Pour Jean-Pierre Sakoun, «l’islam radical est forcément politique»

«Il n’y a pas de complexité ni de débat sur la laïcité actuellement en France», insiste Jean-Pierre Sakoun, le président du Comité Laïcité République (CLR) (Photo, YouTube)
«Il n’y a pas de complexité ni de débat sur la laïcité actuellement en France», insiste Jean-Pierre Sakoun, le président du Comité Laïcité République (CLR) (Photo, YouTube)
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Pour Jean-Pierre Sakoun, «l’islam radical est forcément politique»

  • Selon Jean-Pierre Sakoun, il existe bel et bien un problème avec l’islam radical, qui «travaille les musulmans de France pour qu’ils adoptent une acception très raide de leur religion»
  • «Il est clair que depuis presque quarante ans, il s’est produit une modification assez importante dans la société française», explique le président du CLR

ATHENES: Arab News en français s’est entretenu avec Jean-Pierre Sakoun, le président du Comité Laïcité République (CLR), pour qui «la prise de conscience en France est réelle aujourd’hui»: il existe bel et bien un problème avec l’islam radical qui, selon lui, «travaille les musulmans de France pour qu’ils adoptent une acception très raide de leur religion». C’est devenu possible à présent, après «trente années d’érosion de la laïcité» et de modifications au niveau de l’école», estime M. Sakoun, qui souhaite qu’une réelle «émancipation de l’être humain devienne enfin possible, que chaque être humain puisse décider librement de sa vie, de son orientation sociale, religieuse».

Pourquoi la laïcité devient-elle de plus en plus une question complexe et épineuse en France? M. Sakoun estime que ce n’est pas le cas. «Il n’y a pas de complexité ni de débat sur la laïcité actuellement en France», insiste-t-il. Et le président du CLR rappelle que 88 à 90% de la population française est favorable à l’application de la laïcité. «La question fondamentale, c’est que la laïcité est un instrument incomparable de liberté individuelle et d’émancipation […] et qu’elle protège de toutes les pressions en général, qu’elles soient d’ordre ethnique ou religieux.» Ces pressions, la communauté à laquelle l’individu appartient va immanquablement, presque naturellement, les faire peser sur cette personne.

Or, pour le président du CLR, «il est clair que depuis presque quarante ans il s’est produit une modification assez importante dans la société française, qui a permis aux tenants de cet islam radical – entre Frères musulmans et salafistes – de “travailler” les musulmans de France pour leur faire adopter une vision très raide, radicale de leur religion et pour qu’ils s’opposent à cette ouverture et à cette capacité d’émancipation de l’individu qu’ils considèrent comme un danger pour la religion dans l’espace public».

«L’islam radical est forcément politique»

Selon la définition de la laïcité proposée par le site officiel de l’Observatoire de la laïcité, celle-ci «garantit la liberté de conscience» de laquelle découle «la liberté de manifester ses croyances ou convictions dans les limites du respect de l'ordre public». Elle implique également «la neutralité de l'État et impose l'égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction». Jean-Pierre Sakoun considère-t-il que l’islam radical est obligatoirement politique?

Sa réponse est positive, et sans détours. «S’il y a une différence d’approche entre les Frères musulmans et les salafistes, tous se retrouvent dans le résultat. Un nombre non négligeable d’associations viennent dans des quartiers qui, petit à petit, sont devenus tout à fait uniformes, remplacer le service public ou le pousser dehors pour lui prendre sa place», note le président du Comité Laïcité République. L’uniformité géographique est-elle en elle-même un problème? N’est-ce pas plutôt le laxisme, le laisser-faire des autorités? «Ce n’est pas binaire, l’autorité et la fermeté en démocratie sont contrôlées par les lois, la justice administrative et, d’autre part, dans une sorte d’aveuglement terrible, les gouvernements de gauche et de droite ont laissé se développer des regroupements en France qui sont absolument catastrophiques pour la République. Et ceux-ci se sont d’abord formés par facilité, à cause du laxisme des autorités, mais ils se développent maintenant de l’intérieur. Les associations font désormais tout leur possible pour conserver une unité ethnico-religieuse dans ces quartiers pour que leur emprise soit la plus forte possible. Les gouvernements français ont été catastrophiquement aveugles depuis trente-cinq ans», déplore Jean-Pierre Sakoun.

