Le Grand Prix d'Arabie saoudite de Formule 1 revient à Djeddah, joyau de la côte

Le double champion Max Verstappen a salué les changements visant à améliorer la visibilité des pilotes sur le circuit de la corniche de Djeddah. (Photo fournie)
Le double champion Max Verstappen a salué les changements visant à améliorer la visibilité des pilotes sur le circuit de la corniche de Djeddah. (Photo fournie)
Sergio Perez de Red Bull, Lewis Hamilton de Mercedes, Lance Stroll d'Aston Martin, Kevin Magnussen de Haas et Esteban Ocon d'Alpine lors de la conférence de presse du 16 mars 2023, avant le Grand Prix d'Arabie Saoudite à Djeddah. (REUTERS)
Sergio Perez de Red Bull, Lewis Hamilton de Mercedes, Lance Stroll d'Aston Martin, Kevin Magnussen de Haas et Esteban Ocon d'Alpine lors de la conférence de presse du 16 mars 2023, avant le Grand Prix d'Arabie Saoudite à Djeddah. (REUTERS)
Le double champion Max Verstappen a salué les changements visant à améliorer la visibilité des pilotes sur le circuit de la corniche de Djeddah. (Fourni)
Le double champion Max Verstappen a salué les changements visant à améliorer la visibilité des pilotes sur le circuit de la corniche de Djeddah. (Fourni)
Nico Hulkenberg, de l'écurie Haas, lors de l'entraînement sur le circuit de la corniche de Djeddah, le 17 mars 2023. (REUTERS/Ahmed Yosri)
Nico Hulkenberg, de l'écurie Haas, lors de l'entraînement sur le circuit de la corniche de Djeddah, le 17 mars 2023. (REUTERS/Ahmed Yosri)
Kevin Magnussen de Haas en action lors de l'entraînement sur le circuit de la corniche de Djeddah le 17 mars 2023. (REUTERS) Nico Hulkenberg de Haas lors de l'entraînement sur le circuit de la corniche de Djeddah le 17 mars 2023. (REUTERS/Ahmed Yosri)
Kevin Magnussen de Haas en action lors de l'entraînement sur le circuit de la corniche de Djeddah le 17 mars 2023. (REUTERS) Nico Hulkenberg de Haas lors de l'entraînement sur le circuit de la corniche de Djeddah le 17 mars 2023. (REUTERS/Ahmed Yosri)
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Publié le Samedi 18 mars 2023

Le Grand Prix d'Arabie saoudite de Formule 1 revient à Djeddah, joyau de la côte

  • La troisième course du Royaume, désormais inscrite au calendrier de la Formule 1, débutera le 19 mars.
  • Après avoir accueilli le rallye Dakar, le Diriyah E-Prix et l'Extreme E, l'Arabie saoudite est en passe de devenir un haut lieu du sport automobile.

DJEDDAH : Lorsque, le dimanche 5 décembre 2021, Lewis Hamilton, alors champion en titre de Formule 1, a remporté le tout premier Grand Prix d'Arabie saoudite tard dans la soirée, il a donné lieu à ce qui allait devenir, une semaine plus tard à Abu Dhabi, la plus grande finale de l'histoire de ce sport.

La victoire du septuple champion sous les projecteurs de Djeddah lui a permis de revenir à hauteur de Max Verstappen de Red Bull dans le classement des pilotes avant la dernière course de la saison dans la capitale des Émirats arabes unis.

Ce qui s'est passé sur le circuit de Yas Marina entrera dans la légende, avec la victoire de Verstappen. Il y remporte en effet une course à peine croyable, et infiniment controversée, dans les dernières secondes, décrochant ainsi son premier titre. Il n'est peut-être pas exagéré de dire que cet instant fortuit a, dès lors, modifié le cours de l'histoire de la F1.

Le premier Grand Prix d'Arabie Saoudite a été marqué par des drames, des accidents, de nombreuses voitures de sécurité et la victoire d'Hamilton qui a pavé la voie au dénouement d'Abu Dhabi.

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Le deuxième Grand Prix d'Arabie saoudite en 2022 rassemblait tous les éléments pour offrir un tel spectacle. Au lieu d'être l'avant-dernière course de la saison, le deuxième Grand Prix d’Arabie Saoudite s’est tenu quelques mois seulement après la course inaugurale, qui s'est déroulée le 27 mars.

