Retraites: tous les regards tournés vers le Conseil constitutionnel

Des trois scénarios sur la table -censure partielle, totale, validation de la loi-, le premier semble le plus probable (Photo, AFP).
Des trois scénarios sur la table -censure partielle, totale, validation de la loi-, le premier semble le plus probable (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 12 avril 2023

Retraites: tous les regards tournés vers le Conseil constitutionnel

  • Trois mois après le début de la contestation, le Conseil constitutionnel se prononcera vendredi sur l'impopulaire et emblématique projet du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron
  • Depuis le 19 janvier, onze journées de mobilisation ont été organisées, avec des cortèges rassemblant des centaines de milliers de personnes dans toute la France

PARIS: La profonde crise provoquée en France par la réforme des retraites approche-t-elle de son dénouement ? Trois mois après le début de la contestation, le Conseil constitutionnel se prononcera vendredi sur l'impopulaire et emblématique projet du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron.

Les "Sages" du Conseil, chargé de vérifier la conformité des lois avec la Constitution, doivent annoncer s'ils valident ou censurent, en partie ou en totalité, la réforme décriée dont la mesure phare prévoit le recul de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans.

Les syndicats, restés jusqu'ici unis face à un exécutif inflexible, ont appelé à une douzième journée d'action jeudi, à la veille de la décision.

Depuis le 19 janvier, onze journées de mobilisation ont été organisées, avec des cortèges rassemblant des centaines de milliers de personnes dans toute la France, et des grèves ayant créé de très fortes perturbations -notamment dans les transports et chez les éboueurs-, mais dont l'ampleur est allée décroissant, avec néanmoins un regain temporaire après le passage en force du texte par le gouvernement.

Le Conseil constitutionnel devra également se prononcer vendredi sur une demande de référendum d'initiative partagée (RIP) demandé par l'opposition de gauche.

En attendant la décision du Conseil, les organisations syndicales et l'exécutif retiennent leur souffle.

Après un passage de la loi au forceps le 20 mars, l'exécutif ayant utilisé une disposition constitutionnelle permettant l'adoption d'un texte sans vote (alors qu'il n'a qu'une majorité relative à l'Assemblée nationale), la décision du Conseil est la dernière étape avant une promulgation de la loi et son entrée en vigueur, que le président Macron veut voir s'appliquer d'ici la fin de l'année.

Censure partielle ?

Des trois scénarios sur la table -censure partielle, totale, validation de la loi-, le premier semble le plus probable.

Une censure partielle offrirait aux syndicats l'occasion d'interpeller à nouveau l'exécutif, avec qui le dialogue est au point mort depuis des mois, ponctués par de vives tensions avec M. Macron. Ce dernier a accusé les syndicats, notamment la réformiste CFDT, de n'avoir fait aucun compromis. Ces derniers ont en retour dénoncé une "crise démocratique" et la "surdité" du pouvoir face à la contestation.

En cas de censure partielle, Laurent Berger, le patron de la CFDT, a suggéré que le président de la République utilise une autre disposition constitutionnelle pour permettre de proposer au Parlement une nouvelle délibération.

"La réforme sera toujours injuste, on continuera à la combattre", a assuré pour sa part Dominique Corona, du syndicat Unsa, en misant sur la recevabilité du référendum d'initiative partagé.

Un autre scénario, où la loi serait validée mais pas le référendum, est celui qui inquiète le plus les syndicats, qui craignent dans cette hypothèse d'être débordés par leur base.

Interrogé par l'AFP mardi, Christophe Aubert, coordinateur CGT chez le géant pétrolier ExxonMobil, s'est dit prêt à aller "jusqu'au retrait de la réforme". "Que le Conseil constitutionnel valide ou pas, ça ne changera pas notre lutte", a-t-il affirmé, précisant que la raffinerie de Donges (ouest) appelait à 48 heures de grève jeudi et vendredi. Les éboueurs parisiens sont également appelés à reprendre la grève jeudi.

"On verra ce que dit l'intersyndicale. Mais nous, on sent bien sur le terrain que les salariés ne veulent pas de cette loi", a souligné Fabien Dumas du syndicat Sud-Rail.

L'intersyndicale avait prévenu la Première ministre Elisabeth Borne la semaine dernière, à la sortie d'une réunion à Matignon qui a tourné court: pas question de "tourner la page" et de reprendre le dialogue avec le gouvernement comme si de rien n'était.