Or, selon l’étude lancée par Arab news en français et effectuée en partenariat avec l’institut de sondage YouGov sur près de 1000 personnes, les Français d’origine arabe respectent clairement les valeurs françaises, comme la laïcité.  Ils pensent qu’un système laïc serait bénéfique pour leur pays d’origine, et s’affirment même prêts à défendre ce modèle dans leur pays d’origine. 54% d’entre eux prônent la laïcité qui serait, pour eux, une solution aux problèmes du monde arabe. Les personnes interrogées se montrent réticentes aux ingérences de la religion en politique et apprécient le système laïc appliqué en France. Système qu’elles défendraient même ouvertement dans leur pays d’origine.

Le débat autour de ce qu’on a un temps appelé «séparatisme» ne serait-il dès lors en réalité qu’un débat qui concerne l’ordre public? M. Sakoun estime sur ce point que les questions d’ordre public ne sont qu’une conséquence, «voire un symptôme de la laïcité». «La fermeture administrative de la mosquée de Pantin est un exemple d’ordre public bienvenu […] mais on ne résout pas simplement les problèmes par de l’administratif et de l’ordre public; il faut un débat de fond et la question cruciale, ici, c’est celle de la laïcité. […] Mais je suis globalement satisfait qu’un coup de semonce ait été envoyé à des gens qui, impunément, prônent la haine sur les réseaux.» Et d’ajouter: «Cela fait trente ans que des officines des Frères musulmans fonctionnent en marge de la légalité, c’est un mode opératoire pernicieux qui, en même temps, diffuse “l’imposture de l’islamophobie”, et c’est pourquoi le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a été dissout.» Pour le président du CLR, la rhétorique de l’islamophobie a été fabriquée de toutes pièces par «les mollahs iraniens». Et c’est depuis les attentats de 2015 que les autorités françaises ont réellement pris la mesure du problème. «On ne va pas, en quelques années, corriger quarante ans d’erreurs. Il va falloir une génération pour y arriver, mais on va y arriver, et pour le bénéfice de tous», note-t-il.

L’école, «une respiration laïque»

Revenant sur l’affaire des foulards de Creil, en 1989, Jean-Pierre Sakoun insiste pour que le mot «hidjab» soit utilisé «car c’est une volonté de faire rentrer la religion dans l’école». Lorsqu’on lui demande ce qui a changé depuis 1989, il répond sans hésiter: «Trente ans d’érosion de la laïcité, de modification de l’organisation de l’école qui font que la formation du citoyen est devenue quelque chose d’un peu secondaire par rapport à ce qu’elle était, essentielle au fonctionnement de la République». «L’affaire de Creil est l’une des erreurs politiques majeures du gouvernement de Lionel Jospin et cette erreur, nous allons la payer pendant cinquante ans», précise-t-il avec amertume. «Creil, c’est le premier test imposé par l’islam politique à la République et ce test est passé comme dans du beurre», ajoute-t-il.

Mais le port du foulard n’est-il pas en soi une liberté individuelle? Le simple port du foulard est-il de nature à imposer un dogme ou une certaine conduite à autrui? Jean-Pierre Sakoun aime à rappeler dans ce cadre la spécificité de l’école en ce qu’elle constitue «une respiration laïque», souligne-t-il en citant l’expression de Catherine Kintzler, philosophe française et fervente défenseuse de la laïcité. «À l’école, on abandonne ses préjugés, ses croyances pour ne devenir qu’élève, […] alors qu’à l’université on est déjà majeur et en train de suivre une formation professionnelle», affirme-t-il en précisant que ce qui se joue à l’école, «c’est la lutte laïque pour l’abstention de toute manifestation religieuse».

«La République se défend» 

L’école étant un havre pour l’éducation, les arrestations de mineurs – scolarisés dans une école publique d’Albertville – du 7 novembre dernier pour «signaux islamistes» sont-elles justifiées? «Compte tenu de ce qui se passe et du traumatisme absolu qu’a représenté ce qui s’est passé avec Samuel Paty [assassiné par décapitation, NDLR] […], aujourd’hui la République se défend. Celui qui a mis le feu c’est le père islamiste qui a appelé au meurtre [de Samuel Paty, NDLR] avec le soutien de la mosquée de Pantin», indique sur ce sujet M. Sakoun.

