La Chine lance des exercices militaires dans le détroit de Taïwan

Un remorqueur de la marine de l'APL navigue dans le détroit de Taïwan, devant des touristes sur l'île de Pingtan, le point le plus proche de Taïwan, dans la province chinoise du Fujian (sud-est), le 7 avril 2023. (Photo de GREG BAKER / AFP)
Un remorqueur de la marine de l'APL navigue dans le détroit de Taïwan, devant des touristes sur l'île de Pingtan, le point le plus proche de Taïwan, dans la province chinoise du Fujian (sud-est), le 7 avril 2023. (Photo de GREG BAKER / AFP)
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Publié le Samedi 08 avril 2023

La Chine lance des exercices militaires dans le détroit de Taïwan

  • Ces manoeuvres font suite à la visite cette semaine de Mme Tsai aux Etats-Unis, où elle a rencontré mercredi Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants
  • Le ministère de la Défense taïwanais a affirmé samedi à la mi-journée avoir détecté huit navires de guerre et 42 avions de chasse chinois autour de l'île

PÉKIN : La Chine a lancé samedi trois jours d'exercices militaires dans le détroit de Taïwan, sur fond de tensions avec l'île, sa présidente Tsai Ing-wen fustigeant «l'expansionnisme autoritaire» de Pékin après sa rencontre avec le troisième personnage de l'Etat américain.

Ces manoeuvres «servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant +l'indépendance de Taïwan+ et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices», a averti dans un communiqué un porte-parole de l'armée chinoise, Shi Yi.

Ces opérations, qui comprennent également des «patrouilles», sont «nécessaires pour sauvegarder la souveraineté et l'intégralité territoriale de la Chine», a justifié ce porte-parole.

Des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l'île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales.

Ces exercices, qui revêtent une dimension «opérationnelle», sont destinés à démontrer que l'armée chinoise sera prête, «si les provocations s'intensifient», à «régler une fois pour toutes la question de Taïwan», a indiqué à l'AFP l'analyste militaire Song Zhongping.

Exercices «d'encerclement total», selon CCTV

Les exercices militaires lancés samedi par la Chine dans le détroit de Taïwan visent un «encerclement total» de l'île, selon la télévision d'Etat chinoise.

«L'exercice d'aujourd'hui se concentre sur la capacité à prendre le contrôle de la mer, de l'espace aérien et de l'information [...] afin de créer une dissuasion et un encerclement total» de Taïwan, a précisé CCTV.

La localisation exacte de ces opérations n'est pas connue.

La partie la plus étroite du détroit de Taïwan entre les côtes chinoises et l'île fait environ 130 kilomètres.

Selon CCTV, des destroyers, des vedettes rapides lance-missiles, des avions de chasse, des ravitailleurs et des brouilleurs sont notamment mobilisés pour ces exercices.

Taipei a estimé que ces manoeuvres menacent la «stabilité et la sécurité» dans la région Asie-Pacifique.

Sa présidente, Tsai Ing-wen, a dénoncé samedi un «expansionnisme autoritaire» de la part de la Chine et assuré que le territoire «continuerait à travailler avec les Etats-Unis et d'autres pays (...) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie».

Le ministère taïwanais de la Défense a de son côté indiqué «suivre la situation» et avoir chargé l'armée de «répondre» aux activités militaires chinoises.

«Mesures fermes et énergiques»

Samedi matin à Pingtan, le point le plus proche de Taïwan au sud-est de la Chine, des touristes observaient les eaux agitées de la mer mais aucune activité militaire notable n'était visible.

Ces manoeuvres font suite à la visite cette semaine de Mme Tsai aux Etats-Unis, où elle a rencontré mercredi Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants. Pékin avait dans la foulée promis des «mesures fermes et énergiques» en représailles.

La Chine voit avec mécontentement le rapprochement à l'oeuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les Etats-Unis, qui malgré l'absence de relations officielles fournissent à l'île un soutien militaire substantiel.

La Chine considère Taïwan (23 millions d'habitants) comme l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Les Etats-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan), en vertu du «principe d'une seule Chine» défendu par Pékin.

Depuis jeudi, la Chine accentue la pression militaire sur Taïwan avec l'envoi de navires de guerre et d'aéronefs dans le détroit.

