Bruxelles, Belgique : L'Union européenne multiplie les contacts pour obtenir un cessez-le-feu au Soudan et pouvoir évacuer par voie terrestre ses quelque 1.500 ressortissants pris dans les combats à Khartoum, a annoncé vendredi un responsable européen.
«L'évacuation ne pourra pas se faire par l'aéroport, fermé, mais par voie terrestre et nous avons besoin d'un cessez-le feu de trois jours pour mener une telle opération», a-t-il confié à l'AFP.
«Les conditions sécuritaires ne sont pas réunies pour envisager une telle opération pour le moment, mais nous serons prêts le moment venu», a-t-il ajouté.
L'opération est coordonnée par la France et la Grèce, a-t-on précisé.
La situation au Soudan sera discutée lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE lundi à Luxembourg.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell multiplie les contacts avec les dirigeants des pays de la région. Il s'est entretenu avec le secrétaire général de la Ligue Arabe et avec le ministre égyptien des Affaires étrangères.
D'intenses combats opposent l'armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane, chef de facto du Soudan depuis le putsch de 2021, et les paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo.
L'UE a une délégation à Khartoum et sept pays - France, Allemagne, Italie, Espagne, Pays-Bas, Grèce et République tchèque - ont des représentations dans la capitale soudanaise.
«Il appartient aux organisations africaines d'oeuvrer pour obtenir un cessez-le-feu. La stabilité de la région est en jeu», a-t-on insisté de source européenne.
Les belligérants ont ignoré les multiples appels au cessez-le-feu à l'occasion de la fête de l'Aïd el-Fitr, la fin du mois sacré du Ramadan.
Des travailleurs humanitaires victimes des combats au Soudan
GENÈVE, Suisse : Un humanitaire soudanais de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a été tué vendredi dans les combats au Soudan alors qu'il était en voiture avec sa famille, a annoncé l'agence onusienne .
«C'est avec le coeur lourd que je confirme la mort d'un membre dévoué du personnel de l'OIM au Soudan ce matin, lorsque le véhicule dans lequel il voyageait avec sa famille au sud d'El Obeid a été pris dans un échange de tirs entre deux parties belligérantes», a déclaré le directeur général de l'OIM, António Vitorino, dans un communiqué.
L'homme, de nationalité soudanaise, avait 49 ans, a ensuite indiqué un porte-parole de l'organisation, ajoutant que le véhicule dans lequel il se trouvait était privé.
«Je suis profondément attristé par la mort de notre collègue humanitaire, et je me joins à sa femme et à son nouveau-né, ainsi qu'à notre équipe au Soudan en deuil», a-t-il ajouté.
Trois employés du Programme alimentaire mondial (PAM) ont également été tués la semaine dernière dans les combats qui font rage au Soudan depuis la mi-avril entre l'armée régulière et des paramilitaires.
«Les morts insensées de civils, y compris d'humanitaires, qui ont coûté la vie à trois employés du PAM au Darfour-Nord samedi, doivent cesser et la paix doit être rétablie», a demandé M. Vitorino.
La flambée de violences au Soudan a contraint l'OIM - comme d'autres organisations humanitaires - à suspendre ses organisations dans le pays. Mais la population, déjà très vulnérable, manque de tout.
«La sécurité de l'ensemble du personnel de l'OIM est ma priorité absolue», a fait valoir le chef de cette agence spécialisée basée à Genève.
«Toutes les parties doivent garantir la sécurité des humanitaires et leur permettre un accès sans restriction pour pouvoir aider les plus vulnérables», a-t-il insisté.
L'OIM - qui s'occupe de migrants mais qui apporte également une assistance aux personnes déplacées à l'intérieur des pays - opère au Soudan depuis 2000. Selon ses estimations, il y avait avant les récents affrontements 3,7 millions de déplacés à l'intérieur du pays.
Avant la dernière flambée de violences, 15,8 millions de personnes au Soudan, soit un tiers de la population, avaient besoin d'une aide humanitaire.