Scandale dans la police du 93: Jusqu'à deux ans de prison requis

Cette affaire s'inscrit le vaste scandale qui touche la CSI 93, une unité aux méthodes controversées visée par une quinzaine d'enquêtes depuis 2019 (Photo, AFP).
Cette affaire s'inscrit le vaste scandale qui touche la CSI 93, une unité aux méthodes controversées visée par une quinzaine d'enquêtes depuis 2019 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 07 avril 2023

Scandale dans la police du 93: Jusqu'à deux ans de prison requis

  • Au cours de l'audience, aucun des prévenus ne va remettre en cause leur intervention ni leurs interpellations «parfaitement illégales», selon le procureur
  • Sur leur procès-verbal, les policiers décrivent une version opposée à celles des deux hommes violentés

BOBIGNY: "Un comportement de voyous": des peines allant jusqu'à deux ans de prison ont été requises jeudi contre quatre policiers de la compagnie de sécurisation et d'intervention de Seine-Saint-Denis (CSI 93) jugés à Bobigny pour avoir "sali l'image de l'institution".

Cette affaire s'inscrit le vaste scandale qui touche la CSI 93, une unité aux méthodes controversées visée par une quinzaine d'enquêtes depuis 2019 et deux procès à venir.

Promise à la dissolution par le préfet de police de l'époque Didier Lallement, la compagnie a finalement été réorganisée et replacée sous l'autorité de la CSI de Paris.

Les faits jugés jeudi se déroulent le 30 mai 2019 quand une équipe de l'unité décide de contrôler les identités d'un groupe qui improvisait une séance de sport à Saint-Ouen.

Lorsque vient le tour de Jonathan S., Riahd B. dépose discrètement un sac contenant des sachets d'herbe à proximité du chauffeur poids-lourd, qui ne s'en rend pas compte.

En jetant ce "sac de goûter", "je n'avais aucune mauvaise intention", assure à la barre le brigadier-chef, aujourd'hui brancardier. "Je voulais lui faire peur" parce que Jonathan S. "refusait le contrôle".

"Je regrette mon geste aujourd’hui", assure Riahd B. qui confie que sa hiérarchie lui a donné "des objectifs" de "ramener une quinzaine d’interpellation par mois".

"Un comportement de voyous", tacle le procureur-adjoint de Bobigny Loïc Pageot. "Ils ont sali l'image de l'institution", ajoute le magistrat en requérant une peine de deux ans de prison dont un an de sursis pour le brigadier-chef et une interdiction professionnelle de cinq ans.

Étranglement, coups de pied, de matraque, décharge de taser... Jonathan S. 39 ans, et un autre jeune homme contrôlé, Louqmane T. 23 ans, vont subir un déferlement de violence.

Un policier va procéder sur l'un d'eux à un "Chicago", c'est-à-dire un plaquage au sol avant d'être frappé au visage à coups de poing.

«Pas le meilleur PV»

"Quand je vois un collègue en difficulté, en tant que chef je réagis, quitte à faire n’importe quoi", déclare avec aplomb Riahd B. pour justifier ces "violences légitimes".

Jonathan S. finira avec dix jours d'incapacité totale de travail (ITT). Le téléphone de Louqmane T. et ses écouteurs disparaîtront. Tous deux seront privés de liberté pendant plus d'une dizaine d'heures.

Sur leur procès-verbal, les policiers décrivent une version opposée à celles des deux hommes.

"Pas le meilleur PV de ma vie", reconnaît Loïc P., treize ans de CSI 93 et actuellement reconverti dans le BTP. Son procès-verbal est écrit sous "adrénaline" après une opération "stressante" au point d'oublier de mentionner l'heure de l'interpellation, le téléphone confisqué ou le jet du sac plastique par son collègue.

Une peine d'un an de prison dont six mois de sursis et une interdiction professionnelle de quatre ans ont été demandées contre le brigadier Loïc P.

Pour les deux autres fonctionnaires présents lors du contrôle, des peines de huit et six mois de prison avec sursis ont été requises.

Au cours de l'audience, aucun des prévenus ne va remettre en cause leur intervention ni leurs interpellations "parfaitement illégales", selon le procureur.

Ce sont des vidéos qui vont sauver la mise des interpellés.

L'exploitation des images de caméras de surveillance d'une épicerie, qui ont capté toute l'intervention policière, a permis de confirmer la version de Jonathan S. et Louqmane T.

