Comment la culture arabo-islamique a influencé l'Amérique latine moderne

La chapelle royale de Cholula (Photo, gouvernement du Mexique).
La chapelle royale de Cholula (Photo, gouvernement du Mexique).
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Publié le Mardi 28 mars 2023

Comment la culture arabo-islamique a influencé l'Amérique latine moderne

  • La conquête musulmane de la péninsule ibérique a laissé son empreinte, importée plus tard en Amérique latine par les colons
  • Des chercheurs estiment que 700 à 1000 mots portugais et quelques 4000 mots espagnols proviennent de l'arabe

SAO PAULO, BRÉSIL: Ces dernières années, une nouvelle génération de chercheurs s'est penchée sur les racines islamiques des sociétés latino-américaines.

À l'ère des réseaux sociaux, ces contenus sont diffusés auprès d'un public plus large, et de nombreux habitants d'Amérique latine semblent s'y intéresser.

«J'ai commencé à me documenter sur les Maures lorsque j'étudiais l'arabe en Égypte», raconte Mansour Peixoto, un converti musulman de la ville brésilienne de Recife qui a fondé en 2014 le site web Historia Islamica (Histoire de l'islam).

«J'avais déjà découvert à l'époque l'influence islamique au Portugal, je me suis ensuite intéressé à ses impacts directs et indirects sur la culture brésilienne», explique-t-il à Arab News.

Entre 711 et 1492, les souverains arabo-berbères ont dominé certaines régions de l'actuel Portugal, de l'Espagne et de la France, donnant à la région le nom d'Al-Andalus (Andalousie).

Leur présence sur la péninsule ibérique pendant près de 800 ans a laissé une influence, importée plus tard Amérique latine par les colons.

Après la reconquête chrétienne, l'islam a été interdit en Espagne et au Portugal. Dès lors, surtout au début du XVIIe siècle, de nombreux musulmans – y compris des personnes d'ascendance européenne – ont été envoyés de force en Afrique du Nord. Beaucoup d'entre eux ont accepté de se convertir au catholicisme, tandis que d'autres sont restés secrètement musulmans.

«Cette population, en particulier les pauvres, comptait parmi les Portugais venus coloniser le Brésil à partir du XVIe siècle», précise M. Peixoto.

En Bref

Entre 711 et 1492, les souverains arabo-berbères ont dominé certaines régions du Portugal, de l'Espagne et de la France, donnant à la région le nom d'Al-Andalus (Andalousie).

Après la reconquête chrétienne de l’Andalousie, l'islam a été interdit en Espagne et au Portugal.

Certains chercheurs estiment que 700 à 1 000 mots portugais proviennent de l'arabe.

Bien que son site web aborde plusieurs thèmes liés à l'islam, l'histoire des colons portugais musulmans – connus sous le nom de Mouriscos, ou Maures – et leur influence sur le Brésil est un sujet récurrent. «Beaucoup de gens ne se rendent pas compte qu'il existe au Brésil des coutumes issues du monde islamique», explique M. Peixoto.

Les publications d'Historia Islamica sur l'influence de l'arabe sur la langue portugaise sont parmi les plus partagées par les visiteurs du site.

Certains chercheurs estiment que 700 à 1 000 mots portugais proviennent de l'arabe, mais des études récentes suggèrent que ce nombre pourrait être bien plus élevé.

Plusieurs mots courants au Brésil ont des origines arabes, comme alface (laitue), almofada (coussin), acougue (boucherie) et garrafa (bouteille).

«Sans oublier les termes d'architecture que nous utilisons encore aujourd'hui, comme alicerce (fondation) et andaime (échafaudage)», ajoute M. Peixoto.

«Les techniques de construction ibériques étaient essentiellement arabes au XVIe siècle, et elles ont été importées en Amérique.»

Fontaine de La Pila à Chiapa del Corzo (Photo, gouvernement du Mexique).

L'influence architecturale islamique en Amérique latine est l'une des caractéristiques culturelles andalouses les plus visibles dans la région, selon Hernan Taboada, expert en la matière et professeur à l'université nationale autonome du Mexique.

«On le retrouve dans le style architectural de la Nouvelle-Espagne, la vice-royauté qui s'étendait du sud des États-Unis actuels jusqu'en Amérique centrale», explique-t-il à Arab News.

