TEL-AVIV: Des milliers de personnes manifestent jeudi soir à Tel-Aviv en faveur du projet de réforme de la justice qui divise la société israélienne, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Le peuple exige une réforme judiciaire", scandent les manifestants, venus soutenir le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahou.
Ce dernier a annoncé lundi une "pause" dans l'examen de cette réforme au Parlement après presque trois mois de manifestations d'une ampleur rare contre le projet, un début de grève générale et des dissensions au sein de la majorité.
"On est en démocratie, on a gagné et ce n'est pas normal qu'on ne nous laisse pas gouverner comme la majorité le veut", a affirmé Meirav Reuven, économiste de 52 ans venue d'Ashdod (sud) pour "soutenir" M. Netanyahou et Yariv Levin, son ministre de la Justice et grand artisan de la réforme.
Pour le gouvernement et ses soutiens, la réforme vise à rééquilibrer les pouvoirs en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée, au profit du Parlement et du pouvoir exécutif. Ses détracteurs estiment au contraire que la réforme risque d'entraîner une dérive autoritaire mettant en péril la démocratie israélienne.
"Je ne suis pas d'accord [avec ceux qui disent que la réforme est une menace pour la démocratie], je pense que la démocratie c'est la volonté du peuple, c'est ce que le peuple veut. Ce n’est pas normal qu’une minorité à la Cour suprême détermine la politique du pays, cela ne doit pas être comme ça", a déclaré drapeau israélien en main Yahel, employé dans le secteur du tourisme de 28 ans venu d'Acre (nord).
Il s'agit de la première grande manifestation de soutien à la réforme se tenant à Tel-Aviv, où se tiennent au moins chaque samedi soir des manifestants d'opposants depuis l'annonce du projet début janvier.
Des protestataires ont bloqué l'Ayalon, la principale autoroute traversant la métropole côtière.
Après la "pause" législative annoncée par M. Netanyahou pour donner une "chance [...] au dialogue", une rencontre a eu lieu mardi entre des représentants de la majorité et des deux principaux partis de l'opposition, dans le cadre d'une médiation sous l'égide du président Isaac Herzog.
Selon un haut responsable israélien, le Premier ministre est déterminé à trouver un compromis, persuadé que c'est le meilleur moyen d'assurer que la réforme ne soit pas remise en cause en cas de changement de majorité politique, et un tel compromis semble à portée de main.
Plusieurs commentateurs politiques et responsables de l'opposition se montrent beaucoup plus sceptiques sur les chances de succès de la médiation présidentielle.