De Paris à Marseille, huées et colère après la décision du Conseil constitutionnel

Des CRS font face à des manifestants lors d'une manifestation après que la Cour constitutionnelle française a approuvé les éléments clés de la réforme controversée des retraites, à Paris le 14 avril 2023.(Photo, AFP)
Des CRS font face à des manifestants lors d'une manifestation après que la Cour constitutionnelle française a approuvé les éléments clés de la réforme controversée des retraites, à Paris le 14 avril 2023.(Photo, AFP)
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Publié le Samedi 15 avril 2023

De Paris à Marseille, huées et colère après la décision du Conseil constitutionnel

  • Plusieurs centaines de personnes sont parties en cortèges sauvages émaillés d'incidents dans les rues du centre de Paris
  • Des manifestations et rassemblements ont également été organisés à Lille, Dijon, Caen ou Marseille.

PARIS: Huées, consternation et colère ont accueilli vendredi la décision du Conseil constitutionnel de valider l'essentiel de la réforme des retraites, lors de rassemblements dans toute la France qui ont parfois débouché sur des manifestations sauvages émaillées de dégradations.

"Cette décision fera date. Je constate qu'on va à terme vers le décès de la Ve République", lance Jean-Marie, enseignant de 50 ans, sur la place de l'Hôtel de Ville à Paris. Il dit osciller "entre détermination et consternation".

La décision du Conseil constitutionnel, tombée peu avant 18H00, y a été accueillie par les huées des manifestants.

Environ 4 000 personnes s'y étaient rassemblées en début de soirée à l'appel de plusieurs syndicats, dont la CGT et FO, selon une source policière. Plusieurs centaines de jeunes s'y étaient rendus plus tôt, après avoir manifesté au départ de la gare Saint-Lazare.

"C'est scandaleux. Où est la démocratie?", lance Béa, bibliothécaire de 61 ans. Non loin, un quadragénaire se dit "trop abattu" pour réagir à chaud. "Certains disent que la mobilisation faiblit, moi je crois qu'elle se radicalise", a estimé Raji Aletcheredji, 24 ans, syndiqué Solidaires.

Plusieurs centaines de personnes sont ensuite parties en cortèges sauvages dans les rues du centre de Paris. Ceux-ci ont été émaillés d'incidents et de dégradations et des groupes de manifestants ont parfois été encerclés par des forces de l'ordre, ont constaté des journalistes de l'AFP.

A 22H30, la préfecture de police avait procédé à 112 arrestations. Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a évoqué sur BFMTV une "trentaine de mises à feu de poubelles".

A Rennes, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans le centre. "C’est une déclaration de guerre", a réagi Fabrice Le Restif, secrétaire de l'Union départementale FO d'Ille-et-Vilaine. "On nous a craché à la gueule, on ne va pas se laisser faire".

En début de soirée, la porte d'un poste de police a été incendiée avant que les flammes ne soient éteintes au bout de quelques minutes après l'intervention d'un canon à eau. Même scénario sur une des portes du centre des congrès sis dans l'ancien couvent des Jacobins.

"Les dégradations et attaques ce soir à Rennes, contre un commissariat et le Couvent des Jacobins, par des casseurs déterminés à en découdre sont inacceptables", a dit le ministre de l'Intérieur Gérard Darmanin sur twitter.

Des manifestations et rassemblements ont également été organisés à Lille, Dijon, Caen ou Marseille.

«Gouvernement têtu et sourd»

Dans la cité phocéenne, environ 200 personnes se sont rassemblées devant la préfecture. Puis des manifestants ont envahi vers 20H00 les voies de la gare Saint-Charles, où la circulation des trains a été suspendue jusqu'à 22H30 avant une reprise progressive du trafic.

"Là je pense que tout le monde est un peu révolté, désabusé, dégoûté parce que là on s’assoit sur la démocratie en fait", a réagi Marion, 35 ans.

A Strasbourg, un rassemblement statique autorisé a réuni 600 à 700 personnes dans le centre. La décision du Conseil constitutionnel a d'abord été accueillie dans un silence manifestement résigné, avant des prises de parole.

Une manifestation sauvage a été organisée avant de prendre fin après 21H00. Les policiers ont fait plusieurs fois usage de lacrymogènes.

A Toulouse où 2 300 personnes s'étaient rassemblées dans l'après-midi pour une manifestation, selon la préfecture, quelques centaines de personnes se sont réunies place du Capitole vers 18H00.

A Bordeaux, après un rassemblement d’environ 400 personnes, une partie d’entre elles ont manifesté à partir de 20H00, dont une bonne partie de manifestants radicaux qui ont causé des dégâts – poubelles brûlées, abribus cassés, vitrines de banques brisées – et lancé des projectiles sur les forces de l’ordre. Celles-ci ont riposté avec des gaz lacrymogènes.

Des manifestations ont eu lieu dans d’autres villes de la région comme Poitiers ou Pau.

A Dijon, bravant la pluie glaciale, et cantonnées sur une place du centre par un important dispositif policier, quelque 200 personnes ont entonné des chants.

A Lyon, 300 à 400 personnes, selon la préfecture, étaient en mouvement dans le centre en début de soirée, éparpillées par petits groupes dans les petites rues mais repoussées par des tirs de lacrymogène, a constaté un journaliste de l'AFP.

A Grenoble, quelque 200 personnes étaient en manifestation sauvage dans les rues en début de soirée, la police les repoussant à plusieurs reprises.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.