Un nouveau contrat social et républicain pour vaincre le terrorisme islamiste

Les fidèles musulmans portent des masques de protection alors qu'ils se rassemblent pour célébrer l'Aïd al-Adha à la mosquée Maryam dans la ville de Caen, dans le nord-ouest de la France, le 31 juillet 2020 (AFP / File Photo)
Les fidèles musulmans portent des masques de protection alors qu'ils se rassemblent pour célébrer l'Aïd al-Adha à la mosquée Maryam dans la ville de Caen, dans le nord-ouest de la France, le 31 juillet 2020 (AFP / File Photo)
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Publié le Mardi 21 septembre 2021

Un nouveau contrat social et républicain pour vaincre le terrorisme islamiste

  • La meilleure réponse que l’on puisse opposer à ceux qui veulent passer à l’acte ou aux membres des réseaux islamistes est bien sûr la réponse policière et judiciaire, mais, à côté de cela, il faut mettre en place des politiques d’amitiés civiques
  • Il y a, à l’intérieur de l’islam, un besoin d’action immunitaire très forte, de la part des savants, des imams, et de tous ceux qui peuvent contribuer à animer cultuellement et culturellement la religion musulmane

PARIS: David Djaïz est essayiste et enseignant au prestigieux Institut d’études politiques de Paris (SciencesPo). Il est l’auteur de deux livres: La Guerre civile n’aura pas lieu, publié en 2017, et Slow démocratie, publié en 2019.

«La menace djihadiste n’a jamais cessé d’être présente dans nos sociétés avec une très grande intensité, malgré la victoire militaire sur l’organisation Daech», affirme-t-il dans une interview accordée à Arab News.

Cette victoire a certes privé les terroristes d’une base logistique arrière, mais il y a toujours dans la société un grand nombre de personnes qui souhaitent passer à l’acte et qui sont gorgés d’idéologie djihadiste.

Les attentats, d’abord contre l’enseignant Samuel Paty et ensuite contre la cathédrale de Nice, donnent, selon lui, le sentiment qu’un seuil a été franchi pour deux raisons: d’abord, c’est un symbole de la République qui a été visé à travers l’attaque barbare contre l’enseignant, ensuite ce sont des croyants chrétiens qui ont été attaqués.

Un sondage effectué par YouGov pour Arab News auprès de français d’origine arabe indique que la vague de violence inspirée par un islam radical, crée un sentiment d’insécurité, de peur et d’islamophobie grandissante et nourrit l’amalgame entre islamisme et islam.

«On voit bien ici que le terrorisme est aussi un acte de communication. S’ajoute à la barbarie du mode opératoire une volonté d’accélérer la fracture du corps social dans le but de déclencher une guerre de religion en accréditant la thèse que la République persécute ses citoyens musulmans», indique David Djaïz.

Il admet que, cette fois, il y a une sorte de démultiplication de la violence verbale, parce qu’il y a à la fois un phénomène d’usure dans la société vis-à-vis de ces attaques répétitives, et parce que ces attaques ont été rendues possibles par l’existence d’un terreau islamiste qui a facilité le passage à l’acte.

«Cela s’est accompagné d’une conjoncture internationale due au fait que le président Emmanuel Macron a parlé de l’“islamisme” mais que ses propos ont été traduits en arabe en utilisant le mot “islam”», ajoute-t-il.

Selon lui, certains responsables politiques étrangers ont utilisé ces propos déformés pour créer de la confusion et enclencher ce mouvement de protestation et de boycott des produits français.

«Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a par exemple exploité d’une manière très cynique ce discours pour satisfaire son propre agenda politique», souligne David Djaïz.

il interprète le climat malsain ressenti à la suite des attentats comme, en quelque sorte, la réussite du terrorisme djihadiste qui cherche à isoler les Français musulmans du reste du corps social.

Pour lui, la meilleure réponse que l’on puisse opposer à ceux qui veulent passer à l’acte ou aux membres des réseaux islamistes est bien sûr la réponse policière et judiciaire, mais il faut en plus mettre en place ce qu’il appelle des «politiques d’amitiés civiques».

«Il faut que, dans ce pays, chaque enfant, quelle que soit son appartenance confessionnelle, reçoive une éducation positive aux valeurs de la République et aux principes qui la structurent et au premier chef le principe de la laïcité», explique-t-il.

Ce principe de laïcité a été pensé par un certain nombre de grandes figures de la IIIe République parmi lesquels il y avait des protestants, des francs-maçons et des non croyants, pour permettre la coexistence pacifique de toutes les composantes confessionnelles de la société française.

Longtemps, cette société a été dominée par l’Église catholique dont le dogme se confondait avec l’État.

Mais dans une société qui se pluralisait et devenait plus complexe, les républicains ont cherché à séparer l’État de l’Église et à permettre à une diversité d’opinions et de convictions de s’exprimer paisiblement.

