Ludovic Pouille : «la France a un profond respect pour l'islam»

 Les fidèles musulmans arrivent à la Grande Mosquée de Paris pour la prière du vendredi. (AFP)
Les fidèles musulmans arrivent à la Grande Mosquée de Paris pour la prière du vendredi. (AFP)
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Ludovic Pouille : «la France a un profond respect pour l'islam»

  • «Je remercie Arabnews pour cette belle initiative qui nous permet de débattre dans la sérénité et l’objectivité des enjeux liés à l'intégration des musulmans en France»
  • «Nous ne serions pas non plus ce que nous sommes aujourd’hui sans l'apport formidable culturel des artistes, des intellectuels, des créateurs issus du monde arabe et musulman qui contribuent au creuset universel français»

Ludovic Pouille, ambassadeur de France en Arabie saoudite s'est prononcé au commencement de la table ronde virtuelle organisée par Arab News en français et l’Institut du monde arabe IMA, intitulée «L'Intégration en France : problème de perception ou crise systémique?». Un riche débat qui a eu lieu aujourd'hui, 30 novembre sur la plateforme Zoom pour discuter des résultats de l'enquête YouGov/Arab News portant sur la manière dont les Arabes de France sont perçus en Hexagone.

«Mesdames et messieurs, chers amis, bonjour à toutes et tous, Salam aleikoum.

Je remercie Arabnews pour cette belle initiative qui nous permet de débattre dans la sérénité et l’objectivité des enjeux liés à l'intégration des musulmans en France. 

Nous vivons hélas des moments de grande violence, de Nice à Paris, Vienne, Christchurch ou Kaboul, le monde entier est touché par le terrorisme. 

Je voudrais adresser ici un message de compassion et de sympathie pour toutes les victimes du terrorisme, où qu’elles soient. Au-delà de cette menace terroriste qui touche le monde entier, nous sommes aujourd'hui témoins de campagnes de haine attisée par certains qui instrumentalisent à leur profit les réseaux sociaux. La France en est elle-même victime depuis quelques semaines. Aussi ce que nous devons combattre c'est d'une part le terrorisme sous toutes ses formes et ce sont d'autre part les dérives extrémistes et les idéologies radicales. Et c'est un combat que nous voulons et devons mener avec les musulmans qui sont les premières victimes du terrorisme. 

Le message de la France aujourd'hui est très clair : alors que certains veulent laisser croire que notre pays serait islamophobe, il convient de rappeler quelques faits, des faits essentiels à mes yeux. D'abord la France a un profond respect pour l'islam avec lesquels elle entretient des liens culturels et historiques anciens et profonds. L'islam qui est une grande religion est la 2e religion de France. Les millions de français musulmans appartiennent de plein droit à notre communauté nationale. Les musulmans bénéficient en France dans le libre exercice de leur foi d’un cadre protecteur que nous faisons respecter, dans un esprit d'égalité entre toutes les confessions religieuses. 

Nous resterons bien entendu vigilants face à tout discours de haine ou tout discours de racisme. Il peut parfois y avoir des tensions, notre devoir c'est de les apaiser Les discriminations ou les discours de haine sont contraires à nos valeurs. Notre devoir c'est de les sanctionner et c'est ce que nous faisons.

Les faits sont là : il y a aujourd’hui en France 3000 lieux de culte musulmans. La télévision publique diffuse chaque semaine un programme sur l'islam dans le cadre d'une matinée consacrée aux religions. Il existe des aumôniers musulmans dans l'armée, dans les hôpitaux, dans les prisons. 

Les pouvoirs publics français entretiennent un dialogue étroit avec les représentants des cultes notamment les organisations musulmanes en France et ses représentants rappellent régulièrement publiquement l'importance d’un plein respect par tous les citoyens des lois de la République. Je veux ici les remercier pour cela.

