NEW YORK: La cryptomonnaie USDC, dite "stable" car théoriquement indexée sur le dollar, était chahutée dans la nuit de vendredi à samedi après que son créateur, Circle, a annoncé avoir laissé 3,3 milliards de dollars dans les caisses de la banque en faillite SVB.
Circle a annoncé ne pas être parvenue à retirer l'ensemble de ses dépôts au sein de Silicon Valley Bank (SVB), une banque californienne en faillite.
L'Agence américaine de garantie des dépôts, la FDIC, a pris vendredi le contrôle de l'établissement, qui devrait rouvrir lundi sous un nouveau nom.
Circle a révélé, sur son compte Twitter, que 3,3 milliards de dollars de ses avoirs étaient encore dans les caisses de SVB, inaccessibles en l'état.
La FIDC ne garantit les dépôts qu'à hauteur de 250.000 dollars par client et par banque.
Elle a indiqué vendredi qu'elle délivrerait un certificat aux déposants de SVB dont les avoirs dépassent ce montant.
Le remboursement de tout ou partie des dépôts au-delà de 250.000 dollars dépendra de la liquidation des actifs de la banque, a-t-elle précisé, un processus souvent long et aux résultats incertains.
Lancé en 2018, l'USD Coin ou USDC est une "stablecoin", c'est-à-dire une devise numérique indexée sur une monnaie créée par une banque centrale, en l'occurrence le dollar américain.
Il s'agit de la deuxième monnaie numérique dite "stable" par le volume en circulation (environ 40 milliards de dollars), derrière le Tether, et la quatrième cryptomonnaie au monde, selon le même critère.
Les stablecoins sont censés être adossés à des réserves équivalentes en actifs immédiatement mobilisables, pour l'essentiel du numéraire ou des titres financiers faciles à vendre.
Dans la nuit de vendredi à samedi, la valeur de l'USDC est tombée au plus bas niveau depuis sa création, autour de 94 cents, selon plusieurs plateformes de cotation, alors qu'elle est censée rester arrimée à la parité avec le dollar.
Les plus grandes faillites bancaires depuis 2008
La banque Silicon Valley Bank (SVB) a été placée vendredi sous le contrôle du régulateur américain FDIC, signant la faillite de l'établissement.
Il s'agit de la plus importante défaillance d'une banque depuis la crise financière de 2007/08.
Voici les principaux précédents pour des banques de détail, classés par la taille des actifs.
- HBOS (Royaume-Uni), le 17/09/2008 (690 milliards de livres d'actifs soit environ 811 milliards de dollars et 762 milliards d'euros)
- Washington Mutual (Etats-Unis), le 25/09/2008 (307 milliards de dollars, 288 milliards d'euros)
- Silicon Valley Bank (Etats-Unis), le 10/03/2023 (209 milliards de dollars, 196 milliards d'euros)
- SachsenLB (Allemagne), le 26/08/2007 (67 milliards d'euros, soit environ 92 milliards de dollars)
- Bradford & Bingley (Royaume-Uni), le 29/09/2008 (35 milliards de livres soit environ 63 milliards de dollars, 59 milliards d'euros)
- IndyMac (Etats-Unis), le 11/07/2008 (32 milliards de dollars, 30 milliards d'euros)
Ces établissements étaient tous des banques de détail, accessibles à tous les particuliers.
Par ailleurs, la crise financière a été marquée par la faillite de plusieurs banques de financement et d'investissement, en premier lieu Lehman Brothers, qui a déposé le bilan le 15 septembre 2008.
Elle affichait alors 639 milliards de dollars (600 milliards d'euros) d'actifs.
La bourrasque a soufflé sur d'autres stablecoins. Le Dai, quatrième devise "stable" par le volume en circulation, a également décroché à 94 cents, tandis que le Frax (6e) s'affaissait à 93 cents, au plus de son histoire.
La plateforme d'échanges de cryptomonnaies Coinbase a annoncé la suspension de la conversion d'USDC en dollars jusqu'à lundi du fait de l'activité exceptionnelle sur cet actif.
Plus de 16 milliards de dollars d'USDC ont été échangés sur les dernières 24 heures, selon des données publiées par Coinbase, un volume colossal par rapport aux montants détenus dans cette devise.
Quant à Binance, le plus grand site de transactions en cryptomonnaies, il a décidé d'interrompre la conversion d'USDC en BUSD, ou Binance USD, la devise "stable" de la plateforme.
"Comme d'autres clients et déposants qui dépendent de SVB pour leurs services bancaires, Circle se joint aux appels pour une poursuite d'activité de cette banque importante pour l'économie américaine", ont écrit les dirigeants de Circle.
Selon un document publié vendredi par le département californien de protection des consommateurs de service (DFPI), les ordres de retrait adressés à SVB ont atteint 42 milliards de dollars sur la seule journée de jeudi.
Tous n'ont pu être honorés, la banque arrivant à court de liquidités, ce qui a provoqué sa prise de contrôle par la FDIC.