«De ce point de vue-là, la laïcité est donc un principe qui doit être particulièrement accueillant pour les musulmans, car elle permet à chacun d’exercer librement son culte en étant protégé des pressions du groupe», estime David Djaïz.

Cela permet à l’individu de se construire dans sa foi ou d’en sortir s’il en a envie sans être en conflit avec les autres opinions.

«La laïcité est un mode de régulation des conditions personnelles qui peuvent être concurrentes et qui préserve le vivre-ensemble qui lui, est placé sous le signe de la politique», ajoute-t-il.

«Ce n’est donc pas du tout un revolver braqué sur l’islam tel qu’on en parle dans les médias anglo-saxons, bien au contraire la laïcité permet de protéger toutes les convictions religieuses», soutient David Djaïz.

Aujourd’hui, au regard de la réalité, on peut constater que la laïcité ne fonctionne pas. David Djaïz le justifie par un déficit d’explication.

«Il faut expliquer ce principe aux jeunes enfants, et il faut aussi accompagner les enseignants de même que tous les fonctionnaires de première ligne dans ce pays. Ce travail de pédagogie et d’explication n’a pas, à ce jour, été suffisamment effectué, et on a pu laisser penser que la laïcité est une agressivité à l’égard de l’islam alors que c’est totalement faux», assure-t-il.

«Mais si on en est encore aujourd’hui à débattre de la laïcité, principe qui aurait dû être validé depuis plusieurs décennies, c’est que la République se complaisait dans le laxisme et le laisser-faire et que les musulmans ne se sont pas véritablement emparés de ce combat.»

Cela, David Djaïz le concède pour en revenir à son concept d’amitié civique, c’est-à-dire le plaisir d’être ensemble, qui nécessite un projet politique positif.

«Ce projet politique doit transcender nos particularismes et ne peut pas se limiter aux valeurs de la république», soutient-il. «Il faut un projet qui nous propulse et qui raconte une nouveau récit français qui reste très largement à inventer».

L’importance de ce « nouveau récit » français est clairement mise en évidence pars le sondage YouGov qui montre un conflit de génération puisqu’une majorité de jeunes français d’origine arabe est nettement moins enthousiaste à l’égard des institutions françaises contrairement aux plus âgés.

Ces jeunes là indique le sondage semblent revenir aux racines de leurs parents et sont moins enclin à respecter les réglementations françaises.

D’autre part, Djaïz affirme que 85 % des victimes du terrorisme sont des musulmans qui n’adhèrent pas à cette vision de l’islam, ce qui veut dire qu’il y a une guerre au sein même de l’islam déclenchée par une branche ultraminoritaire, mais pathologique.

Pour lui, il y a donc à l’intérieur de l’islam le besoin d’une action immunitaire très forte, de la part des savants, des imams, et de tous ceux qui peuvent contribuer à animer cultuellement et culturellement la religion musulmane.

Cette action permettra l’émergence d’un certain nombre d’ulémas et d’associations qui veilleront à promouvoir ce beau mouvement d’éveil exprimé par les musulmans de France qui condamnent le mouvement de protestation qui a visé l’Hexagone.

Malgré la dégradation ambiante, David Djaïz ne renonce pas à l’optimisme et conclut en affirmant: «Nous sommes aujourd’hui à l’aube de très grands changements et l’enjeu qui est le nôtre actuellement, c’est de poser une sorte de nouveau contrat social dans le cadre duquel chaque enfant de la République aura sa place pour que personne ne soit tenté par des idéologies extrémistes et meurtrières.»


Mercosur: les syndicats rencontrent Macron à l'Elysée, la dermatose en toile de fond

Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron reçoit les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dont la signature a été reportée, mais les tensions restent fortes malgré les concessions évoquées par le gouvernement
  • La rencontre se déroule sur fond de crise sanitaire liée à la dermatose bovine et de blocages agricoles persistants, avec une remobilisation annoncée début janvier

PARIS: Emmanuel Macron reçoit mardi après-midi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur auquel ils sont opposés mais le sujet de la dermatose bovine sera difficile à éviter au regard des blocages routiers qui persistent sur le terrain.

La FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA), la Coordination rurale et la Confédération paysanne sont reçus à 16H30, ont-ils annoncé à l'AFP.

C'est la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'est aussi la première depuis l'annonce jeudi dernier du report de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur, après une mobilisation de plusieurs milliers d'agriculteurs avec leurs tracteurs à Bruxelles.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées qui affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes, notamment environnementales et sanitaires, que les produits européens.

Il permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Emmanuel Macron s'était félicité du report de la signature, demandant que les "avancées" réclamées par la France, mais aussi l'Italie, se concrétisent afin que "le texte change de nature".

