BERLIN: Les commandes passées à l'industrie allemande ont fortement progressé en février sur un mois, de 4,8%, leur plus forte hausse mensuelle depuis juin 2021, selon les chiffres publiés mercredi par l'Office fédéral statistique suggérant que l'activité allemande pourrait échapper à la récession.
Il s'agit de la troisième hausse mensuelle consécutive pour cet indicateur clé du secteur manufacturier. "Après un faible dernier trimestre 2022, une reprise conjoncturelle se dessine au début de l'année 2023" pour l'industrie allemande, a commenté le ministère de l'Economie dans un communiqué.
L'indicateur du mois de janvier a été révisé à la baisse, à 0,5%.
Les données de février "alimentent l'optimisme récent de l'industrie allemande", après plusieurs mois de ralentissement lié à la crise énergétique et à l'envolée des prix, note Carsten Brzeski, analyste chez ING.
Par rapport au mois précédent, la demande intérieure a sensiblement augmenté (+5,6%). Les commandes en provenance de la zone euro se sont également fortement redressées (+8,9%), tandis que les commandes en provenance des pays hors zone euro n'ont que légèrement augmenté (+1,4%) après leur forte hausse en janvier.
Au niveau sectoriel, le redressement est net dans les secteurs clés de l'automobile (+3,7%), de la métallurgie (+2,5%), de la construction de machines (+2,8%), de la chimie (+2,1%). A contrario, les commandes aux fabricants d'équipements électriques (-1,7%) et de produits pharmaceutiques (-5,5%) sont toujours orientées à la baisse.
Les commandes restent toujours inférieures de 5,9% à leur niveau de l'année précédente, au début de la guerre russe en Ukraine qui a bousculé le modèle économique allemand largement approvisionné jusqu'alors en gaz russe bon marché.
Les industries à forte intensité énergétique ont été particulièrement touchées.
L'Allemagne reste sur une chute de 0,4% de son PIB au quatrième trimestre 2022, la crise énergétique et l'inflation pesant sur la production industrielle.
Grâce à l'amélioration de la conjoncture industrielle en début d'année, la première économie européenne espère enregistrer une faible croissance au premier trimestre 2023, qui lui permettrait d'éviter une récession technique.
"Au-delà du court terme, la question sera de savoir si l'augmentation des commandes marque le début d'une reprise industrielle ou si le ralentissement attendu de l'économie américaine, les retombées des récentes turbulences sur les marchés financiers et l'impact plus large du resserrement de la politique monétaire ne viendront pas gâcher cette fête industrielle", commente M. Brzeski.
Le gouvernement allemand prévoit une croissance de 0,2% sur l'ensemble de l'année 2023.