L'Otan classe les années Trump et attend Joe Biden

Le secrétaire général de l'Alliance, le Norvégien Jens Stoltenberg, attend Joe Biden à Bruxelles pour un sommet début 2021 (Photo, AFP)
Le secrétaire général de l'Alliance, le Norvégien Jens Stoltenberg, attend Joe Biden à Bruxelles pour un sommet début 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 02 décembre 2020

L'Otan classe les années Trump et attend Joe Biden

  • «C'est une bonne chose pour nous tous. Joe Biden est un fervent partisan de l'Otan. Nous pouvons espérer resserrer les liens transatlantiques»
  • «Des décisions difficiles vont devoir être prises en février 2021 pour la mission en Afghanistan si le processus de paix échoue»

BRUXELLES : L'Otan tourne mardi la page des années Trump avec la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères de l'année, et attend avec impatience la prise de fonction de Joe Biden pour resserrer les liens avec les Etats-Unis.

Le secrétaire général de l'Alliance, le Norvégien Jens Stoltenberg, attend Joe Biden à Bruxelles pour un sommet début 2021 et ne cache pas sa satisfaction après l'élection de l'ancien vice-président de Barack Obama. 

« C'est une bonne chose pour nous tous. Joe Biden est un fervent partisan de l'Otan. Nous pouvons espérer resserrer les liens transatlantiques », a-t-il confié lundi lors de la présentation de la réunion des ministres des Affaires étrangères.

Ce sera le dernier rendez-vous avec le secrétaire d'Etat Mike Pompeo. Les discussions se feront en visio-conférence pendant deux jours.

La réunion a été consacrée mardi à l'avenir de l'Alliance, mise à mal par la défiance qu'elle inspirait au président Donald Trump, et à « sa capacité de s'adapter pour faire face au changement de rapport de force avec le réarmement de la Russie et la montée en puissance de la Chine comme puissance économique et militaire », a précisé Jens Stoltenberg à l'issue de la première journée.

« L'Otan aura l'avenir que ses membres vont lui donner. Il va dépendre du réengagement des Etats-Unis, de l'engagement des Européens et de la capacité de l'Alliance de traiter les problèmes posés par la Turquie, membre de l'alliance mais en rupture de ban », a commenté un responsable de l'Alliance.

« Ankara bloque beaucoup de décisions, notamment le partenariat entre l'Otan et l'Union européenne, mais aussi d'autres partenariats qui ne lui conviennent pas », a-t-il souligné.

Un rapport commandé à une dizaine d'experts sur les réformes à envisager pour un meilleur fonctionnement de l'Alliance a été rendu public mardi.

Il formule un certain nombre de recommandations, notamment la nécessité de protéger les infrastructures vitales des pays de l'Alliance contre les investissements chinois.

« Ce rapport va nourrir les propositions que je vais soumettre aux Etats membres lors du sommet de l'Alliance », a expliqué le Norvégien. La date n'a pas encore été fixée, mais la tradition veut qu'il suive l'entrée en fonction du nouveau président américain, selon un responsable de l'Alliance.

Le ministre français Jean-Yves le Drian et son homologue allemand Heiko Maas, à l'origine de cette initiative, ont salué dans une déclaration commune des « recommandations qui nous  permettront d’œuvrer afin de consolider l’Alliance et notamment son rôle d’enceinte transatlantique centrale pour la coordination de nos politiques de défense et de sécurité ».

Une modification des règles pour les prises de décision est évoquée dans ce rapport, mais elle n'a aucune chance d'être approuvée.

« L'unanimité est requise et il ne faut pas attendre une remise en cause du consensus », a affirmé le représentant d'un pays membre.

« Tout le monde a la Turquie à l'esprit lorsque le sujet est abordé, et l'adoption d'un code de conduite qui s'imposera aux alliés est une formule de compromis », a-t-il expliqué.

La Turquie est et doit rester membre de l'Otan. L'alliance ne prévoit pas de procédure d'exclusion et personne ne veut cela, a-t-il souligné. « Il faut la volonté politique de dire les choses à la Turquie et de lui demander des clarifications », a-t-il affirmé.