Le champion Verstappen remporte la course haut la main dans ce qui deviendra une consécration pour le pilote néerlandais. En effet, le défi initial de Ferrari visant à faire de Red Bull le champion incontesté du titre des pilotes et des constructeurs, s’est peu à peu estompé.

Dimanche 19 mars 2023, le troisième Grand Prix d'Arabie Saoudite est désormais inscrit au calendrier de la F1.

L’accueil par Royaume de l'un des événements phares du sport ne relève plus de l’exception et suscite désormais une impression indéniable et méritée de pérennité pour le circuit routier le plus rapide de l'histoire de la F1, avec ses 6,174 km de piste et ses 27 virages. La F1 est en Arabie saoudite pour y rester.

Les changements de piste apportés cette année, pour améliorer la visibilité des pilotes, ont été bien accueillis par le double champion Verstappen.

Il affirme à cet égard : « C'est un circuit de rue vraiment sympa, avec beaucoup d'adhérence. C’est toujours un plaisir d’y revenir pour une course ».

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Max Verstappen de Red Bull. (Photo fournie) 

Le jeune homme de 25 ans sera le grand favori pour réitérer son succès de l'année dernière, tandis que les Ferrari de Charles Leclerc et Carlos Sainz devront espérer plus de chance de et meilleures décisions pour booster leur compétitivité.

Derrière, Lewis Hamilton et George Russell seront au volant de leur Mercedes, une voiture qui n’est plus celle qui leur a permis de remporter sept titres pilotes et huit titres constructeurs d'affilée.

Par ailleurs, il faudra garder un œil sur Aston Martin qui espère, avec le visage souriant de Fernando Alonso et la maturité croissante de Lance Stroll, faire un grand pas en avant et passer de la catégorie moyenne à celle de concurrents au titre.

Le fait que l'Arabie saoudite soit devenue une plaque tournante pour certaines des courses les plus médiatisées du monde n'est plus un scoop.

En 2023 déjà, comme ces dernières années, nous avons vu plusieurs compétitions mondiales se dérouler dans le Royaume.

Le Rallye Dakar a été transporté avec succès dans le désert d'Arabie saoudite depuis 2020, tandis que Riyad a accueilli pour la première fois le Diriyah E-Prix de Formule E en 2018, et depuis 2021 sous la forme d'un double match nocturne.

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Circuit de la corniche de Djeddah. (Photo fournie)

Extreme E, une autre série de courses entièrement électriques, vient de conclure sa course d'ouverture de saison à AlUla pour la troisième année consécutive.

Et puis il y a eu le Rallye Jameel, la première course mondiale réservée aux femmes pilotes uniquement au Moyen-Orient, qui nous rappelle que ces événements inédits ne se déroulent pas dans un néant culturel, mais bel et bien dans une société qui évolue rapidement.

Mais la F1 reste l’événement phare qui transcende la simple compétition sportive.

« La Formule 1 a fait connaître le sport automobile en Arabie saoudite », a déclaré Reema Juffali, première femme pilote de course saoudienne et fondatrice de Theeba Motorsport. « Il y a quatre ans, je me souviens avoir dû expliquer la différence entre la F1 et le rallye. C'est d’autant plus formidable de partager le sport que j'aime avec tout le monde dans mon pays ».

Le milieu de la dernière décennie a peut-être été marqué par une baisse d'intérêt pour ce sport, alors que Mercedes et Hamilton remportaient les courses et les championnats, les uns après les autres.

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Lewis Hamilton de Mercedes avant l'entraînement sur le circuit de la corniche de Djeddah, le 17 mars 2023. (REUTERS/Hamad I Mohammed)

Mais ces dernières années, la F1 a connu un regain de popularité sans précédent, en grande partie grâce à l'émergence de jeunes pilotes passionnants comme Verstappen, Leclerc, Lando Norris, Pierre Gasly et Esteban Ocon.

Mais le facteur le plus important et le plus inattendu de cet engouement renouvelé est sans doute la série Netflix « Formula One : Drive to Survive », qui en est à sa cinquième saison et qui a été tout simplement révolutionnaire en faisant découvrir ce sport à un nouveau public, en particulier à la population américaine, jusqu'alors peu encline à ce sport.