Dans le même état d'esprit nous souhaitons que les imams exerçant en France soient formés en France. Parallèlement à l'érudition religieuse, la maîtrise du français, la connaissance des principes fondamentaux de la République doivent faire partie de cette formation et cela nous paraît aussi absolument nécessaire.

Quant au financement étranger dont on entend aussi beaucoup parler, nous voulons qu'il soit transparent afin de nous assurer qu'il ne soit pas vecteur d'une idéologie radicale ni créateur de division à l'intérieur de la société française.

Au-delà du cadre légal je voudrais rappeler des réalités qui sont à mes yeux plus fondamentales encore. La France ne serait pas la France sans les musulmans. L'histoire de notre pays ne serait pas la même sans cette rencontre pluri-centenaire avec cet Orient qui a tant inspiré, tant fasciné nos écrivains, nos peintres, nos scientifiques et nos architectes.

De même nous ne serions pas non plus ce que nous sommes aujourd’hui sans l'apport formidable culturel des artistes, des intellectuels, des créateurs issus du monde arabe et musulman qui contribuent au creuset universel français.

En conclusion et sur un mode peut-être un peu plus personnel je voudrais dire que si j'ai suivi la voie diplomatique en tant qu’arabisant et en tant qu’originaire du nord de la France, carrefour de tant de cultures et de migrations, c'est que la diplomatie me paraît être un excellent moyen d'établir des passerelles, des échanges dans un souci constant de construire un monde meilleur basé sur la coopération internationale, sur la compréhension de l'autre et enfin sur le dialogue des cultures.

En tant qu’ambassadeur de France en Arabie saoudite nouvellement arrivé, soyez toutes et tous assuré que je m’assurerai chaque jour à construire ces passerelles, à renforcer les relations entre les sociétés française et saoudienne et en particulier entre les jeunesses de nos deux pays.

Je vous remercie et je vous souhaite à toutes et tous un excellent débat.»


Macron et Xi dans les Pyrénées pour une escapade «personnelle»

Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
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  • L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser «un échange franc et amical»
  • Ce coin de montagne est «directement lié à l'histoire très personnelle» d'Emmanuel Macron, explique son entourage

 

TARBES: Après les ors de l'Elysée, la neige des cimes: Emmanuel Macron et Xi Jinping sont arrivés mardi dans les Pyrénées au second jour de la visite d'Etat du président chinois, pour une escapade "personnelle" censée permettre un dialogue plus direct sur la guerre en Ukraine ou les désaccords commerciaux.

"Nos montagnes françaises", "j'espère, continueront de nous inspirer", a lancé lundi, lyrique, le président français en accueillant son homologue chinois à Paris pour la première fois depuis 2019. Il a dit s'attendre, dans les Hautes-Pyrénées, à des "discussions fructueuses et amicales".

L'avion du chef de l'Etat et celui du président chinois ont atterri à Tarbes en fin de matinée, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les deux dirigeants sont attendus au col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France, où la météo est encore hivernale même si la saison est finie à la station de ski de La Mongie.

Une centaine de personnes sont venues apporter leur soutien au dirigeant chinois et des dizaines de drapeaux rouges aux cinq étoiles jaunes coloraient les abords de la route menant au col, dans la commune de Sainte-Marie-de-Campan.

"C'est vraiment étrange de voir ça ici", sourit Jean-Michel Garem, un villageois retraité.

Emmanuel Macron et Xi Jinping, accompagnés de leurs épouses, déjeuneront dans le restaurant d'altitude d'Eric Abadie, éleveur et ami du président français. Une sorte de réponse à la cérémonie du thé qu'ils avaient partagée l'an dernier à Canton dans la résidence officielle où le père du président chinois avait vécu quand il était gouverneur de la province du Guangdong.

Un cadre qui contraste avec celui du palais présidentiel où, entre un accueil en grande pompe et un banquet fastueux, ils n'ont pas cherché à dissimuler les différends sur le commerce entre l'Europe et la Chine.

