Retraites: Nantes et Rennes, des mobilisations fortes et des violences qui interrogent

Sur cette photo prise le 15 mars 2023, des manifestants tiennent une banderole sur laquelle on peut lire "qui sème la misère récolte la colère" lors d'une manifestation organisée à Nantes à l'occasion de la huitième journée de grève et de protestation dans tout le pays contre la réforme des retraites proposée par le gouvernement. Depuis le début de la contestation contre la réforme des retraites, les cortèges sont particulièrement fournis en Bretagne et s'illustrent également par des actes de vandalisme notables à Nantes et à Rennes. (Photo, AFP)
Sur cette photo prise le 15 mars 2023, des manifestants tiennent une banderole sur laquelle on peut lire "qui sème la misère récolte la colère" lors d'une manifestation organisée à Nantes à l'occasion de la huitième journée de grève et de protestation dans tout le pays contre la réforme des retraites proposée par le gouvernement. Depuis le début de la contestation contre la réforme des retraites, les cortèges sont particulièrement fournis en Bretagne et s'illustrent également par des actes de vandalisme notables à Nantes et à Rennes. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 04 avril 2023

Retraites: Nantes et Rennes, des mobilisations fortes et des violences qui interrogent

  • Les villes moyennes bretonnes se sont aussi fortement mobilisées avec ainsi 15 000 protestataires à Morlaix le 11 février, soit pratiquement l'équivalent de sa population, d'après les chiffres syndicaux
  • Outre des cortèges importants, les manifestations ont été marquées à Rennes et à Nantes par des heurts et dégradations en marge du défilé de l'intersyndicale

RENNES: Un terreau contestataire ? Depuis le début de la contestation contre la réforme des retraites, les cortèges sont particulièrement fournis en Bretagne et s'illustrent aussi par de notables actes de vandalisme à Nantes et Rennes.

"La Bretagne fait aujourd'hui partie des régions les plus mobilisées de France. Les chiffres montrent que la Bretagne pèse dans les manifestations au moins le double, sinon plus, que son poids démographique en France", note le politologue Thomas Frinault.

Ainsi, dans cette région très macroniste (66,58% au 2e tour de la présidentielle en 2022), le jeudi 23 mars il y a eu 80.000 manifestants à Nantes (pour une population de 318.000 habitants) et 40.000 à Rennes le 11 février (220.000 habitants).

Les villes moyennes bretonnes se sont aussi fortement mobilisées avec ainsi 15.000 protestataires à Morlaix le 11 février, soit pratiquement l'équivalent de sa population, d'après les chiffres syndicaux.

Ces "cortèges très importants" s'expliquent notamment par "un attachement à la justice sociale très fort" dans la péninsule, lié à son héritage démocrate chrétien, face à une réforme parfois perçue comme "injuste pour un certain type de carrières", note Romain Pasquier, politologue et directeur de recherche au CNRS.

Autre élément explicatif, "la position de la CFDT", hostile à la réforme, qui est "l'incarnation syndicale de la deuxième gauche et qui connaît une forte audience en Bretagne" et "dont le positionnement est l'un des ingrédients de la réussite des mobilisations bretonnes", poursuit-il.

Sans oublier des racines plus anciennes avec un terreau contestataire et une défiance vis-à-vis du centralisme parisien, la Bretagne ayant été en première ligne de mouvements sociaux qui ont marqué le pays: Bonnets rouges avec des actions spectaculaires contre les portiques de l'écotaxe en 2013, Gilets jaunes et la vidéo de la Bretonne Jacline Mouraud en octobre 2018 ou dans un temps plus lointain la manifestation des pêcheurs à Rennes en 1994 ou la prise de la sous-préfecture de Morlaix en 1961 par le mouvement paysan.

"violences urbaines sidérantes" 

Outre des cortèges importants, les manifestations ont été marquées à Rennes et à Nantes par des heurts et dégradations en marge du défilé de l'intersyndicale. "Notre ville est ce soir le théâtre de violences urbaines sidérantes (...). Notre ville ne peut être abandonnée à la violence des casseurs", s'est émue la maire socialiste Nathalie Appéré (16 mars). "Les scènes de chaos se succèdent. On assiste à la destruction méthodique de commerces et de biens publics" (23 mars).

Même son de cloche à Nantes, la maire Johanna Rolland (PS) dénonçant un "vandalisme inacceptable" le 29 mars, lors d'une journée marquée par 49 interpellations.

Des militants radicaux classés à l'ultra gauche, rompus aux codes de la guérilla urbaine, défiant les forces de l'ordre, parfois assimilés aux "black blocs", sont pointés du doigt.

Dans les deux grandes métropoles de l'Ouest, "il y a la présence d’une population jeune, politisée, radicalisée pour partie, avec ceux qu’on appelle notamment les autonomes, et qui n’est pas sans lien avec la présence forte de l’université", analyse M. Frinault, maître de conférence en Sciences politiques à Rennes 2.

