PARIS : Par coïncidence et comme en écho à l’exposition Ramsès qui s’installe du 7 avril au 6 septembre 2023 à la Villette, à Paris, les éditions Orients, sous la direction d’Ysabel Beaudis, publient Chéops, Je suis l’éternité. Ce roman historique, inspiré de la réalité, et un récit de l’édification de la plus grande des pyramides de Gizeh raconté à la première personne par Chéops, le pharaon bâtisseur.
« Et moi, cria Chéops, je suis l’éternité », écrivait Victor Hugo dans La légende des siècles (Les Pyramides). Voilà qui inspire le beau titre de cet ouvrage dont les auteurs, l’ancien ministre égyptien des Antiquités et archéologue spécialiste du site de Gizeh, Zahi Hawass, et l’égyptologue Véronique Verneuil, ont pris le parti de raconter, à la croisée de la fiction et de la réalité, la grande entreprise à la fois politique et urbanistique du pharaon Chéops. Une vie pleinement vécue il y a quatre mille six-cents ans devient ainsi un moment actuel. Par la magie de l’écriture toute une ville s’édifie devant les yeux du lecteur avec force détails réels et réalistes basés sur les ruines et artefacts découverts et analysés par les archéologues depuis le début de l’égyptologie.
-Un sentiment qui traverse les siècles-
Car ce n’est pas tant à travers les secrets complexes de la momification et les rituels funéraires que Chéops accède à l’éternité, nous permet de constater ce roman historique. C’est avant tout grâce à sa prodigieuse entreprise de développement et d’urbanisation, autant que l’édification de la plus colossale des pyramides de Gizeh que ce pharaon visionnaire entre dans l’histoire.
« Pouvoir, croyances, mode de vie, gouvernance et ingéniosité se joignent pour construire la plus grande des pyramides. Son chantier nous emmène de Memphis au Sinaï, jusqu’à la mer Rouge » indique la quatrième de couverture. Mais la part inattendue de l’ouvrage est celle réservée à un sentiment qui traverse les siècles. Il s’agit de l’amour que porte Chéops pour une belle paysanne qui va transformer la vie du pharaon, de la cour et du peuple.
Les grands souverains sont avant tout d’excellents recruteurs
« L’amour donne des ailes et des idées ! » fait dire le duo d’auteurs à ce bâtisseur. « Il décupla mon énergie, ma force et mon imagination » confie le héros du roman au début du XIIe chapitre, un chapitre clé où, sous le titre « Ankhou-Khoufou, que vive Chéops ! », il raconte le processus et l’organisation des chantiers de son projet littéralement… pharaonique. Il y est notamment question de l’efficacité de la stratégie mise au point par Chéops avec ses conseillers : « Commencer plusieurs chantiers simultanément ». Profitant de ce que des équipes d’ouvriers précédemment recrutés par Snéfrou le père de Chéops travaillaient encore sur le site inachevé de Dahchour, Chéops les emploie à son profit. « Nous savions d’expérience que le plus important était la logistique » confie le pharaon du roman. Il explique : « Relativement peu d’hommes compétents et qualifiés suffiraient pour débuter notre entreprise à une seule condition : que les matières premières et les vivres soient livrées sans interruption ». On se verra confirmer que les grands souverains sont avant tout d’excellents recruteurs. Chéops trie ses directeurs sur le volet, en fonction de leur excellence, mais aussi de leurs affinités, car il est impensable pour le pharaon de faire collaborer deux architectes qui ne s’entendent pas entre eux.
Ainsi de suite, l’ouvrage est une mine d’informations appuyées sur des preuves archéologiques qui font surgir et revivre pour le lecteur, « tel un peplum pharaonique » les cités enfouies dont les secrets n'ont pas encore été entièrement livrés mais qui, de génération en génération, ont été essentielles à l’évolution des civilisations.