée correctement, cette initiative pourrait entraîner une vague de personnes fortunées transférant leurs entreprises et leurs actifs aux États-Unis, ce qui profiterait à des régions métropolitaines et à des industries clés. ***

Le succès des programmes de visas dorés dans d'autres régions, comme le Conseil de coopération du Golfe, peut donner une idée de la manière dont l'initiative américaine pourrait se dérouler. (Shutterstock)
Le succès des programmes de visas dorés dans d'autres régions, comme le Conseil de coopération du Golfe, peut donner une idée de la manière dont l'initiative américaine pourrait se dérouler. (Shutterstock)

M. Al-Ansari a déclaré que des secteurs tels que le tourisme, l'industrie manufacturière et les services étaient susceptibles d'en bénéficier. M. Hawari s'est fait l'écho de ce sentiment, soulignant que des secteurs spécifiques pourraient bénéficier de manière significative d'un afflux de personnes fortunées.

"Si vous regardez le CCG, presque toutes les industries en ont profité. Peut-être que l'industrie manufacturière n'en a pas autant profité, de même que certains secteurs qui nécessitent des investissements à long terme. Mais dans l'ensemble, la plupart des secteurs ont eu un impact positif - et je m'attends à ce qu'il en soit de même aux États-Unis, l'immobilier, la technologie, l'hôtellerie et la finance étant probablement en tête de peloton", a-t-il déclaré.

L'Arabie saoudite a introduit son programme de résidence permanente, communément appelé "Saudi Green Card", en 2019 dans le cadre de son plan "Vision 2030". Le programme offre la résidence permanente pour 800 000 SR (213 000 $) ou une résidence renouvelable annuellement pour 100 000 SR. Il vise à attirer des expatriés et des investisseurs qualifiés, à stimuler la diversification économique et à accroître la contribution du secteur privé au produit intérieur brut.

De même, les Émirats arabes unis ont lancé leur Golden Visa en 2019, offrant des permis de résidence renouvelables de 5 à 10 ans pour les investisseurs, les entrepreneurs et les professionnels dans des domaines tels que la science, la technologie et les soins de santé. Le visa permet aux détenteurs de vivre, de travailler et d'étudier aux Émirats arabes unis sans parrain national et leur donne la possibilité de parrainer des membres de leur famille.

Vue nocturne de la ligne d'horizon de Riyad.
Vue nocturne de la ligne d'horizon de Riyad.

Le Qatar a également pris des mesures pour attirer les investisseurs en libéralisant son marché immobilier et en élargissant les possibilités de propriété étrangère par le biais de son programme de résidence d'investissement. Ces mesures ont particulièrement profité au secteur de l'immobilier, qui a connu un essor à l'approche de la Coupe du monde de football de 2022.

Dans l'ensemble du CCG, ces programmes sont stratégiquement conçus pour stimuler les investissements étrangers, renforcer les secteurs économiques clés tels que l'immobilier, l'hôtellerie et les services, et soutenir le développement durable à long terme.

De même, le programme américain "gold card" récemment dévoilé vise à attirer les personnes fortunées en leur offrant une voie d'accès à la résidence en échange d'investissements.

Au fur et à mesure que les détails émergeront dans les semaines à venir, l'initiative devrait attirer l'attention, notamment en raison de son potentiel à apporter des capitaux étrangers substantiels à l'économie et au marché immobilier des États-Unis, tout en soutenant des industries clés. ***

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


L'Arabie saoudite peut-elle dompter l'incertitude mondiale et s'imposer comme géant financier ?

Face aux turbulences mondiales, l'économie saoudienne fait preuve d'une résilience remarquable. (Shutterstock)
Face aux turbulences mondiales, l'économie saoudienne fait preuve d'une résilience remarquable. (Shutterstock)
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  • Les experts insistent sur la nécessité de poursuivre les réformes, révèle une enquête d'Arab News.
  • Expansion des marchés financiers, diversification économique et révolution numérique au cœur de la stratégie

RIYAD :  Alors que l'économie mondiale traverse une zone de fortes turbulences, les marchés financiers saoudiens affichent une santé insolente, affirment les experts interrogés par Arab News.

Les signaux d'alerte se multiplient sur les marchés internationaux. Chute du S&P 500 sous la barre symbolique des 6,000 points mercredi dernier, politique imprévisible de Donald Trump alimentant l'instabilité du marché pétrolier, perturbations persistantes des chaînes d'approvisionnement mondiales.