Réalisme

Les Alliés attendent de Joe Biden qu'il rende aux Etats-Unis leur rôle au sein de l'Alliance, mais ils se disent « réalistes ».

« Je n'attends pas de changements fondamentaux majeurs dans la stratégie », a commenté un responsable européen.

Le désengagement militaire américain va se poursuivre et les Européens vont être appelés à prendre davantage de responsabilités au sein des missions de l'Alliance en Afghanistan et en Irak, a souligné Jens Stoltenberg. 

« Des décisions difficiles vont devoir être prises en février 2021 pour la mission en Afghanistan si le processus de paix échoue », a-t-il averti.

« Aujourd’hui, les Européens ne se demandent plus seulement ce que l’Amérique peut faire pour eux, mais nous nous demandons surtout ce que nous devons faire nous-mêmes afin de défendre notre propre sécurité et forger un partenariat transatlantique plus équilibré, si bien que ces deux dimensions sont désormais indissociables », ont insisté les ministres français et allemand.

Mais l'Allliance reste préoccupée par l'autonomie stratégique européenne. « Toute tentative de s'éloigner de l'Amérique du Nord va diviser les Européens », a averti Jens Stoltenberg.


Le chef de l'AIEA est attendu mercredi en Iran, selon un média officiel

Rafael Grossi, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), attend le début de la réunion du Conseil des gouverneurs à Vienne, en Autriche, le 9 septembre 2024. (Reuters)
Rafael Grossi, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), attend le début de la réunion du Conseil des gouverneurs à Vienne, en Autriche, le 9 septembre 2024. (Reuters)
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  • Le chef de l'agence onusienne « arrivera mercredi à l'invitation officielle de la République islamique d'Iran », a précisé IRNA.
  • Sa visite doit intervenir après la nouvelle victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle américaine.

TEHERAN : Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est attendu mercredi en Iran, a annoncé dimanche l'agence de presse officielle IRNA.

Le chef de l'agence onusienne « arrivera mercredi à l'invitation officielle de la République islamique d'Iran », a précisé IRNA.

Les rencontres de M. Grossi avec les hauts responsables iraniens auront lieu jeudi, a ajouté cette source.

Dans un communiqué, l'AIEA a confirmé une visite de M. Grossi « cette semaine » en Iran pour tenir « des réunions de haut niveau avec le gouvernement iranien » et mener « des discussions techniques sur tous les aspects ».

Sa visite doit intervenir après la nouvelle victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle américaine.

Durant le premier mandat de Trump, les États-Unis se sont retirés en 2018 d'un accord international censé encadrer les activités atomiques de l'Iran en échange d'une levée des sanctions internationales.

Toutes les tentatives ont échoué ces dernières années pour raviver l'accord conclu en 2015 avec les pays européens de l'E3 (Paris, Londres, Berlin), les États-Unis, la Russie et la Chine.

Le programme nucléaire iranien n'a eu de cesse de monter en puissance, même si Téhéran nie vouloir se doter de la bombe atomique.

Selon l'AIEA, la République islamique a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies, atteignant 60 %, un niveau proche des 90 % nécessaires pour élaborer une arme atomique.

Cependant, depuis la prise de fonction en août du nouveau président réformiste Massoud Pezeshkian, Téhéran a exprimé son souhait de relancer des négociations pour ranimer l'accord.

La dernière visite de M. Grossi en Iran remonte à mai. Il avait alors appelé à des mesures « concrètes » pour aider à renforcer la coopération sur le programme nucléaire iranien lors d'une conférence de presse dans la province d'Ispahan (centre), où se trouve l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz.

Fin septembre, M. Grossi avait affirmé que l'Iran semblait disposé à reprendre les négociations sur le nucléaire, mais qu'il refusait pour l'heure le retour sur ses sites des inspecteurs dont l'accréditation avait été retirée.

Depuis 2021, l'Iran a fortement réduit les inspections de ses sites nucléaires. Des caméras de surveillance ont été débranchées et l'accréditation d'un groupe d'experts a été retirée. Une situation que le patron de l'AIEA a constamment déplorée.

Rafael Grossi, dont les relations avec les autorités iraniennes se sont détériorées ces dernières années en raison de leur manque de coopération, devra probablement, lors de sa visite en Iran, faire pression pour que les inspecteurs bannis des sites puissent revenir.


