Afghanistan: arrestation du fondateur d'un réseau d'écoles ouvertes aux filles

Sur cette photo prise le 17 mai 2022, Matiullah Wesa, responsable de PenPath et défenseur de l'éducation des filles en Afghanistan, s'adresse aux enfants lors d'un cours à côté de sa bibliothèque mobile dans le district de Spin Boldak, dans la province de Kandahar. (Photo, AFP)
Sur cette photo prise le 17 mai 2022, Matiullah Wesa, responsable de PenPath et défenseur de l'éducation des filles en Afghanistan, s'adresse aux enfants lors d'un cours à côté de sa bibliothèque mobile dans le district de Spin Boldak, dans la province de Kandahar. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 28 mars 2023

Afghanistan: arrestation du fondateur d'un réseau d'écoles ouvertes aux filles

  • Matiullah Wesa, responsable de l'organisation Pen Path et « défenseur de l'éducation des filles, a été arrêté lundi à Kaboul», a tweeté la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua)
  • Les adolescentes ont été bannies des écoles secondaires par les talibans, revenus au pouvoir en août 2021, qui ont également refusé aux femmes l'accès à l'université

KABOUL: Le fondateur d'un réseau d'écoles ouvertes aux filles en Afghanistan a été arrêté à Kaboul, a annoncé mardi l'ONU qui demande aux autorités talibanes d'éclaircir les raisons de cette arrestation, dans un pays où l'éducation des filles est un sujet extrêmement sensible.

Matiullah Wesa, responsable de l'organisation Pen Path et "défenseur de l'éducation des filles, a été arrêté lundi à Kaboul", a tweeté la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua).

Elle demande aux autorités de "clarifier l'endroit où il se trouve, les raisons de son arrestation et de lui assurer l'accès à une représentation légale et le contact avec sa famille".

L'Afghanistan est le seul pays au monde où l'éducation des filles est interdite après l'école primaire. Les adolescentes ont été bannies des écoles secondaires par les talibans, revenus au pouvoir en août 2021, qui ont également refusé aux femmes l'accès à l'université.

Parmi les raisons avancées, le gouvernement a estimé que les femmes, qui doivent idéalement porter le hijab couvrant entièrement le corps et le visage, n'étaient pas assez vêtues. Il a également expliqué que ces établissements leur seraient rouverts une fois qu'un programme d'enseignement islamique aurait été élaboré.

Contactées par l'AFP sur cette arrestation, les autorités n'avaient pas répondu mardi.

Le frère de Matiullah Wesa a confirmé son arrestation, "par des hommes à bord de deux véhicules" lundi soir à la sortie d'une mosquée après les prières.

"Lorsque Matiullah leur a demandé leurs cartes d'identité, ils l'ont battu et l'ont emmené de force", a déclaré Samiullah Wesa à l'AFP.

Samiullah et un autre de ses frères ont eux aussi été arrêtés mardi, a annoncé un quatrième frère, Attaullah Wesa, dans une vidéo publiée sur Twitter.

Ils ont été "attrapés, menottés et emmenés", a déclaré Attaullah Wesa, ajoutant que les autorités étaient également à sa recherche.

Agé de 30 ans, Matiullah Wesa est le fondateur et président de l'organisation Pen Path. Pour Samiullah, il a été arrêté pour son travail dans le secteur de l'éducation. "Il n'a jamais travaillé avec quelqu'un d'autre, pas même avec le gouvernement précédent", a-t-il insisté.

«Dégâts irréversibles»

Malgré l'interdiction des écoles secondaires pour filles, il continuait de se rendre dans les zones reculées pour faire comprendre aux habitants l'importance de l'éducation des filles.

"Nous comptons les heures, les minutes et les secondes qui nous séparent de l'ouverture des écoles pour filles. Les dégâts causés par la fermeture des écoles sont irréversibles et indéniables", a-t-il tweeté la semaine dernière, alors que l'année scolaire commençait en Afghanistan.

Son organisation a créé 18 bibliothèques et lancé une campagne de distribution de livres dans les zones rurales.

Le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme en Afghanistan, Richard Bennett, s'est dit alarmé par son arrestation. "Sa sécurité est primordiale et tous ses droits doivent être respectés", a-t-il tweeté.

La France a appelé "à la libération immédiate" de Matiullah Wesa. "Aucune société ne peut se développer de manière positive en niant les droits des femmes", a souligné le ministère des Affaires étrangères.

Début février, un professeur d'université afghan avait été arrêté par les talibans après avoir condamné l'interdiction faite aux femmes d'étudier. Il avait été libéré après 32 jours de captivité.

Ismail Mashal, professeur de journalisme chevronné, avait provoqué une tempête en déchirant ses diplômes à la télévision en décembre afin de protester contre le décret interdisant l'enseignement supérieur aux femmes.

L'ordre contre l'éducation des filles aurait été donné par le chef suprême de l'Afghanistan, Hibatullah Akhundzada, et ses assistants ultraconservateurs, profondément sceptiques à l'égard de l'éducation moderne, en particulier pour les femmes.

Depuis leur retour au pouvoir, les talibans, qui font de l'islam une interprétation austère, ont multiplié les mesures à l'encontre des droits des femmes, les écartant progressivement de la vie publique.

Les femmes sont nombreuses à avoir perdu leur emploi dans le secteur public et depuis novembre, elles n'ont plus le droit de se rendre dans les parcs, les gymnases ou les bains publics.

Elles n'ont pas le droit non plus de voyager sans être accompagnées d'un parent masculin et doivent se couvrir intégralement lorsqu'elles sortent de chez elles.


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.