Israël: poursuite des négociations sur la réforme de la justice

 Les négociations entre partis de la majorité et de l'opposition sur le projet ultracontroversé de réforme de la justice en Israël se poursuivent mercredi. (AFP)
 Les négociations entre partis de la majorité et de l'opposition sur le projet ultracontroversé de réforme de la justice en Israël se poursuivent mercredi. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 29 mars 2023

Israël: poursuite des négociations sur la réforme de la justice

  • Le président américain Joe Biden, dont le gouvernement avait salué la «pause» annoncée par M. Netanyahu, a de nouveau plaidé mardi soir pour un abandon du projet
  • Porté par un des gouvernements les plus à droite qu'ait connu Israël, le projet de réforme de la justice a donné naissance à un des plus grands mouvements de mobilisation populaire du pays

JERUSALEM: Les négociations entre partis de la majorité et de l'opposition sur le projet ultracontroversé de réforme de la justice en Israël se poursuivent mercredi, après une première rencontre "dans un esprit positif" la veille, a indiqué le bureau du Président israélien Isaac Herzog.

"Après environ une heure et demie, la rencontre, qui s'est déroulée dans un esprit positif, a pris fin", a annoncé mardi soir le bureau du président dans un communiqué. "Demain, le président Isaac Herzog poursuivra la série de rencontres", a-t-il ajouté.

Cette première "rencontre de dialogue" a eu lieu à la résidence de M. Herzog à Jérusalem entre "les équipes de travail représentant la coalition au pouvoir", ainsi que les formations d'opposition Yesh Atid et Parti de l'unité nationale, selon le communiqué.

Yaïr Lapid et Benny Gantz, chefs respectifs de ces deux partis centristes, avaient annoncé lundi être prêts à dialoguer avec la majorité, sous l'égide de M. Herzog.

Peu avant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait annoncé avoir "décidé d'une pause" dans l'examen du projet controversé de réforme de la justice qui divise le pays, afin de donner "une chance à un vrai dialogue" en vue de l'adoption d'un texte plus consensuel lors de la session parlementaire d'été qui commence le 30 avril.

"Nous remercions le Président d'avoir ouvert sa maison au processus de négociation au profit des citoyens d'Israël. Nous l'avons rejoint au nom d'un large public qui a compris à quel point notre démocratie est fragile et vulnérable", a déclaré le parti Yesh Atid sur Twitter.

Le président américain Joe Biden, dont le gouvernement avait salué la "pause" annoncée par M. Netanyahu, a de nouveau plaidé mardi soir pour un abandon du projet. "Ils ne peuvent pas continuer sur cette voie et je pense que je me suis fait comprendre", a dit le président américain en marge d'une visite en Caroline du Nord.

"J'espère qu'ils y renonceront", a-t-il encore affirmé plus tard à propos du texte de loi, une fois de retour à Washington.

"Israël est un pays souverain dont les décisions découlent de la volonté de son peuple et ne sont pas fondées sur des pressions venues de l'étranger, même quand celles-ci viennent du meilleur de ses amis", a réagi M. Netanyahu dans un communiqué.

La "pause" annoncée par M. Netanyahu après un début de grève générale et l'apparition de tensions au sein de la majorité a été accueillie avec scepticisme par les contestataires ainsi que par plusieurs commentateurs politiques.

«Défaite cuisante»

Pour Nahum Barnea, éditorialiste du quotidien Yediot Aharonot, le Premier ministre "a su transformer avec de jolis mots une défaite cuisante en un match nul". "Quoi qu'il dise ou dira, peu de gens le croient", écrit-il.

Porté par un des gouvernements les plus à droite qu'ait connu Israël, le projet de réforme de la justice a donné naissance à un des plus grands mouvements de mobilisation populaire du pays.

S'ils ont accepté la médiation de M. Herzog, MM. Lapid et Gantz ont aussi mis en garde le gouvernement contre toute duperie.