Face à ce contexte mondial défavorable, le Royaume fait preuve d'une remarquable résilience. Portée par l'ambitieux programme Vision 2030 et son arsenal de réformes réglementaires, l'Arabie saoudite parvient à naviguer dans ces eaux tumultueuses.

L'économie saoudienne a repris des couleurs en 2024 avec une croissance de 1,3%, portée par une progression significative de 4,6% des activités non pétrolières, compensant partiellement le recul du secteur des hydrocarbures.

L'écosystème financier saoudien est prêt pour une croissance encore plus importante, mais la question cruciale demeure : peut-il continuer à consolider sa position de hub financier mondial dans un environnement aussi imprévisible ?

"L'Arabie saoudite est largement maîtresse de son avenir économique," affirme Vikas Papriwal, directeur de FTI Consulting pour le Moyen-Orient et l'Afrique, interrogé par Arab News.

"Sa capacité à se prémunir contre la volatilité du marché pétrolier repose sur son engagement résolu dans la recherche et l'innovation en matière d'énergies renouvelables et durables. Le Royaume doit devenir un leader incontesté de la transition énergétique mondiale."

Vikas Papriwal, directeur de FTI Consulting Moyen-Orient et Afrique. (Photo fournie)
Vikas Papriwal, directeur de FTI Consulting Moyen-Orient et Afrique. (Photo fournie)

Cette transformation passe par un arsenal impressionnant de réformes réglementaires destinées à aligner les marchés financiers saoudiens sur les standards internationaux les plus exigeants. 

"Pour consolider sa position de puissance financière, le Royaume doit encore simplifier davantage les processus de création et de gestion d'entreprises, notamment via des réformes juridiques et fiscales ambitieuses," précise Papriwal.

Pour Rezwan Shafique, directeur des services financiers chez Arthur D. Little, ces réformes ne constituent que les fondations d'un édifice bien plus ambitieux.

"Les transformations législatives, comme la nouvelle loi sur les sociétés, les plans stratégiques de l'Autorité des marchés financiers et les directives du ministère de l'Investissement, ont créé un environnement favorable. Le Royaume entre désormais dans une phase cruciale: faire connaître ces opportunités aux acteurs mondiaux."

Les premiers résultats sont déjà visibles. La part saoudienne dans l'indice MSCI des marchés émergents a grimpé à 4%, contre 2,7% en 2019. Plus spectaculaire encore, la participation étrangère à la Bourse saoudienne a été multipliée par 25 en cinq ans, atteignant le seuil symbolique des 100 milliards de dollars, signalant des opportunités croissantes pour les investisseurs mondiaux.

"L'enjeu est maintenant de stimuler les nouvelles introductions en bourse et de transformer Tadawul en plateforme multi-juridictionnelle," estime Shafique. "Cela suppose de tisser des alliances stratégiques avec la Chine, Singapour et les nations africaines."

L'évolution de Tadawul ces dernières années relève presque du miracle financier. La Bourse saoudienne s'est hissée dans le top 10 mondial, avec une capitalisation atteignant 2,900 milliards de dollars fin 2024. L'introduction historique d'Aramco en 2019 — plus importante IPO jamais réalisée avec 25 milliards de dollars levés — a définitivement placé le Royaume sur la carte des grands centres financiers.

"L'intégration de Tadawul dans les indices mondiaux majeurs comme MSCI et FTSE a considérablement renforcé la présence des investisseurs internationaux," souligne Serkan Teker, associé en services financiers chez Deloitte Moyen-Orient. "Mais pour rivaliser véritablement avec Wall Street ou la City de Londres, l'Arabie saoudite doit encore améliorer la liquidité de ses marchés, diversifier sa représentation sectorielle et renforcer la transparence."

Le secteur bancaire saoudien constitue déjà un moteur puissant de cette dynamique, avec "une croissance annuelle impressionnante de près de 11% entre 2018 et début 2023, tout en maintenant une qualité d'actifs remarquable malgré les secousses de la pandémie," précise Teker.

La vision saoudienne dépasse largement le cadre des institutions financières classiques. "Le Royaume pourrait créer de nouvelles zones franches spécialisées dans des secteurs stratégiques comme la santé, les biotechnologies et les technologies de l'information," suggère Teker. "Les méga-projets urbains en cours positionnent l'Arabie saoudite comme carrefour régional du commerce et de l'hospitalité."