Poutine promet un "soutien total" aux pays africains

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov (C), participe à la conférence ministérielle du forum de partenariat Russie-Afrique à l'université Sirius de Sotchi, le 10 novembre 2024. (Photo STRINGER / AFP)
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov (C), participe à la conférence ministérielle du forum de partenariat Russie-Afrique à l'université Sirius de Sotchi, le 10 novembre 2024. (Photo STRINGER / AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a promis dimanche un « soutien total » de Moscou aux pays africains, à l'occasion d'une conférence ministérielle Russie-Afrique qui se tenait à Sotchi (sud-ouest).
  • Avec cette conférence à Sotchi, le Kremlin entend apporter une nouvelle illustration du « monde multipolaire » qu'il veut promouvoir dans son face-à-face avec les Occidentaux.

SOTCHI : Le président russe Vladimir Poutine a promis dimanche un « soutien total » de Moscou aux pays africains, à l'occasion d'une conférence ministérielle Russie-Afrique qui se tenait à Sotchi (sud-ouest).

« Notre pays va continuer d'apporter son soutien total à nos amis africains dans différents domaines », a déclaré M. Poutine dans une adresse lue par son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, devant les participants à la conférence.

Il pourra s'agir du « développement durable, de la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme, des maladies épidémiques, du règlement des problèmes alimentaires ou des conséquences des catastrophes naturelles », selon la même source.

Cette conférence, organisée avec de hauts responsables de pays africains samedi et dimanche sur les rives de la mer Noire, fait suite à deux sommets Russie-Afrique, qui ont eu lieu en 2019 (Sotchi) et 2023 (Saint-Pétersbourg).

Selon M. Lavrov, grâce au « rythme qui a été donné » par ces deux sommets, les relations russo-africaines se renforcent « de plus en plus ».

« Nous voyons du progrès dans tous les domaines de la coopération », s'est-il félicité.

Avec cette conférence à Sotchi, le Kremlin entend apporter une nouvelle illustration du « monde multipolaire » qu'il veut promouvoir dans son face-à-face avec les Occidentaux.

Elle fait suite au sommet des BRICS en octobre à Kazan (Russie), où Vladimir Poutine avait voulu démontrer l'échec de la politique d'isolement et de sanctions engagée contre son pays par les pays occidentaux après l'assaut russe en Ukraine en février 2022.

Depuis plusieurs années, la Russie, qui fut un acteur incontournable en Afrique à l'époque soviétique, pousse ses pions dans les pays africains où la rhétorique russe contre « le néocolonialisme » et pour « un ordre mondial plus juste » trouve un écho favorable auprès d'une grande partie des responsables africains.


Élection de Trump : quel sera l'impact pour l'Afrique ?

 Donald Trump. President des États-Unis (Photo AFP)
Donald Trump. President des États-Unis (Photo AFP)
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  • Cette semaine, les pays africains l'ont rapidement félicité pour sa seconde élection, appelant à la coopération dans le respect mutuel.
  • En septembre, le général Michael Langley, chef du commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom), a fait état de discussions avec d'autres partenaires africains afin de « réinitialiser et recalibrer » l'aide militaire américaine en Afrique.

LAGOS : Lors de son premier mandat à la Maison Blanche, Donald Trump avait suscité l'indignation en Afrique en parlant de « pays de merde ». Cette semaine, les pays africains l'ont rapidement félicité pour sa seconde élection, appelant à la coopération dans le respect mutuel.

Cependant, des questions demeurent quant à l'impact du programme isolationniste de Donald Trump sur l'Afrique, en particulier si son parti républicain contrôle la Chambre des représentants et le Sénat américains. Voici ce que l'on sait sur quelques sujets-clés.

- Commerce -

L'accord commercial African Growth and Opportunity Act (AGOA) est une pièce maîtresse des relations commerciales entre les États-Unis et l'Afrique. Ce traitement commercial préférentiel, lancé en 2000, permet aux pays africains d'exporter de nombreux produits vers les États-Unis sans droits de douane s'ils respectent une série de conditions (pluralisme politique, respect des droits humains, lutte contre la corruption, etc.).