Faisant allusion au projet de loi sur la composition de la commission chargée de sélectionner les juges, un des volets parmi les plus contestés de la réforme, leurs deux partis ont prévenu dans un communiqué commun qu'ils quitteraient "immédiatement" la table des négociations si ce texte "est mis au programme du Parlement".

Pour le gouvernement, la réforme vise à rééquilibrer les pouvoirs en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée, au profit du Parlement. Ses détracteurs estiment au contraire que la réforme risque d'entraîner une dérive autoritaire.

«Cessez-le-feu»

L'annonce de la suspension de l'examen du projet au Parlement a été précédée de longues négociations entre M. Netanyahu et ses partenaires d'extrême droite, notamment le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, qui, selon la presse, avait menacé de quitter le gouvernement en cas de pause dans la réforme.

Le parti de M. Ben Gvir a annoncé la signature d'un accord entre les deux hommes, accordant au ministre la création d'une "garde nationale" civile sous son autorité, et sur laquelle aucun détail n'a encore été communiqué.

"C'est une victoire pour les protestataires mais celui qui a vraiment fait plier Netanyahu et l'a piétiné c'est Itamar Ben Gvir (...), il a obtenu de lui une promesse scandaleuse: la création d'une milice qui sera sous ses ordres", dénonce Yossi Verter, correspondant politique de Haaretz, en première page du quotidien de gauche.

Pour Yohanan Plesner, président de l'Institut israélien pour la démocratie, un centre de réflexion, "il s'agit d'un cessez-le-feu peut-être pour regrouper, réorganiser et ensuite, potentiellement, charger en avant".

Plusieurs membres de la coalition au pouvoir assurent que la réforme sera votée à terme.

Un des collectifs à l'origine des manifestations contre la réforme a annoncé la poursuite de la contestation "tant que le coup d'Etat judiciaire n'est pas totalement stoppé". Des manifestations ont eu lieu mardi soir à Tel-Aviv et devant la résidence de M. Herzog à Jérusalem.


TikTok annonce sa fermeture dimanche aux États-Unis, suite à la décision de la Cour suprême

Cette photo d'illustration prise le 27 mai 2020 à Paris montre le logo de l'application de réseau social Tik Tok sur l'écran d'un téléphone. L'application (Photo par Martin BUREAU / AFP).
Cette photo d'illustration prise le 27 mai 2020 à Paris montre le logo de l'application de réseau social Tik Tok sur l'écran d'un téléphone. L'application (Photo par Martin BUREAU / AFP).
Short Url
  • TikTok se bat depuis des mois contre cette loi adoptée en mars dernier par le Congrès au nom de la sécurité nationale, mais la Cour suprême américaine a refusé vendredi de la suspendre
  • La décision de la plus haute juridiction américaine est intervenue à un peu plus de 36 heures de l'échéance imposée par le Congrès à la maison mère de TikTok, le groupe chinois ByteDance, pour vendre sa filiale.

WASHINGTON : « TikTok sera contraint de fermer le 19 janvier, soit dimanche, a annoncé la populaire application sur X vendredi soir, à moins que le gouvernement de Joe Biden ne garantisse la non-application de la loi qui interdit la plateforme aux États-Unis à moins que son propriétaire chinois n'accepte de la vendre.

TikTok se bat depuis des mois contre cette loi adoptée en mars dernier par le Congrès au nom de la sécurité nationale, mais la Cour suprême américaine a refusé vendredi de la suspendre, scellant le sort du réseau social dans le pays, sauf intervention de dernière minute.

« Il ne fait pas de doute que, pour plus de 170 millions d'Américains, TikTok offre un important mode d'expression, d'interaction et d'appartenance à une communauté », ont estimé les neuf hauts magistrats, unanimes.

« Mais le Congrès a établi que sa cession était nécessaire pour répondre à ses inquiétudes légitimes en matière de sécurité nationale », ont-ils observé.