Hamilton, qui s'est exprimé à Arab News avant le tout premier Grand Prix d'Arabie saoudite en décembre 2021, a déclaré que l'émission avait « changé le sport de manière irréversible ».

Les fans occasionnels ne se concentrent plus sur un ou deux pilotes qui dominent chaque saison. Aujourd'hui, même les téléspectateurs les moins intéressés connaissent les hauts et les bas de la saison de Yuki Tsunoda, le triste départ de Daniel Ricciardo de McLaren et le retour de Nico Hulkenburg en F1.

Dans les coulisses, Netflix a fait découvrir à ses téléspectateurs l'âpre rivalité entre Toto Wolff et Christian Horner, directeurs des équipes Mercedes et Red Bull, le personnage haut en couleur de Guenther Steiner, patron de Haas, et les pressions presque insupportables subies par Mattia Binotto alors qu'il tentait de restituer la gloire d’un nom aussi emblématique que Ferrari.

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Le pilote français d'Alpine Pierre Gasly (à l'avant-plan) conduit devant le pilote espagnol d'Aston Martin Fernando Alonso lors de la première séance d'essais sur le circuit de de la corniche de Djeddah, le 17 mars 2023, avant le Grand Prix de Formule 1 d'Arabie saoudite 2023. (AFP)

Les fans saoudiens peuvent désormais avoir une équipe affichant leurs couleurs : Aston Martin Aramco Cognizant F1 Team.

Le vert d'Aston Martin portera cette saison les noms de deux géants saoudiens : Aramco et, depuis la semaine dernière, son nouveau partenaire aérien officiel Saudia.

Ce n'est pas la première fois que Saudia prête son nom à une écurie de F1.

Le Royaume a été le premier pays du Moyen-Orient à participer à la Formule 1 lorsque sa compagnie aérienne nationale a sponsorisé Williams Racing à partir de la fin des années 1970.

« Notre association avec Williams Racing a débuté en 1978 et s'est poursuivie pendant près de deux décennies, au cours desquelles nous avons connu de nombreux succès », a déclaré Khaled Tash, directeur du marketing de Saudia, à Arab News.

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Fernando Alonso, le pilote espagnol d'Aston Martin, assis dans sa voiture dans le garage lors de la première séance d'essais sur le circuit de la corniche de Djeddah, le 17 mars 2023. (AFP)

« Les fans de Formule 1 se souviendront que l'équipe Williams Racing a dominé la compétition et remporté neuf championnats des constructeurs grâce à des talents mondiaux comme Alan Jones, Keke Rosberg, Nigel Mansell, Alain Prost, Damon Hill et Jacques Villeneuve.

« Saudia a joué un rôle essentiel dans les victoires de Williams Racing et notre partenariat a été l'une des collaborations sponsor-équipe les plus réussies de l'histoire de la F1, ouvrant la voie à de futurs partenariats dans l'industrie du sport automobile.

« Nous estimons que notre partenariat avec Aston Martin Aramco Cognizant Formula One Team nous donne une nouvelle occasion d'étendre la portée de ce sport et d'offrir des expériences inoubliables aux fans du monde entier ».

Un tel partenariat soulèvera inévitablement la question d'une plus grande implication saoudienne dans la F1.

« L'histoire d'amour de notre royaume avec la F1 nous a même conduits à accueillir une course, le Grand Prix de Djeddah, et qui sait, nous aurons peut-être un jour notre propre équipe saoudienne de F1 », ajoute Tash.

Il est peut-être encore tôt pour cela, mais c'est une perspective intéressante qui pourrait se concrétiser à moyen ou à long terme.

« Aujourd'hui, après avoir accueilli avec succès deux courses au cours des deux dernières années, nous avons de vrais fans de F1 et beaucoup de personnes intéressées par ce sport », explique Juffali, qui a elle-même participé à des courses en F4 et qui participe maintenant à l'International GT Open. « L'une des questions les plus fréquentes que l'on me pose est la suivante : Comment puis-je devenir pilote de F1 ? »

Il est déjà question d'un nouveau circuit de course permanent à Qiddiya, qui accueillerait notamment le Grand Prix d'Arabie saoudite et offrirait, semble-t-il, des vues inédites aux spectateurs.