Tout comme la vice-royauté du Pérou, en Amérique du Sud, cette région a probablement accueilli la plupart des colons maures de l'Amérique latine coloniale, poursuit M. Taboada.

Les églises de l'époque coloniale au Mexique, de Veracruz sur la côte atlantique à Oaxaca dans le sud, présentent des caractéristiques artistiques mauresques.

Plafond en bois mudéjar de la cathédrale de Tlaxcala (Photo, gouvernement du Mexique).

«Ils sont particulièrement visibles dans les éléments de décoration de ces églises», explique M. Taboada. «De nombreux temples au Mexique ont sans aucun doute un style mauresque, ce qui ne veut pas dire qu'ils ont nécessairement été construits par des Maures. En général, ces éléments ont été assimilés en Espagne et transposés en Amérique latine.»

La présence de musulmans en Nouvelle-Espagne et ailleurs dans la région n'est pas simple à vérifier, dans la mesure où il s'agissait d'une présence clandestine.

C'est peut-être la raison pour laquelle le sujet a été ignoré pendant si longtemps dans les milieux universitaires, bien que les ouvrages classiques d'histoire de l'Amérique latine en fassent mention aux XIXe et XXe siècles.

«L'étude de la présence maure a surtout été reprise par des musulmans et des chercheurs d'origine arabe. Ces travaux ont montré qu'ils n'étaient pas aussi minoritaires en Amérique latine qu'on ne le pensait», souligne M. Taboada.

Bien que l'islam soit interdit, les Maures – tout comme les Juifs – ont joui d'une tolérance dans le Nouveau Monde, quoique visés parfois par l'Inquisition, ajoute-t-il.

L'historien Ricardo Elia, directeur culturel du Centre islamique de la République argentine, est depuis les années 1980 l'un des pionniers de l'étude de la présence maure dans la région de Río de la Plata.

«J'ai découvert que les gauchos (terme utilisé en Argentine, en Uruguay et dans le sud du Brésil pour désigner des cavaliers légendaires) ne sont autres que des Maures», confie-t-il à Arab News.

Ricardo Elia au Centre islamique (Photo fournie).

L'origine étymologique de ce terme en Argentine fait l'objet d'une ancienne controverse. Certains spécialistes affirment qu'il provient d'un mot quechuan, mais Ricardo Elia et d'autres chercheurs pensent plutôt qu'il vient de chauch, un terme d'origine arabe qui désigne ce qui est indomptable.

«À Valence, en Espagne, le mot chaucho était utilisé pour désigner les cavaliers et les pasteurs», explique M. Elia, qui ajoute que la plupart des équipages des navires espagnols qui ont exploré les Amériques depuis le XVe siècle étaient composés de Maures, et que la première personne à avoir aperçu les Amériques était Rodrigo de Triana, un Maure.

«Ils avaient besoin de quitter l'Espagne et sont donc venus aux Amériques. Et ils étaient de bons marins.»

Au fil des siècles, les Maures se sont mêlés à d'autres groupes ethniques, comme les Guaranis, mais leur impact culturel sur la région se fait encore sentir aujourd'hui.

Selon M. Elia, les empanadas, la pâtisserie typique argentine, ont des origines andalouses, tout comme le dulce de leche (lait caramélisé).

L'influence linguistique de l'arabe sur la langue espagnole est incontestable. M. Elia estime qu'il existe environ 4 000 arabismes, dont la plupart ont été adoptés en Espagne.

Empanadas argentines (Photo, Municipalité de Salta).

«Mais en Argentine et en Uruguay, les Maures ont également influencé notre façon de prononcer les mots», ajoute-t-il.

Depuis plusieurs années, M. Elia donne des cours dans des universités argentines et chiliennes sur la présence des Maures en Amérique du Sud.

«Malheureusement, la communauté d'origine libanaise et syrienne en Argentine n'a jamais montré beaucoup d'intérêt pour ces thèmes. Les Argentins non arabes ont toujours été les plus curieux à ce sujet», confie M. Elia, lui-même issu d'une famille libanaise.

Selon lui, de plus en plus de personnes souhaitent aujourd'hui se renseigner sur les premiers colons musulmans en Amérique latine.

