LONDRES: Un rapport de la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes a critiqué le gouvernement britannique pour sa gestion des cas de plusieurs binationaux détenus par l’Iran, suggérant que les détenus et leurs familles ont subi des «souffrances importantes».
Nazanin Zaghari-Ratcliffe et Anoosheh Ashoori faisaient partie des personnes arrêtées et emprisonnées en Iran.
Selon le rapport, le gouvernement britannique a gaspillé de nombreuses occasions d’obtenir leur libération.
La commission explique que les raisons pour lesquelles les efforts du Bureau des affaires étrangères et du Commonwealth (FCO) pour libérer Zaghari-Ratcliffe ou Ashoori plus tôt se sont avérés «inefficaces» étaient entre autres la crainte de contrarier les États-Unis et l’obtention d’un avis juridique qui a été rejeté par la suite.
Elle ajoute que le désordre qui règne au sein du gouvernement – marqué par le secret, le manque de coordination et les nominations ministérielles successives – entravait la capacité du FCO à fonctionner efficacement.
Le rapport précise que dans de nombreux cas, la libération des détenus n’a pu être obtenue que grâce à la pression exercée sur les ministres par l’opinion publique.
Il a également constaté que le refus initial de dialoguer avec l’Iran au sujet du remboursement de 500 millions de dollars (1 dollar = 0,91 euro) de dettes résultant de l’échec d’un accord sur les chars d’assaut dans les années 1970 avait activement entravé les relations et les négociations sur les libérations individuelles.
«Plusieurs familles nous ont dit en privé qu’il y avait un manque de confiance important entre elles et le gouvernement, principalement dû à une mauvaise communication et à un manque de transparence de la part du gouvernement», indique le rapport.
«Les fonctionnaires et les ministres assurent régulièrement aux familles qu’ils “font tout ce qui est en leur pouvoir” pour obtenir la libération des membres de leur famille qui sont détenus. Cette réponse est inadéquate.»
«Le fait de communiquer aux familles des détenus des représentations diplomatiques standard sous la forme de mesures concrètes avec peu ou pas de détails supplémentaires ne favorise pas un partenariat de travail constructif et actif.»
Deux anciens ministres des Affaires étrangères, Boris Johnson et Liz Truss – qui ont tous deux occupé le poste de Premier ministre par la suite –, ont été accusés d’avoir «laissé tomber» des familles pendant leur mandat et d’avoir fait des déclarations inexactes sur des cas précis.
Par ailleurs, Truss a été fortement critiquée pour son comportement lors des tentatives infructueuses visant à obtenir la libération de l'écologiste irano-américain Morad Tahbaz, qui devait être libéré en même temps que Zaghari-Ratcliffe et Ashoori, mais qui est toujours emprisonné en Iran.
Après que les conditions de la libération de Tahbaz ont changé, Truss «n’a pas informé la famille ou les responsables américains que Morad ne serait pas libéré», mentionne le rapport.
«Liz Truss a fini par appeler la famille pour leur annoncer que Morad constituait désormais un problème pour les États-Unis, laissant entendre qu’elle ne déploierait pas d’efforts supplémentaires pour le libérer et qu’elle n’avait pas le temps de leur parler plus longuement.»
Un autre ancien secrétaire d’État aux Affaires étrangères, l’actuel chancelier Jeremy Hunt, a été critiqué pour avoir déclaré à tort que Nazanin Zaghari-Ratcliffe avait bénéficié d’une protection diplomatique de la part du gouvernement alors qu’elle était en prison.
«Cet épisode illustre l’approche incohérente et parfois maladroite du gouvernement», souligne le rapport.
La présidente de la commission, Alicia Kearns, a évoqué «des maladresses ministérielles, des erreurs graves et évitables et même des commentaires insensibles et blessants à l’égard des familles», signalés à maintes reprises par les familles de victimes lorsqu’elles décrivaient leur expérience.
Les noms des détenus étaient souvent mal orthographiés ou mal prononcés par les fonctionnaires, a déclaré Kearns, et «en ce qui concerne les personnes ayant une double nationalité, leur identité britannique était trop souvent, selon eux, remise en question».
Elle a ajouté que «l’échec le plus odieux d’un ministre» était de dire à la famille Tahbaz: «Vous n’êtes plus notre problème.»
Un porte-parole du FCO a affirmé au Guardian que «les agents consulaires [britanniques] sont disponibles jour et nuit pour permettre aux familles de bénéficier d’un soutien personnalisé. Le ministre des Affaires étrangères et les ministres [du FCO] sont pleinement engagés dans les cas complexes et font part de leurs préoccupations aux gouvernements étrangers.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com