La popularité du sport automobile étant en hausse, le prochain grand objectif sera de cultiver les talents locaux, qu'ils soient masculins ou féminins, et de produire des pilotes capables de concurrencer les meilleurs pilotes du monde.

« Je pense que ce n'est que le début pour nous et, avec le niveau d'investissement dans le sport automobile, ce n'est qu'une question de temps avant de voir un pilote saoudien gravir les échelons de la formule junior », conclut Juffali.

Les fans saoudiens de F1 espèrent, eux aussi, qu'il s'agit d’une question de temps.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier d'Arabie saoudite invite les dirigeants du CCG, de la Jordanie et de l'Égypte à une réunion informelle

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman. (SPA)
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  • Cette rencontre informelle fait suite à des réunions similaires qui se tiennent périodiquement depuis de nombreuses années entre les dirigeants des pays du CCG, de la Jordanie et de l'Égypte
  • "L'action arabe commune et toute décision pertinente seront inscrites à l'ordre du jour du prochain sommet arabe extraordinaire, qui se tiendra en Égypte le 4 mars"

RIYADH : Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a invité les dirigeants des pays du Conseil de coopération du Golfe, de la Jordanie et de l'Égypte à une réunion vendredi à Riyad, a indiqué jeudi une source officielle.

Cette rencontre informelle fait suite à des réunions similaires qui se tiennent périodiquement depuis de nombreuses années entre les dirigeants des pays du CCG, de la Jordanie et de l'Égypte, renforçant ainsi la coopération et la coordination.

"L'action arabe commune et toute décision pertinente seront inscrites à l'ordre du jour du prochain sommet arabe extraordinaire, qui se tiendra en Égypte le 4 mars", a ajouté la source.


Syrie: sept civils tués dans une déflagration liée à des munitions non explosées

La guerre, déclenchée en 2011 par la répression des manifestations antigouvernementales, a fait plus de 500.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.  Un million de munitions explosives ont été utilisées durant cette période, selon des estimations internationales reprises par Handicap international. (AFP)
La guerre, déclenchée en 2011 par la répression des manifestations antigouvernementales, a fait plus de 500.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes. Un million de munitions explosives ont été utilisées durant cette période, selon des estimations internationales reprises par Handicap international. (AFP)
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  • Un journaliste de l'AFP a vu des membres de la défense civile travailler à dégager les décombres et à extraire les victimes de la maison détruite
  • Mohammed Ibrahim, membre de la défense civile à Idleb, a déclaré qu'ils avaient reçu un signalement "d'une explosion d'origine inconnue à Nayrab. Lorsque les équipes se sont rendues sur place, elles ont trouvé des munitions non explosées"

AL-NAYRAB: Au moins sept civils ont été tués jeudi en Syrie dans une déflagration liée à des munitions non explosées éparpillées sur le territoire après la guerre civile, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Sept civils, dont une femme et un enfant, ont été tués lorsque des munitions stockées dans une maison ont explosé", dans la province d'Idleb (nord-ouest), a indiqué l'OSDH, précisant qu'il s'agissait d'un bilan provisoire.

La veille, l'ONG Handicap international (HI) a averti que deux tiers de la population syrienne étaient exposés aux 100.000 à 300.000 munitions non explosées.

Un journaliste de l'AFP a vu des membres de la défense civile travailler à dégager les décombres et à extraire les victimes de la maison détruite.

Mohammed Ibrahim, membre de la défense civile à Idleb, a déclaré qu'ils avaient reçu un signalement "d'une explosion d'origine inconnue à Nayrab. Lorsque les équipes se sont rendues sur place, elles ont trouvé des munitions non explosées".

Des habitants ont confié à l'AFP que le propriétaire avait stocké les munitions à proximité de la maison. Selon l'OSDH, il s'agit d'un ferrailleur qui collectait des munitions non explosées pour leur contenu métallique.

Les journalistes n'ont pas été autorisés à s'approcher du site par crainte de nouvelles explosions.

La guerre, déclenchée en 2011 par la répression des manifestations antigouvernementales, a fait plus de 500.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.

