MADRID : Quelques milliers de membres des forces de l'ordre espagnoles ont manifesté samedi à Madrid, aux côtés de dirigeants de droite, contre un projet de réforme visant notamment à supprimer l'interdiction de l'usage sans autorisation d'images d'agents si elles peuvent les mettre en danger.
La préfecture de la capitale espagnole a estimé à 4 000 le nombre de manifestants réunis devant la Chambre des députés, où une proposition de loi de partis de gauche est en cours d'examen préliminaire pour modifier un texte controversé sur la sécurité adopté en 2015 quand la droite gouvernait le pays.
"Mes collègues qu'on filme, et dont on diffuse des vidéos manipulées et déformées sur les réseaux sociaux, avec une viralité, elles peuvent s'avérer mortelles pour leur vie personnelle", a fustigé Miguel Gómez, président de Jusapol, l'organisation qui a convoqué cette manifestations et qui regroupe les principales organisations syndicales de la police et de la Garde civile (équivalent de la gendarmerie).
Derrière la banderole "cette loi nous met tous en danger", les syndicalistes ont défilé en présence de dirigeants du Parti populaire (droite), premier parti d'opposition, ainsi que du parti d'extrême-droite Vox.
Baptisé "loi bâillon" par ses détracteurs, le texte espagnol de 2015 en débat sanctionne "l'utilisation non autorisée" d'images des forces de l'ordre "qui peuvent mettre en danger la sécurité personnelle ou professionnelle des agents, d’installations protégées ou le succès d'une opération, dans le respect du droit fondamental à l'information".
Les amendes peuvent aller de 600 à 10 400 euros.
Mais cette loi a été retoquée fin 2020 par le Tribunal constitutionnel, qui a jugé "inconstitutionnel" d'obliger à demander une autorisation pour utiliser des images des forces de l’ordre.
Cette décision a poussé plusieurs partis de gauche, alliés parlementaires du gouvernement du socialiste Pedro Sanchez, à proposer une réforme de ce texte.
L'article de cette loi espagnole sur les images des forces de l'ordre est proche de article 52 de la loi française de Sécurité globale de 2021, qui visait à pénaliser la "provocation à l'identification" des forces de l'ordre, mais qui a été lui aussi censuré par le Conseil constitutionnel français.