"C'est ça qui fait mal, s'il n'y avait pas les vidéos pour moi, c'était cuit (...) direction Fleury-Mérogis ou Villepinte", assure Jonathan S.

À la sortie de sa garde à vue, Louqmane T. est en "état de choc". Il délaisse son travail de préparateur de commande pour "fuir" au Sénégal, il ne souhaite pas porter plainte. "Pendant mon audition, je ressens que je suis déjà coupable", décrit le jeune homme.

La décision du tribunal a été mis en délibéré le 15 juin.


A Marseille, Notre-Dame de la Garde, symbole de la ville, se refait une beauté

Short Url
  • "C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David
  • Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle

MARSEILLE: Cent mètres carrés de feuilles d'or à appliquer derrière un échafaudage surplombant la baie de Marseille, dans le sud de la France: un chantier monumental s'apprête à démarrer à Notre-Dame de la Garde pour redonner son éclat à la "Bonne Mère", statue de la vierge à l'enfant emblématique de la ville.

"C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David.

"On est enfin arrivé au plus haut, au plus précieux, au plus important", ajoute-t-il à propos de la redorure de la statue haute de 11,2 mètres et dont la couronne, à 225 mètres au-dessus de la Méditerranée, est le point culminant de la deuxième ville de France.

Pour évaluer avec précision les travaux, prévus de février à décembre, Xavier David a notamment descendu en rappel les quatre versants de la vierge dorée.

"Il faut voir aussi avec la main, on ne peut pas seulement voir avec l'oeil", explique celui qui arpente depuis plusieurs décennies l'étroit escalier en colimaçon situé dans les entrailles de la "Bonne-Mère", au sommet duquel on peut observer, par une trappe au milieu de la couronne de la statue, toute la ville de Marseille, sa baie et ses collines.

Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle.

"La redorure de la statue a lieu à peu près tous les 30 ans", explique à l'AFP le père Olivier Spinosa, recteur du sanctuaire.

"Peu de personnel" 

Et de rappeler que la "Bonne Mère" est "véritablement une statue qui rassemble parce que, quand on arrive à Marseille, on la voit de loin, parce que, un jour ou l'autre, beaucoup de Marseillais se sont tournés vers elle, pour retrouver un peu de souffle, un peu d'espérance, de la joie".

"La vierge, c'est la mère, c'est l'enfant, c'est très méditerranéen, c'est l'amour, donc voilà, je crois que rien que pour ça, il faut la redorer", s'enthousiasme Nicole Leonetti, une retraitée marseillaise en visite à la basilique.

En amont de ce chantier de près de 2,5 millions d'euros, le diocèse de Marseille, propriétaire de l'édifice, a lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des 30.000 feuilles d'or nécessaires.

Le diocèse a également reçu le soutien de mécènes, comme l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille, ou encore le club de foot Olympique de Marseille et le groupe de spiritueux Pernod Ricard.

Lors du lancement de la campagne en mai, le cardinal de la ville, Jean-Marc Aveline, avait insisté sur "l'importance symbolique de Notre-Dame de la Garde", assurant que la "Bonne Mère" évoquait aux Marseillais des valeurs d'accueil et de dignité.

Marseille est "une ville où la population, pour la plupart, est arrivée d'ailleurs (...) à cause de divers problèmes de guerre, de famine, de misère, de corruption", avait détaillé le cardinal.

Le chantier ne concernera pas seulement la surface de la statue, mais aussi sa structure métallique ou encore les anges du clocher.

"Il y aura peu de personnel, seulement des compagnons très pointus, très compétents qui vont travailler sur la pierre, d'autres sur le fer, avant l'arrivée des doreurs" au mois d'août, explique Xavier David.

Une douzaine de doreurs travailleront "dans une sorte d'atmosphère stérile" à l'intérieur de l'échafaudage recouvert de la bâche.

La statue a été réalisée au XIXe siècle en "galvanoplastie", qui consiste à plonger un moule en plâtre dans un bain de cuivre.

Elle est la plus grande au monde réalisée avec cette technique, "qui donne en sculpture le travail le plus fin et le plus pérenne, puisque 140 ans plus tard, cette statue est encore parfaitement intacte", explique l'architecte. "A la condition qu'on lui apporte un soin particulier tous les 25-30 ans."


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

Short Url
  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Short Url
  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.