L’association Comité Laïcité République, que préside Jean-Pierre Sakoun, est née des conséquences de l’affaire des foulards de Creil et œuvre «aussi bien avec la droite qu’avec la gauche, mais pas avec les extrêmes, c’est-à-dire sans le Rassemblement national – qui est tout sauf laïc – et sans l’extrême gauche radicale», précise le président du CLR. «Notre objectif est de diffuser dans la société une réflexion, voire de la formation, sur les questions de laïcité, une notion qui nous a semblé tellement naturelle pendant des années», mais qui ne semble plus l’être à l’époque actuelle. Le CLR organise des colloques et remet des prix «de la laïcité». La lauréate de l’un d’eux l’année passée était Ariane Mnouchkine, metteuse en scène et animatrice du Théâtre du Soleil, la troupe qu'elle a fondée en 1964.

En outre, le CLR travaille étroitement avec les gouvernements et les assemblées. Cela a été le cas lors de la préparation du projet de loi sur les séparatismes, désormais rebaptisée «projet de loi confortant les principes républicains». Ce projet est, selon Sakoun, «un excellent signal»: «C’est important d’adapter les outils à l’époque dans laquelle nous vivons», explique-t-il. Le CLR a toutefois émis une observation importante au sujet de ce projet, exprimant le souhait de voir interdite l’exploitation par les associations culturelles des biens immobiliers. Pour le président du CLR, ce nouveau projet de loi «n’est pas une loi d’émotion». «Les lois d’émotions ne sont jamais appliquées car elles sont édictées en réaction à des événements précis. Or, la loi sur les principes républicains (ex-loi sur les séparatismes) a été pensée et préparée bien avant le meurtre de Samuel Paty.» Tout réside maintenant dans l’application, selon Jean-Pierre Sakoun, qui aime à rappeler que la République est laïque et sociale, car «la laïcité n’a de sens que dans le cadre d’une République sociale».

Toutefois, selon lui, le problème social ne saurait à lui seul expliquer le développement de l’islamisme en France car, à l’heure qu’il est, «il ne suffirait pas de résoudre la question sociale pour résoudre la question de la laïcité». Sans social, la laïcité aura certes du mal à survivre, mais le fonds du problème ne sera pas résolu une fois la question sociale résolue. «On se rend bien compte que le terrorisme islamisme a pour but d’opérer une révolution qui se veut déstabilisatrice, plus particulièrement en démocratie, dont on sait que c’est un régime qui a le plus de mal à se défendre.» L’objectif est de faire que les musulmans ne se reconnaissent plus comme Français. Le souhait de plus cher de Jean-Pierre Sakoun? Faire en sorte que l’émancipation de l’humain devienne enfin possible, «que chaque être humain puisse décider librement de sa vie, de son orientation», quelles qu’elles soient.

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Trois députés contraints de démissionner après avoir été déclarés inéligibles par le Conseil constitutionnel

La ministre française de la Culture Rachida Dati et le Premier ministre français Gabriel Attal  s'adressent à la presse lors d'une visite de campagne pour soutenir la candidate du MoDem Maud Gatel  et le candidat de la Renaissance Jean Laussucq pour les élections législatives, sur un marché, à Paris, le 5 juillet 2024. (Photo d'archives AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati et le Premier ministre français Gabriel Attal s'adressent à la presse lors d'une visite de campagne pour soutenir la candidate du MoDem Maud Gatel et le candidat de la Renaissance Jean Laussucq pour les élections législatives, sur un marché, à Paris, le 5 juillet 2024. (Photo d'archives AFP)
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  • Les dépenses irrégulières "représentent 21% du montant des dépenses du compte et 10,2% du plafond des dépenses autorisées dans la circonscription" et s'élèvent à 7.030 euros, a précisé le Conseil constitutionnel
  • Brigitte Barèges a été épinglée pour avoir facturé la participation à sa campagne de deux collaborateurs de son cabinet à la mairie de Montauban, alors qu'elle en était la maire

PARIS: Trois députés, les élus Ensemble pour la République (EPR) Jean Laussucq et Stéphane Vojetta ainsi que celle de l'Union des droites (UDR) Brigitte Barèges, ont été déclarés inéligibles par le Conseil constitutionnel vendredi, en raison d'irrégularités dans leurs comptes de campagne.