"Désormais, on a aussi affaire (...) à une forme de quasi-tradition qui se répète de mobilisation en mobilisation. On est dans la suite des mobilisations précédentes de la loi El Khomri sur le travail, qui avaient déjà mis le centre-ville à l’épreuve", ajoute-t-il.

Dans le centre historique de Rennes, on ne compte plus les magasins avec des vitrines brisées ou recouverts de panneaux, les agences bancaires et d'assurances, mais aussi de voyage, hôtels et magasins de vêtements, dont deux ont fait l'objet de pillages.

Autre élément à prendre en compte, "il y a une tradition de l'ultra gauche fortement alimentée ces dix dernières années par Notre-Dame-des-Landes qui donne ce cocktail assez exceptionnel en France", relève M. Pasquier, notant le paradoxe d'une Bretagne où les forces politiques "sont plutôt modérées" alors que les mouvements sociaux "sont assez violents".


Présidentielle : l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin laisse entrevoir ses ambitions

Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
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  • l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».
  • « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. » temporise-t-il

PARIS : Dans un entretien à Mediapart mis en ligne samedi, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».

« Nous sommes confrontés à un choc historique qui a très peu de précédents », déclare l'ex-ministre des Affaires étrangères, interrogé sur le rôle qu'il compte jouer lors de la prochaine présidentielle. « Ce combat, je ne peux pas ne pas y participer. Je ne peux pas ne pas être aux avant-postes. »

Toutefois, « l'enjeu n'est pas de savoir si vous finirez par être candidat à une élection », temporise-t-il. « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. »

Dominique de Villepin, âgé de 71 ans, fait régulièrement entendre sa voix sur l’actualité internationale, comme la guerre au Proche-Orient ou la chute de Bachar al-Assad, mais aussi sur l'instabilité politique en France depuis la dissolution.


À Mayotte, après le cyclone Chido, fruits et légumes désertent les assiettes

Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
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  • Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien

Mtsangamouji, France: Bananes et maniocs à terre, c'est le garde-manger d'Abdou Abdillah qui s'est envolé le 14 décembre. Le cyclone Chido a ravagé sa petite parcelle située à Mtsangamouji, dans l'archipel français de Mayotte, ne lui laissant que des débris d'arbres et de plantes à déblayer.

"C'était pour nourrir mes enfants, ma mère", regrette le cultivateur de 58 ans en tronçonnant un cocotier tombé il y a un mois. Depuis Chido, les légumes et les fruits ont quitté son assiette. A la place, "on mange du riz et des frites", déplore-t-il.

La situation l'inquiète d'autant plus que le ramadan approche. Son début est prévu vers la fin du mois de février et il ne sait toujours pas ce que sa famille aura pour le foutari, le repas de rupture du jeûne.

Ousseni Aboubacar, qui cultive la parcelle voisine, partage la même inquiétude car la nourriture n'aura pas repoussé d'ici là. "Si nous avons de la pluie, il faudra attendre sept, huit mois", prévoit l'habitant de 54 ans.

Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien. Essentiellement vivrière, cette agriculture disséminée sur des milliers de petites parcelles familiales a été dévastée par le cyclone, qui a aussi ravagé de nombreuses habitations.

Sur une pente au bord d'un bidonville, Issouf Combo, 72 ans, porte des coups de chombo (machette) au sol. "Je replante du maïs", indique-t-il tout en mettant deux graines dans un trou.

Là où il y avait auparavant du manioc et des bananes, il n'y a plus que de la terre rouge semée de débris. Cette parcelle était la principale source de fruits et légumes de cet habitant de Mangajou.

Depuis Chido, Issouf Combo et sa famille font leurs courses au marché "mais ça coûte cher", précise son petit-fils de 17 ans, Nassem Madi.

- Prix en hausse -

Car sur les étals des marchés, les prix ont augmenté. Celui de Nini Irene, à Chirongui (sud), affiche le kilo d'oignons ou de clémentines à cinq euros, le kilo de pommes ou de poires à quatre: c'est un euro de plus qu'avant le cyclone.

La vendeuse de 27 ans, qui achète ses fruits et légumes à "des Africains" les faisant venir de l'extérieur de l'archipel, explique la hausse par la rareté nouvelle des cultures.

"On nous a donné des sacs de 20 kilos d'oignons. Avant Chido, c'était à 35 euros, et maintenant à 70 euros", explique-t-elle. Dans ses bacs, plus rien ne vient de Mayotte. Elle voit seulement de temps en temps des brèdes mafanes et des concombres locaux sur les stands de ses voisins.

Venu acheter des oignons, Archidine Velou arrive encore à trouver ce qu'il lui faut, sauf les bananes. "Nos aliments de base, c'est le manioc et les bananes, ça va être compliqué", dit l'homme de 32 ans en évoquant l'approche du ramadan, qui revient sur toutes les lèvres.