Elle a aussi renforcé la présence de ses garde-côtes pour des patrouilles exceptionnelles.

La localisation exacte des nouvelles manoeuvres n'est pas précisée, hormis les exercices à tirs réels de lundi, qui auront lieu autour de Pingtan.

La partie la plus étroite du détroit entre les côtes chinoises et l'île fait environ 130 kilomètres de large.

«Se bercer d'illusions»

En août, Pékin avait lancé des manoeuvres militaires sans précédent autour de Taïwan lorsque la démocrate Nancy Pelosi, qui a précédé M. McCarthy au perchoir, s'était rendue sur l'île.

La réponse à ce stade à la rencontre avec le numéro trois américain n'a rien de comparable avec l'été 2022.

Le ministère de la Défense taïwanais a affirmé samedi à la mi-journée avoir détecté huit navires de guerre et 42 avions de chasse chinois autour de l'île. Vingt-neuf avions ont dépassé la ligne médiane qui sépare la Chine de Taïwan, a-t-on précisé de même source.

Ces manoeuvres militaires interviennent au lendemain d'une visite d'Etat en Chine d'Emmanuel Macron, au cours de laquelle la question de Taïwan a été évoquée avec le président chinois Xi Jinping.

«La conversation a été dense et franche» à ce sujet, a indiqué vendredi l'Elysée.

«Quiconque pense que la Chine va faire des compromis sur Taïwan se berce d'illusions», a de son côté assuré jeudi Xi Jinping à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors d'une rencontre à Pékin, selon des propos rapportés par la diplomatie chinoise.

Un navire de guerre et 29 avions de chasse

Samedi, le ministère de la Défense de Taïwan a annoncé avoir détecté un navire de guerre chinois et 29 avions de chasse supplémentaires autour de l'île samedi, au premier jour d'exercices militaires de Pékin dans le détroit de Taïwan.

Le parti communiste chinois "a délibérément créé une tension dans le détroit de Taïwan (...) ce qui a un impact négatif sur la sécurité et le développement économique de la communauté internationale", a indiqué le ministère, en précisant que le nombre de navires de guerre détectés autour de l'île à 16H00 locales (08H00 GMT) se montait désormais à neuf, et celui des avions de chasse à 71.

Entre Taipei et Pékin, sept décennies de liens tumultueux

La Chine a lancé samedi trois jours d'exercices militaires autour de Taïwan. L'AFP revient sur les moments clés de l'Histoire entre l'île et Pékin.

1949, la séparation

Les communistes de Mao Tsé-toung prennent le pouvoir à Pékin en 1949 et font fuir les nationalistes du Kuomintang (KMT) de Tchang Kaï-chek à Taïwan, marquant la fin de la guerre civile chinoise.

Le KMT forme un gouvernement à Taipei en décembre, et rompt toute relation avec la Chine continentale.

En 1950, Taïwan devient l'allié des Etats-Unis, qui mène une guerre contre la Chine en Corée. Washington déploie une flotte dans le détroit de Taïwan pour protéger son nouvel allié d'une possible attaque.

1971, l'ONU et les Etats-Unis reconnaissent le régime de Pékin

En octobre 1971, Pékin reprend le siège de la Chine à l'ONU, précédemment tenu par Taipei.

En 1979, les Etats-Unis rompent formellement leurs relations diplomatiques avec Taïwan et en établissent avec Pékin, reconnaissant ainsi officiellement la République populaire de Chine.

Washington entretient cependant une "ambiguïté stratégique" sur la question taïwanaise, et reste l'allié le plus puissant de l'île, notamment en lui fournissant un soutien militaire substantiel.

1987-2004, les relations s'améliorent

Fin 1987, les résidents de Taïwan sont autorisés à se rendre en Chine continentale pour la première fois depuis la séparation, permettant aux familles de se réunir.

Taïwan met fin en 1991 à l'état de guerre avec la Chine. Les premiers pourparlers entre les deux parties sont organisés deux ans plus tard à Singapour.

Mais en 1995, à la suite d'une visite du président taïwanais de l'époque, Lee Teng-hui, aux Etats-Unis, Pékin lance une série de tirs de missiles autour de l'île.

D'autres manoeuvres au large de Taïwan sont menées par les communistes en 1996, afin de dissuader les électeurs de participer à la première élection présidentielle démocratique du territoire.

