NEW YORK: Le patron de Silicon Valley Bridge Bank, l'entité créée par les régulateurs américains pour succéder à Silicon Valley Bank (SVB) après sa faillite, a appelé mardi les clients à ramener leurs dépôts au sein de l'organisation au moment où les grandes banques américaines voient, elles, affluer les clients.
SVB, devenue insolvable après des retraits massifs de clients, a été placée vendredi sous le contrôle des autorités, qui en ont confié la gestion à l'agence américaine chargée de garantir les dépôts (FDIC).
"Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour reconstruire, regagner votre confiance et continuer à soutenir l'économie de l'innovation", a écrit dans un message Tim Mayopoulos, nommé lundi à la tête du nouvel établissement par la FDIC.
La banque est en train de remettre en route ses différents systèmes, "accorde de nouveaux prêts et honore les solutions de crédits existantes", a-t-il affirmé.
"La première chose que vous pouvez faire pour soutenir l'avenir de cette institution est de nous aider à reconstituer notre base de dépôts, à la fois en laissant des dépôts auprès de la Silicon Valley Bridge Bank et en transférant les dépôts qui sont partis au cours des derniers jours", a-t-il plaidé.
La défaillance de SVB vendredi, la plus grosse faillite bancaire aux Etats-Unis depuis 2008, avait été précédée mercredi par la mise en liquidation de l'établissement Silvergate Bank, petite banque régionale devenue la destination favorite du milieu des cryptomonnaies, et a été suivie par la fermeture forcée dimanche de Signature Bank, 21e banque du pays.
Mouvements vers les grandes banques
La situation profite aux plus grandes banques comme JPMorgan Chase et Bank of America, qui ont de leur côté vu affluer des clients et des dépôts au cours des derniers jours, selon deux sources proches du secteur.
Ces établissements ne vont pas activement à la recherche de nouveaux clients auprès de concurrents au vu du contexte, ont affirmé ces deux sources.
Mais elles accueillent les clients des banques fermées, ce qui représente des montants élevés, a souligné l'une d'entre elles.
Des clients venant de petites et moyennes banques ont aussi probablement transféré tout ou partie de leurs fonds "vers des acteurs majeurs que le gouvernement ne pourra pas, à leurs yeux, laisser faillir", avance Alexander Yokum, qui analyse les banques régionales pour le cabinet CFRA.
Les départs devraient toutefois dépendre des banques, de la composition de leur clientèle ou de leur implantation régionale, estime-t-il.
L'ampleur des mouvements ne saura probablement connue que quand les banques publieront leurs résultats trimestriels, en avril, ou si elles publient un rapport intermédiaire d'ici là, souligne Alexander Yokum.
Dans une note, l'agence de notation S&P Global Ratings a souligné n'avoir "pas vu d'éléments indiquant que les sorties de dépôts incontrôlables enregistrées dans quelques banques se soient largement répandues" dans les autres.
"Nous pensons que les mesures d'urgence annoncées par la Réserve fédérale (dimanche) ont permis aux banques de disposer de sources de liquidités supplémentaires en cas de besoin et ont probablement aussi réduit les chances que la question de la confiance devienne un problème pour un grand nombre de banques", est-il ajouté.
Sur la seule journée de jeudi, SVB avait reçu quelque 42 milliards de dollars d'ordres de retrait de la part de clients alarmés par la volonté de la banque de renflouer rapidement ses liquidités en levant des capitaux, après avoir vendu un portefeuille de titres financiers pour 21 milliards de dollars avec une perte de 1,8 milliard à la clef.
Dans un document boursier mardi, SVB a précisé que Goldman Sachs était l'acheteur de ce portefeuille.
La FDIC a garanti que tous les clients de la banque avant sa mise en faillite auraient accès à l'intégralité de leurs fonds, y compris au-delà de la limite habituelle des 250 000 dollars.