BEYROUTH: Le chaos au Liban s'est aggravé mercredi lorsque le gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé, a boycotté une audience au cours de laquelle il devait être interrogé par des enquêteurs européens sur des accusations de détournement de fonds publics.
Il a envoyé son avocat, Hafez Zakhour, qui a déclaré que Salamé ne comparaîtrait pas à cette séance d'interrogatoire européenne constituant selon lui «une violation de la souveraineté libanaise».
Salamé, 72 ans, qui dirige la Banque centrale depuis six mandats étalés sur trente ans, fait l'objet d'une enquête au Liban et dans au moins cinq pays européens, où il est accusé d'avoir volé 330 millions de dollars (1 dollar américain = 0,94 euro). Il nie ces accusations et affirme qu'il sert de bouc émissaire pour l'effondrement économique du Liban.
Depuis octobre 2019, le Liban est confronté à la pire crise économique et financière de son histoire moderne en raison de décennies de corruption et de mauvaise gestion de la classe politique au pouvoir.
Les critiques accusent la Banque centrale de couvrir des individus corrompus et certaines banques par des opérations d'ingénierie financière, plongeant plus de la moitié de la population dans la pauvreté.
Des enquêteurs français et allemands se sont rendus à Beyrouth cette semaine et ont soumis des questions à poser à Salamé par le président du tribunal, le juge Charbel Bou Samra, mercredi. Après que la délégation européenne a attendu pendant environ deux heures, la séance d'interrogatoire a été ajournée.
Le juge Bou Samra a fixé une nouvelle date pour l'audience de Salamé, jeudi, après avoir décidé que l'enquête de la délégation européenne n'était pas en contradiction avec la loi libanaise. D'après celle-ci, la délégation européenne ne peut pas interroger Salamé directement, mais seulement par l'intermédiaire d'un juge et d'un médiateur libanais.
Par ailleurs, l'État libanais, représenté par la juge Helena Iskandar, a déposé mercredi de nouvelles accusations contre Salamé, son frère Raja et sa conseillère Marianne Hoayek. Tous sont accusés de corruption, de falsification, de recours à des faussaires, de blanchiment d'argent, d'enrichissement illicite et d'évasion fiscale.
Iskandar a demandé l'arrestation des frères Salamé et de Hoayek, la saisie de leurs biens et le gel de leurs comptes bancaires, ainsi que de ceux de leurs épouses et de leurs enfants au Liban et à l'étranger.
«Les procédures du juge Iskandar visent à préserver le droit de l'État libanais dans le cadre d'une enquête locale», a annoncé une source judiciaire.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com