«Au Maroc, une conférence universitaire consacrée à ce sujet a été organisée en 2021.»

Tour mudéjar à Cali (Photo, Municipalité de Cali).

M. Peixoto affirme que de nombreuses personnes «souhaitent se renseigner sur leurs ancêtres et sur les nombreuses questions restées sans réponse», ce qui explique qu'une nouvelle génération de chercheurs se soit penchée sur les Maures d'Amérique latine.

Il prévoit de mener une étude universitaire sur les Maures au Brésil, de publier des livres sur le sujet et de proposer des cours en ligne.

«Notre élite (au Brésil) aime se considérer comme européenne, mais nous sommes une combinaison de peuples indigènes, d'Africains, d'Européens mais aussi de Maures», souligne-t-il.

M. Peixoto pense que les musulmans et les Arabes ont apporté une contribution majeure à la constitution du peuple brésilien, non seulement avec les colons venus d'Andalousie, mais aussi avec les Africains amenés comme esclaves et l'énorme vague d'immigrants syriens et libanais arrivés au Brésil depuis la fin du XIXe siècle.

«Ils ont transformé notre façon d'être à bien des égards», affirme-t-il.

M. Taboada est aussi de cet avis: «L'élite latino-américaine affiche principalement un point de vue eurocentrique. Nous devons insister sur le fait que nous avons une origine multiculturelle,»  assure-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Soutien à Israël: 88 élus démocrates font pression sur Joe Biden

Une marche pro-palestinienne arrive à Washington Square Park alors que les gens assistent à un "Shabbat de solidarité d'urgence" en soutien aux Palestiniens à New York City le 3 mai 2024. (Photo par Leonardo Munoz / AFP)
Une marche pro-palestinienne arrive à Washington Square Park alors que les gens assistent à un "Shabbat de solidarité d'urgence" en soutien aux Palestiniens à New York City le 3 mai 2024. (Photo par Leonardo Munoz / AFP)
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  • Les restrictions imposées par Israël à l'acheminement à Gaza de l'aide humanitaire soutenue par Washington «contribuent à une catastrophe humanitaire sans précédent», indique la lettre des parlementaires démocrates
  • Les signataires précisent cependant que doivent être exclus de cette possible suspension de l'aide américaine les systèmes israéliens de défense antimissile, comme le Dôme de fer

WASHINGTON : Près de 90 parlementaires dans les rangs des démocrates américains ont exhorté vendredi le président Joe Biden à envisager d'interrompre ses ventes d'armes à Israël si le gouvernement israélien ne change pas sa guerre contre le Hamas.

Les élus font part de leurs «graves préoccupations concernant la conduite de la guerre à Gaza par le gouvernement israélien s'agissant de la rétention délibérée de l'aide humanitaire», dans une lettre signée par 88 membres du Congrès remise à la Maison Blanche.

Les restrictions imposées par Israël à l'acheminement à Gaza de l'aide humanitaire soutenue par Washington «contribuent à une catastrophe humanitaire sans précédent», indique la lettre.

Les signataires, parmi lesquels de nombreux élus de la Chambre des représentants, demandent au président démocrate de bien faire comprendre au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu que toute entrave à l'acheminement de l'aide à Gaza «met en péril son éligibilité à une nouvelle aide à la sécurité offensive de la part des Etats-Unis».

Ils précisent cependant que doivent être exclus de cette possible suspension de l'aide américaine les systèmes israéliens de défense antimissile, comme le Dôme de fer.

«Nous continuons à soutenir fermement l'octroi à Israël d'un financement défensif qui lui permette de sauver des vies», prévient la lettre.

Parmi les signataires du courrier figurent des démocrates membres de la Commission des forces armées et de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants.

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre, Joe Biden, en pleine campagne pour sa réélection à la Maison Blanche, a été critiqué pour son soutien inconditionnel à Israël.