Un million de munitions explosives ont été utilisées durant cette période, selon des estimations internationales reprises par Handicap international.

Quinze millions de Syriens sont exposés aux munitions non explosées éparpillées sur l'ensemble du territoire après 14 ans de guerre civile, d'après la même source.

"C'est un désastre absolu", s'est émue Danila Zizi, responsable du programme Syrie de HI, lors d'un entretien avec l'AFP.

Alors que 800.000 déplacés internes et 280.000 réfugiés sont rentrés chez eux en Syrie depuis la chute en décembre de Bachar al-Assad, selon l'ONU, ce phénomène "constitue une menace sérieuse pour la sécurité des civils" et aura des "conséquences sur les efforts de redressement du pays", déplore HI.


L'aéroport international de Beyrouth, dernière poudrière du conflit entre Israël et l'Iran

L'interdiction par le Liban de deux vols de Mahan Air a déclenché des manifestations pro-Hezbollah et une attaque contre un convoi de la Finul, à la lumière des préparatifs pour les funérailles de Hassan Nasrallah. (AFP)
L'interdiction par le Liban de deux vols de Mahan Air a déclenché des manifestations pro-Hezbollah et une attaque contre un convoi de la Finul, à la lumière des préparatifs pour les funérailles de Hassan Nasrallah. (AFP)
L'interdiction par le Liban de deux vols de Mahan Air a déclenché des manifestations pro-Hezbollah et une attaque contre un convoi de la Finul, à la lumière des préparatifs pour les funérailles de Hassan Nasrallah. (AFP)
L'interdiction par le Liban de deux vols de Mahan Air a déclenché des manifestations pro-Hezbollah et une attaque contre un convoi de la Finul, à la lumière des préparatifs pour les funérailles de Hassan Nasrallah. (AFP)
Les forces anti-émeutes de l'armée libanaise dispersent les manifestants du Hezbollah qui tentent de bloquer la route de l'aéroport international de Beyrouth, le 15 février 2025 (AFP).
Les forces anti-émeutes de l'armée libanaise dispersent les manifestants du Hezbollah qui tentent de bloquer la route de l'aéroport international de Beyrouth, le 15 février 2025 (AFP).
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  •  La décision du Liban de bloquer les vols iraniens déclenche des manifestations en faveur du Hezbollah, alors que les États-Unis et Israël tentent de réduire le financement du groupe
  • Les analystes avertissent que l'escalade des tensions pourrait raviver la guerre avec Israël, le Hezbollah risquant plus qu'il ne peut se le permettre

LONDRES: Quelques semaines après que le Liban a formé son premier gouvernement en plus de deux ans, offrant une lueur d'espoir à ce pays en crise, la décision de bloquer les vols commerciaux entre Beyrouth et Téhéran menace de relancer l'instabilité.

Le 13 février, le Liban a empêché un avion iranien d'atterrir à l'aéroport international Rafic Hariri après qu'Israël a accusé le Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran d'utiliser des vols commerciaux civils pour acheminer clandestinement des fonds au Hezbollah.

Téhéran a rapidement riposté en bloquant les vols libanais.

Le timing de cette querelle la rend particulièrement délétère. Le Liban devrait recevoir des dizaines de milliers de visiteurs dimanche pour les funérailles du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué lors d'une frappe aérienne israélienne le 27 septembre.

L'interdiction par le Liban des vols iraniens a suscité des protestations parmi les partisans du Hezbollah, qui ont bloqué la route menant à l'aéroport, se sont heurtés à l'armée libanaise et ont même attaqué un convoi transportant des soldats de la paix de l'ONU, incendiant un véhicule et en blessant deux.

Makram Rabah, professeur adjoint à l'Université américaine de Beyrouth, estime que la décision du nouveau gouvernement libanais de bloquer les vols iraniens va au-delà des efforts déployés pour lutter contre la contrebande de fonds illicites.

«Je crois sincèrement qu'il ne s'agit pas seulement d'une question de contrebande d'argent, ce que les Gardiens de la révolution iraniens tentent de faire, mais qu'il y a aussi des armes en jeu», a-t-il déclaré à Arab News.

