Retraites: Borne multiplie les consultations, la gauche boycotte, les syndicats dans l'expectative

Elisabeth Borne a fort à faire pour essayer de ramener le calme avec la droite après qu'un tiers des députés Les Républicains ont voté une motion de censure pour renverser son gouvernement (Photo, AFP).
Elisabeth Borne a fort à faire pour essayer de ramener le calme avec la droite après qu'un tiers des députés Les Républicains ont voté une motion de censure pour renverser son gouvernement (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 03 avril 2023

Retraites: Borne multiplie les consultations, la gauche boycotte, les syndicats dans l'expectative

  • L'exécutif reste intransigeant sur le report à 64 ans de l’âge légal de départ, refusant de mettre sur pause une réforme «nécessaire»
  • Le gouvernement cherche aussi à gagner du temps dans l'attente des décisions du Conseil constitutionnel, le 14 avril, misant sur la lassitude des manifestants

PARIS: Elisabeth Borne multiplie à partir de lundi les rencontres pour tenter d'"apaiser" les tensions, des consultations boycottées par la gauche et qui pourraient tourner au dialogue de sourds avec l'intersyndicale vu l'inflexibilité de l'exécutif sur les 64 ans.

Après qu’Emmanuel Macron lui a confié pour mission d’"élargir la majorité", la Première ministre a invité à Matignon ces deux prochaines semaines les chefs de partis et des groupes parlementaires.

Elle doit recevoir les organisations patronales et syndicales mercredi, veille d'une nouvelle journée de mobilisation. Cette rencontre, la première depuis la présentation de la réforme des retraites le 10 janvier, pourrait être de courte durée tant les divergences sont fortes.

L'exécutif reste intransigeant sur le report à 64 ans de l’âge légal de départ, refusant de mettre sur pause une réforme "nécessaire".

Ce texte "est essentiel pour nos comptes publics, pour le régime des retraites, pour les futures réformes dont notre pays a besoin", a martelé dans le Journal du dimanche le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Le gouvernement cherche aussi à gagner du temps dans l'attente des décisions du Conseil constitutionnel, le 14 avril, misant sur la lassitude des manifestants.

Des blocages persistent dans certaines raffineries et quelques milliers de personnes ont manifesté samedi à Vire (Calvados), terre politique d'Elisabeth Borne, qui y avait été élue députée lors des dernières législatives. La Première ministre a effectué dimanche une visite surprise dans cette commune, d'après la presse locale.

Impasse

Du côté des syndicats, on menace de claquer la porte mercredi.

Si l'exécutif refuse de parler des 64 ans, "on partira", a prévenu le leader de la CFDT, Laurent Berger. "Ca peut durer cinq minutes", a abondé la nouvelle patronne de la CGT, Sophie Binet.

La réunion "est déjà écrite", estime un ministre de premier plan, qui table sur une impasse.

Du côté des consultations avec les responsables politiques, la situation reste aussi très compliquée.

Elisabeth Borne a fort à faire pour essayer de ramener le calme avec la droite après qu'un tiers des députés Les Républicains ont voté une motion de censure pour renverser son gouvernement.

Et, si les représentants RN, LR et du groupe indépendant LIOT ont prévu de rencontrer la cheffe du gouvernement, l'invitation a été rejetée par l'ensemble de la Nupes (PS, EELV, PCF, LFI).

Le PS ne participera "à aucune consultation (...) avant de connaître les suites données à votre rencontre avec l'intersyndicale", ont écrit ses responsables dans un communiqué publié dimanche. Le Premier secrétaire Olivier Faure a toutefois précisé qu'il se rendra à Matignon, mais pour évoquer la "situation générale du pays".

"On ne rentrera pas dans cette concertation anachronique", a abondé la patronne des écologistes, Marine Tondelier, invitée du Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro.

Le leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, déçu que les partenaires sociaux aient accepté l'invitation contrairement à la Nupes, a appelé sur France 3 à une meilleure "coordination" entre partis politiques et syndicats pour "jeter toutes nos forces" dans la bataille.

A l’initiative des communistes, des parlementaires de gauche vont se rassembler mardi devant l’Elysée pour remettre un courrier à Emmanuel Macron.

Elisabeth Borne "est totalement carbonisée (...) politiquement, elle n'a plus d'autorité", a estimé dimanche Marine Le Pen sur LCI.

L'après

Si le gouvernement ne compte pas revenir sur le cœur de sa réforme, des discussions sont encore possibles sur ses modalités de mise en œuvre, avant son entrée en vigueur prévue en septembre.

"La mise en place opérationnelle planifiée de la loi" implique "énormément de points de discussion et d'échanges", a récemment rappelé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.

