Des Twingo évitent la casse en s'électrifiant

Lormauto veut éviter de passer par la case casse, et développer une filière locale dans ce "rétrofit". "On ne peut pas expliquer aux gens qu'il faut faire du compost, et qu'on dépense de l'énergie pour jeter les voitures et les recycler", lance Sébastien Rolo. (AFP).
Lormauto veut éviter de passer par la case casse, et développer une filière locale dans ce "rétrofit". "On ne peut pas expliquer aux gens qu'il faut faire du compost, et qu'on dépense de l'énergie pour jeter les voitures et les recycler", lance Sébastien Rolo. (AFP).
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Publié le Lundi 17 avril 2023

Des Twingo évitent la casse en s'électrifiant

  • Des batteries prennent la place de la boîte de vitesses et du réservoir devenus inutiles
  • La planche de bord devient noire, tout comme les sièges, remis à neuf. Les volants fatigués sont recouverts de cuir

LISIEUX: Sur une route brumeuse du Calvados, la vieille Twingo accélère fort, mais en silence: la petite Renault a été transformée en voiture électrique, que la start-up normande Lormauto promet à moins de 200 euros par mois.

Dans un hangar près de Lisieux, une poignée de salariés a déjà converti quatre Twingo. L'entreprise n'a pas rajeuni que le moteur: "tous les organes sont changés ou rénovés", explique le fondateur de Lormauto, Sébastien Rolo.

Des batteries prennent la place de la boîte de vitesses et du réservoir devenus inutiles. La planche de bord devient noire, tout comme les sièges, remis à neuf. Les volants fatigués sont recouverts de cuir.

De la Twingo originale, il ne reste que la carrosserie et le châssis. S'ils fonctionnent encore, les lève-vitres, les phares ou la climatisation restent aussi.

100 km d'autonomie

Lormauto veut éviter de passer par la case casse, et développer une filière locale dans ce "rétrofit". "On ne peut pas expliquer aux gens qu'il faut faire du compost, et qu'on dépense de l'énergie pour jeter les voitures et les recycler", lance Sébastien Rolo.

Cet ancien informaticien (et agriculteur) de 53 ans s'est lancé à fond dans ce projet en 2020. Son idée est de proposer une électrique à moins de 200 euros par mois sur cinq ans, en location seulement, sans apport, et entretien compris.

Dans toute l'Europe, les besoins sont immenses et immédiats: la mise en place des Zones à faible émissions (ZFE) et l'interdiction des voitures thermiques neuves en 2035 doit pousser les automobilistes à s'équiper de modèles électriques.

Mais le modèle neuf le moins cher, la Dacia Spring, coûte au moins 20.000 euros, hors subventions, et elle est fabriquée en Chine.

Les offres de location à un tarif avantageux se multiplient, et le marché de l'occasion électrique se développe lentement. Mais une partie importante des Français reste exclue du marché électrique.

"On veut fabriquer des autos pour les travailleurs pauvres", qui roulent dans des vieilles voitures, soumis à un "cercle infernal de pannes" et des prix du carburant qui explosent, explique M. Rolo. Il veut leur proposer un véhicule attractif, sûr, et qui affiche sa vertu électrique.

Sa petite batterie lui donne une autonomie de 100 kilomètres qui doit permettre d'aller au travail, en ville comme à la campagne. Soit un aller-retour Lisieux-Caen avant de recharger à la maison, par exemple.

La petite Renault s'est imposée quand Lormauto cherchait une petite voiture largement diffusée et saine. Plus de 400.000 Twingo de première génération roulaient encore en France en 2022, selon le cabinet AAAdata.

"La Twingo est d'une remarquable simplicité quand on l'étripe. Et il n'y a pas eu de rappels, pas de défaut", ni de traces de corrosion sur la carrosserie, souligne M. Rollo.

La société privilégié des Twingo produites depuis l'an 2000, équipées d'une assistance au freinage et de quatre airbags.

Fin 2023?

La Twingo de Lormauto devrait arriver en septembre au bout d'une longue phase d'homologation.

L'entreprise espère produire ses premiers modèles pour la fin de l'année. Très ambitieuse, elle vise jusqu'à un millier d'exemplaires en 2024, et s'intéresse à d'autres modèles Renault, plus gros.

Mais elle est loin d'avoir réuni le financement requis pour cette montée en cadence. L'entreprise cherche encore des investisseurs, mais aussi des banques ou entreprises prêtes à acheter les voitures pour les mettre en location.

Lormauto a bénéficié pour l'instant des prêts et subventions de la région Normandie à hauteur de 370.000 euros, et d'un accompagnement à hauteur de 300.000 euros de la Banque publique d'investissement (BPI).

200 clients ont déjà réservé une voiture moyennant 200 euros, a indiqué Lormauto. Avec des subventions, son offre pourrait entrer dans le cadre de la voiture à 100 euros, promise par Emmanuel Macron pour 2024.