Emmanuel Macron a appelé à un "cadre de concurrence loyale", se félicitant à l'issue des discussions d'avoir préservé le cognac français de la menace de taxes douanières chinoises "provisoires".

Conviée pour afficher un front continental uni, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a prévenu que l'Union européenne prendrait "des décisions fermes" pour "protéger son économie", dénonçant l'afflux de véhicules électriques chinois massivement subventionnés.

"Le soi-disant +problème de la surcapacité de la Chine+ n'existe pas", leur a répondu sèchement Xi Jinping.

Sur l'Ukraine, il s'est voulu plus consensuel, réaffirmant sa volonté d'œuvrer à une solution politique.

Et il a apporté son soutien à une "trêve olympique" à l'occasion des Jeux de Paris cet été, poussée également par Emmanuel Macron. Selon une source diplomatique française, cette trêve pourrait servir, s'agissant de l'Ukraine, à enclencher un processus plus politique après plus de deux ans de conflit.

Mais Paris, qui insiste depuis un an pour que Pékin fasse pression sur la Russie pour contribuer à mettre fin à la guerre, se veut "lucide" sur les chances limitées d'une percée rapide. D'autant que le président chinois reste le principal allié de son homologue russe Vladimir Poutine, qu'il doit recevoir prochainement.

Séduction 

L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser "un échange franc et amical" sur ces sujets épineux. L'idée est de casser l'imposant protocole qui accompagne le moindre déplacement du numéro un chinois.

Ce coin de montagne est "directement lié à l'histoire très personnelle" d'Emmanuel Macron, explique son entourage. Celui qui fête mardi les 7 ans de sa première élection, a passé de nombreuses vacances entre le bourg de Bagnères-de-Bigorre et La Mongie avec ses grands-parents auxquels il était très attaché.

"La diplomatie d'Emmanuel Macron a toujours misé, de manière peut-être excessive, sur le pouvoir de séduction", analyse Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales à Sciences Po. "Il y a toujours eu chez lui l'idée que ses relations personnelles pouvaient renverser les structures", ajoute-t-il.

Le cadre intimiste du Tourmalet participe de cette volonté.

"Mais c'est mal connaître Xi Jinping qui n'est pas vraiment un grand sentimental", prévient le chercheur.

Le candidat des socialistes aux élections européennes de juin Raphaël Glucksmann a dénoncé la "tonalité amicale" de cette visite officielle. "L'homme qui déporte les Ouïghours, qui réprime les Hongkongais et les Tibétains n'est pas notre ami", a-t-il déclaré sur RTL.

Son adversaire de droite François-Xavier Bellamy (Les Républicains) a également pointé sur LCI les "ingérences" de Pékin et sa "stratégie agressive pour mettre à terre notre économie". La tête de liste macroniste Valérie Hayer a néanmoins défendu la volonté du chef de l'Etat de parler à son homologue chinois, souhaitant sur France 2 "un dialogue direct et franc sur l'ensemble des sujets".

Le politiste Bertrand Badie acquiesce: avec la Chine de Xi Jinping, "il y a un vrai travail à faire" car personne, jusqu'ici, "n'a trouvé la clé des relations euro-chinoises".


Affaire Meurice et remous à France Inter: appel à la grève dimanche à Radio France

Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France  (Photo, AFP).
Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France (Photo, AFP).
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  • L'humoriste en a été suspendu le 2 mai dans l'attente d'une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu
  • Il avait comparé le Premier ministre israélien à une «sorte de nazi mais sans prépuce»

 

PARIS: Les syndicats de Radio France ont appelé à faire grève dimanche pour protester contre "la répression de l'insolence et de l'humour" après la suspension de Guillaume Meurice, ainsi que contre "des menaces" qui pèsent sur certaines émissions de France Inter.

Six syndicats (CGT, CFDT, FO, SNJ, SUD, Unsa) ont déposé lundi soir un préavis de grève pour dimanche de 00h00 à minuit. C'est le jour où est diffusée l'émission hebdomadaire de Charline Vanhoenacker, à laquelle participe d'ordinaire Guillaume Meurice.

