MOSCOU: Plusieurs centaines de personnes, dont le chef du groupe paramilitaire Wagner, se sont rassemblées samedi à Moscou pour les funérailles d'un célèbre blogueur militaire russe soutenant l'attaque en Ukraine et tué la semaine dernière dans un attentat à la bombe.
Selon des journalistes de l'AFP sur place, des centaines de personnes se sont rendues au cimetière de Troïekourovskoïe dans l'ouest de la capitale pour se recueillir devant le cercueil de Maxime Fomine avant son enterrement.
Un important dispositif policier a été déployé, avec un contrôle minutieux des personnes se rendant au cimetière. Beaucoup d'entre elles portaient des vêtements frappés d'un Z ou d'un V, signes de leur soutien à l'offensive en Ukraine.
Cet assassinat est "une tentative de tuer la vérité (...) qui essaye de percer la couche de pourriture qui recouvre la société russe", a assuré à l'AFP Anna Ivannikova, une manager moscovite de 33 ans venue avec des fleurs.
Selon elle, la société russe "dort toujours", hormis dans les villes de Russie les plus proches de l'Ukraine, où les combats font rage depuis plus d'un an.
Le 2 avril, Maxime Fomine, connu sous le pseudonyme de Vladlen Tatarskiï, a été tué dans un attentat lors d'un événement dans un café de Saint-Pétersbourg (nord) lié au chef du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine.
Les autorités russes ont arrêté et inculpé pour "terrorisme" une femme de 26 ans, Daria Trepova, qui a reconnu avoir offert au blogueur une statuette piégée, qui a explosé lors de cet événement, le tuant et faisant une trentaine de blessés.
Mme Trepova n'a toutefois pas affirmé pour l'heure avoir participé volontairement à l'attentat, ni mentionné de possibles commanditaires.
«Guerre d'anéantissement»
Moscou a accusé Kiev et des "agents" de l'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny d'être impliqués dans cet assassinat. L'Ukraine a, de son côté, affirmé qu'il s'agissait d'un règlement de comptes interne aux milieux soutenant l'offensive en Russie.
Des militants russes pro-ukrainiens ont également assuré, sans preuves concrètes, qu'il s'agissait de l'action d'un groupe de résistance agissant en Russie.
Quoi qu'il en soit, cet assassinat rocambolesque, aux contours toujours flous, illustre la propagation en Russie des violences liées au conflit, qui frappent désormais loin du front. En août, Daria Douguina, la fille d'un célèbre idéologue pro-Kremlin, avait également été tuée dans un attentat à la bombe près de Moscou.
"Vladlen Tatarskiï restera avec nous, sa voix continuera de résonner", a déclaré samedi Evguéni Prigojine au cimetière, cité par l'agence de presse russe Ria Novosti.
Maxime Fomine était l'un des blogueurs militaires pro-Kremlin les plus connus avec plus de 500 000 abonnés sur Telegram.
L'influence de ces militants, qui publient des reportages avec les forces russes en Ukraine et partagent des analyses parfois critiques de la conduite des opérations, a fortement augmenté depuis le début de l'offensive en février 2022.
"J'avais beaucoup d'amis en commun avec le défunt", témoigne auprès de l'AFP Alexeï Sobolev, 45 ans, venu à l'enterrement samedi et qui se présente comme un volontaire ayant combattu depuis 2014 avec les séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine.
Originaire du Donbass, dans cette région Maxime Fomine avait également rejoint en 2014 les troupes des séparatistes prorusses.
"Nous sommes les miliciens de la première vague, on n'est plus très nombreux", constate M. Sobolev, en assurant qu'une "guerre d'anéantissement" vise la Russie mais que l'armée russe est en train d'être "refaite à nouveau".