Pékin prend l’express pour Tunis

Le président chinois Xi Jinping (2e L) rencontre le Premier ministre tunisien Youssef Chahed à Pékin le 5 septembre 2018, un jour après la conclusion du Forum sur la coopération sino-africaine. (Photo d'archive Lintao Zhang / POOL / AFP)
Le président chinois Xi Jinping (2e L) rencontre le Premier ministre tunisien Youssef Chahed à Pékin le 5 septembre 2018, un jour après la conclusion du Forum sur la coopération sino-africaine. (Photo d'archive Lintao Zhang / POOL / AFP)
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Publié le Vendredi 14 avril 2023

Pékin prend l’express pour Tunis

  • Depuis des années, l’empire du Milieu s’emploie à développer sa présence en Tunisie
  • La Chine a fait un geste significatif envers le président tunisien en l'invitant, en décembre 2022, à effectuer une visite officielle

TUNIS: La Chine accentue son offensive de charme en direction de la Tunisie afin d’y faire pousser plus loin ses pions en profitant de la tension grandissante entre le pays du Jasmin et les pays occidentaux depuis le coup de force du 25 juillet 2021 du chef de l’État tunisien.

Depuis des années, l’empire du Milieu s’emploie à développer sa présence en Tunisie. L’élection de Kaïs Saïed à la présidence, en octobre 2019, et par la suite les relations de plus en plus tendues entre ce dernier et les pays occidentaux depuis son coup de force du 25 juillet 2021, lui ont apporté sur un plateau d’argent l’occasion d’accélérer la cadence.

Ainsi, la Chine cherche depuis quelques mois à exploiter cette crise en confortant le président Saïed dans sa détermination à rejeter ce qu’il considère comme d’inacceptables ingérences, en particulier des États-Unis et de l’Union européenne (UE), dans les affaires de son pays.

Zhang Jianguo, ambassadeur de Chine en Tunisie jusqu’en décembre 2022, s’est pour la première fois immiscé dans cette affaire en clamant le 28 octobre 2022 son rejet des ingérences occidentales dans les affaires de ce pays. Li Wan, qui lui a succédé en janvier 2023, a embrayé le 17 mars 2023 sur cette thématique.

Lors d’un point de presse, le diplomate chinois a mis en exergue les «ressemblances et (…) les similitudes» entre la Tunisie et la Chine, «dont l’adhésion à un socle de valeurs humaines sous-tendant les relations internationales».

Selon Li Wan, les deux pays sont aussi «fermement attachés au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres»; ils «œuvrent ensemble en faveur de la promotion de la paix et du développement commun et à raffermir les valeurs de liberté et de démocratie dans le monde».

La Chine n’a pas oublié la population tunisienne, et en particulier les plus démunis parmi les Tunisiens, en faveur desquels ils multiplient les actes de bienfaisance pendant et en dehors du mois de ramadan.

La Chine a fait un geste significatif envers le président tunisien en l'invitant, en décembre 2022, à effectuer une visite officielle. La Chine a été l’un des rares pays – à la différence des États-Unis qui, eux, ont félicité les Tunisiens –, avec le Qatar et le Vietnam, à le féliciter à l’occasion du 27e anniversaire de l’accession de la Tunisie à l’indépendance le 20 mars 1956.
Toutefois, les Chinois ne l’ont pas fait du bout des lèvres puisque leurs félicitations n’émanent pas seulement du président Xi Jinping – que Kaïs Saïed a rencontré en décembre 2022 à Riyad, en marge du sommet sino-arabe –, mais également du président du Conseil d’État, Li Qiang; de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, et du ministre des Affaires étrangères, Qin Gang.

Pour gagner les faveurs des Tunisiens, l’ambassade de Chine déploie aussi son offensive de charme en direction des relais susceptibles de l’y aider. À commencer par les journalistes. Après une première édition en 2019, l’ambassade de Chine en Tunisie a organisé à la fin de l’année 2022 la deuxième édition d’un concours de journalisme. Thème de cette année: «L’établissement de la société sino-arabe pour un avenir commun dans la nouvelle ère».

L’ambassade n’a pas lésiné sur les moyens à cette occasion. Alors qu’en 2019, elle avait consacré 30 000 dinars (1 dinar tunisien = 0,30 euro) pour récompenser seize journalistes – à raison de 1 000 à 3 000 dinars par lauréat –, cette fois-ci, le budget est plus important, puisqu’on compte trente-neuf journalistes primés qui ont reçu chacun un ordinateur de bureau, un ordinateur portable ou un Smartphone.

Les Chinois ont également commencé à établir des liens avec les partis politiques et les associations. Enfin, ils n’ont pas oublié la population tunisienne, et en particulier les plus démunis parmi les Tunisiens, en faveur desquels ils multiplient les actes de bienfaisance pendant et en dehors du mois de ramadan.

 

 


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.