Les manifestants du Hezbollah brandissent un portrait encadré de leur chef Hassan Nasrallah lors d'un rassemblement le long de la route de l'aéroport international de Beyrouth, le 15 février 2025. Ils sont entourés par des soldats de l'armée libanaise  (AFP)

«Les autorités libanaises ont été exhortées par la communauté internationale, en particulier par les États-Unis, à adopter une position ferme à cet égard.»

Les vols iraniens atterrissant à Beyrouth étaient déjà soumis à des inspections strictes, qui ont également été étendues aux vols en provenance d'Irak afin d'empêcher que des fonds illicites ne parviennent au Hezbollah via le voisin iranien, a rapporté le journal Asharq Al-Awsat.

Au début du mois, Iraqi Airways a annulé un vol régulier en provenance de Bagdad, les sources aéroportuaires de Beyrouth évoquant soit une protestation contre les mesures de sécurité renforcées, soit des problèmes logistiques.

Cette décision a été prise après qu'un transporteur iranien a été soumis à des contrôles de sécurité rigoureux à l'aéroport de Beyrouth le mois dernier, car on le soupçonnait de transporter des fonds destinés au Hezbollah.

Ces mesures «sont nécessaires compte tenu de la récente guerre au Liban et de l'engagement du Liban à respecter les protocoles de sécurité convenus avec les États-Unis», qui ont contribué à négocier le cessez-le-feu du 27 novembre entre Israël et le Hezbollah, a déclaré à Asharq Al-Awsat une source chargée de la sécurité de l'aéroport.

Il s'agit de «mesures préventives» destinées à empêcher le seul aéroport international du Liban de devenir une cible potentielle d'attaques israéliennes, a ajouté la source.

De telles mesures pourraient également refléter les nouvelles réalités politiques au Liban depuis que le Hezbollah a été battu par Israël au cours du conflit qui a duré un an et qui a vu la direction de la milice amputée de ses dirigeants. Son arsenal, autrefois redoutable, a été considérablement réduit.

Des partisans du mouvement islamiste chiite libanais Hezbollah jettent des pierres lors d'affrontements avec les forces anti-émeutes de l'armée libanaise sur la route de l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, le 15 février 2025. (AFP)

Yeghia Tashjian, coordinateur du groupe des affaires régionales et internationales à l'Institut Issam Fares pour la politique publique et les affaires internationales à l'Université américaine de Beyrouth, pense que le Liban est «entré dans une nouvelle ère» depuis le cessez-le-feu.

«Malheureusement, peu de gens sont conscients des conséquences et des étapes qui auraient suivi la signature de l'accord de cessez-le-feu du 27 novembre», a déclaré M. Tashjian à Arab News.

«Le Liban est entré dans une nouvelle ère où le gouvernement subit d'énormes pressions de la part des États-Unis et d'Israël. On a le sentiment que la reconstruction et l'aide occidentale seront conditionnées à des réformes et à la mise en œuvre complète de la résolution 1701».

Le cessez-le-feu conclu sous l'égide des États-Unis exigeait la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée pour mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah. Elle demandait au Hezbollah de se déplacer au nord du fleuve Litani et à l'armée libanaise et aux forces de maintien de la paix de l'ONU de se déployer dans le sud.

L'accord du 27 novembre exigeait également que les troupes israéliennes se retirent du Liban dans les 60 jours. Cependant, un grand nombre d'entre elles restent dans les villes frontalières. En outre, l'organisation Armed Conflict Location and Event Data Project a enregistré 330 frappes aériennes et bombardements israéliens entre le 27 novembre et le 10 janvier.

La résolution 1701 avait permis de maintenir une paix relative dans la région jusqu'à ce que l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas contre le sud d'Israël déclenche la guerre à Gaza. En soutien à ses alliés du Hamas, le Hezbollah a commencé à tirer des roquettes sur le nord d'Israël, déclenchant des affrontements transfrontaliers qui ont rapidement dégénéré.

Au cours du conflit, Israël a demandé aux compagnies aériennes iraniennes et irakiennes de ne pas atterrir à Beyrouth, car elles étaient soupçonnées de transporter des fonds et des armes au Hezbollah. Ces compagnies aériennes ont d'abord refusé, mais ont repris leurs vols après le cessez-le-feu du 27 novembre.

