PARIS : Une enquête a été ouverte lundi pour rechercher les causes des blessures subies par le photographe syrien Ameer al-Halbi, collaborateur de l'AFP et du magazine français Polka, lors d'une manifestation samedi à Paris, a annoncé le parquet.
Cette enquête, confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices, vise à éclaircir les conditions dans lesquelles ce photographe de 24 ans a reçu une grave blessure au visage, possiblement par un coup de matraque.
Ameer al-Halbi avait couvert le conflit syrien pour l'AFP et est installé en France depuis près de trois ans.
Un coup de matraque d'un fonctionnaire de police pourrait être en cause.
Ameer al-Halbi se trouvait sur le terrain à titre indépendant lors d'une manifestation contre le texte de loi « sécurité globale » et les violences policières.
« Nous sommes choqués par les blessures infligées à notre collègue Ameer al-Halbi et nous condamnons cette violence non provoquée », a réagi dimanche Phil Chetwynd, directeur de l'information de l'AFP.
M. Chetwynd a souligné qu'au moment des faits, Ameer al-Halbi « exerçait son droit légal comme photojournaliste couvrant les manifestations dans les rues de Paris » et qu'il « se trouvait avec un groupe de collègues clairement identifiés comme journalistes ».
Une enquête « administrative interne » réclamée par l'AFP a déjà été ouverte par la police pour déterminer les circonstances de l'incident.
Dans un tweet samedi soir, l'organisation Reporters sans frontières avait dénoncé des « violences policières inacceptables ».
Dans un communiqué, le syndicat SNJ-CGT de l'AFP exige « non seulement des excuses des forces de police mais aussi du ministre (de l'Intérieur Gérald) Darmanin qui s'était jusqu'à présent contenté de fustiger les auteurs d'agressions de policiers, tout comme en guise de signe d'apaisement le départ du préfet (de police de Paris Didier) Lallement ».
La commission de la carte d'identité des journalistes professionnels (CCIJP) exprime dans un communiqué « son indignation face à de tels faits » et « dénonce ces atteintes au droit à l'information, inacceptables dans notre démocratie ».
Ameer al-Halbi a raconté qu'au moment des échauffourées en fin de manifestation place de la Bastille, il avait pris, quelques minutes avant l'incident, « des photos de policiers qui étaient en train de frapper quelqu'un ».
Quelques minutes plus tard, « les policiers sont arrivés et d'un coup, je me suis retrouvé au sol, je ne me suis pas rendu compte de ce qui s'est passé. Je pense que c'était un seul coup. Les gens m'ont marché dessus puis quelqu'un m'a aidé », a raconté ce photographe.
« Je n'avais pas mon équipement de protection, confisqué par la police pendant une manifestation de +gilets jaunes+ car je n'avais pas de carte de presse », a-t-il ajouté.
Ameer al-Halbi a remporté en 2017 le 2e prix de la catégorie « Spot News » pour le World Press Photo et a couvert pour l'AFP les combats et les ravages dans sa ville d'Alep, en plein conflit syrien.