Lors des élections de 2000, le KMT perd pour la première fois le pouvoir à Taïwan. Les liens commerciaux entre les deux parties s'améliorent les années suivantes.

2005-2015, des menaces et des discussions

Pékin adopte en mars 2005 une loi autorisant l'usage de la force si Taïwan déclare son indépendance.

En avril cette même année, le président du Kuomintang Lien Chan se rend en Chine pour y rencontrer le dirigeant chinois d'alors Hu Jintao, une visite historique.

En 2008, les relations se réchauffent: Ma Ying-jeou du KMT est élu président, sur un programme favorable à Pékin.

Les deux rives signent un accord-cadre de coopération économique en 2010 et organisent en 2014 les premières discussions de gouvernement à gouvernement depuis la séparation.

2016, la lune de miel se termine

Tsai Ing-wen, du Parti démocratique progressiste (PDP), traditionnellement pro-indépendantiste, remporte l'élection présidentielle de janvier 2016.

En juin cette même année, la Chine suspend toute communication avec Taïwan: Mme Tsai refuse de reconnaître le Principe de la Chine unique par lequel l'île et le Continent feraient partie d'un seul pays.

En décembre, Donald Trump, alors président des Etats-Unis, rompt avec des décennies de politique diplomatique américaine et échange directement au téléphone avec Tsai Ing-wen.

Xi Jinping déclare en janvier 2019 que la réunification entre la Chine et Taïwan est "inévitable".

2021, tensions sino-américaines

En 2021, des avions militaires chinois font des centaines d'incursions dans la zone de défense de Taïwan.

En octobre, le président américain Joe Biden affirme que les Etats-Unis défendront Taïwan si la Chine l'attaque, des propos partiellement démentis dans la foulée par la Maison Blanche.

2022, la visite de Nancy Pelosi et l'ire de Pékin

Le 2 août 2022, Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, atterrit à Taïwan, dans le cadre d'une tournée asiatique.

Furieux, Pékin déclenche en représailles des manoeuvres militaires de grande ampleur autour de l'île autoadministrée. Taïwan est encerclé le 4 août, et des tirs de missiles sont effectués pendant une semaine.

Dans le cadre de ces exercices, des avions de chasse et des navires de guerre ont été déployés.

Taipei répond par ses propres exercices et, dans les semaines qui suivent, les Etats-Unis envoient des navires de guerre dans le détroit et annoncent de nouveaux programmes d'aide militaire à l'île.

La Chine impose des sanctions à Mme Pelosi, mais sa visite incite d'autres délégations américaines et européennes à se rendre à Taïwan.

2023, rencontre entre Tsai et McCarthy

Tsai Ing-wen s'arrête à deux reprises aux Etats-Unis, avant et après une visite chez ses alliés d'Amérique latine, de moins en moins nombreux. Elle rencontre le président de la Chambre des Représentants Kevin McCarthy à Los Angeles le 5 avril.

Pékin menace de représailles pour "défendre" sa souveraineté, insistant sur le fait que Taïwan fait partie de son territoire.

Le 8 avril, au lendemain du retour de Mme Tsai à Taipei, Pékin annonce trois jours d'exercices militaires.

Ce jour-là, le ministère de la Défense taïwanais détecte au moins huit navires de guerre et 42 avions de chasse autour de Taïwan.

Vingt-neuf avions entrent au sud-ouest de la zone d'identification de défense aérienne (ADIZ) de Taïwan, et Pékin parle pour le premier jour d'entraînement à "l'encerclement" de Taïwan.


TikTok attaque le gouvernement américain et la loi qui pourrait l'interdire

Biden pourrait prolonger de trois mois la date limite du 19 janvier s’il détermine que ByteDance fait des progrès (Photo, AFP).
Biden pourrait prolonger de trois mois la date limite du 19 janvier s’il détermine que ByteDance fait des progrès (Photo, AFP).
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  • Le réseau social et de nombreuses personnalités et ONG considèrent que cette loi viole la liberté d'expression de ses utilisateurs
  • Les promoteurs de ce texte font valoir des soupçons de manipulation et d'espionnage des utilisateurs américains par les autorités chinoises

SAN FRANCISCO: TikTok et sa maison mère chinoise ByteDance ont porté plainte mardi contre les États-Unis, estimant que la loi qui pose un ultimatum à la populaire plateforme de vidéos, et risque de la bannir du pays l'année prochaine, est "inconstitutionnelle".

