«Le quartier des infidèles n'existe plus»: Pâques amère pour les Arméniens de Diyarbakır

Un homme avec un enfant allume des bougies pendant la messe de Pâques à l'église arménienne Surp Giragos, à Diyarbakir (Photo, AFP).
Un homme avec un enfant allume des bougies pendant la messe de Pâques à l'église arménienne Surp Giragos, à Diyarbakir (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 10 avril 2023

«Le quartier des infidèles n'existe plus»: Pâques amère pour les Arméniens de Diyarbakır

  • «C'est une célébration amère. Rien n'est comme avant»
  • Aussi, la fermeture pendant huit ans de l'église a porté un coup dur à cette communauté renaissante

DIYARBAKIR: Des odeurs de "çörek" (ou tcheurek), la brioche épicée des Arméniens pour Pâques, flotte de nouveau dans les rues de Diyarbakır, dans le sud-est de la Turquie : pour la première fois depuis huit ans, la communauté a pu se retrouver dimanche dans son église.

Surp Giragos, l'église arménienne de cette grande ville à majorité kurde, était restée fermée depuis les affrontements en 2015-2016 entre l'armée turque et les combattants kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) qui l'ont gravement endommagée, laissant la petite communauté sans lieu de retrouvailles.

Dans le quartier de Sur, le cœur historique de Diyarbakır, lui aussi presque entièrement détruit, l'église récemment restaurée reste l'un des rares témoignages de ce passé perdu.

Surnommé "le quartier des infidèles" par les musulmans, en référence à ses habitants autrefois majoritairement chrétiens, le district était connu pour sa population modeste, ses ruelles étroites et ses maisons anciennes en basalte, la pierre volcanique noire caractéristique de l'architecture de la ville.

Il présente aujourd'hui de larges avenues où des villas et des magasins flambants neufs côtoient les ruines de ce qui reste de la vieille ville.

Gentrification 

Le secteur de la construction a été pendant des années un des piliers de la politique économique du président Recep Tayyip Erdogan, souvent au détriment de la protection de l'héritage culturel et ouvrant la voie à la gentrification des quartiers.

"Avant, on se taquinait entre nous en disant 'Les infidèles sont partis, mais le quartier est là'. Mais avec les affrontements, le quartier a, lui aussi, disparu. Je crains qu'on ne puisse jamais retrouver la même ambiance", se plaint Gaffur Ohannes Turkay, membre de la fondation qui gère l'église.

"C'est une célébration amère. Rien n'est comme avant", ajoute-t-il.

Pourtant, en 2011, la première restauration de l'église avait permis la reconstitution de la communauté arménienne de la ville que beaucoup croyait disparue après les massacres de 1915 et la discrimination et les violences qui, jusqu'aux années 80, ont poussé la plupart d'entre eux à partir pour Istanbul ou l'Europe.

De nombreux Arméniens venant de familles islamisées avaient alors renoué avec leur culture originelle par le biais des activités comme des déjeuners ou des cours d'arménien organisés par l'église.

"On compte aujourd'hui 50 à 60 personnes qui font officiellement partie de la communauté arménienne de Diyarbakır. Mais beaucoup plus de gens viennent aux fêtes et aux rituels, car il y a de nombreux Arméniens islamisés dans cette région", raconte M. Turkkay, qui vient lui-même d'une famille convertie à l'Islam pour survivre au génocide arménien conduit par les autorités ottomanes en 1915.

Aussi, la fermeture pendant huit ans de l'église a porté un coup dur à cette communauté renaissante.

Traces d'antan

Mais l'église endosse désormais un nouveau rôle : elle offre un rare lieu où les habitants peuvent retrouver les traces du Diyarbakır d'antan.

Alors que la population boude et décrie les parties reconstruites de la vieille ville, le jardin de l'église qui abrite aussi un café ne désemplit pas.

"Dans ce quartier, je ne viens qu'ici. Je refuse de descendre plus loin. Ça me fait de la peine de voir le quartier comme ça", dénonce Irfan, un habitué du café de l'église.

"On boycotte les autres lieux. Mais ici, c'est différent", renchérit Hikmet, un autre client.

"L'église représente un lien avec le Diyarbakır disparu et c'est valable pour tous les habitants, chrétiens ou musulmans. Nous pouvons respirer ici, les parties reconstruites nous étouffent", confie Silva Ozyerli, une Arménienne originaire de Diyarbakır venue d'Istanbul pour célébrer Pâques.

"Ici, on retrouve les traces du passé disparu. J'évite les parties reconstruites, car je veux préserver la mémoire du quartier de mon enfance", ajoute-t-elle.

À l'approche de l'élection présidentielle du 14 mai, peu d'entre eux croient qu'un éventuel changement de pouvoir puisse permettre une rénovation du quartier qui respecte son héritage culturel.

"Pâques signifie la résurrection, la renaissance. Je voudrais garder espoir, mais retrouver le quartier d'antan semble impossible", affirme Mme Ozyerli. "Aujourd'hui, je remercie Dieu d'avoir au moins préservé notre église".


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.