Les pays arabes frappés par la crise financière doivent écouter les experts, selon des analystes

Un agriculteur tunisien laboure un champ de blé (Photo, Fournie).
Un agriculteur tunisien laboure un champ de blé (Photo, Fournie).
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Publié le Samedi 15 avril 2023

Les pays arabes frappés par la crise financière doivent écouter les experts, selon des analystes

  • Les panélistes participant à un événement à Washington ont déclaré que les systèmes politiques de la Tunisie, de l'Égypte et du Liban sont responsables des crises de la dette
  • La pandémie de la Covid-19 et la guerre en Ukraine ont aggravé les problèmes existants auxquels les pays sont confrontés en raison de la faiblesse de leurs économies

WASHINGTON: Les pays arabes qui se débattent avec une dette élevée et des économies faibles sont particulièrement vulnérables aux chocs politiques et économiques qui peuvent provoquer une déstabilisation ou même l'effondrement du gouvernement, ont averti vendredi des experts économiques de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord.

Selon eux, les hommes politiques de ces pays exercent souvent un pouvoir trop important sur l'économie, ce qui empêche des experts mieux qualifiés de prendre les décisions nécessaires pour aborder et résoudre les problèmes.

Lors d'une table ronde intitulée «L'économie politique de la dette et des ajustements en Tunisie, en Égypte et au Liban» à l'Institut du Moyen-Orient à Washington, à laquelle Arab News a assisté, les experts ont déclaré que les systèmes politiques des trois pays expliquaient en partie pourquoi ils ont été plongés dans une «profonde crise de la dette», voire dans un effondrement économique. La pandémie de la Covid-19 et la guerre en Ukraine ont aggravé les problèmes existants auxquels sont confrontés les pays dont l'économie est faible, ont-ils expliqué.

Dans le cas de l'Égypte, le pays est dirigé par quatre groupes, a déclaré Timothy E. Kaldas, directeur adjoint de l'Institut Tahrir pour la politique du Moyen-Orient: l'armée, la présidence, la sécurité de l'État et le département des renseignements généraux.

Ces organismes puissants «ont le contrôle ultime des décisions qui sont essentielles pour l'économie de l'Égypte, ainsi que des politiques qui ont contribué de manière significative à la crise économique actuelle», a-t-il indiqué.

Grâce au monopole qu'ils détiennent sur les décisions économiques, ils ont empêché les experts financiers d’essayer de résoudre les problèmes, a signalé Kaldas.

«La stratégie politico-économique de l'Égypte consistait à utiliser l'État pour financer sa consolidation du pouvoir et, ce faisant, à établir une relation de dépendance avec la classe capitaliste égyptienne, une grande partie des dépenses de l'État étant acheminée par le biais de contrats avec des entreprises appartenant au régime, en particulier avec l'armée», a-t-il ajouté.

Kaldas a dressé un tableau sombre de la situation budgétaire actuelle de l'Égypte et des dépenses de l'État au cours des dernières années. Il a révélé que les autorités avaient investi massivement dans des mégaprojets de construction coûteux qui dépassaient de loin les besoins et les capacités de l'Égypte. Ces projets étaient «grandioses et luxueux» dans un pays aux prises avec une crise financière et des niveaux de pauvreté considérables, a-t-il précisé.

Selon Kaldas, pour que l'Égypte entre dans la zone de sécurité de la reprise économique et de la stabilité, les dirigeants politiques du pays doivent libérer la place et laisser les ministres et les experts les plus compétents prendre les décisions économiques.

«La solvabilité de l'État est menacée et la capacité à lever des fonds est mise à rude épreuve», a-t-il prévenu.

Il a également appelé les partenaires internationaux de l'Égypte à cesser de favoriser le type de mauvaise gestion financière qui compromet la reprise économique du pays.

Ishac Diwan, directeur de recherche pour le Laboratoire de financement du développement de l'École d'économie de Paris, a déclaré que les pays dont l'économie est faible, tels que le Liban et la Tunisie, sont davantage exposés au risque de bouleversements politiques.

«Le choc subi par une structure économique faible a donné lieu au printemps arabe, il y a un peu plus de dix ans», a-t-il expliqué. «Dans la foulée, rien n'a été résolu» et les pays aux économies faibles ont plutôt profité de l'abondance du crédit disponible sur les marchés, ce qui les a poussés à s'enfoncer davantage dans des crises de la dette sans qu'il y ait de voie claire vers la reprise.

Diwan a déclaré que, bien que le Liban ait attiré des milliards de dollars américains (1 dollar américain = 0,90 euro) d'investissements étrangers, la nature de son système politique fragmenté a empêché la formation d'un gouvernement unifié capable de prendre des décisions économiques judicieuses.

«Les capitaux étrangers, provenant principalement de la diaspora libanaise, n'ont pas été utilisés de manière productive, mais ont été consommés par l'État et le public, ce qui a finalement entraîné l'effondrement de l'économie en raison de l'absence d'une vision stratégique entre les groupes politiques belligérants», a-t-il mentionné. 

En Tunisie, la situation est à peu près la même: la politique prime sur l'économie, selon Hamza Meddeb, chercheur au Malcolm H. Kerr Carnegie Middle East Center au Liban.

Il a soutenu qu'en raison d'un manque de cohésion politique et de gouvernements de coalition intransigeants, les autorités n'ont pas réussi à procéder aux ajustements budgétaires nécessaires. Il a décrit les dirigeants politiques de la Tunisie comme étant «réticents» à prendre des décisions difficiles en matière d'économie et d'endettement à cause des coûts politiques et sociaux potentiels pour le régime.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".