Washington a adopté fin avril un texte qui oblige ByteDance à vendre TikTok dans un délai de douze mois, faute de quoi l'application utilisée par 170 millions d'Américains serait interdite.

Le réseau social et de nombreuses personnalités et ONG considèrent que cette loi viole la liberté d'expression de ses utilisateurs, garantie par le premier amendement de la Constitution américaine.

"Pour la première fois dans l'histoire, le Congrès a adopté une loi qui bannit une plateforme d'expression, et elle seule, de façon permanente à l'échelle nationale, et qui interdit à chaque Américain de participer à une communauté en ligne unique comptant plus d'un milliard de personnes dans le monde", déclarent les avocats de l'entreprise dans la plainte déposée devant un tribunal fédéral de Washington.

Après le vote par les élus et la promulgation par la Maison-Blanche, TikTok avait prévenu qu'elle utiliserait toutes les voies légales possibles contre la loi baptisée "Protecting Americans From Foreign Adversary Controlled Applications Act" ("protéger les Américains d'applications contrôlées par des adversaires étrangers").

Les promoteurs de ce texte font valoir des soupçons de manipulation et d'espionnage des utilisateurs américains par les autorités chinoises via TikTok.

«Pas de choix»

Selon la loi, la plateforme dispose de 270 jours pour trouver de nouveaux investisseurs non chinois, faute de quoi elle sera interdite aux États-Unis. La Maison-Blanche peut accorder un délai supplémentaire de 90 jours.

"Ils prétendent que la loi n'est pas une interdiction parce qu'elle offre à ByteDance un choix (...) Mais en réalité, il n'y a pas de choix", assènent les avocats.

Ils expliquent dans la plainte que la cession exigée "n'est tout simplement pas possible, ni sur le plan commercial, ni sur le plan technologique, ni sur le plan juridique. Et certainement pas dans le délai requis par la loi".

Comme de nombreuses associations de défense des libertés, ils font aussi valoir les risques potentiels pour d'autres plateformes.

"Si le Congrès peut faire cela, il peut contourner le premier amendement en invoquant la sécurité nationale et en ordonnant à l'éditeur d'un journal ou d'un site web de vendre pour éviter d'être fermé", argumentent-ils.

La bataille judiciaire pourrait monter jusqu'à la Cour suprême.

En 2020, TikTok avait réussi à bloquer un décret similaire de l'ancien président Donald Trump. Elle avait alors déposé un recours et un juge avait suspendu provisoirement le décret, estimant que les raisons invoquées pour l'interdiction étaient exagérées et la liberté d'expression menacée.

 

- Loi "inédite" -

 

La nouvelle loi vise à contourner les difficultés rencontrées précédemment, y compris dans des États qui ont essayé de bannir l'application.

Des experts estiment que la Cour suprême pourrait être sensible aux arguments de sécurité nationale avancés par les élus, sans certitude.

"TikTok a eu gain de cause dans ses précédentes contestations du premier amendement", a commenté Gautam Hans, professeur de droit de Cornell University, mais le fait que cette loi soit soutenue par les démocrates comme les républicains "pourrait inciter les juges à s'en remettre à une décision du Congrès selon laquelle l'entreprise pose un risque pour la sécurité nationale."

"En l'absence d'un débat public sur la nature exacte de ces risques, il est toutefois difficile de déterminer pourquoi les tribunaux devraient valider une loi aussi inédite", a-t-il ajouté.

Un argument que la plateforme met largement en avant, assurant que "la loi n'articule aucune menace posée par TikTok".

"Même les déclarations des membres du Congrès et le rapport d'une commission parlementaire se contentent d'indiquer qu'ils s'inquiètent de la possibilité +hypothétique+ que TikTok puisse être utilisé à mauvais escient à l'avenir, sans citer de preuves spécifiques", détaillent les avocats.

"Ces préoccupations spéculatives sont loin d'être à la hauteur de ce qui est requis lorsque les droits du premier amendement sont en jeu", continuent-ils.