L'humoriste en a été suspendu le 2 mai dans l'attente d'une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu tenus fin octobre.

Il avait comparé le Premier ministre israélien à une "sorte de nazi mais sans prépuce", ce qui lui avait valu des accusations d'antisémitisme et une plainte, récemment classée sans suite.

Dans leur préavis de grève, les syndicats demandent à la direction du groupe public "la fin de la répression de l'insolence et de l'humour" et "la réaffirmation sans limites de la liberté d'expression" sur ses antennes.

Menaces 

Plus largement, les syndicats s'inquiètent des "menaces" qui pèsent selon eux "sur des émissions populaires et singulières", en particulier sur France Inter.

Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France. Elles assuraient notamment avoir appris le remplacement prochain de l'émission sur l'environnement "La terre au carré".

Les syndicats accusent la direction de Radio France de mener "une politique de casse sociale sur les antennes" alors qu'un "projet de réforme de l'audiovisuel public va être discuté prochainement à l'Assemblée nationale".

Projet de la ministre de la Culture Rachida Dati, la mise en place d'une gouvernance unique pour l'audiovisuel public (dont France Télévisions et Radio France) sera examinée les 23 et 24 mai dans l'hémicycle.

Les syndicats fustigent enfin "une campagne de dénigrement et de calomnies orchestrée par des partis politiques, organisations ou personnalités franchement hostiles au service public de la radio". Ce dernier est fréquemment accusé par des personnalités de droite de pencher nettement à gauche.


L'entrée des locaux historiques de Sciences Po Paris à nouveau bloquée

Des gendarmes français évacuent des manifestants qui organisent un sit-in pro-Gaza dans le hall d'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) à Paris, le 3 mai 2024. (Photo Miguel Medina AFP)
Des gendarmes français évacuent des manifestants qui organisent un sit-in pro-Gaza dans le hall d'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) à Paris, le 3 mai 2024. (Photo Miguel Medina AFP)
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  • Une vingtaine d'étudiants sont présents dans la rue, certains arborant des masques sanitaires ou des keffiehs dissimulant une partie de leur visage
  • Les cours sont terminés depuis vendredi au sein de cet établissement d'enseignement supérieur souvent assimilé à une pouponnière des élites

PARIS : L'entrée des locaux historiques de Sciences Po Paris est bloquée mardi matin par des étudiants mobilisés en faveur des Palestiniens, a constaté une journaliste de l'AFP.

Des poubelles, mobilier urbain, vélos en libre service, obstruaient l'entrée du bâtiment situé au 27 rue Saint-Guillaume, un quartier huppé de la capitale.

Une vingtaine d'étudiants sont présents dans la rue, certains arborant des masques sanitaires ou des keffiehs dissimulant une partie de leur visage. Des policiers sont positionnés à proximité.

«On se mobilise avec ces moyens non conventionnels car on pense qu’on n’a plus d’autres choix, on a essayé les mails, les discussions. On est en période d’examen, on est tous fatigués», a déclaré à l'AFP une étudiante en première année qui n'a pas souhaité dévoiler son identité.

Cette jeune femme justifie le blocage par les mêmes revendications qui agitent les campus de Sciences Po Paris depuis plusieurs semaines, notamment une enquête sur les partenariats avec des universités israéliennes et «l'arrêt de la répression des étudiants mobilisés et des sanctions».

Elle affirme que 10 étudiants poursuivent une grève de la faim entamée vendredi après une évacuation de ces mêmes locaux par les forces de l'ordre.

Contactée la direction de Sciences-Po n'a pas répondu à ce stade.

Les cours sont terminés depuis vendredi au sein de cet établissement d'enseignement supérieur souvent assimilé à une pouponnière des élites.

Les étudiants en examens peuvent rentrer par une porte annexe, a constaté une journaliste de l'AFP.