Toutefois, à la suite d'un avertissement lancé la semaine dernière par les États-Unis, selon lequel Israël pourrait abattre des transporteurs commerciaux iraniens entrant dans l'espace aérien libanais, Beyrouth a interdit deux vols de Mahan Air, ont déclaré des responsables de la sécurité libanaise à l'agence de presse AFP.

Téhéran a condamné les menaces israéliennes en les qualifiant de «violation du droit international» et a appelé le 14 février l'Organisation de l'aviation civile internationale à «mettre fin au comportement dangereux d'Israël contre la sûreté et la sécurité de l'aviation civile».

liban

Malgré les appels du Hezbollah et de l'Iran à revenir sur cette interdiction, les autorités libanaises sont allées plus loin lundi en prolongeant indéfiniment la suspension des vols à destination et en provenance de l'Iran, qui devait initialement être levée le 18 février, en raison des menaces israéliennes de bombarder l'aéroport de Beyrouth.

Tashjian, de l'Institut Issam Fares, estime que l'interdiction doit être considérée dans le contexte plus large des efforts visant à démanteler le Hezbollah et d'autres groupes armés non étatiques au Liban.

Un membre des forces anti-émeutes de l'armée libanaise tire un coup de fusil alors qu'elles tentent de disperser une tentative organisée par le Hezbollah de bloquer la route de l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, le 15 février 2025. (AFP)

«La mise en œuvre de la résolution 1701 ne concerne pas uniquement la zone située au sud du fleuve Litani, comme beaucoup le pensent», a-t-il déclaré. «En lisant attentivement le nouvel accord, en particulier le premier paragraphe, il est clair que toute forme de force non autorisée doit être démantelée.»

«C'est dans ce contexte que la pression sur le Hezbollah augmente. Dans les semaines à venir, nous pourrions assister à des pressions supplémentaires, principalement sur les entreprises de micro-finance affiliées au Hezbollah.»

L'universitaire et analyste libanais Rabah estime que le nouveau gouvernement de Beyrouth «doit faire le ménage et se montrer plus agressif dans la défense de sa souveraineté».

La question de l'aéroport et son enchevêtrement dans la lutte régionale pour le pouvoir n'est qu'une phase, a-t-il déclaré, ajoutant qu'«il y aura d'autres façons de défier le Hezbollah, et le Hezbollah ripostera certainement en défiant l'État».

«Il s'agit pour le Hezbollah, ainsi que pour Nabih Berri (président du Parlement) et Haraket Amal (le mouvement Amal), de reconnaître que leurs armes ne sont plus une option – et c'est fondamentalement l'un des défis les plus difficiles à relever.»

Des soldats israéliens passent devant des armes et d'autres équipements pris aux combattants du Hezbollah dans le sud du Liban l'année dernière. (AFP)

Toutefois, il est peu probable que ce changement se produise immédiatement, estime Firas Modad, analyste du Moyen-Orient et fondateur de Modad Geopolitics.

«Le Hezbollah et ses partenaires cherchent à montrer qu'ils conservent un pouvoir national important et agissent pour empêcher toute idée de désarmement du groupe», a déclaré M. Modad à Arab News.

«Ils ont utilisé l'aéroport de Beyrouth, un point de pression international et très important, pour ce faire. Leur excuse est que le Liban a interdit les vols iraniens en raison des menaces israéliennes.»

«Il convient toutefois de noter que les vols étaient interdits même lorsque le Hezbollah contrôlait le ministère libanais des Travaux publics et des Transports.»

Cette photo prise le 29 juillet 2024 montre des passagers regardant l'écran des horaires des vols à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth après que leurs vols ont été retardés ou annulés au milieu des combats entre le Hezbollah et les forces israéliennes. (AFP)

Il a ajouté: «L'Iran et le Hezbollah semblent avoir décidé de faire pression sur les nouvelles autorités libanaises dès le début pour s'assurer que les chiites ne sont pas exclus politiquement.»

«C'est étrange car les partis chiites (Hezbollah et Amal) ont pu choisir leurs ministres de la même manière que tous les autres partis (ont été) représentés dans le nouveau cabinet.»

