RIYAD : L'Organisation de coopération numérique (DCO) a accueilli le 13 avril 2023 d’éminents ambassadeurs des États membres de l’organisation et des représentants d’organisations internationales partenaires à la plateforme inaugurale DCO Diplomatic Connect pour discuter de la diplomatie à l’ère numérique et encourager la coopération internationale afin de bâtir les fondements de l’économie numérique internationale.
Cette rencontre vise également à réunir tous les partenaires pour échanger des idées et favoriser une plus grande coopération sur le développement de la force des économies numériques nationales inclusives au profit de tous.
Cet important rassemblement a été inauguré par la secrétaire générale Deemah Al Yahya qui a tenu à souligner durant son allocution l’importance du multilatéralisme, de la coopération multipartite pour réaliser la mission de la DCO afin d’aider les États membres à construire des économies numériques prospères et connectées qui faciliteront la croissance et le développement.
La secrétaire générale a d’ailleurs déclaré : « Alors que nous continuons de relever les défis de l’ère numérique, nous reconnaissons la nécessité cruciale de combler le fossé entre le numérique et la diplomatie. C’est pourquoi nous lançons DCO Diplomatic Connect, une plateforme qui offre un espace pour des dialogues ouverts et constructifs entre les nations. Grâce à cette initiative, nous visons à faciliter l’échange de pratiques exemplaires, de connaissances et d’expériences pour promouvoir la coopération dans l’économie numérique. En réunissant des ambassadeurs respectés des États membres de l’OCD et des organisations internationales partenaires, nous pouvons travailler en collaboration pour bâtir un avenir où chacun peut profiter des possibilités offertes par l’ère numérique. Les efforts déployés par la DCO pour combler le fossé entre le numérique et la diplomatie grâce à des initiatives telles que DCO Diplomatic Connect reflètent notre engagement à favoriser des approches inclusives et coopératives en faveur de l’innovation numérique durable »
Le professeur Corneliu Bjola, professeur agrégé d’études diplomatiques à l’université et chef du groupe de recherche sur la diplomatie numérique d’Oxford a évoqué à son tour les défis et les possibilités de la diplomatie numérique et la façon dont elle peut être mise à profit dans le but de faire progresser la coopération numérique et la prospérité de tous.
Le professeur Corneliu Bjola a déclaré en marge de cette conférence au micro d’Arab News en français :
« La diplomatie change parce que le paysage dans lequel elle évolue a changé et ce changement est quelque peu inattendu. Comme nous le savons, la diplomatie a une tradition vénérable et solennelle.
Elle évolue très lentement. Et il y a une raison pour que la diplomatie n’aille pas trop vite surtout quand vous avez des rencontres diplomatiques, les participations veulent voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Donc, avancer lentement a été intégré dans la façon dont les diplomates pensent. Maintenant avec le numérique, c’est ce genre d’état d’esprit qui est remis en question, parce que vous avez besoin d’agir et de réagir rapidement. Il s’agit en fait de comprendre l’importance de la diplomatie des données, son stockage, son transfert et son traitement. »
Le professeur Corneliu Bjola a ajouté : « En termes simples, je dirai que la diplomatie numérique requiert des diplômes axés sur la technologie. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il s’agit de l’application des technologies numériques à la diplomatie. Il s’agit de faciliter l’accès à la technologie et aux ressources naturelles essentielles. Cela tient au fait qu’il faut corriger et atténuer les déséquilibres de puissance induits par la technologie. Ces trois dimensions relèvent de la diplomatie numérique. La diplomatie numérique c’est donc l’application de la technologie numérique dans les affaires internationales, mais elle traite aussi de la question de l’accès à cette technologie, de la façon de négocier cet accès et de la façon d’aborder les conséquences de son utilisation dans la diplomatie numérique. Parce que, comme je l’ai déjà mentionné, la technologie est synonyme de pouvoir et cela crée des déséquilibres de pouvoir. Nous devons ainsi nous attaquer à ce problème également qui couvre donc ces trois dimensions. »
Durant cet entretien, le professeur Corneliu Bjola a reconnu qu’il y a effectivement un écart entre la diplomatie et le numérique. Nous avons remarqué que le ministère des Affaires étrangères pense que le numérique se résume seulement à la communication sur les réseaux sociaux mais n’a pas réalisé que le numérique étant une source de pouvoir peut intervenir également sur les modes de négociations dans les affaires internationales.
Mr. Corneliu Bjola a affirmé : « Le ministère des Affaires étrangères doit revoir ses critères de recrutement. Habituellement, les affaires étrangères recrutent des spécialistes en sciences politiques, économiques, en droit international. Donc les nouvelles recrues doivent avoir des formations avancées dans le numérique car elles peuvent avoir peur de ce qui se passe ou l’ignorer par méconnaissance de ce qui se passe. Et les organisations internationales doivent suivre le rythme de ce développement numérique car elles agissent et réagissent lentement. Elles doivent être plus flexibles et s’adapter davantage aux défis croissants. Avec le numérique, nous pouvons éviter les conflits entre pays. »
Le professeur Corneliu Bjola a par la suite précisé qu’il faut d’abord créer un espace de collaboration car certains des défis mentionnés précédemment ne peuvent être résolus par un seul pays. Ce sont des défis numériques reliés à des problèmes de connectivité. Ce sont des questions qui nécessitent le développement d’une économie numérique, le transfert de données d’une administration à une autre. Il s’agit de créer, de pouvoir négocier avec les grandes entreprises technologiques. Si un pays le fait seul, ce sera très différent mais s’il y a collaboration avec d’autres dans le cadre d’un programme commun alors il affirme que les choses deviendront possibles et auront des effets positifs en termes de stabilité et de prospérité partagée.
Il est donc nécessaire de comprendre la diplomatie numérique dans un sens plus large en termes de collaboration. Elle offre la possibilité de relever certains des défis immédiats et de s’assurer que les mêlées ne deviennent pas incontrôlables et hors de contrôle. C’est peut-être l’occasion d’inciter les blocs géopolitiques à trouver un terrain d’entente, un équilibre pour trouver un meilleur terrain d’entente. Il faut donc apprendre à penser de façon créative et plus ambitieuse.