Astrazeneca retire son vaccin contre le Covid face au «déclin de la demande»

Un agent de santé syrien prépare une dose du vaccin Vaxzevria AstraZeneca contre le coronavirus, avant de vacciner un patient dans la capitale Damas, le 9 septembre 2021 (Photo, AFP).
Un agent de santé syrien prépare une dose du vaccin Vaxzevria AstraZeneca contre le coronavirus, avant de vacciner un patient dans la capitale Damas, le 9 septembre 2021 (Photo, AFP).
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  • Si le bénéfice d'Astrazeneca a bondi de 21% sur un an au premier trimestre, le groupe fait état depuis des mois d'une baisse constante des ventes des médicaments liés au covid
  • L'autorité européenne du médicament, l'EMA, a écrit mardi sur son site que l'autorisation de vente du Vaxzevria avait été retirée

LONDRES: Le géant pharmaceutique britannique Astrazeneca a annoncé mercredi qu'il retirait de la vente son vaccin contre le Covid-19 Vaxzevria, l'un des premiers mis sur le marché pendant la pandémie, citant une chute de la demande.

Le groupe fait état d'un "surplus de vaccins mis à jour" face aux différents variants du virus, et un "déclin de la demande pour le Vaxzevria, qui n'est plus fabriqué ou distribué", dans un communiqué.

"AstraZeneca a par conséquent pris la décision d'initier le retrait de l'autorisation de marketing du Vaxzevria en Europe", selon ce communiqué reçu mercredi par l'AFP.

L'autorité européenne du médicament, l'EMA, a écrit mardi sur son site que l'autorisation de vente du Vaxzevria avait été retirée "à la demande du détenteur de l'autorisation de marketing", à savoir le laboratoire pharmaceutique.

Le groupe va aussi "travailler avec les autres régulateurs dans le monde pour initier des retraits d'autorisations de marketing pour le Vaxzevria là où il n'y a pas de future demande attendue pour le vaccin".

Dans son communiqué, Astrazeneca dit vouloir "conclure ce chapitre".

Une source proche d'Astrazeneca a souligné auprès de l'AFP qu'il n'y avait "plus eu de ventes depuis un certain temps".

"Nous sommes incroyablement fiers du rôle que le Vaxzevria a joué pour mettre fin à la pandémie", ajoute le communiqué qui affirme que "selon des estimations indépendantes, plus de 6,5 millions de vies ont été sauvées lors de la seule première année d'utilisation" du sérum, "et plus de trois milliards de doses ont été distribuées dans le monde".

Revers 

Si le bénéfice d'Astrazeneca a bondi de 21% sur un an au premier trimestre, tiré particulièrement par les ventes d'oncologie, le groupe fait état depuis des mois d'une baisse constante des ventes des médicaments liés au covid - tout comme son rival GSK, qui avait été largement distancé dans la course à la mise au point d'un vaccin.

Ce vaccin, l'un des tout premiers sur le marché alors même que les sérums n'étaient pas la spécialité d'Astrazeneca, avait subi plusieurs revers, notamment un feu vert de commercialisation qui n'est jamais arrivé aux Etats-Unis.

Il a aussi connu des problèmes de livraison en Europe, combinés à des soupçons de risques de thrombose accrus à la suite de plusieurs décès.

Astrazeneca dit avoir mis à jour en avril 2021, avec l'accord du régulateur britannique MHRA, les informations sur le Vaxzevria pour inclure la possibilité qu'il déclenche dans de rares cas des thromboses.

Le Royaume-Uni, qui avait d'abord misé sur le Vaxzevria au début de sa campagne de vaccination anti-covid, l'avait ensuite remplacé par des sérums concurrents.

Le groupe rappelle régulièrement que les régulateurs et différents Etats qui ont autorisé le vaccin ont estimé que "les bénéfices de la vaccination éclipsent largement les risques d'effets secondaires extrêmement rares".


