L'espoir d'un plan de sauvetage du FMI de 1,9 milliard de dollars pour la Tunisie s'est évanoui vendredi après que le président Kaïs Saïed a déclaré qu'il ne se conformerait pas aux «diktats» et que les réductions de subventions exigées pourraient provoquer des troubles.
La Tunisie a conclu un accord de prêt avec le FMI en septembre, mais elle n'a pas respecté des engagements clés et les donateurs estiment que ses finances s'écartent de plus en plus des chiffres utilisés pour calculer le prêt concernant l'accord.
Sans prêt, la Tunisie risque l'effondrement économique. Les remboursements des prêts étrangers arrivent à échéance cette année et les agences de notation ont révélé que le pays pourrait se retrouver en défaut de paiement.
Les conditions du prêt prévoient des réductions des subventions à l'alimentation et à l'énergie ainsi qu'une réduction de la masse salariale du secteur public, mais Saïed a déclaré: «Je ne veux pas entendre de diktats.» L'alternative au prêt, a-t-il affirmé, est que «les Tunisiens doivent compter sur eux-mêmes».
Saïed s'est emparé de la plupart des pouvoirs en 2021, en fermant le parlement, en nommant un nouveau gouvernement et en décidant de gouverner par décret — des mesures qu'il a jugées nécessaires pour mettre fin à des années de chaos et de corruption endémique au sein de l'élite politique.
Il a imputé les problèmes économiques de la Tunisie à la corruption et a rejeté ce qu'il considère comme une ingérence étrangère.
Les négociations de sauvetage avec le FMI sont dans l'impasse depuis des mois, les États-Unis et la France, entre autres, exigeant des réformes profondes de la part de Saïed pour débloquer les fonds. L'Italie, destination privilégiée des migrants d'Afrique du Nord, estime toutefois que la Tunisie doit être rapidement soutenue afin d’éviter l'effondrement financier.
L'Europe risque de voir arriver une énorme vague de migrants sur ses côtes si la stabilité financière de la Tunisie n'est pas sauvegardée, a averti le Premier ministre italien, Giorgia Meloni, le mois dernier.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com