Si le nouveau cabinet libanais semble avoir mis le Hezbollah sur la touche, le groupe et son allié Amal, dirigé par Berri, ont été autorisés à nommer quatre des 24 ministres, dont le ministre des Finances Yassin Jaber – l'un des postes les plus convoités du gouvernement.

Cette décision a été prise après que l'envoyé adjoint de Washington pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, a déclaré le 7 février, après avoir rencontré le président Joseph Aoun, que les États-Unis rejetaient l'idée d'une participation du Hezbollah au gouvernement libanais.

Le président Joseph Aoun (au centre) rencontre l'envoyée spéciale adjointe des États-Unis au Moyen-Orient Morgan Ortagus (3e à gauche) au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth, le 7 février 2025. (Photo distribuée par l'AFP)

Modad estime «qu'il est très probable que le Liban restera soumis à une forte pression internationale et aux menaces israéliennes pour empêcher le Hezbollah de se refinancer, de financer la reconstruction et de se réarmer».

«Le Hezbollah n'a pas la capacité d'affronter Israël ou l'Occident pour empêcher cela», a-t-il ajouté. «Il s'attaque donc au maillon le plus faible, c'est-à-dire à ses partenaires et rivaux nationaux au Liban.»

Qualifiant cette tactique d'«extrêmement imprudente», M. Modad a déclaré: «Le Hezbollah sait qu'il risque une guerre sur trois fronts, contre ses rivaux intérieurs, Israël et les milices djihadistes syriennes.»

Il a ajouté: «La rhétorique utilisée par le Hezbollah pour justifier ses actions est qu'il est de la responsabilité de l'État de reconstruire le Liban et d'affronter Israël.»

Sur cette photo prise le 26 novembre 2024, des secouristes libanais arrivent sur le site d'une frappe aérienne israélienne qui a visé un bâtiment dans la capitale Beyrouth, dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AFP)

«Le Hezbollah sait très bien que l'État libanais n'a pas cette capacité, ni pour financer la reconstruction, ni pour défier militairement Israël. Et si Israël attaque l'aéroport, cela pourrait relancer la guerre et entraîner des dégâts encore plus importants.»

«Simplement, le Hezbollah prend le risque d'une escalade qu'il ne peut pas se permettre. Il est blessé et tient donc à montrer qu'il reste fort. Cela pourrait entraîner des conflits non calculés qui porteraient gravement atteinte au Liban – et au Hezbollah.»

Faisant écho au point de vue de Modad, Tashjian, de l'Institut Issam Fares, a déclaré que le Liban n'était pas en mesure de résister aux exigences américaines.

«Les ressources du Liban, en particulier après la guerre suicidaire, sont limitées», a-t-il déclaré. «Beyrouth ne peut donc pas résister à la pression américaine, notamment en raison des changements régionaux et de la réticence de l'Iran à soutenir ses alliés non étatiques.»

Le Liban, qui souffre toujours d'une crise financière débilitante qui s'est emparée du pays depuis 2019, était déjà paralysé par des années de déclin économique, de paralysie politique et d'autres crises avant la guerre du Hezbollah contre Israël.

Pour aller de l'avant, M. Tashjian estime que «le Liban a besoin d'une diplomatie proactive». Il s'agit notamment de mettre en œuvre la résolution 1701 et de s'engager avec les États-Unis, tout en travaillant «avec les dirigeants chiites pour s'assurer que ces politiques n'isolent pas la communauté».

Des voyageurs devant prendre un vol à l'aéroport international de Beyrouth le 15 février 2025 marchent avec leurs bagages alors que des partisans du Hezbollah bloquent la route menant à l'aéroport le 15 février 2025 (AFP).

En outre, il suggère de proposer des solutions alternatives pour remédier aux perturbations des vols, telles qu'un engagement avec l'Iran pour assurer les vols de la compagnie nationale libanaise, Middle East Airlines, ou l'inspection des vols iraniens à l'arrivée à Beyrouth.

«Une politique étrangère équilibrée est nécessaire pour prévenir toute explosion sociale et politique au Liban», a-t-il déclaré.

«Les provocations militaires israéliennes et les violations du cessez-le-feu se poursuivent, tandis que le Hezbollah s'efforce de comprendre la situation d'après-guerre et de convaincre son public que le pays est entré dans une nouvelle ère, différente de celle de l'après-guerre de 2006.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com