Retraites: Des stations-service à sec pour la première fois depuis le début des grèves

Cette photographie prise le 20 mars 2023 montre des conducteurs faisant la queue pour du carburant dans une station-service Total Energies, à Montpellier, dans le sud de la France (Photo, AFP).
Cette photographie prise le 20 mars 2023 montre des conducteurs faisant la queue pour du carburant dans une station-service Total Energies, à Montpellier, dans le sud de la France (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 21 mars 2023

Retraites: Des stations-service à sec pour la première fois depuis le début des grèves

  • Les expéditions de carburants vers les dépôts qui alimentent les stations-service étaient déjà bloquées ce weekend dans la plupart des raffineries
  • Depuis lundi, la raffinerie TotalEnergies à Feyzin (Rhône) et celle d'Esso-ExxonMobil à Fos-sur-Mer ont de nouveau cessé les expéditions

PARIS: La grève contre la réforme des retraites se durcit dans les raffineries et de nombreuses stations françaises sont à sec pour la première fois depuis le début du conflit, principalement dans le sud-est où les préfectures du Vaucluse et du Gard ont décidé de contingenter les ventes.

Les expéditions de carburants bloquées

"Il n'y a plus aucun produit qui sort à cette heure" de l'ensemble des raffineries de France, que ce soit des six raffineries conventionnelles ou de la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), a affirmé lundi Eric Sellini, élu national de la CGT Chimie.

Les expéditions de carburants vers les dépôts qui alimentent les stations-service étaient déjà bloquées ce weekend dans la plupart des raffineries.

Depuis lundi, la raffinerie TotalEnergies à Feyzin (Rhône) et celle d'Esso-ExxonMobil à Fos-sur-Mer ont de nouveau cessé les expéditions, selon la CGT, ce que confirment les directions des deux groupes.

"Jusqu'à jeudi soir, il n'y aura aucune sortie de carburant, que ce soit par wagon ou par camion", a indiqué Lionel Arbiol, délégué CGT à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer.

Plusieurs raffineries à l'arrêt ou menacées

Jusqu'à très récemment, les raffineries continuaient à produire du carburant, même si celui-ci n'était pas expédié.

Mais cela change avec l'arrêt ce week-end d'une première raffinerie, la plus grande de France, celle de TotalEnergies en Normandie. L'opération prend plusieurs jours et l'installation devrait complètement s'arrêter "lundi soir ou mardi matin", selon M. Sellini. A ce stade, certaines unités de la plateforme "restent en exploitation normale et assurent leur production", selon la direction.

D'autres raffineries ont suivi comme Pétroineos à Lavéra (Bouches-du-Rhône), où "la procédure d'arrêt" a été lancée lundi après-midi, selon Sébastien Varagnol, délégué CGT.

Près de Lyon, l'heure n'est plus à reprendre le travail. D'après Jeff Vapillon, syndicaliste FO et salarié du site de Feyzin, l'équipe de 06H00 du matin n'est pas venue relever l'équipe de nuit lundi, contraignant celle-ci à prolonger son travail, afin de pousser la direction à prendre des "consignes d'arrêt".

La raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) pourrait, elle, s'arrêter de produire lundi ou mardi au plus tard, faute de pétrole brut à raffiner, conséquence d'une grève au port pétrolier du Havre, selon la CGT. La production de la raffinerie est "réduite et ajustée en fonction des arrivées de pétrole brut, mais elle n'est pas arrêtée", selon la direction.

Des stations-service très touchées dans le Sud

La moitié des stations-service des Bouches-du-Rhône manquent ce lundi d'un type de carburant, et 37% sont à sec, selon des données publiques analysées par l'AFP.

Les préfectures du Vaucluse et du Gard ont décidé lundi de limiter les ventes de carburants dans les stations du département, jusqu'à jeudi inclus, notamment à 30 litres par véhicule tout en interdisant la vente d'essence dans des jerricans afin d'éviter des phénomènes "d'achats préventifs préjudiciables au bon fonctionnement" de ces stations. Une mesure qui durera jusqu'à vendredi 18H00 dans les Alpes-de-Haute-Provence. Le Var de son côté n'interdit que la vente en jerricans jusqu'à jeudi.

Le manque de carburants touche également quelques départements de l'Ouest, comme la Loire-Atlantique, où la raffinerie de Donges a cessé ses expéditions de carburants depuis de nombreux jours.

La France compte 200 dépôts pétroliers et les pétroliers avaient anticipé pour éviter la pénurie géante d'octobre, causée par un conflit sur les salaires chez TotalEnergies et Esso-ExxonMobil. "Les dépôts fonctionnent quasiment tous normalement", a assuré Olivier Gantois, président de l'Ufip, syndicat professionnel des entreprises pétrolières, qui a évoqué "entre cinq et huit dépôts de carburants bloqués".

Lundi soir, les exportations de pétrole du dépôt pétrolier CIM du Havre étaient bloquées "jusqu'à jeudi 19h00" après une reprise de 12 heures dimanche, a indiqué Fabian Bourdoulous, secrétaire CGT du site.

Pour Francis Pousse, président du syndicat professionnel Mobilians, le phénomène est "essentiellement concentré dans la région Paca".

Mais le phénomène pourrait s'étendre, à en croire Eric Sellini, lequel assure que le dépôt de Gennevilliers, qui alimente une grosse partie de la région parisienne, "n'a quasiment plus de produits".

La direction de TotalEnergies reconnaît que les approvisionnements sont "perturbés", mais assure que les tensions générées sont "temporaires".


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.