PARIS: L'inflation ralentit mais les consommateurs ne sont pas au bout de leurs peines: l'indice des prix à la consommation s'est établi à 5,6% en mars sur un an, contre 6,3% en février, l'assagissement des prix de l'énergie étant assombri par la hausse continue du coût de l'alimentation.
La première estimation de l'indice des prix à la consommation pour mars publiée vendredi par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) est supérieure de 0,1 point aux prévisions des analystes du fournisseur de données financières Factset, mais son ralentissement accentue une tendance déjà observée ces derniers jours dans d'autres grands pays de la zone euro.
Du côté des bonnes nouvelles, les prix de l’énergie ont progressé d’un peu moins de 5%, une hausse nettement moins rapide que celle enregistrée en février (14,1% sur un an) et six fois moindre que le bond de près 30% constaté entre mars 2021 et mars 2022.
Il y a un an, le déclenchement de l’offensive militaire russe en Ukraine avait achevé de faire flamber les cours de l’électricité et du gaz, déjà orientés à la hausse, et précipité le retour de taux d’inflation inédits depuis les années 1980.
Autre conséquence du conflit, les prix des produits alimentaires ont explosé et ont désormais pris le relais de l’énergie comme principal moteur de l’inflation en France.
Consommation en berne
Sur un an, les prix de l’alimentation ont bondi de 15,8% en mars, après une hausse de 14,8% en février, selon une première estimation de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui devra être confirmée mi-avril.
Dans le détail, les produits frais se sont renchéris de 16,6% sur un an (après 15% en février), et les autres produits alimentaires de 15,6% (contre 14,8%).
"Dans les prochains mois, l’inflation alimentaire devrait rester le plus grand contributeur à la hausse des prix à la consommation en France", avertit Charlotte de Montpellier, une économiste de la banque ING.
Les distributeurs et les fournisseurs se sont en effet accordés, lors de leurs négociations annuelles, sur des hausses de prix de l'ordre de 10%, dont l'impact sur les prix en rayon devrait être "progressif au cours du deuxième trimestre 2023", selon Charlotte de Montpellier.
Les achats des Français s'en ressentent: la consommation des ménages a reculé de 0,8% sur un mois en février, selon les données publiées par l’Insee.
Le repli des achats alimentaires a été encore plus net (-1,2% sur un mois en février, après une hausse de 0,6% en janvier). "La consommation de produits agricoles diminue, tout comme celle de produits agroalimentaires", a commenté l'Insee.
A l'inverse, la consommation de tabac a connu un "net rebond" en février, son prix n'ayant progressé que de 0,2% sur un an. La donne pourrait être différente en mars, puisque les prix du tabac ont cette fois bondi de près de 8% sur un an.
L'inflation a en tout cas porté un gros coup au moral des Français, encore en baisse en mars et proche de son plancher historique selon des données publiées mercredi par l'Insee.
Mais la France et l'Europe pourraient bientôt connaître des jours meilleurs.
L'Allemagne et surtout l'Espagne ont dévoilé jeudi des taux d'inflation en net ralentissement au mois de mars, en attendant la première estimation d'Eurostat pour l'ensemble de la zone euro attendue vendredi en fin de matinée.
Les Pays-Bas leur ont emboîté le pas vendredi, en dévoilant une inflation de 4,4% en mars sur un an, nettement inférieure à celle de 8% enregistrée en février.
Dans une interview à l'hebdomadaire allemand Die Zeit, le chef économiste de la Banque centrale européenne Philip Lane a prédit mercredi une "baisse rapide de l'inflation à la fin de cette année" en zone euro.