Dans les cartons de l'exécutif, figure aussi une nouvelle loi sur l'emploi, que le ministre du Travail Olivier Dussopt veut voir débattue au Parlement au moins une fois "d'ici l'été".

Mais les opposants sont-ils prêts à aborder d'autres sujets que les retraites?

A défaut d'une improbable censure totale du texte par le Conseil constitutionnel, les syndicats misent sur la demande de référendum d'initiative partagée faite par la gauche. Une ultime "porte de sortie par le haut" qui permettrait de prolonger le mouvement social, selon eux.

Quant à Emmanuel Macron, dont l'interview télévisée du 22 mars avait servi de chiffon rouge aux manifestants, il ne sera pas en première ligne cette semaine pour défendre le projet phare de son second quinquennat. Lundi, il reçoit les membres de la Convention citoyenne sur la fin de vie avant de s'envoler, mercredi, en Chine.


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
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  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.


L’Europe en rangs dispersés face à la déferlante Trump

Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
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  • Les Européens ont beau tenter de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour, selon un ancien diplomate français
  • Il craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, en raison de son manque de préparation

PARIS: Ça va mal pour l’Europe. C’est le constat que fait un ancien diplomate français, un peu plus d’une semaine à peine, après l’investiture du président Républicain Donald Trump pour un nouveau mandat à la Maison Blanche.

Durant son premier mandat (2017 à 2021), les dirigeants européens ont certes eu le loisir d’expérimenter ses méthodes brusques unilatérales et souvent provocantes.

Ils ont également compris que toutes ses décisions sont prises sur la seule base des intérêts des États Unis partant du fameux slogan « America first », faisant fi des accords internationaux et bilatéraux ainsi que des intérêts de ses propres alliés.

Pendant ces cinq années, Trump à avancé à la manière d’une déferlante, porté par un courant d’américains protestataires, que certains croyaient éphémère et voué à disparaître sous le poids des frasques présidentielles.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

- Arlette Khouri

Avec sa réélection pour succéder au président démocrate Joe Biden, force est de constater que c’est le contraire qui s’est passé.

Au lieu de se dissiper, le courant protestataire s’est radicalisé, pour devenir un courant idéologique porteur d’une vision bien précise du monde et de la place suprémaciste  des États-Unis à la tête de ce monde.

Les européens ont eu beau tenté de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour assure l’ancien diplomate, qui craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, par son manque de préparation.

Or depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

Auparavant il avait assuré qu’il est en mesure de régler le conflit ukrainien en 24 heures dans l’ignorance la plus totale des intérêts européens et des menaces que cela peut impliquer au niveau de la sécurité du continent.

Sans tenir compte de leurs capacités économiques, il a sommé les pays européens de consacrer cinq pour cent de leurs revenus au budget de la défense, tout en laissant planer un doute sur l’avenir de l’engagement américain dans le cadre de la sécurité européenne.

Il a réitéré  à souhait son attachement à une mondialisation débridée, privilégiant les marchés et les produits américains, sans écarter une hausse exorbitante des droits de douanes sur les exportations européennes vers les États-Unis.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne.

- Arlette Khouri

Face à cela, souligne la source diplomatique, il faut une Europe homogène, et unifiée au sujet de l’attitude à adopter face au retour de Trump, mais cela est loin d’être le cas, puisque les rangs européens sont plus que jamais dispersés.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne, pour des raisons inhérentes à la mauvaise conjoncture politique aussi bien à Paris qu’à Bonn.

Selon la même source l’Europe diverge et hésite, entre une approche d’apaisement et une approche robuste et défensive.

La présidente de la commission européenne, Ursula Von Der Leyen prône une approche latérale, qui consiste à proposer au président américain « des Deals » conçus de façon à donner à Trump l’impression d’être à son avantage.

La France, indique la source, cherche à dégager un minimum de dénominateurs communs entre les composantes européennes, et une approche commune à minima pour éviter à l’Europe, nombre de revers économiques et politiques dans les cinq années à venir.

Cela semble en tout cas  être l’objectif de la rencontre européenne informelle qui se tiendra à l’initiative de la France au Château Limont, le 3 février prochain, sans aucune garantie de succès, surtout que précise la source, certains pays d’Europe, dont l’Italie et la Pologne, courtisent Trump.

Par ailleurs, cette approche ne fait pas l’unanimité en France, où de nombreuses voix s’élèvent à la faveur d’une politique musclé face aux États-Unis, allant jusqu’à brandir le slogan « œil pour œil et dent pour dent », pour affronter l’agressivité Trumpiste.

La période est cruciale estime l’ancien diplomate, et à défaut d’unité et de préparation, les années à venir risquent d’être une sorte de « vallée de larmes », aussi bien pour l’Europe que pour le reste du monde, lorgné à travers le prisme abrupte et arbitraire du président américain.