Le G7 jure de faire payer «le prix fort» aux pays aidant la Russie en Ukraine

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'exprime lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 à l'hôtel Prince Karuizawa à Karuizawa, le 18 avril 2023. (AFP).
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'exprime lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 à l'hôtel Prince Karuizawa à Karuizawa, le 18 avril 2023. (AFP).
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Publié le Mardi 18 avril 2023

Le G7 jure de faire payer «le prix fort» aux pays aidant la Russie en Ukraine

  • Les ministres des Affaires étrangères des principaux pays industrialisés ont promis de faire payer «le prix fort» aux pays qui fourniraient une assistance à la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine
  • Ils se sont aussi engagés à continuer à «intensifier» les sanctions contre la Russie et de redoubler d'efforts pour éviter leur contournement par des pays tiers

KARUIZAWA : Les chefs de la diplomatie du G7 ont mis sévèrement en garde mardi les pays qui fourniraient une assistance à la Russie en Ukraine, présentant aussi un front uni face à la Chine, dont ils ont condamné les "activités de militarisation" maritimes.

Réunis depuis dimanche à Karuizawa dans les Alpes japonaises, les ministres des Affaires étrangères des principaux pays industrialisés ont promis de faire payer "le prix fort" aux pays qui fourniraient une assistance à la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine.

Ils se sont aussi engagés à continuer à "intensifier" les sanctions contre la Russie et de redoubler d'efforts pour éviter leur contournement par des pays tiers.

Le communiqué final de leur réunion juge par ailleurs "inacceptables" la "rhétorique nucléaire irresponsable" de la Russie et sa menace de déployer des armes au Bélarus.

"Alors que l'Ukraine se prépare à lancer une contre-offensive pour reprendre son territoire (...), nous soutenons l'Ukraine", a souligné le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken devant la presse.

Fermeté commune envers Pékin

Les pays du G7 (France, Japon, Etats-Unis, Canada, Allemagne, Italie, Royaume-Uni) ont également mis en garde Pékin contre ses ambitions militaires en mer de Chine méridionale et souligné leur position inchangée à l'égard de Taïwan, malgré les remous liés à de récents propos du président français Emmanuel Macron.

Lors de sa visite en Chine début avril, le président français avait déclaré à des médias que l'Europe ne devait pas être prise dans "des crises qui ne seraient pas les (siennes)" en référence à Taïwan, ce qui avait irrité certains alliés de la France avant la réunion de Karuizawa.

"Il n'y a pas de changement dans les positions basiques des membres du G7 sur Taïwan", assurent ainsi les diplomates en chef du groupe dans leur communiqué, estimant "indispensable" le maintien de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan.

La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna et ses homologues se sont efforcés, tout au long des deux jours de discussions au Japon, de minimiser leurs divergences, et leur déclaration commune adopte un langage ferme envers Pékin.

Leur texte évoque ainsi les "inquiétudes" du G7 concernant "l'expansion continue et accélérée de l'arsenal nucléaire de la Chine", l'appelant à oeuvrer à "la stabilité par une plus grande transparence" sur ses armes nucléaires.

M. Blinken a assuré n'avoir jamais vu une "aussi grande convergence" de vues sur la Chine et Taïwan par le G7.

Sans citer Pékin, la déclaration commune s'engage à renforcer la coopération contre la "coercition économique", consistant à restreindre le commerce ou les investissements extérieurs à des fins politiques.

L'avertissement contre le soutien à la Russie en Ukraine, sans mentionner la Chine, fait cependant lui-même écho aux mises en garde répétées par les responsables occidentaux à Pékin contre la fourniture d'armes à la Russie.

Appel au cessez-le-feu au Soudan

Si les débats ont clairement été dominés par la guerre entre la Russie et l'Ukraine et les ambitions de la Chine en Asie-Pacifique, les ministres du G7 ont aussi abordé de nombreuses autres questions et crises politiques mondiales.

Ils ont ainsi enjoint à la Corée du Nord de "s'abstenir" de nouveaux essais nucléaires et tirs de missiles balistiques.

Ils ont aussi "condamné avec force" les combats qui ont éclaté depuis samedi au Soudan et appelé à leur "arrêt immédiat", alors que ces affrontements entre l'armée régulière et une puissante force paramilitaire ont déjà fait près de 200 morts selon les Nations unies.

Les ministres ont également exigé la levée "immédiate" de l'interdiction "inacceptable" faite aux femmes afghanes de travailler pour des ONG et l'ONU, promulguée ce mois-ci par le gouvernement taliban en Afghanistan.

Alors que les chefs d'Etat du G7 doivent se réunir en mai à Hiroshima, dont l'histoire est profondément marquée par la bombe atomique larguée par les Etats-Unis en 1945, le texte des diplomates accorde une large place à l'engagement du groupe à "renforcer les efforts de désarmement et de non-prolifération" pour "un monde plus sûr et plus stable".

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida, lui-même élu de Hiroshima au Parlement, a ainsi déjà exprimé son souhait d'y débattre avec ses homologues de la possibilité "d'un monde sans armes nucléaires". Cependant la déclaration de mardi contient peu d'éléments nouveaux en la matière, citant "l'environnement sécuritaire actuel difficile".

Le communiqué du G7 appelle l'ensemble de la communauté internationale à la "transparence" sur les armes nucléaires, exhortant la Russie au respect du moratoire sur les essais nucléaires auquel elle a souscrit.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.