Jean Laussucq, député de Paris, Brigitte Barèges, députée du Tarn-et-Garonne, et Stéphane Vojetta, député pour les Français établis hors de France, ont été déclarés inéligibles "pour une durée d'un an" et "démissionnaires d'office" de leurs mandats, a annoncé le Conseil constitutionnel.

Il est reproché à Jean Laussucq d'avoir réglé "des dépenses de campagne au moyen de son compte bancaire personnel" et d'avoir laissé des tiers régler "directement une part significative des dépenses exposées pour sa campagne électorale" de 2024.

Les dépenses irrégulières "représentent 21% du montant des dépenses du compte et 10,2% du plafond des dépenses autorisées dans la circonscription" et s'élèvent à 7.030 euros, a précisé le Conseil constitutionnel.

Brigitte Barèges a été épinglée pour avoir facturé la participation à sa campagne de deux collaborateurs de son cabinet à la mairie de Montauban, alors qu'elle en était la maire.

Enfin, le Conseil constitutionnel a reproché à Stéphane Vojetta, élu dans une circonscription comprenant notamment l'Espagne et le Portugal, d'avoir réglé "irrégulièrement" une "part substantielle des dépenses engagées", durant sa campagne, notamment des "frais de transport".

Des élections législatives partielles devront être organisées prochainement pour désigner des nouveaux députés.

Deux autres députés élus lors des législatives de juillet 2024 avaient dû remettre leurs sièges en jeu après des décisions du Conseil constitutionnel, dans le Jura et en Saône-et-Loire.

 


France: au défilé du 14-Juillet, la "crédibilité" des armées et un "effort" face à la menace

Des spectateurs regardent la Patrouille de France (PAF pour Patrouille acrobatique de France) survoler la pyramide du Louvre conçue par l'architecte sino-américain Ieoh Ming Pei, à Paris le 9 juillet 2025, lors d'une répétition pour le défilé annuel du 14 juillet, où le président indonésien sera l'invité d'honneur. (AFP)
Des spectateurs regardent la Patrouille de France (PAF pour Patrouille acrobatique de France) survoler la pyramide du Louvre conçue par l'architecte sino-américain Ieoh Ming Pei, à Paris le 9 juillet 2025, lors d'une répétition pour le défilé annuel du 14 juillet, où le président indonésien sera l'invité d'honneur. (AFP)
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  • Face à l'"aggravation" des menaces, le traditionnel défilé du 14-Juillet donné pour la fête nationale mettra lundi en avant la "crédibilité" de l'armée française avec des militaires "prêts à partir" en opérations
  • Le 13 juillet, lors d'un discours aux armées, le président Emmanuel Macron tirera "les conclusions en matière d'efforts de défense" du contexte de menace russe jugée durable contre l'Europe

PARIS: Face à l'"aggravation" des menaces, le traditionnel défilé du 14-Juillet donné pour la fête nationale mettra lundi en avant la "crédibilité" de l'armée française avec des militaires "prêts à partir" en opérations, au lendemain "d'annonces majeures" attendues du chef de l'Etat sur "l'effort de défense".

Le 13 juillet, lors d'un discours aux armées, le président Emmanuel Macron tirera "les conclusions en matière d'efforts de défense" du contexte de menace russe jugée durable contre l'Europe, et du recours à la force de plus en plus désinhibé dans le monde, selon l'Elysée.

Alors que les pays de l'Otan se sont engagés à consacrer à l'avenir 3,5% de leur PIB à leur défense, Paris pourrait augmenter son budget au-delà des 413 milliards d'euros prévus entre 2024 et 2030 par la loi de programmation militaire (LPM), en dépit de la traque aux économies pour réduire l'abyssal déficit des finances publiques du pays.

"Très clairement, nous devons aujourd'hui réviser notre programmation et notre stratégie, la réviser à la lumière de changement de la nature du risque", a observé jeudi Emmanuel Macron.

Lors du défilé, de retour sur la prestigieuse avenue parisienne des Champs-Elysées après avoir été déplacé l'an passé en raison des Jeux Olympiques, l'armée française entend mettre en valeur sa "crédibilité opérationnelle" et sa "solidarité stratégique" avec ses partenaires.