Le constructeur Renault, de son côté, vend plutôt bien sa Twingo électrique neuve à 25.000 euros. Et s'il ne s'est pas engagé avec la start-up, il soutient l’entreprise R-Fit, qui doit commercialiser en septembre un kit de conversion de la Twingo à l’électrique, à environ 10.000 euros.


Macron et Xi dans les Pyrénées pour une escapade «personnelle»

Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
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  • L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser «un échange franc et amical»
  • Ce coin de montagne est «directement lié à l'histoire très personnelle» d'Emmanuel Macron, explique son entourage

 

TARBES: Après les ors de l'Elysée, la neige des cimes: Emmanuel Macron et Xi Jinping sont arrivés mardi dans les Pyrénées au second jour de la visite d'Etat du président chinois, pour une escapade "personnelle" censée permettre un dialogue plus direct sur la guerre en Ukraine ou les désaccords commerciaux.

"Nos montagnes françaises", "j'espère, continueront de nous inspirer", a lancé lundi, lyrique, le président français en accueillant son homologue chinois à Paris pour la première fois depuis 2019. Il a dit s'attendre, dans les Hautes-Pyrénées, à des "discussions fructueuses et amicales".

L'avion du chef de l'Etat et celui du président chinois ont atterri à Tarbes en fin de matinée, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les deux dirigeants sont attendus au col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France, où la météo est encore hivernale même si la saison est finie à la station de ski de La Mongie.

Une centaine de personnes sont venues apporter leur soutien au dirigeant chinois et des dizaines de drapeaux rouges aux cinq étoiles jaunes coloraient les abords de la route menant au col, dans la commune de Sainte-Marie-de-Campan.

"C'est vraiment étrange de voir ça ici", sourit Jean-Michel Garem, un villageois retraité.

Emmanuel Macron et Xi Jinping, accompagnés de leurs épouses, déjeuneront dans le restaurant d'altitude d'Eric Abadie, éleveur et ami du président français. Une sorte de réponse à la cérémonie du thé qu'ils avaient partagée l'an dernier à Canton dans la résidence officielle où le père du président chinois avait vécu quand il était gouverneur de la province du Guangdong.

Un cadre qui contraste avec celui du palais présidentiel où, entre un accueil en grande pompe et un banquet fastueux, ils n'ont pas cherché à dissimuler les différends sur le commerce entre l'Europe et la Chine.

Emmanuel Macron a appelé à un "cadre de concurrence loyale", se félicitant à l'issue des discussions d'avoir préservé le cognac français de la menace de taxes douanières chinoises "provisoires".

Conviée pour afficher un front continental uni, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a prévenu que l'Union européenne prendrait "des décisions fermes" pour "protéger son économie", dénonçant l'afflux de véhicules électriques chinois massivement subventionnés.

"Le soi-disant +problème de la surcapacité de la Chine+ n'existe pas", leur a répondu sèchement Xi Jinping.

Sur l'Ukraine, il s'est voulu plus consensuel, réaffirmant sa volonté d'œuvrer à une solution politique.

Et il a apporté son soutien à une "trêve olympique" à l'occasion des Jeux de Paris cet été, poussée également par Emmanuel Macron. Selon une source diplomatique française, cette trêve pourrait servir, s'agissant de l'Ukraine, à enclencher un processus plus politique après plus de deux ans de conflit.

Mais Paris, qui insiste depuis un an pour que Pékin fasse pression sur la Russie pour contribuer à mettre fin à la guerre, se veut "lucide" sur les chances limitées d'une percée rapide. D'autant que le président chinois reste le principal allié de son homologue russe Vladimir Poutine, qu'il doit recevoir prochainement.

Séduction 

L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser "un échange franc et amical" sur ces sujets épineux. L'idée est de casser l'imposant protocole qui accompagne le moindre déplacement du numéro un chinois.

Ce coin de montagne est "directement lié à l'histoire très personnelle" d'Emmanuel Macron, explique son entourage. Celui qui fête mardi les 7 ans de sa première élection, a passé de nombreuses vacances entre le bourg de Bagnères-de-Bigorre et La Mongie avec ses grands-parents auxquels il était très attaché.

"La diplomatie d'Emmanuel Macron a toujours misé, de manière peut-être excessive, sur le pouvoir de séduction", analyse Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales à Sciences Po. "Il y a toujours eu chez lui l'idée que ses relations personnelles pouvaient renverser les structures", ajoute-t-il.

Le cadre intimiste du Tourmalet participe de cette volonté.

"Mais c'est mal connaître Xi Jinping qui n'est pas vraiment un grand sentimental", prévient le chercheur.

Le candidat des socialistes aux élections européennes de juin Raphaël Glucksmann a dénoncé la "tonalité amicale" de cette visite officielle. "L'homme qui déporte les Ouïghours, qui réprime les Hongkongais et les Tibétains n'est pas notre ami", a-t-il déclaré sur RTL.

Son adversaire de droite François-Xavier Bellamy (Les Républicains) a également pointé sur LCI les "ingérences" de Pékin et sa "stratégie agressive pour mettre à terre notre économie". La tête de liste macroniste Valérie Hayer a néanmoins défendu la volonté du chef de l'Etat de parler à son homologue chinois, souhaitant sur France 2 "un dialogue direct et franc sur l'ensemble des sujets".