La décision de la plus haute juridiction américaine est intervenue à un peu plus de 36 heures de l'échéance imposée par le Congrès à la maison mère de TikTok, le groupe chinois ByteDance, pour vendre sa filiale.

La loi impose théoriquement aux fournisseurs d'accès à Internet et aux boutiques d'applications de bloquer les téléchargements et les mises à jour à partir de minuit dans la nuit de samedi à dimanche. Les principales d'entre elles, contactées par l'AFP, n'ont pas répondu.

Selon une déclaration de la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, « l'application de la loi (devait) revenir au prochain gouvernement, qui prendra ses fonctions lundi ».

- « Besoin de temps » -

Le ministère américain de la Justice a de son côté fait savoir vendredi que l'application de la loi allait s'étaler dans le temps, ce qui pose la question de ses effets à très court terme.

« Les déclarations publiées aujourd'hui par la Maison Blanche et le département de la Justice n'ont pas apporté la clarté et l'assurance nécessaires aux fournisseurs de services qui font partie intégrante du maintien de la disponibilité de TikTok pour plus de 170 millions d'Américains », a indiqué TikTok, avant d'avertir que l'application serait certainement contrainte d'afficher un écran noir dimanche.

Donald Trump s'est, à plusieurs reprises, dit favorable à ce que l'application soit préservée aux États-Unis, et avait même plaidé en ce sens auprès de la Cour suprême, en vain.

Vendredi, il a souligné que la décision de la Cour devait être « respectée », mais dit avoir « besoin de temps » pour statuer sur le sort du réseau social, promettant une décision « dans un avenir assez proche ».

Celui qui doit prendre ses fonctions lundi à midi a évoqué le sort de TikTok lors d'une conversation téléphonique avec le président chinois, Xi Jinping, vendredi.

Signe de l'ouverture de Donald Trump vis-à-vis du réseau social préféré des jeunes, le PDG de TikTok, Shou Chew, a été invité à la cérémonie d'investiture en tant qu'invité d'honneur.

« Je tiens à remercier le président Trump pour son engagement à travailler avec nous afin de trouver une solution qui permette à TikTok de rester disponible aux États-Unis », a déclaré Shou Chew dans une vidéo postée sur la plateforme vendredi.

« Nous allons mettre en place des mesures pour empêcher que TikTok n'éteigne la lumière » aux États-Unis, a assuré jeudi sur la chaîne Fox News Mike Waltz, élu républicain à la Chambre des représentants et nommé conseiller à la Sécurité nationale par Donald Trump.

- « Victoire » -

Adoptée en avril 2024 par les élus américains, cette loi vise à empêcher les autorités chinoises d'accéder aux données des utilisateurs du réseau social aux États-Unis ou de tenter de manipuler l'opinion américaine.

ByteDance a jusqu'ici systématiquement refusé de céder TikTok, même si plusieurs investisseurs américains, en premier lieu l'homme d'affaires Frank McCourt, se sont positionnés, prêts à mettre 20 milliards de dollars sur la table.

« Les créateurs de contenu présents sur TikTok se préparent à une possible interdiction, dans un contexte de grande incertitude », explique Courtney Spritzer, la patronne de l'agence de marketing numérique Socialfly, spécialisée dans les réseaux sociaux.

Quant aux annonceurs, « certains parient sur une extinction de la plateforme, tandis que d'autres sont plus optimistes et pensent qu'elle continuera après dimanche », a-t-elle ajouté.

La perspective d'une disparition potentielle de TikTok a suscité l'agitation sur Internet, les trois applications les plus téléchargées sur l'App Store d'Apple étant trois plateformes vidéo : la chinoise Xiaohongshu, Lemon8, une autre filiale de ByteDance, et l'application américaine Clapper. TikTok figurait lui-même dans le top 10.


«Tout est sur la table »: le Canada se prépare à répondre aux menaces économiques de Trump

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis
  • Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade

OTTAWA: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis, tout en gardant l'espoir d'éviter une guerre commerciale.

Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade.

