GENEVE: Le G7 a fait part au gouvernement fédéral suisse de ses "inquiétudes" concernant le possible contournement des sanctions économiques imposées depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie et dressé un catalogue précis des mesures à prendre, selon la Tribune de Genève.
Le quotidien est le premier à publier la copie in extenso de la missive adressée au Conseil fédéral à la date du 5 avril et signée des ambassadeurs du G7 en poste à Berne.
L'AFP n'a pas dans l'immédiat été en mesure de confirmer l'authenticité de la copie publiée par le journal.
Après une introduction louant les efforts de la Suisse, qui a adopté à l'identique les sanctions de l'UE (Union européenne), les ambassadeurs font surtout part de leurs inquiétudes: sur les dispositions suisses en matière de protection des données, qui "peuvent également être utilisées pour dissimuler les fortunes parquées ('financial shelter' en anglais)" ou encore sur le fait "que la protection de la sphère privée empêche les autorités d'enquêter sur des structures financières illégales mises en place par des avocats servant d'intermédiaires".
Ils jugent aussi que la Suisse n'a pas été assez active dans les opérations de gel d'avoirs russes qui se trouvent dans le pays alpin.
Le courrier recommande également au Conseil d'enquêter activement sur les structures financières suspectes, mieux coordonner le travail entre les différentes autorités helvétiques compétentes, augmenter les ressources, etc.
"Nous partageons une même inquiétude, c'est que ces lacunes dans les poursuites légales ne nuisent à la réputation de la Suisse", mettent en garde les diplomates.
Ils demandent aussi à la Suisse d'adhérer à la task force REPO, mise en place par le G7 pour traquer les fonds cachés des oligarques russes et autres intermédiaires.
«Pas être considérée comme un refuge»
Un responsable du département américain du Trésor - le ministère de l'Economie et des Finances -, interrogé par l'AFP, a souligné jeudi que la Suisse a "clairement indiqué" qu'elle souhaite "travailler avec la communauté mondiale".
"Nous travaillons vraiment très étroitement avec les Suisses", a-t-il salué, sans toutefois confirmer la teneur des discussions du G7.
"L'une des choses sur lesquelles la Suisse a été claire, est qu'elle ne veut pas (être) considérée comme un refuge que la Russie peut utiliser pour contourner nos sanctions", a précisé ce responsable du gouvernement américain.
Il a évoqué de possibles annonces dans les prochaines semaines sur un partenariat approfondi, et a indiqué que le sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme, Brian Nelson, se rendra en Suisse la semaine prochaine.
Selon la Tribune de Genève, le ministère suisse de l'Economie (Seco) estime que les reproches exprimés dans la lettre du G7 ne sont pas fondés et la Suisse invitera les ambassadeurs signataires à "un entretien de clarification".
Dès mardi, Helene Budliger Artieda, la directrice du Seco avait insisté sur le fait qu'à elle seule la Suisse avait gelé environ 7,5 milliards de francs suisses (près de 7,6 milliards d'euros) d'actifs depuis l'imposition de sanctions. Cela représente "un bon tiers" des actifs gelés dans "l'ensemble" de l'Union européenne (21,5 milliards d'euros selon les derniers chiffres de la Commission européenne). Elle s'étonnait en conséquence que l'on puisse soupçonner la Suisse de faire preuve de "négligence".