Un peu plus loin, Rouchoudata Boina s'inquiète surtout de ne plus trouver de brèdes mafanes, une plante très populaire dans la région.

Celles qui avaient survécu à Chido ont été éprouvées par la tempête tropicale Dikeledi, la semaine dernière, dit-elle. "Comment je vais faire avec mes enfants ?", questionne cette mère d'une fratrie de cinq dont l'alimentation, faute d'argent, se base désormais sur les féculents: pâtes le matin, pain l'après-midi, riz le soir.

Prévoyant la pénurie, la préfecture de Mayotte a pris le 23 décembre un arrêté assouplissant les règles d'importation de végétaux.

"Il y a un besoin important d'approvisionner Mayotte en produits frais", justifie auprès de l'AFP Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). L'arrêté a engendré le renouvellement automatique pour six mois des permis d'importation de fruits et légumes.


Après la non-censure du PS, le gouvernement confiant pour le budget

Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
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  • Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget
  • "Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard

PARIS: Trêve hivernale pour François Bayrou ? Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget. Mais le PS réfute tout accord et martèle que la censure reste sur la table.

"Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard sur BFMTV-RMC, au lendemain du vote contre la censure du gouvernement d'une grande majorité du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.

Cette décision longuement mûrie par le PS "est basée sur des engagements que le Premier ministre a pris, qui calent les éléments les plus importants du budget", a analysé le ministre. "Donc sur le budget, je pense, mais c'est au Parti socialiste d'exprimer son point de vue, que nous avons un accord", a détaillé Éric Lombard.

Bercy trop confiant ? La réponse n'a pas tardé: "Non, il n'y a évidemment aucun accord avec les socialistes sur le budget", a martelé sur X le chef des députés PS Boris Vallaud.

"Notre décision d'hier est une mise à l'épreuve de la négociation et consolide nos premières avancées. Le chemin est encore long jusqu'au budget, la censure est toujours sur la table", a-t-il ajouté.

La veille, dans l'hémicycle, le patron du PS Olivier Faure, qui a pris un risque en assumant la mue réformiste d'un parti allié avec La France insoumise depuis 2022, avait déjà prévenu que son parti restait "dans l'opposition", prêt à dégainer une motion de censure si les engagements n'étaient pas tenus.

Dans une interview à Libération, le secrétaire général du PS Pierre Jouvet a précisé la ligne: "Le chemin est encore long jusqu’au budget" et le gouvernement sera "à chaque instant sous surveillance".

- "Relancer l'économie" -

En plus de la non-suppression de 4.000 postes dans l'Éducation, et de l'abandon du passage à trois jours de carence pour les fonctionnaires, les socialistes ont obtenu une négociation des partenaires sociaux sur la très controversée réforme des retraites de 2023.

Dans un cadre financier restreint, ils ont même arraché à la dernière minute l'engagement que le Parlement ait le dernier mot, même si l'accord trouvé entre les partenaires sociaux n'était que "partiel".

"Le fait qu'il y ait un budget qui soit en plus un budget où il n'y a pas de nouveaux impôts, va rassurer les entrepreneurs, va rassurer les chefs d'entreprise, va rassurer les artisans", d'autant plus que la BCE prévoit de poursuivre la baisse des taux, a souligné Eric Lombard.

Issu des rangs de la gauche, ce haut fonctionnaire est un ami personnel d'Olivier Faure. Et s'il a rencontré l'ensemble des groupes de gauche, sauf les Insoumis qui ont refusé, c'est bien avec les socialistes qu'il a été en contact permanent depuis dix jours.

Mais "si la copie finale n’est pas à la hauteur de nos attentes, qu’elle ne consacre pas plus de justice sociale, fiscale et écologique, affaiblit nos services publics (...) alors nous voterons contre ce budget sans état d’âme", a prévenu Pierre Jouvet.

- Examen au Sénat -

Dans le camp du Premier ministre, on se frotte tout de même les mains.

"Ça va apporter énormément aux socialistes dans leurs circonscriptions parce qu'ils ont quand même obtenu des trucs pour la gauche", veut croire un proche de François Bayrou.

Ne pas voter la censure donne "un signal très clair", assure un ministre et évite de laisser le gouvernement "de facto en tête à tête avec le RN".

Reste à savoir si l'examen du budget au Parlement ne fera pas hésiter un peu plus le PS.

En effet, la reprise du projet de loi de finances au Sénat depuis mercredi a fait grincer plus d'une voix à gauche. Le gouvernement, en quête d'économies, multiplie les coupes budgétaires de dernière minute, comme sur le budget des Sports, de la Culture ou sur l'aide publique au développement. Autant de coups de rabot rejetés par les sénateurs socialistes...

Sans compter que le gouvernement envisage, après l'examen au Sénat, de convoquer une commission mixte paritaire réunissant des élus des deux chambres pour forger un texte de compromis. Donc, en omettant la case Assemblée.