Dans un camp du Kenya, l'appel à l'aide des Somaliens qui ont fui sécheresse et violences

Des réfugiés somaliens attendent la distribution d'eau par l'organisation caritative française Médecins sans frontières (MSF) dans le camp de réfugiés de Dadaab, l'un des plus grands camps de réfugiés d'Afrique au Kenya, le 23 mars 2023. Entre 400 et 500 personnes arrivent chaque jour à Dadaab, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), la plupart d'entre elles ayant été chassées de Somalie après cinq saisons consécutives de pluies insuffisantes. L'Organisation mondiale de la santé estime que cette sécheresse, déjà la pire depuis 40 ans, pourrait entraîner la mort de 135 personnes par jour en Somalie entre janvier et juin de cette année. (Photo, AFP)
Des réfugiés somaliens attendent la distribution d'eau par l'organisation caritative française Médecins sans frontières (MSF) dans le camp de réfugiés de Dadaab, l'un des plus grands camps de réfugiés d'Afrique au Kenya, le 23 mars 2023. Entre 400 et 500 personnes arrivent chaque jour à Dadaab, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), la plupart d'entre elles ayant été chassées de Somalie après cinq saisons consécutives de pluies insuffisantes. L'Organisation mondiale de la santé estime que cette sécheresse, déjà la pire depuis 40 ans, pourrait entraîner la mort de 135 personnes par jour en Somalie entre janvier et juin de cette année. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 06 avril 2023

Dans un camp du Kenya, l'appel à l'aide des Somaliens qui ont fui sécheresse et violences

  • Certains réfugiés fuient également les violences des jihadistes shebab, qui ensanglantent le pays depuis plus de 15 ans
  • Dès leur arrivée dans le camp, les réfugiés doivent s'enregistrer, tout d'abord auprès du gouvernement kényan, qui s'assure que certains ne sont pas affiliés aux shebab

DADAAB: Ugash Adan Abdulahi secoue un jerrican. Au fond du bidon, quelques graines de sorgho, ce qu'il reste pour tenir encore une dizaine de jours pour ce réfugié somalien et sa famille de treize personnes à Dadaab, dans l'est du Kenya.

Un soleil de plomb frappe le camp, l'un des plus grands d'Afrique, situé à environ 80 km à l'ouest de la Somalie.

Shamsa Abdeekrashid Muhamud, une des deux femmes d'Ugash, se tient à l'abri du cagnard, avec dans les bras son enfant d'un mois et demi. "Nous avons quitté la Somalie il y a quatre mois à cause la sécheresse", raconte en somali à l'AFP la jeune femme de 30 ans.

Enceinte, elle a parcouru en deux semaines à pied les quelque 500 km qui séparent son village du sud de la Somalie du camp de Dadaab. Elle vit désormais dans une petite hutte avec ses six enfants, avec des branches en guise de mur, un toit couvert de bâches trouées. A l'intérieur, une valise hors d'âge, quelques bidons d'eau et du linge qui pend. La famille a vendu le lit pour acheter de la nourriture.

"Quand nous sommes arrivés, nous n'avons pas reçu de carte d'aide alimentaire pendant environ trois mois. Nous n'avions ni eau, ni abri, ni nourriture. Des réfugiés nous ont aidés en nous donnant de quoi manger", affirme-elle, avant de lancer: "Nous avons besoin d'aide".

"Nous ne savons pas quoi faire", raconte de son côté Ugash, à part "emprunter à des personnes plus riches que nous".

"Rien à manger " 

Chaque jour, entre 400 et 500 personnes, dans leur immense majorité des Somaliens, arrivent à Dadaab, qui accueille déjà quelque 350 000 réfugiés.

La plupart ont fui la sécheresse historique qui sévit dans le pays de la Corne de l'Afrique, qui pourrait provoquer 135 décès par jour en Somalie entre janvier et juin selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Certains réfugiés fuient également les violences des jihadistes shebab, qui ensanglantent le pays depuis plus de 15 ans.

Ouvert en 1991, à la suite de la guerre civile en Somalie qui a suivi la chute du régime de Siad Barre, Dadaab, menacé à plusieurs reprises de fermeture par le gouvernement kényan, fut longtemps le plus grand camp de réfugiés au monde. Il est composé de trois camps, Dagahaley, Ifo et Hagadera, qui sont tous au-delà de leurs capacités d’accueil.

Comme Ugash et sa famille, les arrivés récents vivent en périphérie du camp, dans des conditions "extrêmement précaires", souligne Charlotte Rostorf Ridung, cheffe des opérations du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (UNHCR) à Dadaab.

"Nous n'avons pas de guerre au moins ici, mais nous n'avons rien à manger", souligne Fatouma Ahmat Ali, une femme de 65 ans aux yeux azur et vêtue d'un foulard à pois bigarré, qui attend depuis la veille à côté d'un robinet pour remplir son bidon à la périphérie de Dagahaley.

"Point de rupture" 

La distribution d'eau est organisée par l'ONG Médecins sans frontières (MSF), qui tient également un centre de santé pour les réfugiés récemment arrivés. "Nous avons entre 80 et 100 consultations par jour, nous n'avons pas assez de médicaments, mais nous faisons de notre mieux pour faire face à l'afflux", assure Abdisalam Omar Nuur, un soignant en poste depuis 3 mois.

Il ausculte une fille de 4 ans, amorphe et le regard las dans les bras de sa mère. Le diagnostic tombe rapidement: infection et malnutrition. "Nous avons cela souvent, mais si elle n'a pas de nourriture, son état ne s'améliorera pas", se navre-t-il.

"Nous fournissons de l'eau, mais ce n'est jamais assez, nous construisons des latrines, nous en avons installé 101, nous en faisons 50 de plus, mais ce n'est jamais assez", soutient Jeremiah Mbithi, chef adjoint de l'équipe médiale de MSF, poursuivant: "C'est le pire que nous ayons jamais vu".

Dès leur arrivée dans le camp, les réfugiés doivent s'enregistrer, tout d'abord auprès du gouvernement kényan, qui s'assure que certains ne sont pas affiliés aux shebab. Puis auprès de l'UNHCR, pour pouvoir recevoir des rations d'aide alimentaire. Katra Adbullahi, 39 ans, s'occupe du profilage. Et voit passer environ 600 personnes chaque jour.

"Beaucoup sont des pastoralistes, des fermiers qui ont tout perdu à cause de la sécheresse en Somalie(...) S'il ne pleut pas suffisamment, l'afflux ne va pas se tarir", affirme-t-elle, en notant que certains tentent de s'enregistrer plusieurs fois "car les quantités de nourriture qu'ils reçoivent sont trop petites".

Malgré l'afflux continu, les financements ne suivent pas. Un nouveau camp, Ifo 2, fermé en 2018, doit rouvrir dans les prochains mois pour accueillir 80.000 personnes. Ifo 2 nécessite environ 23 millions de dollars, mais l'ONU n'en a pour l'instant récolté que 5. La situation est "très grave", souligne Charlotte Rostorf Ridung: "Le camp d'Hagadera est à un point de rupture, il regorge de monde".

Les réfugiés n'envisagent pas pour autant de retourner en Somalie. "Nous souffrons, mais au moins nous recevons de la nourriture. En Somalie, nous n'avons rien", soutient Fatouma Ahmat Ali.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.