Muharrem Ince, trouble-fête de l'opposition turque

L'ancien candidat à la présidence Muharrem İnce du Parti républicain du peuple (CHP) donne une conférence de presse devant une image de Kemal Ataturk, connu sous le nom de "Père des Turcs", à Ankara le 13 août 2020. (Adem Altan, AFP)
L'ancien candidat à la présidence Muharrem İnce du Parti républicain du peuple (CHP) donne une conférence de presse devant une image de Kemal Ataturk, connu sous le nom de "Père des Turcs", à Ankara le 13 août 2020. (Adem Altan, AFP)
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Publié le Samedi 25 mars 2023

Muharrem Ince, trouble-fête de l'opposition turque

  • Pour beaucoup en Turquie, Muharrem Ince reste le pugnace orateur qui avait suscité l'espoir chez les opposants au chef de l'Etat à la présidentielle de 2018
  • Selon les observateurs, Muharrem Ince n'a toutefois aucune chance de l'emporter seul face au président Erdogan

ISTANBUL : L'opposition turque pensait avoir fait le plus dur en unissant ses forces comme jamais auparavant face au président Recep Tayyip Erdogan. C'était sans compter sur Muharrem Ince, décidé à jouer les trouble-fêtes à sept semaines de la présidentielle.

Pour beaucoup en Turquie, Muharrem Ince reste le pugnace orateur qui avait suscité l'espoir chez les opposants au chef de l'Etat à la présidentielle de 2018.

Avant de disparaître sans même saluer ses partisans au soir du premier tour, quand Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003, avait été réélu avec 52,6% des voix.

L'ex-candidat du CHP (social-démocrate), principal parti de l'opposition turque, a annoncé mi-mars qu'il se présenterait à nouveau cette année, sous les couleurs cette fois de sa propre formation, le parti Memleket (Patrie).

«C'est une mauvaise nouvelle pour l'opposition», affirme Berk Esen, enseignant en sciences politiques à l'université Sabanci d'Istanbul.

La coalition d'opposition, alliance de six partis aux tendances diverses, est parvenue à surmonter ses divergences pour introniser début mars son candidat, le patron du CHP, Kemal Kiliçdaroglu.

Mercredi, ce dernier a reçu le soutien tacite du parti prokurde HDP, troisième force politique turque, faisant dire à certains analystes que l'opposition pourrait l'emporter dès le premier tour face à un président Erdogan dont l'étoile a pâli.

«Au vu de sa capacité à attirer les voix des électeurs du CHP et du Bon Parti (les deux principales formations de l'alliance de l'opposition, NDLR), Ince pourrait jouer les trouble-fêtes et provoquer un second tour», juge cependant Berk Esen.

- Agitateur -

A la présidentielle de 2018, cet ancien professeur de physique-chimie devenu député, connu jusqu'alors pour être l'agitateur du Parlement turc, avait été préféré à Kemal Kiliçdaroglu, jugé moins apte à rallier les foules, pour défier Recep Tayyip Erdogan.

Mais sa défaite au premier tour avec 30,6% des voix s'était doublée d'une maladresse de taille: plutôt que de reconnaître sa défaite publiquement, Muharrem Ince s'était contenté d'un SMS lapidaire («L'homme a gagné») à un journaliste influent.

Son message s'était affiché en une des journaux, entamant sa popularité.

Après avoir échoué à déloger Kemal Kiliçdaroglu de la tête du CHP quelques mois plus tard, Muharrem Ince, 58 ans, a lancé en mai 2021 sa propre formation nationaliste laïque.

Le candidat revanchard a affiché sa confiance cette semaine au moment de déposer sa candidature au Haut conseil électoral.

«Les élections iront au second tour, et je serai élu président au second tour avec plus de 60% des voix», a lancé M. Ince, qui continuait vendredi de collecter les 100.000 signatures qui lui permettront d'être candidat.

- Génération Z -

Habile communicant, Muharrem Ince trouve un écho chez les jeunes électeurs lassés du président Erdogan et peu inspirés par la candidature de Kemal Kiliçdaroglu, ancien haut fonctionnaire de 74 ans qui se présente en «force tranquille», estiment les analystes.

«Il semble être particulièrement populaire parmi les membres de la génération Z, qui peuvent être facilement séduits par des candidats anti-statu quo», juge Berk Esen.

«Pour ces électeurs, Kiliçdaroglu n'incarne pas la nouveauté», relève-t-il.

Selon les observateurs, Muharrem Ince n'a toutefois aucune chance de l'emporter seul face au président Erdogan, qui pâtit pourtant d'une économie en crise et doit assumer les conséquences du séisme du 6 février qui a fait plus de 50.000 morts et a anéanti des villes entières.

Pire, sa candidature ne fera que nuire à l'alliance de l'opposition.

«Il est peu probable qu'Ince vole des voix au parti au pouvoir», souligne le journaliste politique Deniz Zeyrek.

«À qui [sa candidature] profitera-t-elle le plus ? À Erdogan», estime-t-il.

L'opposition, à cinquante jours du scrutin, tente toujours de convaincre discrètement Muharrem Ince de se retirer de la course.

«Sa décision et celle du CHP d'enterrer ou non la hache de guerre sera la clé du résultat de Kiliçdaroglu au second tour», juge Emre Peker, du centre de réflexion Eurasia group.

Le chroniqueur turc Guvenç Dagüstün a résumé lundi dans les pages du quotidien de gauche Birgün un sentiment partagé dans les rangs des opposants au président Erdogan.

«Retirez-vous immédiatement.. Votre candidature ne vous apportera aucun succès».


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.