WASHINGTON: La Banque mondiale (BM) a annoncé jeudi modifier son approche pour renforcer l'implication du financement privé dans la lutte contre le réchauffement climatique dans les pays en développement.
Elle veut adapter ses outils d'analyse afin "d'identifier les barrières existantes pour développer le financement privé" en incitant les États à réaliser les réformes nécessaires dans ce sens.
L'institution compte "créer les canaux de financement" nécessaires, en développant des projets dans lesquels la BM ou les banques régionales d'investissements participeront au financement afin de partager les risques avec le secteur privé.
Enfin, la BM souhaite créer les instruments permettant de cibler spécifiquement une émission de dette à destination des infrastructures nécessaires à la transition, mais aussi de pouvoir elle-même cibler spécifiquement ce type de financement dans ses prêts.
"Notre ambition est de créer une catégorie d'actifs via lesquels il sera possible d'investir pour les infrastructures des pays en développement et qui dépasse les frontières et les secteurs", a expliqué le président sortant de la Banque, David Malpass, cité dans le communiqué.
Or les pays en développement ont besoin de 2 400 milliards de dollars par an, sur sept ans, selon la BM pour faire face aux coûts engendrés "uniquement par le réchauffement climatique, les conflits et les pandémies".
Les institutions financières sont régulièrement pointées du doigt par des ONG pour leur manque de soutien à la transition écologique des pays les moins riches, malgré le contexte d'urgence rappelé par le rapport du Giec, publié lundi.
"La fenêtre d'action se rétrécit", a déclaré lundi le chef de la branche climat des Nations unies, mais "il y a toujours une possibilité, avec un effort mondial significatif, d'atteindre l'objectif de 1,5 degré" de hausse des températures mondiales.
David Malpass, qui doit quitter en juin la présidence de la BM, a été à plusieurs fois critiqué pour son manque d'implication dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Il a même été accusé d'être "climato-sceptique", en particulier après une intervention en septembre, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, dans laquelle il ne reconnaissait pas la responsabilité des activités humaines dans l'alimentation du phénomène, cherchant par la suite à convaincre qu'il s'était mal exprimé.
Le candidat des États-Unis à la succession de M. Malpass, Ajay Banga, actuellement en tournée dans le monde pour promouvoir sa candidature, a d'ores et déjà annoncé sa volonté de créer les conditions pour impliquer plus largement le secteur privé au financement de la lutte contre le réchauffement climatique.