L'AGOA couvre un large éventail de produits, allant de l'habillement à l'igname en passant par les voitures. L'Afrique du Sud est le plus grand exportateur non pétrolier de l'AGOA vers les États-Unis.

M. Trump a déjà promis d'imposer des droits de douane importants sur les importations étrangères, mais sa position sur l'avenir de l'AGOA, qui doit être renouvelée l'an prochain, n'est pas claire.

« Sous une administration Trump, avec son mantra "America First", la politique commerciale serait probablement insulaire et transactionnelle. Étant donné le scepticisme de Trump à l'égard des cadres multilatéraux, le maintien de l'AGOA pourrait être légitimement menacé », estime Ronak Gopaldas, consultant à l'Institut d'études de sécurité (ISS).

Si « l'Afrique peut ne pas figurer parmi les priorités » de Trump, « sa première administration avait poussé à la conclusion d'accords commerciaux avec certains pays africains triés sur le volet, ce qui suggère une préférence pour l'engagement bilatéral », note-t-il.

Autre question : la façon dont la concurrence entre l'Amérique trumpiste et la Chine se jouera en Afrique. Les États-Unis y soutiennent d'importants projets d'infrastructures, à commencer par l'ambitieux « couloir Lobito », un projet ferroviaire qui vise à relier la Zambie et la République démocratique du Congo (RDC) au port de Lobito en Angola, pour l'exportation de cuivre et de cobalt notamment.

Il vise à concurrencer la Chine, qui multiplie les infrastructures sur le continent pour garantir son approvisionnement en ressources naturelles.

- Sécurité et djihadisme -

Les forces américaines ont longtemps joué un rôle dans la formation et la lutte contre le djihadisme sur un continent où opèrent des combattants d'Al-Qaïda et de l'État islamique ainsi que leurs alliés.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait ordonné le retrait des troupes américaines de Somalie, où elles participaient à la lutte contre les rebelles islamistes shebab. Les États-Unis restent toutefois un soutien important du gouvernement de Mogadiscio.

Sous la présidence de Joe Biden, les forces américaines ont été contraintes de quitter le Niger en raison du gouvernement militaire de ce pays. La France a également retiré ses troupes du Sahel sous la pression de régimes putschistes qui se sont tournés vers la Russie.

En septembre, le général Michael Langley, chef du commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom), a fait état de discussions avec d'autres partenaires africains afin de « réinitialiser et recalibrer » l'aide militaire américaine sur le continent.

Cependant, avec les incursions en Afrique du groupe de mercenaires russes Africa Corps, considéré comme le successeur de Wagner, et le renforcement des groupes armés islamistes au Sahel, quel rôle les forces américaines joueront-elles sous Trump ? Ce dernier a déjà critiqué les milliards de dollars dépensés par les États-Unis pour l'Ukraine.

- Incertitudes concernant l'aide -

Les États-Unis sont l'un des principaux fournisseurs d'aide à l'Afrique, avec 4 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros) prévus en 2024, selon le département d'État. Lors de son premier mandat, Donald Trump avait proposé de réduire l'aide étrangère de plusieurs milliards de dollars, mais il s'était heurté à la résistance du Congrès américain.

Certains médias sud-africains se demandent déjà si le programme américain d'aide à la lutte contre le VIH, appelé Pepfar, se poursuivra.

- Climat -

L'Afrique est le continent qui subit le plus les conséquences du changement climatique, alors qu'il est celui qui y contribue le moins. Donald Trump ayant qualifié le changement climatique d'escroquerie, son administration pourrait freiner les tentatives de se tourner davantage vers des solutions énergétiques durables.

Lors de son premier mandat, M. Trump s'était retiré de l'accord de Paris visant à freiner le réchauffement climatique. Cette fois-ci, il s'est engagé à revenir sur les mesures écologiques prises par son prédécesseur.

« Le monde a expérimenté la première présidence Trump et le retrait américain de l'accord de Paris. Son retour (...) est un moment de profonde inquiétude dans la diplomatie climatique mondiale », explique Mohamed Adow, militant kényan et directeur de l'ONG Power Shift Africa, dans un communiqué.