Les syndicats agricoles sont remontés depuis des mois et demandaient au président de prendre clairement position, après que celui-ci eut déclaré en novembre être "plutôt positif" quant à la possibilité d'accepter l'accord.

Emmanuel Macron avait rencontré des représentants de différents syndicats à Toulouse mi-novembre, des manifestations ayant changé le programme d'un déplacement qui devait être consacré aux réseaux sociaux et au spatial.

- "Mercosur = NON" -

"Le message de la FNSEA au Président de la République restera inchangé, ferme et clair: Mercosur = NON", a indiqué mardi le syndicat dominant dans une déclaration à l'AFP. Son président Arnaud Rousseau fera une déclaration à la presse à l'issue. Il avait déjà rencontré le président mi-novembre.

La Coordination rurale et la Confédération paysanne, fer de lance de la contestation de la gestion de la dermatose par l'Etat et opposants historiques au traité UE-Mercosur, ont ensuite confirmé à l'AFP leur venue.

Pour ces deux syndicats, c'est la première rencontre entre le président et des représentants nationaux depuis le dernier Salon de l'agriculture.

Plusieurs sources diplomatiques ont indiqué que la nouvelle échéance visée pour la signature était désormais le 12 janvier au Paraguay.

"Nous ne nous contentons pas de nous opposer à cet accord. En l'état, nous obtenons des concessions inédites au bénéfice de nos agriculteurs, que cet accord soit signé ou qu'il ne le soit pas", a déclaré lors des questions au gouvernement mardi Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, citant des "mesures miroir pour garantir la réciprocité", des "contrôles douaniers" et des clauses de sauvegarde annoncées en septembre par la Commission européenne.

Les agriculteurs français ont déjà prévenu qu'ils se remobiliseraient début janvier, jugeant ces réponses insuffisantes.

Mais certains sont mobilisés depuis plus de 10 jours sur le terrain, notamment contre la stratégie gouvernementale pour lutter contre la dermatose bovine dans le Sud-Ouest, mais aussi ponctuellement plus au nord, contre le Mercosur et les autres crises qui pèsent sur le monde agricole.

En Gironde, la Coordination rurale (CR33) a annoncé organiser un "réveillon de Noël façon auberge espagnole" sur l'A63 au sud de Bordeaux.

"Le côté festif, ça permet de durer plus longtemps", résume à l'AFP Jean-Paul Ayres, porte-parole de la CR33, alors qu'un terrain de moto-cross a été improvisé sur le terre-plein central de l'autoroute.

Les bureaux centraux des syndicats se sont bien gardés d'appeler à lever les blocages, laissant les sections locales décider et appelant simplement au "repos" de leurs troupes et à une "trêve" pour certains pour mieux reprendre en janvier si nécessaire.

La mobilisation des agriculteurs a connu un léger regain lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes) par rapport à dimanche (23 actions), mais elle est nettement en baisse comparée à la semaine dernière (110 actions jeudi, 93 vendredi).


Vol au Louvre: une grille de protection installée sur la fenêtre empruntée par les cambrioleurs

Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
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  • Une grille de protection a été installée sur la porte-fenêtre du Louvre utilisée lors du vol spectaculaire de bijoux du 19 octobre, dont le butin de 88 millions d’euros reste introuvable
  • Le musée renforce sa sécurité après de vives critiques : grilles supplémentaires, dispositifs anti-intrusion et vidéosurveillance accrue prévue d’ici 2026

PARIS: Une grille de protection a été installée mardi matin sur la porte-fenêtre du musée du Louvre à Paris, empruntée par les cambrioleurs lors du spectaculaire vol de bijoux du 19 octobre, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le 19 octobre, quatre malfaiteurs ont réussi à approcher le bâtiment en camion-élévateur et à hisser deux d'entre eux jusqu'à cette fenêtre menant à la galerie d'Apollon, qui donne sur les quais de Seine, grâce à une nacelle.

Ils ont dérobé huit joyaux de la Couronne de France. Le butin, estimé à 88  millions d'euros, reste introuvable.

Depuis le cambriolage, la sécurité du musée le plus visité au monde se retrouve au cœur des critiques, le braquage ayant révélé une série de défaillances.

La grille de protection "est l'une des mesures d'urgence décidées après le vol ", a précisé mardi à l'AFP Francis Steinbock, administrateur général adjoint du musée.

Des "réflexions" sont en cours concernant la "sécurisation sur les autres fenêtres", a ajouté le responsable.

La présidente du Louvre, Laurence des Cars, avait assuré la semaine dernière devant les sénateurs français qu'une grille serait reposée "avant Noël". Elle avait précisé que la précédente avait été retirée en 2003-2004, lors d'importants travaux de restauration.