Le politiste Bertrand Badie acquiesce: avec la Chine de Xi Jinping, "il y a un vrai travail à faire" car personne, jusqu'ici, "n'a trouvé la clé des relations euro-chinoises".


Affaire Meurice et remous à France Inter: appel à la grève dimanche à Radio France

Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France  (Photo, AFP).
Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France (Photo, AFP).
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  • L'humoriste en a été suspendu le 2 mai dans l'attente d'une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu
  • Il avait comparé le Premier ministre israélien à une «sorte de nazi mais sans prépuce»

 

PARIS: Les syndicats de Radio France ont appelé à faire grève dimanche pour protester contre "la répression de l'insolence et de l'humour" après la suspension de Guillaume Meurice, ainsi que contre "des menaces" qui pèsent sur certaines émissions de France Inter.

Six syndicats (CGT, CFDT, FO, SNJ, SUD, Unsa) ont déposé lundi soir un préavis de grève pour dimanche de 00h00 à minuit. C'est le jour où est diffusée l'émission hebdomadaire de Charline Vanhoenacker, à laquelle participe d'ordinaire Guillaume Meurice.

L'humoriste en a été suspendu le 2 mai dans l'attente d'une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu tenus fin octobre.

Il avait comparé le Premier ministre israélien à une "sorte de nazi mais sans prépuce", ce qui lui avait valu des accusations d'antisémitisme et une plainte, récemment classée sans suite.

Dans leur préavis de grève, les syndicats demandent à la direction du groupe public "la fin de la répression de l'insolence et de l'humour" et "la réaffirmation sans limites de la liberté d'expression" sur ses antennes.

Menaces 

Plus largement, les syndicats s'inquiètent des "menaces" qui pèsent selon eux "sur des émissions populaires et singulières", en particulier sur France Inter.

Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France. Elles assuraient notamment avoir appris le remplacement prochain de l'émission sur l'environnement "La terre au carré".

Les syndicats accusent la direction de Radio France de mener "une politique de casse sociale sur les antennes" alors qu'un "projet de réforme de l'audiovisuel public va être discuté prochainement à l'Assemblée nationale".

Projet de la ministre de la Culture Rachida Dati, la mise en place d'une gouvernance unique pour l'audiovisuel public (dont France Télévisions et Radio France) sera examinée les 23 et 24 mai dans l'hémicycle.

Les syndicats fustigent enfin "une campagne de dénigrement et de calomnies orchestrée par des partis politiques, organisations ou personnalités franchement hostiles au service public de la radio". Ce dernier est fréquemment accusé par des personnalités de droite de pencher nettement à gauche.


L'entrée des locaux historiques de Sciences Po Paris à nouveau bloquée

Des gendarmes français évacuent des manifestants qui organisent un sit-in pro-Gaza dans le hall d'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) à Paris, le 3 mai 2024. (Photo Miguel Medina AFP)
Des gendarmes français évacuent des manifestants qui organisent un sit-in pro-Gaza dans le hall d'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) à Paris, le 3 mai 2024. (Photo Miguel Medina AFP)
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  • Une vingtaine d'étudiants sont présents dans la rue, certains arborant des masques sanitaires ou des keffiehs dissimulant une partie de leur visage
  • Les cours sont terminés depuis vendredi au sein de cet établissement d'enseignement supérieur souvent assimilé à une pouponnière des élites

PARIS : L'entrée des locaux historiques de Sciences Po Paris est bloquée mardi matin par des étudiants mobilisés en faveur des Palestiniens, a constaté une journaliste de l'AFP.

Des poubelles, mobilier urbain, vélos en libre service, obstruaient l'entrée du bâtiment situé au 27 rue Saint-Guillaume, un quartier huppé de la capitale.

Une vingtaine d'étudiants sont présents dans la rue, certains arborant des masques sanitaires ou des keffiehs dissimulant une partie de leur visage. Des policiers sont positionnés à proximité.

«On se mobilise avec ces moyens non conventionnels car on pense qu’on n’a plus d’autres choix, on a essayé les mails, les discussions. On est en période d’examen, on est tous fatigués», a déclaré à l'AFP une étudiante en première année qui n'a pas souhaité dévoiler son identité.

Cette jeune femme justifie le blocage par les mêmes revendications qui agitent les campus de Sciences Po Paris depuis plusieurs semaines, notamment une enquête sur les partenariats avec des universités israéliennes et «l'arrêt de la répression des étudiants mobilisés et des sanctions».

Elle affirme que 10 étudiants poursuivent une grève de la faim entamée vendredi après une évacuation de ces mêmes locaux par les forces de l'ordre.

Contactée la direction de Sciences-Po n'a pas répondu à ce stade.

Les cours sont terminés depuis vendredi au sein de cet établissement d'enseignement supérieur souvent assimilé à une pouponnière des élites.

Les étudiants en examens peuvent rentrer par une porte annexe, a constaté une journaliste de l'AFP.