TUNIS: La Chine accentue son offensive de charme en direction de la Tunisie afin d’y faire pousser plus loin ses pions en profitant de la tension grandissante entre le pays du Jasmin et les pays occidentaux depuis le coup de force du 25 juillet 2021 du chef de l’État tunisien.
Depuis des années, l’empire du Milieu s’emploie à développer sa présence en Tunisie. L’élection de Kaïs Saïed à la présidence, en octobre 2019, et par la suite les relations de plus en plus tendues entre ce dernier et les pays occidentaux depuis son coup de force du 25 juillet 2021, lui ont apporté sur un plateau d’argent l’occasion d’accélérer la cadence.
Ainsi, la Chine cherche depuis quelques mois à exploiter cette crise en confortant le président Saïed dans sa détermination à rejeter ce qu’il considère comme d’inacceptables ingérences, en particulier des États-Unis et de l’Union européenne (UE), dans les affaires de son pays.
Zhang Jianguo, ambassadeur de Chine en Tunisie jusqu’en décembre 2022, s’est pour la première fois immiscé dans cette affaire en clamant le 28 octobre 2022 son rejet des ingérences occidentales dans les affaires de ce pays. Li Wan, qui lui a succédé en janvier 2023, a embrayé le 17 mars 2023 sur cette thématique.
Lors d’un point de presse, le diplomate chinois a mis en exergue les «ressemblances et (…) les similitudes» entre la Tunisie et la Chine, «dont l’adhésion à un socle de valeurs humaines sous-tendant les relations internationales».
Selon Li Wan, les deux pays sont aussi «fermement attachés au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres»; ils «œuvrent ensemble en faveur de la promotion de la paix et du développement commun et à raffermir les valeurs de liberté et de démocratie dans le monde».
La Chine n’a pas oublié la population tunisienne, et en particulier les plus démunis parmi les Tunisiens, en faveur desquels ils multiplient les actes de bienfaisance pendant et en dehors du mois de ramadan.
La Chine a fait un geste significatif envers le président tunisien en l'invitant, en décembre 2022, à effectuer une visite officielle. La Chine a été l’un des rares pays – à la différence des États-Unis qui, eux, ont félicité les Tunisiens –, avec le Qatar et le Vietnam, à le féliciter à l’occasion du 27e anniversaire de l’accession de la Tunisie à l’indépendance le 20 mars 1956.
Toutefois, les Chinois ne l’ont pas fait du bout des lèvres puisque leurs félicitations n’émanent pas seulement du président Xi Jinping – que Kaïs Saïed a rencontré en décembre 2022 à Riyad, en marge du sommet sino-arabe –, mais également du président du Conseil d’État, Li Qiang; de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, et du ministre des Affaires étrangères, Qin Gang.
Pour gagner les faveurs des Tunisiens, l’ambassade de Chine déploie aussi son offensive de charme en direction des relais susceptibles de l’y aider. À commencer par les journalistes. Après une première édition en 2019, l’ambassade de Chine en Tunisie a organisé à la fin de l’année 2022 la deuxième édition d’un concours de journalisme. Thème de cette année: «L’établissement de la société sino-arabe pour un avenir commun dans la nouvelle ère».
L’ambassade n’a pas lésiné sur les moyens à cette occasion. Alors qu’en 2019, elle avait consacré 30 000 dinars (1 dinar tunisien = 0,30 euro) pour récompenser seize journalistes – à raison de 1 000 à 3 000 dinars par lauréat –, cette fois-ci, le budget est plus important, puisqu’on compte trente-neuf journalistes primés qui ont reçu chacun un ordinateur de bureau, un ordinateur portable ou un Smartphone.
Les Chinois ont également commencé à établir des liens avec les partis politiques et les associations. Enfin, ils n’ont pas oublié la population tunisienne, et en particulier les plus démunis parmi les Tunisiens, en faveur desquels ils multiplient les actes de bienfaisance pendant et en dehors du mois de ramadan.