De Paris à New York, le dessin ancien attire de nouveaux collectionneurs

Des dessins et tableaux anciens sont exposés dans une salle de vente à Drouot Richelieu, le 19 décembre 2001 à Paris.  (Photo Martina Stanek / AFP)
Des dessins et tableaux anciens sont exposés dans une salle de vente à Drouot Richelieu, le 19 décembre 2001 à Paris. (Photo Martina Stanek / AFP)
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Publié le Samedi 25 mars 2023

De Paris à New York, le dessin ancien attire de nouveaux collectionneurs

  • Edwart Vignot, 53 ans, collectionne «depuis ses 10 ans» ces «parts de bonheur qui pèsent quelques grammes» avec «une prédilection grandissante pour les chevaux»
  • Connaisseur du secteur et adepte des réseaux sociaux, le collectionneur dit «voir émerger parmi les collectionneurs de nombreux étudiants en histoire de l'art»

PARIS : A Paris, Londres ou New York, de nouveaux collectionneurs de dessins anciens (XVe-XIXe siècle), âgés de 30 à 50 ans, arrivent sur le marché, attirés par une forme d'art qui «les fait voyager à travers le temps», selon des spécialistes du secteur interrogés par l'AFP.

Professionnels de la finance ou du droit, plus rarement startuppers bercés au numérique, «beaucoup ont découvert cette passion grâce aux ventes en ligne pendant les confinements», dit Louis de Bayser, président du Salon du dessin de Paris, qui se tient jusqu'à lundi.

«Nous avons vu arriver quelques-uns d'entre eux qui ont acheté des lots de plusieurs millions d'euros», confirme Hélène Rihal chez Christie's Paris.

Soucieux de trouver «la perle rare» pour l'exposer dans leur salon, ces nouveaux collectionneurs «s'intéressent à l'esprit du dessin, qui leur permet de se projeter dans le temps à la période de création de l'artiste», ajoute M. De Bayser, marchand d'art qui a vendu une «feuille» de Johann Heinrich Füssli (XVIIIe) à l'un de ces nouveaux collectionneurs.

A New York, Domenico Lanzara, 36 ans, employé d'une grande banque d'investissement américaine, adore «les préraphaélites». Il parle avec passion de sa collection: «une vingtaine de dessins anciens, majoritairement italiens des XVIe et XVIIIe siècles, qui s'enrichit depuis peu de dessins allemands du XIXe siècle».

- «Voyager à travers le temps» -

«Pour moi, c'est une manière d'échapper à la réalité en étant entouré d'objets qui me donnent l'illusion de voyager à travers le temps», explique-t-il.

«Connecté en permanence», il ressent aussi le besoin de «revenir au papier physiquement, à sa texture et aux marques du temps qui en font sa valeur et qui n'ont rien à voir avec l'art numérique, un univers virtuel où tout peut être modifié».

Au salon du dessin, Nathalie Motte Masselink, galeriste, distingue «ceux qui cherchent des pièces rares, peu importe l'époque», et «les très pointus, à la recherche d'un sujet très spécifique».

Souvent «self-made men», ils sont «prêts à dépenser beaucoup d'argent pour un dessin et très soucieux de l'authenticité de son attribution». Contrairement à leurs aînés, qui conservent leurs trésors dans des cartons, «ils les accrochent sur les murs», détaille-t-elle.

Edwart Vignot, 53 ans, collectionne «depuis ses 10 ans» ces «parts de bonheur qui pèsent quelques grammes» avec «une prédilection grandissante pour les chevaux».

- Réseaux sociaux -

Connaisseur du secteur et adepte des réseaux sociaux, il dit «voir émerger parmi les collectionneurs de nombreux étudiants en histoire de l'art».

«Âgés de 20 à 30 ans», ils ont «peu de moyens» et «achètent des dessins pour quelques dizaines d'euros».

«Le confinement leur a permis de découvrir de petites signatures, même à Drouot, lors des ventes en ligne. Je le vois sur Instagram où ils postent des photos des dessins qu'ils chinent aux puces et dans les passages parisiens», dit-il.

C'est aussi sur les réseaux sociaux que Domenico Lanzara échange avec ses homologues «à Londres et Paris».

«On fait des recherches dans les bases de données, on s'échange des informations sur les prix. Quand on voit quelque chose et qu'on ne peut pas prendre un avion, on contacte une personne sur place qui va voir l'œuvre physiquement», dit-il, regrettant que le salon parisien dont il est adepte n'y ait pas plus recours.

Mais pour Emmanuel Marty de Cambiaire, marchand spécialisé, le marché du dessin ancien et les réseaux sociaux ne font pas bon ménage.

«Ce sont certainement des accélérateurs de vente pour les petits prix mais vous ne vendriez jamais un Canaletto (Giovanni Antonio Canal, 1697-1768, peintre vénitien) comme celui-ci - estimé à plusieurs centaines de milliers d'euros - sur Instagram», dit-il.

Question de «confiance», estime Sébastien Castel, 50 ans, habitué du salon du dessin où sa «passion dévorante» l'entraîne régulièrement.

Internet, «c'est pratique» mais «il faut toujours voir le dessin avant de l'acheter. On découvre alors le plus extraordinaire: une feuille qui a 400 ans, qui a voyagé et traversé toutes les époques. C'est une plongée dans l'histoire qui ouvre beaucoup de portes», ajoute-t-il.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com