Assassinat d'un leader sikh au Canada: la police arrête trois suspects indiens

Karan Brar, l'une des trois personnes accusées de meurtre au premier degré et de complot en vue de commettre un meurtre en lien avec le meurtre au Canada du chef séparatiste sikh Hardeep Singh Nijjar en 2023, apparaît par liaison vidéo alors que des membres de la communauté sikh se présentent à la salle provinciale de Surrey. Tribunal de Surrey, Colombie-Britannique, Canada, le 7 mai 2024, dans un croquis de la salle d'audience (Photo, Reuters).
Karan Brar, l'une des trois personnes accusées de meurtre au premier degré et de complot en vue de commettre un meurtre en lien avec le meurtre au Canada du chef séparatiste sikh Hardeep Singh Nijjar en 2023, apparaît par liaison vidéo alors que des membres de la communauté sikh se présentent à la salle provinciale de Surrey. Tribunal de Surrey, Colombie-Britannique, Canada, le 7 mai 2024, dans un croquis de la salle d'audience (Photo, Reuters).
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  • Militant pour la création d'un Etat sikh connu sous le nom de Khalistan, Hardeep Singh Nijjar, arrivé au Canada en 1997 et devenu citoyen canadien en 2015
  • Le Canada est le pays qui compte le plus grand nombre de sikhs en dehors de leur Etat d'origine, le Pendjab, en Inde

VANCOUVER: La police canadienne a annoncé vendredi l'arrestation de trois hommes soupçonnés d'avoir appartenu à une équipe ayant assassiné le leader sikh Hardeep Singh Nijjar dans l'ouest du pays il y a presque un an.

Cette affaire a plongé le Canada et l'Inde dans une grave crise diplomatique à l'automne dernier après que le Premier ministre canadien Justin Trudeau a évoqué une implication du gouvernement indien dans la mort de ce leader séparatiste en juin 2023.

Trois ressortissants indiens, deux âgés de 22 ans et un de 28 ans, ont été arrêtés vendredi matin et inculpés de meurtre avec préméditation et de conspiration en lien avec la mort de la victime.

Ils ont été interpellés par la police à Edmonton, dans la province de l'Alberta (ouest), où ils résident. Ils sont derrière les barreaux en attendant la suite de la procédure.

Tous se trouvent au Canada depuis trois à cinq ans, a précisé la police durant une conférence de presse.

Les trois suspects auraient joué différents rôles - tireur, chauffeur et guetteur - le 18 juin 2023, le jour où le leader sikh a été abattu sur le parking du temple qu'il dirigeait à Surrey, en banlieue de Vancouver (ouest).

Militant pour la création d'un Etat sikh connu sous le nom de Khalistan, Hardeep Singh Nijjar, arrivé au Canada en 1997 et devenu citoyen canadien en 2015, était recherché par les autorités indiennes pour des faits présumés de terrorisme et de conspiration en vue de commettre un meurtre.

Des accusations que l'homme de 45 ans niait, selon l'Organisation mondiale des Sikhs du Canada, regroupement à but non lucratif qui vise à défendre les intérêts des sikhs canadiens.

D'autres suspects possibles 

La police fédérale a précisé que les arrestations menées vendredi ne mettent pas un terme à l'enquête, ouverte il y a 10 mois.

"Cette enquête ne s'arrête pas là. Nous savons que d'autres personnes ont pu jouer un rôle dans cet homicide et nous sommes déterminés à les retrouver et à les arrêter", a déclaré Mandeep Mooker, officier responsable de l'équipe d'enquête sur les homicides à la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Il a également affirmé que la police tentait de déterminer "s'il y a des liens à établir avec le gouvernement indien".

Ces arrestations "constituent une avancée importante dans les efforts déployés par la GRC pour que les responsables du meurtre de M. Nijjar répondent de leurs actes", a estimé Dominic LeBlanc, ministre de la Sécurité publique et des Institutions démocratiques.

"C'est un peu un soulagement de savoir que l'enquête progresse", a pour sa part réagi auprès de l'AFP Moninder Singh, ami proche de Hardeep Singh Nijjar et porte-parole du Conseil des Gurdwaras de la Colombie-Britannique, une organisation représentative des sikhs de cette province.

"C'est l'Inde en fin de compte qui est responsable et qui embauche des gens pour assassiner des dirigeants sikhs dans des pays étrangers", a-t-il affirmé, exhortant Ottawa à "exiger des comptes" du gouvernement indien.

En septembre, le Premier ministre Justin Trudeau avait publiquement incriminé les services de renseignements indiens dans cette affaire. New Delhi avait aussitôt qualifié ces accusation d'"absurdes".