 


La Chine a lancé une sonde pour collecter des échantillons sur la face cachée de la Lune

Une fusée Longue Marche 5, transportant la sonde lunaire de la mission Chang'e-6, décolle alors qu'il pleut au Centre de lancement spatial de Wenchang, dans la province de Hainan, dans le sud de la Chine, le 3 mai 2024. (Photo, AFP)
Une fusée Longue Marche 5, transportant la sonde lunaire de la mission Chang'e-6, décolle alors qu'il pleut au Centre de lancement spatial de Wenchang, dans la province de Hainan, dans le sud de la Chine, le 3 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Une fusée transportant la sonde Chang'e 6 a décollé du Centre de lancement spatial de Wenchang, sur l'île tropicale de Hainan (sud), peu avant 17h30 (09h30 GMT)
  • Il s'agit du dernier projet de la Chine, qui, selon Washington, déguise un programme spatial militaire sous l'apparence d'un programme civil

WENCHANG: La Chine a lancé vendredi une sonde pour collecter des échantillons sur la face cachée de la Lune, une première mondiale, qui serait une avancée pour l'ambitieux programme du pays.

Une fusée transportant la sonde Chang'e 6 a décollé du Centre de lancement spatial de Wenchang, sur l'île tropicale de Hainan (sud), peu avant 17h30 (09h30 GMT), ont constaté des journalistes de l'AFP près du site.

Des centaines de spectateurs se sont rassemblés à proximité pour assister à la dernière avancée du programme spatial chinois.

L'agence d'Etat Chine Nouvelle a salué ce lancement comme "la première entreprise de ce type dans l'histoire de l'exploration humaine de la Lune".

"L'ensemble de la mission comporte de nombreux défis, chacune des étapes étant liées entre elles et est éprouvante pour les nerfs", a déclaré à Chine Nouvelle Wang Qiong, concepteur en chef adjoint de la mission Chang'e 6.

Il s'agit du dernier projet de la Chine, qui, selon Washington, déguise un programme spatial militaire sous l'apparence d'un programme civil.

La mission Chang'e 6 a pour objectif de collecter environ deux kilos d'échantillons lunaires sur la face cachée de la Lune et de les ramener sur Terre à des fins d'analyse.

Il s'agit d'une mission techniquement complexe, d'une durée de 53 jours, qui consiste notamment à lancer une sonde sur cet hémisphère de la Lune qui tourne le dos en permanence à la Terre.

"Chang'e 6 collectera pour la première fois des échantillons de la face cachée de la Lune", a indiqué à la presse Ge Ping, vice-directeur du Centre chinois d'exploration lunaire et d'ingénierie spatiale.

En 2019, la Chine avait déjà posé un engin sur la face cachée de la Lune mais il n'avait pas rapporté d'échantillons.

La sonde doit se poser dans l'immense bassin Pôle Sud-Aitken, l'un des plus grands cratères d'impact connus du système solaire. Une fois sur place, elle ramassera du sol et des roches lunaires et mènera des expériences dans la zone où elle aura atterri. Sa mission terminée, elle doit revenir vers la Terre et atterrir au Centre de lancement spatial de Wenchang.

Le président Xi Jinping a donné un coup d'accélérateur au "rêve spatial" de la Chine. La deuxième économie mondiale a injecté des milliards de dollars dans son programme spatial militaire afin de rattraper les Etats-Unis et la Russie.

Pékin a déjà enregistré plusieurs succès, notamment la construction de la station spatiale Tiangong ("Palais céleste") où ont été envoyés la semaine dernière un nouvel équipage de trois astronautes.

"Grande importance pour l'humanité" 

La Chine a également fait atterrir un astromobile (un petit "rover" motorisé) sur Mars et c'est le troisième pays au monde à avoir envoyé un humain dans l'espace par ses propres moyens.

Les Etats-Unis comptent faire atterrir des astronautes sur la Lune en 2026 avec leur mission Artémis 3. La Chine compte aussi y envoyer des humains, d'ici 2030.

La Chine est exclue de la Station spatiale internationale depuis 2011, date à laquelle les Etats-Unis ont interdit à la NASA de collaborer avec Pékin. La Chine a alors développé son propre projet de station spatiale.

L'avancée rapide du programme spatial chinois suscite l'inquiétude de Washington.

En avril, Bill Nelson, le patron de la Nasa, a affirmé que les Etats-Unis se trouvent désormais engagés dans une "course" avec Pékin.

