RAMALLAH: Quelques heures après la fin de la réunion de Charm el-Cheikh entre les responsables israéliens et palestiniens sous l'égide de l'Égypte et avec la participation de la Jordanie et des États-Unis, les Forces de défense israéliennes (FDI) ont arrêté plusieurs Palestiniens après une attaque qui a fait deux blessés israéliens dans la ville de Huwara, dans le nord de la Cisjordanie, dimanche dernier.
Les magasins de la ville ont fermé par crainte de représailles de la part des colons israéliens, et des perturbations ont eu lieu après le déploiement des forces de défense israéliennes dans les rues.
Lundi à l'aube, les FDI ont pris d'assaut plusieurs localités et villages du gouvernorat de Jénine et ont intensifié leurs opérations autour de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie.
La police israélienne a arrêté plusieurs militants palestiniens à Jérusalem-Est, à quelques jours du début du ramadan.
Muin al-Dumaidi, maire de Huwara, a indiqué à Arab News que les troupes israéliennes étaient fortement déployées à l'intérieur de la ville et sur les toits des maisons, empêchant les propriétaires d'ouvrir leurs magasins.
«La fermeture de la ville détruira l'économie de Huwara et déplacera les commerçants le long de la rue principale à l'approche du ramadan, car le commerce est la principale source de revenus des habitants de la ville», a déclaré M. Al-Dumaidi.
Selon le maire, la fermeture des commerces vise à éviter les embouteillages pour faciliter la circulation des colons israéliens qui traversent la ville.
«Les propriétaires de magasins n'arrêtent pas de m'appeler pour me demander quand nous serons autorisés à les rouvrir, et je n'ai pas de réponse», a-t-il confié.
Le 26 février, des colons israéliens ont incendié plus de 40 maisons et plus de 50 véhicules dans la ville.
Elisha Yared, porte-parole du politique israélien Limor Son Har Melech, a appelé à l’élimination de la ville palestinienne de Huwara.
«Rayez Huwara de la carte tout de suite, sans remords et sans hésitation... Tant que nous ne comprendrons pas cela, les meurtres (d'Israéliens) se poursuivront dans les rues», a-t-elle appelé sur Twitter en réponse à l'attaque de Huwara.
Par ailleurs, des colons ont agressé des Palestiniens et brisé les vitres de leurs véhicules dans plusieurs villes de Cisjordanie, dont Jéricho, Ramallah et Naplouse, sans aucune intervention des FDI ou de la police.
Ils ont saccagé plusieurs magasins dans la vieille ville d'Hébron, crevé les pneus des véhicules et tracé des slogans racistes sur les murs des maisons à Salfit. Le même jour, des colons ont brisé les vitres de plusieurs voitures à l'entrée du village de Beitin, à l'est de Ramallah.
Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a signé lundi une décision interdisant la station de radio officielle Voice of Palestine à Jérusalem et retirant ses tours de diffusion. Des sources israéliennes ont indiqué que la décision de Ben Gvir s'inscrivait dans le cadre de la lutte contre ce qu'il a qualifié d’«incitation palestinienne».
Par ailleurs, les Palestiniens ont vivement réagi aux déclarations du ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, qui a nié l'existence du peuple palestinien.
Rejetant ces remarques, le premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a déclaré : «Nous sommes ceux qui ont donné à la Palestine son nom et à la terre sa valeur et son statut... L'histoire nous enseigne que le colonialisme prend fin et que la détermination et l'appartenance de notre peuple ne peuvent être ébranlées par les déclarations et les affirmations mensongères des falsificateurs de l'histoire.»
Par ailleurs, la Knesset, le parlement israélien, votera un projet de loi visant à annuler la loi sur le «désengagement» en Cisjordanie, autorisant ainsi le retour de résidents dans des colonies qu'Israël a évacuées en 2005 dans le nord de la Cisjordanie.
La loi sur le «désengagement» avait été rédigée par le parti de l'ancien Premier ministre Ariel Sharon.
Les médias israéliens ont rapporté que le comité législatif de la Knesset a modifié la formulation de la proposition de loi afin de s'assurer qu'elle ne s'applique pas aux colonies évacuées dans la bande de Gaza en 2005.
Par ailleurs, les Palestiniens de Cisjordanie ont déclaré qu'ils ne s'attendaient à aucun changement dans leur vie après le sommet de Charm el-Cheikh dimanche, estimant qu'Israël ne tiendrait aucune des promesses ou des accords convenus.
Selon l'analyste politique Riyad Qadriya, il est exclu qu'Israël ou l'Autorité palestinienne mettent en œuvre l'un des accords de sécurité de Charm el-Cheikh.
«Il sera impossible d'appliquer les dispositions de sécurité des accords de Charm el-Cheikh sans remettre l'ensemble de la zone A à la sécurité palestinienne», a-t-il noté.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com