KABOUL: Les employées afghanes des Nations unies ont été empêchées de travailler dans la province de Nangarhar à l'est de l'Afghanistan, a annoncé mardi l'ONU qui rappelle aux autorités talibanes qu'elle ne peut travailler sans les femmes.
"Les Nations unies en Afghanistan expriment leur vive préoccupation" concernant le personnel féminin afghan des Nations unies "empêché de se présenter au travail dans la province de Nangarhar", a tweeté la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua).
"Nous rappelons aux autorités de facto que les entités des Nations unies ne peuvent pas fonctionner et fournir une assistance vitale sans personnel féminin", poursuit-elle.
Contacté par l'AFP, le porte-parole du gouvernement, Zabihullah Mujahid a indiqué se renseigner sur ce qui s'est passé.
L'Afghanistan est en proie à l'une des pires crises humanitaires de la planète: plus de la moitié de ses 38 millions d'habitants est confrontée à une insécurité alimentaire aiguë et trois millions d'enfants sont menacés de malnutrition.
Or, dans la société afghane, profondément conservatrice et patriarcale, il n'est pas permis à une femme de parler à un homme qui n'est pas un proche parent. Une femme ne peut donc entrer en contact qu'avec une bénéficiaire d'aide du même sexe.
Le 24 décembre 2022, le ministère afghan de l'Economie avait annoncé que les 1.260 ONG exerçant dans le pays avaient désormais interdiction de travailler avec des femmes afghanes, en raison de "graves plaintes" quant au non-respect du port du hijab, qui doit couvrir entièrement le corps et le visage. L'ONU n'était toutefois pas concernée.
Dans un discours prononcé devant le Conseil de sécurité des Nations unies le 8 mars, Journée internationale des femmes, la cheffe de la Manua, Rosa Otounbaïeva, avait néanmoins fait part de ses inquiétudes.
"Nous craignons également que le personnel féminin national travaillant pour les Nations unies soit également interdit", avait-elle déclaré.
Au lendemain de l'interdiction, plusieurs ONG avaient annoncé qu'elles suspendaient leurs activités, avant de reprendre mi-janvier leurs activités avec l'appui de leur personnel féminin dans quelques secteurs bénéficiant d'exemptions comme la santé et la nutrition.
Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans sont revenus à l'interprétation austère de l'islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir (1996-2001) et ont multiplié les mesures liberticides à l'encontre des femmes.