"Nous pensons qu'une grande partie de ce qu'ils appellent leur programme spatial civil est en fait un programme militaire", a-t-il dit, devant une commission chargée des dépenses à la Chambre des représentants, à Washington.

Chang'e 6 est la première des trois missions sans équipage envoyée sur la Lune prévues par la Chine pour cette décennie.

Puis, Chang'e 7 explorera le pôle sud lunaire à la recherche d'eau, tandis que Chang'e 8 tentera d'établir la faisabilité technique de la construction d'une base sur le satellite naturel de la Terre, Pékin affirmant qu'un "modèle de base" sera achevé d'ici à 2030.

Selon les scientifiques, la face cachée de la Lune - appelée ainsi parce qu'elle est invisible depuis la Terre et non parce qu'elle ne capte jamais les rayons du soleil - est très prometteuse pour la recherche, car ses cratères sont moins recouverts par d'anciennes coulées de lave que ceux de la face proche.

Cela pourrait donc signifier qu'il sera plus facile de collecter des matériaux afin de mieux comprendre comment la Lune s'est formée.

"Les échantillons collectés par Chang'e 6 auront un âge géologique d'environ 4 milliards d'années", a estimé M. Ge.

"La collecte d'échantillons lunaires provenant de différentes régions et de différents âges géologiques et la réalisation d'expériences sont d'une grande valeur et d'une grande importance pour l'humanité", a-t-il ajouté.

 


Niger: des troupes russes dans une base abritant des soldats américains

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, témoigne de la demande de budget du ministère de la Défense pour l'exercice 2025 lors d'une audience du comité des services armés de la Chambre des représentants des États-Unis, à Capitol Hill, à Washington, DC, le 30 avril 2024. (Photo, AFP)
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, témoigne de la demande de budget du ministère de la Défense pour l'exercice 2025 lors d'une audience du comité des services armés de la Chambre des représentants des États-Unis, à Capitol Hill, à Washington, DC, le 30 avril 2024. (Photo, AFP)
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  • Le déploiement russe dans la base aérienne située dans la capitale Niamey place les soldats russes et américains dans une situation de proximité à un moment où Washington et Moscou sont en farouche désaccord sur la guerre en Ukraine
  • Interrogé à ce sujet lors d'une conférence de presse jeudi, Lloyd Austin a indiqué que le déploiement russe ne posait pas de "problème significatif (...) en terme de protection de nos forces"

WASHINGTON: Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a indiqué jeudi que des soldats russes étaient installés dans une base aérienne au Niger abritant également des troupes américaines, après que Niamey a exigé le retrait du pays des forces américaines.

Le déploiement russe dans la base aérienne située dans la capitale Niamey place les soldats russes et américains dans une situation de proximité à un moment où Washington et Moscou sont en farouche désaccord sur la guerre en Ukraine.

Interrogé à ce sujet lors d'une conférence de presse jeudi, Lloyd Austin a indiqué que le déploiement russe ne posait pas de "problème significatif (...) en terme de protection de nos forces".

"La base aérienne 101, où sont nos forces, est une base des forces aériennes nigériennes qui est située à côté de l'aéroport international dans la capitale. Les Russes sont dans un bâtiment séparé et n'ont pas accès aux forces américaines ni à nos équipements", a-t-il dit lors d'une conférence à Hawaï.

Interrogé lors d'un point presse à Moscou, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov n'a ni confirmé ni démenti la présence russe dans la base, indiquant simplement que Moscou développait ses relations avec les pays africains dans tous les domaines, y compris militaire.

Le régime militaire du Niger issu d'un coup d'Etat perpétré le 26 juillet 2023 a dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que celui-ci avait été "imposé unilatéralement" par Washington et que la présence américaine était désormais "illégale".

Mi-avril, Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1.000 soldats.

Des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sont toujours en cours concernant les modalités de ce retrait, a indiqué la semaine dernière le chef du commandement militaire américain pour l'Afrique. Les Etats-Unis disposent notamment d'une importante base de drones près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, le régime militaire a également rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française.

Il s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des militaires et confrontés à la violence jihadiste, perpétrée par des groupes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.

En avril, des instructeurs russes sont arrivés à Niamey tandis que les autorités du pays réceptionnaient leur première livraison de matériel militaire russe.