"Si l'administration américaine choisit de mettre en œuvre son augmentation des droits de douane, nous réagirons de manière ciblée, énergique et résolue", a expliqué Justin Trudeau.

"Tout est sur la table", a-t-il ajouté.

Selon une source gouvernementale à l'AFP, Ottawa réfléchit notamment à imposer des droits de douane plus élevés sur certains produits en acier, sur les céramiques telles que des toilettes et des éviers, de la verrerie et du jus d'orange de Floride.

Les dirigeants des provinces et de l'opposition ont également évoqué la possibilité de bloquer les exportations de pétrole, d'électricité et de minéraux critiques du Canada.

Mais la Première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, s'est désolidarisée de ses collègues sur ce point, refusant mercredi de signer le communiqué final de la réunion. Elle s'oppose à toute perturbation en matière d'exportations pétrolières: plus de trois millions de barils de pétrole sont expédiés quotidiennement depuis sa province vers les États-Unis.

"L'Alberta n'acceptera tout simplement pas de droits de douane sur l'exportation de notre énergie ou d'autres produits, et nous ne soutenons pas non plus une interdiction des exportations de ces mêmes produits", a-t-elle posté sur X.

A l'inverse, son homologue de l'Ontario, moteur économique du pays, préconise une réponse forte. "Je suis désolé mais lorsque quelqu'un attaque votre pays et tente de priver des gens de leurs moyens de subsistance, il faut se battre comme on ne l'a jamais fait auparavant", a déclaré Doug Ford.

Ce dernier a expliqué que 500.000 emplois seraient en danger dans sa province si Donald Trump augmentait les droits de douane à 25%.

Cette mesure serait catastrophique pour le Canada selon les experts. Les Etats-Unis en sont en effet le premier partenaire commercial et la destination de 75% de ses exportations. Près de 2 millions de personnes au Canada en dépendent, sur une population de 41 millions d'habitants.


Le secrétaire d'État désigné par Trump appelle à une « diplomatie audacieuse » pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Short Url
  • L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».
  • « La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

WASHINGTON : Marco Rubio, désigné secrétaire d'État par Donald Trump, a appelé mercredi à une « diplomatie audacieuse » des États-Unis pour mettre un terme à la guerre menée en Ukraine par la Russie.

« Cette guerre doit cesser, et cela devrait être la politique officielle des États-Unis que nous voulons qu'elle cesse », a déclaré le probable futur chef de la diplomatie américaine lors de son audition de confirmation au Sénat.

L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».

« La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

Mais « il est également irréaliste de croire qu'une nation de la taille de l'Ukraine, aussi compétente soit-elle (...), puisse repousser ces gens jusqu'à l'endroit où ils se trouvaient la veille de l'invasion » en 2022, a ajouté Marco Rubio.

Le 20 janvier, dès son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a promis de résoudre le conflit en « 24 heures », ce qui fait craindre à l'Ukraine d'être forcée à faire des concessions majeures en échange de la paix. Or, Moscou a gagné du terrain ces derniers mois, tandis que l'armée ukrainienne, épuisée, manque de moyens.

Mercredi, Marco Rubio a également affirmé que « le rôle des États-Unis et de l'OTAN au XXI^e siècle » devait être remis en question.

Tout en reconnaissant l'importance de l'Alliance atlantique pendant la Guerre froide, le sénateur a affirmé qu'il était important pour les États-Unis d'avoir « non seulement des alliés de défense », mais aussi « des alliés de défense compétents, capables de défendre leur région ».

Début janvier, Donald Trump avait déclaré que les pays de l'Otan devaient accroître leur budget de défense pour le porter à 5 % de leur PIB.

Le président élu ne cache pas son mépris pour l'Alliance atlantique, pilier de la sécurité en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Il avait notamment semé la panique durant la campagne électorale en menaçant de ne plus garantir la protection des pays de l'Otan face à la Russie tant que ceux-ci ne consacreraient pas un budget suffisant à leur défense.