L'associé de Deloitte a poursuivi en expliquant que les avancées rapides de l'Arabie Saoudite dans l'intelligence artificielle, la fintech et la banque numérique transforment le pays en un hub mondial d'innovation. Il a cité des initiatives réglementaires, notamment le FinTech Sandbox et l'adoption de l'Open Banking, qui aident le Royaume à devenir un aimant pour les startups technologiques et les investisseurs internationaux.

Il a ajouté que des initiatives telles que les banques exclusivement numériques et les solutions basées sur l'IA dans la finance et la santé positionnent l'Arabie Saoudite à l'avant-garde de la technologie financière de pointe.

Le marché fintech du Royaume, en particulier, a connu une croissance exponentielle — en hausse de 25 % en 2024 selon la Banque centrale saoudienne — reflétant l'importance croissante de la transformation numérique pour l'économie.

"L'Arabie saoudite déploie des moyens considérables dans l'IA et les infrastructures associées, notamment via un fonds technologique de 40 milliards de dollars," révèle Papriwal. "La création de l'Autorité saoudienne de l'intelligence artificielle va catalyser l'innovation dans des secteurs stratégiques comme la santé, la finance et l'industrie."

Ce tableau idyllique ne doit pas masquer les obstacles qui demeurent. L'instabilité géopolitique chronique au Moyen-Orient et la dépendance encore forte aux fluctuations du marché pétrolier restent des facteurs de vulnérabilité.

"Tadawul doit évoluer simultanément sur deux fronts," analyse Shafique. "D'abord, se transformer d'une bourse nationale en plateforme multi-régionale; ensuite, devenir une entreprise technologique offrant aux institutions financières les outils pour développer et exécuter leurs stratégies d'investissement."

En regardant vers l'avenir, la capacité de l'Arabie Saoudite à étendre ses marchés financiers, à diversifier davantage son économie et à poursuivre sa transformation numérique sera cruciale pour maintenir sa trajectoire ascendante.

Rezwan Shafique, directeur des services financiers chez Arthur D. Little. (Photo fournie)
Rezwan Shafique, directeur des services financiers chez Arthur D. Little. (Photo fournie)

L'avenir financier de l'Arabie saoudite se dessine à l'intersection de trois axes majeurs: l'expansion de ses marchés financiers, la diversification économique et l'accélération de sa transformation numérique dans le cadre de son programme Vision 2030 plus large. Cette vision positionne l'Arabie Saoudite non seulement comme un acteur régional, mais aussi comme un leader sur les marchés financiers mondiaux.

Teker a souligné que l'Arabie Saoudite peut renforcer sa position de puissance financière mondiale en développant l'inclusion numérique et financière grâce à des solutions bancaires numériques et des programmes d'éducation financière pour atteindre les segments sous-desservis de la population.

En outre, il a mis en évidence l'importance d'approfondir les réformes des marchés de capitaux, d'introduire des instruments financiers avancés et d'attirer la participation étrangère pour améliorer la liquidité et diversifier les options d'investissement.

Teker a également expliqué qu'en tirant parti des cadres réglementaires, en favorisant les partenariats entre les banques et les entreprises fintech, et en attirant des acteurs numériques internationaux, l'Arabie Saoudite peut s'établir comme un hub fintech mondial et renforcer sa position dans le secteur des services financiers en rapide évolution.
"Ces initiatives, parfaitement alignées avec les ambitions de Vision 2030, peuvent propulser l'Arabie saoudite au rang de leader financier mondial tout en garantissant une croissance économique inclusive et durable," conclut-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  

 

 

 

 


L'exposition saoudienne sur le divertissement et l'amusement rassemblera les leaders du secteur en mai

SEA Expo 2025 sera de retour à Riyad du 20 au 22 mai au Roshn Front, réunissant les plus grandes marques mondiales de divertissement et d'amusement qui présenteront les dernières avancées dans le secteur. (Photo Fournie)
SEA Expo 2025 sera de retour à Riyad du 20 au 22 mai au Roshn Front, réunissant les plus grandes marques mondiales de divertissement et d'amusement qui présenteront les dernières avancées dans le secteur. (Photo Fournie)
SEA Expo 2025 sera de retour à Riyad du 20 au 22 mai au Roshn Front, réunissant les plus grandes marques mondiales de divertissement et d'amusement qui présenteront les dernières avancées dans le secteur. (Photo Fournie)
SEA Expo 2025 sera de retour à Riyad du 20 au 22 mai au Roshn Front, réunissant les plus grandes marques mondiales de divertissement et d'amusement qui présenteront les dernières avancées dans le secteur. (Photo Fournie)
SEA Expo 2025 sera de retour à Riyad du 20 au 22 mai au Roshn Front, réunissant les plus grandes marques mondiales de divertissement et d'amusement qui présenteront les dernières avancées dans le secteur. (Photo Fournie)
SEA Expo 2025 sera de retour à Riyad du 20 au 22 mai au Roshn Front, réunissant les plus grandes marques mondiales de divertissement et d'amusement qui présenteront les dernières avancées dans le secteur. (Photo Fournie)
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  • L'exposition SEA revient pour la septième année, attirant plus de 15 000 professionnels du secteur et 300 exposants locaux et internationaux.
  • L'exposition SEA 2025 se déroulera parallèlement à la Saudi Light and Sound Expo et présentera l'innovation et les tendances de l'industrie en réunissant des experts mondiaux et des leaders du secteur.