Autre chantier majeur: le renforcement de la vidéosurveillance sur les façades du palais. "Nous avons annoncé un dispositif d'une centaine de caméras positionnées autour du palais. Le marché a été signé et l'installation pourra débuter tout au long de l'année 2026 ", a précisé Francis Steinbock.

La semaine dernière, le Louvre avait également annoncé l'achèvement de la mise en place de dispositifs anti-intrusion autour du musée.

Du 15 au 18 décembre, les agents du Louvre étaient en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail et des moyens supplémentaires pour la sécurité. Le mobilisation a été levée vendredi, mais les négociations se poursuivent entre les syndicats et le ministère de la Culture pour répondre aux inquiétudes des agents.


La "loi spéciale" au Parlement, rendez-vous en janvier pour reparler budget

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • Faute d’accord sur le budget de l’État, le Parlement vote une loi spéciale pour reconduire provisoirement le budget 2025 et assurer le fonctionnement de l’État
  • Les débats budgétaires reprendront en janvier, sur fond de déficit élevé, de tensions politiques et de discussions autour d’un possible recours au 49.3

PARIS: Le Parlement pose une rustine sur ses désaccords budgétaires. L'Assemblée nationale et le Sénat devraient voter tour à tour mardi la "loi spéciale" présentée par le gouvernement pour continuer de financer provisoirement l'État et les administrations.

Les votes des deux assemblées ponctuent deux mois et demi de débats budgétaires qui se soldent par un échec partiel pour le Premier ministre Sébastien Lecornu.

Le dialogue privilégié engagé par le Premier ministre avec le Parti socialiste a permis l'adoption du budget de la Sécurité sociale pour 2026, au prix de concessions sur les retraites et le financement de la Sécurité sociale.

Mais les profondes divergences entre l'Assemblée nationale et le Sénat, tenu par des partis de droite et du centre hostiles à tout prélèvement supplémentaire, ont empêché l'approbation du second texte budgétaire, celui sur le financement de l'État.

Les parlementaires se retrouveront donc en début d'année pour de nouvelles joutes sur ce texte, alors que la France est confrontée à un endettement croissant et que les discussions budgétaires n'ont pas permis de dessiner une trajectoire de réduction des déficits.

"Nous devrons au plus vite, en janvier, donner un budget à la nation" qui "devra tenir l'objectif de 5% de déficit et financer nos priorités", a déclaré Emmanuel Macron lundi soir lors du Conseil des ministres, selon la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

"L'Élysée commence à s'impatienter", glissait lundi un cadre du camp gouvernemental.

Rentré d'Abou Dhabi où il était allé célébrer Noël avec les troupes françaises, Emmanuel Macron a présidé lundi soir un Conseil des ministres de crise pour la présentation de la loi spéciale.

- Pas de dépense nouvelle -

Le texte reconduit temporairement le budget de 2025, il permet de lever l'impôt et de payer les fonctionnaires. Mais il ne comprend pas de dépenses nouvelles, y compris sur la défense, érigée en priorité face à la menace russe.

Ce projet de loi spéciale devrait être voté mardi en toute fin d'après-midi par l'Assemblée nationale, puis dans la soirée par le Sénat. A l'unanimité ou presque. Avant d'être promulgué dans les jours suivants par le chef de l'État.

Déjà l'an dernier, l'exécutif avait dû y avoir recours après la chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé par une motion de censure sur le budget de la Sécurité sociale. Les deux textes budgétaires 2025 avaient finalement été approuvés au mois de février, quelques semaines après l'arrivée de François Bayrou à Matignon.

Anticipant la reprise des débats en janvier, Sébastien Lecornu a reçu dimanche et lundi les forces politiques, à l'exception de la France insoumise et du Rassemblement national. Un ballet devenu habituel de responsables politiques exprimant leurs exigences et lignes rouges rue de Varenne, à l'issue de ces entretiens.

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a appelé à un budget qui ne fasse pas "peser les efforts sur les plus modestes" et préserve les investissements en matière d'écologie.

Quant à la cheffe des députés écologistes Cyrielle Châtelain, elle s'est inquiétée d'une copie budgétaire trop calquée sur les positions du Sénat. En cas de 49.3, les Ecologistes choisiront "la censure", a-t-elle prévenu.

Car on reparle de plus en plus de cet outil constitutionnel permettant de faire adopter un texte sans vote, sauf motion de censure.

Écarté par le Premier ministre à la demande des socialistes, qui le jugent brutal, il est évoqué avec insistance par des responsables de droite et du bloc central qui lui demandent de revenir sur son engagement.

Il faudrait alors pour le gouvernement trouver avec les socialistes des conditions de non-censure. Pour espérer enfin tourner la page du débat budgétaire.

Mais pour l'heure, Sébastien Lecornu s'y refuse, jugeant le projet de budget "encore votable sans intervention du gouvernement", selon Mme Bregeon.