Mardi, lors de la séance des Questions au gouvernement à l'Assemblée, le ministre du Travail Olivier Dussopt a estimé que le texte arrivait "à la fin d'un cheminement", et redit que le gouvernement était prêt à renouer le dialogue.

La France est l'un des pays européens où cet âge légal est le plus bas, sans que les systèmes soient complètement comparables.

Les opposants à cette réforme la jugent "injuste", notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles. L'exécutif justifie le projet par la nécessité de répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.


A Marseille, Notre-Dame de la Garde, symbole de la ville, se refait une beauté

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  • "C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David
  • Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle

MARSEILLE: Cent mètres carrés de feuilles d'or à appliquer derrière un échafaudage surplombant la baie de Marseille, dans le sud de la France: un chantier monumental s'apprête à démarrer à Notre-Dame de la Garde pour redonner son éclat à la "Bonne Mère", statue de la vierge à l'enfant emblématique de la ville.

"C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David.

"On est enfin arrivé au plus haut, au plus précieux, au plus important", ajoute-t-il à propos de la redorure de la statue haute de 11,2 mètres et dont la couronne, à 225 mètres au-dessus de la Méditerranée, est le point culminant de la deuxième ville de France.

Pour évaluer avec précision les travaux, prévus de février à décembre, Xavier David a notamment descendu en rappel les quatre versants de la vierge dorée.

"Il faut voir aussi avec la main, on ne peut pas seulement voir avec l'oeil", explique celui qui arpente depuis plusieurs décennies l'étroit escalier en colimaçon situé dans les entrailles de la "Bonne-Mère", au sommet duquel on peut observer, par une trappe au milieu de la couronne de la statue, toute la ville de Marseille, sa baie et ses collines.

Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle.

"La redorure de la statue a lieu à peu près tous les 30 ans", explique à l'AFP le père Olivier Spinosa, recteur du sanctuaire.

"Peu de personnel" 

Et de rappeler que la "Bonne Mère" est "véritablement une statue qui rassemble parce que, quand on arrive à Marseille, on la voit de loin, parce que, un jour ou l'autre, beaucoup de Marseillais se sont tournés vers elle, pour retrouver un peu de souffle, un peu d'espérance, de la joie".

"La vierge, c'est la mère, c'est l'enfant, c'est très méditerranéen, c'est l'amour, donc voilà, je crois que rien que pour ça, il faut la redorer", s'enthousiasme Nicole Leonetti, une retraitée marseillaise en visite à la basilique.

En amont de ce chantier de près de 2,5 millions d'euros, le diocèse de Marseille, propriétaire de l'édifice, a lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des 30.000 feuilles d'or nécessaires.

Le diocèse a également reçu le soutien de mécènes, comme l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille, ou encore le club de foot Olympique de Marseille et le groupe de spiritueux Pernod Ricard.

Lors du lancement de la campagne en mai, le cardinal de la ville, Jean-Marc Aveline, avait insisté sur "l'importance symbolique de Notre-Dame de la Garde", assurant que la "Bonne Mère" évoquait aux Marseillais des valeurs d'accueil et de dignité.

Marseille est "une ville où la population, pour la plupart, est arrivée d'ailleurs (...) à cause de divers problèmes de guerre, de famine, de misère, de corruption", avait détaillé le cardinal.

Le chantier ne concernera pas seulement la surface de la statue, mais aussi sa structure métallique ou encore les anges du clocher.

"Il y aura peu de personnel, seulement des compagnons très pointus, très compétents qui vont travailler sur la pierre, d'autres sur le fer, avant l'arrivée des doreurs" au mois d'août, explique Xavier David.

Une douzaine de doreurs travailleront "dans une sorte d'atmosphère stérile" à l'intérieur de l'échafaudage recouvert de la bâche.

La statue a été réalisée au XIXe siècle en "galvanoplastie", qui consiste à plonger un moule en plâtre dans un bain de cuivre.

Elle est la plus grande au monde réalisée avec cette technique, "qui donne en sculpture le travail le plus fin et le plus pérenne, puisque 140 ans plus tard, cette statue est encore parfaitement intacte", explique l'architecte. "A la condition qu'on lui apporte un soin particulier tous les 25-30 ans."


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
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  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.