RIYAD : Le Saudi Entertainment and Amusement Expo est prêt à revenir pour sa septième année, du 20 au 22 mai au Riyadh Front Exhibition and Conference Center. Cet événement réunira les plus grandes marques mondiales du divertissement et des loisirs, et présentera les dernières avancées dans le secteur.

L'exposition SEA 2025 se déroulera parallèlement à la Saudi Light and Sound Expo et présentera l'innovation et les tendances de l'industrie en réunissant des experts mondiaux et des leaders du secteur.

Alors que l'Arabie saoudite accélère ses ambitions dans le cadre de la Vision 2030 et se positionne comme le point nodal du paysage mondial du divertissement et de l'amusement, l'exposition sert de plateforme centrale où les leaders de l'industrie, les investisseurs et les visionnaires du monde entier convergent pour façonner activement l'avenir du divertissement.

Des parcs à thème aux technologies expérientielles, les marques locales et internationales trouvent de nouveaux moyens de participer au paysage du divertissement et de l'amusement en Arabie saoudite.

Sarkis Kahwajian, vice-président associé de l'organisateur DMG Events, a déclaré : « Le SEA Expo illustre l'engagement du Royaume à devenir un leader mondial dans le secteur du divertissement.

« SEA Expo alimente ce changement dans le secteur du divertissement et de l'amusement, en fournissant une plateforme recherchée par les entreprises pour se connecter, collaborer et innover, conformément à la Vision 2030 de l'Arabie saoudite et à l'évolution rapide du paysage du divertissement au Moyen-Orient. »

Avec plus de 300 marques locales et mondiales présentant les dernières innovations en matière de divertissement, de parcs à thème, de technologie du divertissement et bien plus encore, l'exposition devrait accueillir plus de 15 000 professionnels de l'industrie du divertissement, ouvrant la voie à des collaborations internationales vitales et à des investissements de plusieurs milliards de dollars.

L'exposition, qui se tient en même temps que la SLS Expo, multiplie les possibilités et les expériences en réunissant deux événements industriels distincts en un seul lieu. Cette concentration permet aux participants d'explorer un large éventail de produits, de solutions et d'innovations, non seulement dans le domaine du divertissement et des loisirs, mais aussi dans celui de la conception d'éclairage professionnel, de la technologie et des avancées audio.

La SLS Expo présentera les dernières innovations en matière de son, d'éclairage et d'audiovisuel.

M. Kahwajian a ajouté : « SLS Expo 2025 est l'occasion idéale pour les professionnels de voir comment les nouvelles technologies propulsent le secteur de l'éclairage et du son du Royaume vers de nouveaux sommets. Nous sommes convaincus que cette exposition est un accélérateur pour l'industrie dans la région. »

Alors que l'industrie de l'éclairage et du son en Arabie saoudite se développe conformément aux objectifs de Vision 2030 en matière de développement économique, d'expansion du divertissement et d'amélioration des infrastructures, SLS Expo joue un rôle essentiel dans ce progrès, a-t-il déclaré, ajoutant qu'avec des investissements majeurs dans des sites impressionnants et des technologies événementielles ingénieuses, il présentera des innovations qui façonneront l'avenir de l'éclairage et du son professionnels dans le Royaume.

SLS Expo est le lieu de rencontre idéal pour les fournisseurs, les exploitants de sites et les organisateurs d'événements, qui peuvent ainsi rencontrer 200 marques locales et internationales.

Au-delà de l'exposition, le sommet SLS accueillera plus de 25 intervenants lors de 10 sessions de conférences couvrant un large éventail de sujets, notamment les technologies événementielles captivantes, la durabilité dans la production et le rôle de la technologie intelligente dans les spectacles en direct.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com