Sous-marins nucléaires: Pékin et Moscou fustigent l'alliance de Washington, Canberra et Londres

La naissance du partenariat AUKUS en 2021 a été suivie de 18 mois de consultations, dont les dirigeants australien, britannique et américain ont annoncé la conclusion lundi sur une base navale californienne (Photo, AFP).
La naissance du partenariat AUKUS en 2021 a été suivie de 18 mois de consultations, dont les dirigeants australien, britannique et américain ont annoncé la conclusion lundi sur une base navale californienne (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 14 mars 2023

Sous-marins nucléaires: Pékin et Moscou fustigent l'alliance de Washington, Canberra et Londres

  • La Chine a dénoncé une «voie erronée et dangereuse», violant les objectifs du Traité de non-prolifération avec «un risque grave de prolifération nucléaire»
  • La Russie a accusé les «Anglo-saxons» d'orchestrer «des années de confrontation» en Asie

PEKIN : La Chine et la Russie ont fustigé mardi le spectaculaire programme de coopération dans les sous-marins nucléaires lancé la veille par les  Etats-Unis, l'Australie et la Grande-Bretagne.

La Chine a dénoncé une "voie erronée et dangereuse", violant les objectifs du Traité de non-prolifération avec "un risque grave de prolifération nucléaire". La Russie a accusé les "Anglo-saxons" d'orchestrer "des années de confrontation" en Asie.

Soucieux de tenir tête à la Chine dans le Pacifique, Washington, Londres et Canberra ont lancé lundi leur alliance baptisée AUKUS --annoncée voilà 18 mois au grand dam de Paris qui voyait ses propres sous-marins évincés. Ils vont s'associer pour construire en Australie une nouvelle génération de sous-marins nucléaires, après l'achat prévu par Canberra de plusieurs appareils.

Ce programme de sous-marins d'attaque veut remodeler la présence militaire occidentale dans le Pacifique, au moment où la Chine y affirme ses ambitions.

"Ces trois pays s'engagent de plus en plus sur une voie erronée et dangereuse, au profit de leurs seuls intérêts géopolitiques et au mépris total des préoccupations de la communauté internationale", a fustigé devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.

«Typique de la Guerre froide»

Accusant les trois pays occidentaux d'inciter à une course aux armements, avec une alliance incarnant "une façon de penser typique de la Guerre froide", il a ajouté que la vente des sous-marins "constitue un risque grave de prolifération nucléaire et va à l'encontre des buts et objectifs du Traité de non-prolifération".

"Le monde anglo-saxon bâtit des structures de bloc comme AUKUS, avançant l'infrastructure de l'Otan en Asie, et faisant sérieusement le pari de longues années de confrontation", a déclaré de son côté le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) doit veiller "à ce qu'aucun risque de prolifération n'émane du projet", a averti pour sa part son directeur général Rafael Grossi.

Lundi, depuis une base navale de San Diego, le président américain Joe Biden avait annoncé une coopération "sans précédent", entouré des  Premiers ministres australien Anthony Albanese et britannique Rishi Sunak.

Avec un principe "crucial", a-t-il martelé: "ces sous-marins seront à propulsion nucléaire, mais ne porteront pas d'armes nucléaires", pour respecter le principe de non-prolifération.

"Nous nous mettons dans la meilleure position qui soit pour faire face ensemble aux défis d'aujourd'hui et de demain", avait dit M. Biden. Il avait implicitement fait référence à la Chine en affirmant que l'alliance AUKUS devait assurer que "la zone indo-pacifique reste libre et ouverte". Une formule qui dans le jargon diplomatique américain désigne la volonté de contrer l'influence chinoise dans la région.

M. Albanese a souligné que l'Australie réalise "le plus grand investissement" de défense de son histoire. Selon Canberra, ce projet pluridécennal coûtera près de 40 milliards de dollars sur les dix premières années et générera environ 20.000 emplois.

L'Australie est, après la Grande-Bretagne, le deuxième pays à avoir accès aux secrets nucléaires de la marine américaine, a insisté M. Albanese.

«Depuis des générations»

Rishi Sunak a également vanté les efforts pour doper son budget de défense du Royaume-Uni qui s'engage dans "l'accord de défense multilatéral le plus important depuis des générations".

Le programme de sous-marins d'attaque, qui a l'ambition de remodeler la présence militaire occidentale dans le Pacifique, se déclinera en trois phases, a détaillé la Maison Blanche.

Il y aura d'abord une phase de familiarisation de l'Australie --qui n'a pas de sous-marins à propulsion nucléaire ni de technologie nucléaire militaire ou civile.

Ses marins, ingénieurs, techniciens seront formés au sein d'équipages américains et britanniques, ainsi que dans les chantiers navals et écoles spécialisées américaines et britanniques.

L'objectif est de déployer, à partir de 2027 et sur un principe de rotation, quatre sous-marins américains et un sous-marin britannique sur la base australienne de Perth (Ouest).

Dans un deuxième temps, sous réserve du feu vert du Congrès américain, l'Australie va acheter trois sous-marins américains à propulsion nucléaire de la classe Virginia, avec une option sur deux supplémentaires. Ils doivent être livrés à partir de 2030.

SSN AUKUS

Dans la troisième et la plus ambitieuse étape du programme, les Etats-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni vont s'associer pour une nouvelle génération de sous-marins d'attaque baptisée SSN AUKUS.

Cela impliquera un gigantesque effort industriel, surtout pour l'Australie qui doit se doter d'un nouveau chantier naval à Adelaïde (Sud).

Les nouveaux navires, de conception britannique et incorporant des technologies américaines avancées, seront construits et déployés par le Royaume-Uni et l'Australie.

Ils doivent être livrés à partir de la fin des années 2030 et du début des années 2040.

L'Australie va bâtir de toutes pièces une industrie manufacturière nucléaire de haute technologie, souligne David Andrews, analyste en stratégie militaire à l'ANU.

"Il existe des risques dans la manière d'administrer le personnel, construire les lignes de production, gérer les approvisionnements et la maintenance", dit-il à l'AFP. "Nous n'avons pas actuellement beaucoup de capacités pour former les gens comme physiciens ou ingénieurs nucléaires et d'autres spécialités dont nous aurons besoin pour opérer ces sous-marins".

Les sous-marins à propulsion nucléaire sont difficiles à détecter, peuvent parcourir de grandes distances pendant de longues périodes et embarquer des missiles de croisière sophistiqués.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.