RABAT: Chaque jour du mois sacré du ramadan, depuis 2012, l’association Ribat al-Fath organise l’opération iftar as-saim («repas du jeûneur») pour les plus vulnérables, mais pas uniquement. Sont également conviés les étudiants, les célibataires et autres jeûneurs qui se retrouvent – pour une raison ou une autre – dans l’impossibilité de préparer un iftar digne de ce nom. Sur place, Arab News en français a pu observer les efforts importants déployés par des volontaires de tous bords pour mener à bien une opération aussi noble qu’utile.
C’est vers 16 h 30 que les premiers bénévoles arrivent au siège de l’association dans le quartier de Souissi où deux cent cinquante paniers-repas sont préparés quotidiennement. Travaillant en équipes, les bénévoles que nous rencontrons viennent de divers horizons: acteurs associatifs, étudiants, jeunes et moins jeunes professionnels, hommes d’affaires, ou simples âmes charitables – le but étant de contribuer avec ce que l’on peut dans une ambiance conviviale.
Une fois préparés, les paniers-repas sont distribués aux quatre coins de la ville, explique Nabil Fenjiro, vice-secrétaire général, chargé de l’opération iftar et lui-même volontaire.
Interrogée sur le financement de l’opération, la vice-présidente de l’association, Najia Guedira, indique que les dons constituent la majorité des fonds nécessaires. À titre d’exemple, l’ambassade des Émirats arabes unis (EAU) offre des centaines de paniers du ramadan distribués au cours du mois. L’ambassade de l’Indonésie figure également parmi les donateurs. Par ailleurs, certaines aides viennent de l’étranger, précise-t-elle – basée à Bruxelles, l’association Karama Solidarity de Marocains résidents à l’étranger (MRE), contribue cette année pour la première fois aux efforts caritatifs de Ribat al-Fath.
La secrétaire générale de l’association, Latifa Guendouz, souligne de son côté que, chaque jour, différents groupes de volontaires participent à la mise en œuvre de l’opération.
Dimanche, c’était au tour de Lions Club Rabat Solidarité, affilié à l’organisation non lucrative internationale Lions Club, organisation non gouvernementale (ONG) consultative auprès des Nations unies. Badr Alaoui Btarni, président et fondateur de la branche marocaine de cette organisation, compte sur quarante membres pour assurer un iftar répondant à des normes nutritionnelles convenables.
D’autres groupes de bénévoles issus notamment de l’université Mohammed V ou encore de l’Institut agronomique vétérinaire, pour n’en citer que quelques-uns, prennent part à l’opération.
Il est 17 h et nous nous dirigeons vers la médina avec Khadija Boussif – chargée de la restauration – qui s’assure du bon déroulement de l’iftar servi sur place, dans l’enceinte de la somptueuse maison Dar Hakam, une annexe que l’association utilise pour diverses activités relevant de son champ d’action.
Arrivés sur place, les volontaires de Lions Club Rabat Solidarités s’activent pour préparer les tables. Dans la cuisine, des hommes et des femmes s’appliquent pour préparer la harira, une soupe de tomates, traditionnellement servie lors de la rupture du jeûne, ainsi que d’autres mets, dont les ingrédients sont fournis par l’association Ribat al-Fath.
«C’est ça notre plaisir…, c’est aider», témoigne Mourad, pharmacien. Lors de cette visite, nous rencontrerons aussi Hayet, étudiante aspirant à devenir professeur d’anglais ou encore Ismaïl, étudiant le chinois à l’université Mohamed-V.
Alors que l’heure de rupture du jeûne approche, des femmes, des hommes, des enfants et un groupe de migrants subsahariens rejoignent les tables bien garnies. À leurs côtés, des bénévoles s’assurent qu’ils ne manquent de rien et qu’ils sont resservis au besoin.
Une dizaine de minutes plus tard, la salle commence à se vider, pour laisser place à l’opération de nettoyage. «Ils mangent vite pour arriver rapidement aux abords des mosquées avoisinantes afin de solliciter l’aumône», précise Nabil.
Une fois le nettoyage achevé, les volontaires peuvent finalement s’octroyer un moment de répit autour d’une table, afin de profiter à leur tour de l’ambiance si spirituelle que suscite l’iftar.
Fondée en 1986, l’association Ribat al-Fath est reconnue d’utilité publique et elle est active sur plusieurs fronts: culture, environnement, éducation, santé ou encore développement humain via son programme d’alphabétisation qui bénéficie à plus de trois mille personnes par an.