Après les écoles, "l'ossature" du défilé sera constituée autour des unités de la 7e brigade blindée, qui paradera non pas "en tenue de défilé (...) mais en bloc opérationnel et en tenue de combat à bord des engins blindés", selon le gouverneur militaire de Paris, le général Loïc Mizon, responsable de l'organisation.

"Il s'agit de montrer un outil de combat qui est quasiment prêt à partir, tel qu'il est présenté à nos concitoyens sur les Champs-Élysées", a-t-il expliqué.

Paris se veut capable de déployer cette année si nécessaire une brigade "bonne de guerre" -soit plus de 7.000 hommes avec toutes les munitions et la logistique- en dix jours. En 2027, l'ambition est de faire de même pour une division (plus de 20.000 hommes) en 30 jours.

- L'Indonésie en invité d'honneur -

Pour incarner ces partenariats et cette solidarité stratégique défileront une compagnie belgo-luxembourgeoises, la force binationale franco-finlandaise composant la force de réaction rapide de la Finul, la mission de l'ONU au Liban, ou encore l'équipage de la frégate Auvergne, qui a effectué plusieurs déploiements en Baltique et en Arctique afin de soutenir les opérations de l'Otan.

Le défilé met cette année à l'honneur l'Indonésie, avec qui la France a conclu un partenariat stratégique pour peser dans la zone indo-pacifique.

Le président indonésien Prabowo Subianto, qui assistera aux festivités au côté d'Emmanuel Macron après avoir accueilli son homologue français fin mai à Jakarta, a annoncé son intention d'acquérir davantage d'avions de combat Rafale, de sous-marins Scorpène et de canons Caesar, ainsi que des frégates légères.

Plus de 450 militaires indonésiens, dont les musiciens d'un "drumband", ouvriront le défilé à pied, précédés de la Patrouille de France.

Au total, 7.000 femmes et hommes défileront, dont 5.600 à pied, 65 avions dont 5 appareils étrangers, 34 hélicoptères, 247 véhicules et 200 chevaux de la Garde républicaine.

La Marine mettra également à l'honneur la flottille de lutte contre les mines, sa première unité entièrement "dronisée", tandis que l'armée de l'Air et de l'Espace mettra en avant le personnel la base aérienne 101 de Toulouse, première base "à vocation spatiale" tout juste inaugurée.

L'importance de la transmission mémorielle sera symbolisée par des animations à l'occasion des 100 ans du Bleuet de France, organisme de soutien aux blessés et anciens combattants, et du comité de "la Flamme sous l'Arc de triomphe", qui entretient la mémoire des soldats tombés pendant la Première guerre mondiale.

"L'absolue nécessité de la cohésion nationale" sera également évoquée selon le général Mizon à travers les "dispositifs en direction des jeunes", notamment les outils de formation et d'insertion dans l'emploi que sont le service militaire volontaire (SMV) en métropole et le service militaire adapté (SMA) en outre-mer.

Les conclusions de la réflexion sur un "service national" seront elles rendues "au début de l'automne", selon le chef de l'Etat.


Au dernier jour de la visite d'Etat de Macron, les Britanniques espèrent un accord sur l'immigration

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  • Le président Emmanuel Macron achève jeudi sa visite d'Etat au Royaume-Uni avec un sommet bilatéral lors duquel les Britanniques espèrent décrocher un accord sur l'immigration alors que les traversées de la Manche atteignent un record
  • Londres et Paris vont encore renforcer d'un cran jeudi leur alliance militaire, en particulier sur le volet nucléaire, et afficher leur détermination à défendre leurs alliés européens, dont l'Ukraine

LONDRES: Le président Emmanuel Macron achève jeudi sa visite d'Etat au Royaume-Uni avec un sommet bilatéral lors duquel les Britanniques espèrent décrocher un accord sur l'immigration alors que les traversées de la Manche atteignent un record.

Le sommet, présidé par le président français et le Premier ministre britannique Keir Starmer, a démarré à Downing Street peu après 09H00 (08H00 GMT).

Londres et Paris vont encore renforcer d'un cran jeudi leur alliance militaire, en particulier sur le volet nucléaire, et afficher leur détermination à défendre leurs alliés européens, dont l'Ukraine.

Les deux dirigeants se rendront après le sommet à Northwood, principal centre de commandement des opérations militaires britanniques.

Côté britannique, les attentes sont très élevées sur le thème de l'immigration. Plus de 21.000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l'année - un record, alors que Keir Starmer a promis de "reprendre le contrôle des frontières".

Lors d'un entretien mercredi à Downing Street, les deux dirigeants se sont engagés à réaliser des "progrès concrets" et ont évoqué la piste d'une "nouvelle mesure dissuasive".

Ils travaillent sur une expérimentation d'un échange de migrants, qui reposerait sur le "principe d'un pour un": la France reprendrait un migrant arrivé illégalement au Royaume-Uni et le Royaume-Uni s'engagerait à accueillir un demandeur d'asile se trouvant sur le sol français dont la requête lui semble légitime.

Selon Le Monde, le Royaume-Uni pourrait renvoyer cinquante migrants par semaine vers la France. Ce serait la première fois que Paris accepte de reprendre des migrants, mais des médias britanniques et l'opposition conservatrice ont déjà estimé que ce chiffre n'était pas suffisant.

Dissuasion nucléaire

Concernant la défense, Emmanuel Macron et Keir Starmer vont acter un rapprochement d'ampleur en matière de dissuasion nucléaire, en signant une déclaration stipulant que leurs moyens respectifs pourront "être coordonnés", ont indiqué le ministère britannique de la Défense et l'Elysée.

La souveraineté des deux pays - seuls à disposer du feu nucléaire en Europe - restera entière, mais "tout adversaire menaçant les intérêts vitaux du Royaume-Uni ou de la France, pourrait être confronté à la puissance des forces nucléaires des deux nations", selon les mêmes sources.

Cette affirmation va bien plus loin que le principe en vigueur depuis la déclaration conjointe dite de "Chequers" il y a 30 ans. Celle-ci stipulait le principe "d'intérêts vitaux" partagés mais sans évoquer clairement la mobilisation d'une réponse nucléaire en cas de menace.

Et "un groupe de supervision nucléaire" sera créé, coprésidé par l'Elysée et le Cabinet Office britannique.

"C'est vraiment une étape supplémentaire avec un degré de coordination inédit au niveau militaire et politique", souligne auprès de l'AFP Heloïse Fayet, chercheuse sur les questions nucléaires à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

"Menace extrême" 

Par ailleurs, les deux Etats stipulent "qu'il n'existe aucune menace extrême sur l'Europe qui ne susciterait une réponse des deux pays", sans préciser la nature de cette réponse.

Un message clair à destination de Moscou, quand plusieurs pays de l'est de l'Europe craignent de possibles velléités expansionnistes russes.

Outre le volet nucléaire, Keir Starmer et Emmanuel Macron doivent aussi annoncer une accélération du programme conjoint de missiles de croisière Scalp/Storm Shadow, avec de nouvelles commandes à la clé pour le groupe MBDA, ainsi qu'une nouvelle phase du projet de futurs missiles de croisière et de missiles antinavires, dont le développement s'était quelque peu enlisé.

Les accords de Lancaster House qui encadrent la coopération militaire bilatérale depuis 2010 avaient entériné la création d'une force expéditionnaire conjointe franco-britannique.

Elle aura désormais vocation à constituer le "socle" de la "coalition des volontaires" que Paris et Londres ont lancée début 2025, et qui réunit une trentaine de pays engagés dans le renforcement des capacités de défense de l'Ukraine et dans la garantie d'un futur cessez-le-feu entre Kiev et Moscou.

Les deux dirigeants vont présider jeudi depuis Northwood une réunion en visioconférence de cette coalition, avec notamment le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le chancelier allemand Friedrich Merz.

Cette force, qui a vocation à être déployée en Ukraine une fois un cessez-le-feu en place, mobilisera davantage de troupes - jusqu'à un corps d'armée, soit 40.000 militaires - et pourra s'élargir à d'autres partenaires que la France et le Royaume-Uni, selon l'Elysée.

Selon l'Elysée, des représentants américains devraient également y assister, alors que Donald Trump a durci le ton contre la Russie, qu'il menace de nouvelles sanctions tout en promettant du matériel militaire supplémentaire aux Ukrainiens.